Destin croisé de deux frères et d'un père, une soif de liberté
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À propos de ce livre électronique
Je pense à toutes ces femmes et tous ces hommes, qui avaient une vingtaine d’années à cette époque ; ils rigolaient avec la vie alors que le danger était à leur pied. Quand je pense au nombre de jeunes qui ont disparu pour cette liberté collective, j’ai une admiration sans borne. Ils avaient un objectif commun, défendre la Liberté de pensée, d’écrire, de manifester, de conscience, de mouvement…
Et pour conclure, je citerai Marcel Lefèvre, pilote de l’escadrille Normandie-Niemen mort au combat, dans le ciel de Prusse Orientale :
« Je suis exilé et condamné à mort dans mon pays par un régime fasciste. Il serait de la plus absurde hérésie que je ne sois pas un combattant pour l’humanité. »
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Avis sur Destin croisé de deux frères et d'un père, une soif de liberté
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Aperçu du livre
Destin croisé de deux frères et d'un père, une soif de liberté - Christophe Cheval
Destin croisé de deux frères et d’un père,
une soif de liberté
Christophe Cheval
Destin croisé de deux frères et d’un père,
une soif de liberté
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
img1.jpg© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08083-3
Je dédie ce récit historique à :
Ernest mon père,
Marin mon grand-père,
Jean mon oncle,
toute ma famille,
Edmond Andréa et sa famille,
Antoine Sanlaville et sa famille,
Reymond Tonneau et sa famille,
tous ceux qui ont lutté pour retrouver la Liberté.
Avertissement
Ce livre est un récit historique. Je me suis attaché à rendre le plus fidèlement possible la réalité historique de la Seconde Guerre Mondiale.
Tous les personnages ont bien existé ; dans l’intérêt du récit, quelques légères libertés ont été prises, notamment en « romançant » parfois un moment de vie des personnages principaux.
Le lecteur, je l’espère, pardonnera cette audace littéraire qui a été prise au seul bénéfice de la compréhension du contexte particulier de la guerre.
L’idée de ce récit est le fruit d’un long cheminement, « la graine de blé » enfouit en moi a mis quarante ans pour germer. Je n’ai pas eu la chance de connaître mon grand père Marin Cheval ni mon oncle Jean Cheval, tous les deux tués à quelques mois d’écart par l’armée allemande.
Mon père Ernest Cheval a toujours été discret sur sa période de « requis » mais toujours considéré comme prisonnier de guerre, en Prusse Orientale. Par pudeur ou par peur de réveiller de mauvais souvenir, il n’a pas été très prolixe dans ses explications et son parcours. Les rares fois ou il s’est livré, sa voix était teintée de grandes émotions, ses yeux devenaient humides. Malheureusement, durant ces moments privilégiés avec mon père, je n’étais pas vraiment attentif et concerné.
Je regrette son absence, j’aurai tellement de questions à lui poser sur l’engagement de la famille Cheval dans la résistance, sur son départ sur le front de l’est.
Après la fin de la guerre, mon père épousa ma mère Yvonne Robert et eurent deux enfants : Claire et Christophe Cheval.
img2.jpg img3.jpg
Pour des questions économiques mais peut être aussi pour s’éloigner de leur passé douloureux, mes parents se sont expatriés au Maroc pendant 4 ans puis en Algérie durant 14 ans.
Ma grand mère Berthe Cheval n’a pas eu l’occasion de me raconter des « histoires de la guerre », elle est décédée très tôt.
Je pense que cet écrit arrive à un moment de ma vie où j’ai besoin d’ancrer mes racines et de transmettre à mes enfants Antoine et Océane un moment de l’histoire Cheval.
Grace à un long travail de recherche bibliographique, sur Internet et aussi avec l’aide de nombreux témoignages, je pense pouvoir, très modestement et humblement mais le plus scrupuleusement possible, laisser une trace de la seconde guerre mondiale que Marin, Jean et Ernest Cheval ont subie.
Vous allez donc lire et découvrir, selon vos âges, ces longues années où se sont succédés, la stupeur, l’incompréhensions, les inquiétudes, les angoisses, les hésitations, les décisions, les élans divers, les divisions, les violences aussi…
Cette vie difficile et folle, faite de craintes, de restrictions, de petites choses de chaque jour, mais aussi de moments exaltants et cruels parfois, restera dominée par le souvenir des Morts dont les souffrances, la disparition ont aussi marqué les familles.
Et toujours gardez à l’esprit que : « un peuple qui oublie son histoire est condamné à la revivre » Wilson Churchil.
Romans-sur-Isère, terre de résistance
img4.jpgMarin et Berthe Cheval.
Marin Cheval, originaire de la vallée de la Galaure épousa Berthe Achard, née dans une famille de paysans installée à Châteauneuf de Galaure. Mon grand père, Marin, exerçait la profession de conducteur-mécanicien pour la régie des transports de la ville de Romans. Ma grand-mère, Berthe, faisait quelques heures de ménage. Mes grands parents, avec leurs quatre enfants, Ernest, Marinette, Jean et René (décédé à l’âge de 5 ans) habitaient dans une petite maison située dans la cité Jules Nadi au 111, à Romans.
img5.jpgCe quartier était composé essentiellement de maisons dites sociales. Ces maisons ont été construites à la demande des pouvoirs publics pour des familles dont les revenus, insuffisants, ne leur permettaient pas d’accéder autrement à la propriété. La cité Nadi était située à l’extérieur de la ville, dans un espace rural, au grand air, mais éloignée de toute commodité. Le vélo était le moyen de transport le plus utilisé pour se déplacer de la cité vers le centre ville de Romans.
La plupart des personnes résidentes de la cité travaillait dans le secteur de l’industrie de la chaussure et du cuir ; situation logique dans le contexte de la ville.
Mon grand père, Marin transportait tous les jours, les ouvriers de la cité vers les différentes usines du centre ville.
Malgré le problème d’éloignement, la cité Jules Nadi était très appréciée par la plupart des locataires. Elle a permis de vivre dans des conditions l’hygiène acceptables (notamment l’eau courante), les maisons étaient plus saines, plus spacieuses aussi. Ernest, Marinette et Jean ont pu vivre en harmonie avec leur environnement, avec leurs copains et copines. Des liens d’amitié très forts se sont tissés, notamment avec les familles Lacour et Andréa.
L’architecte Marcel Fournier avait imaginé des maisons mitoyennes et les murs des clôtures avaient été remplacés par des haies ou de petites barrières basses qui facilitaient la communication entre voisins.
Chaque maison comportait une cuisine avec évier et eau courante, un WC à l’intérieur, ce qui pour beaucoup d’habitants représentait un confort nouveau. Chaque mois, les locataires venaient payer le loyer, en argent liquide au bureau de l’office qui se trouvait au cœur de la cité. Le loyer pour mes grands parents étaient de 92 francs pour un trois pièces.
img6.jpgLes maisons étaient souvent regroupées autour de petites places. Les jeunes se regroupaient pour discuter, jouer au football ou bien faire du vélo. Les jeunes de la cité formaient une grande famille soudée et unie. On retrouvera ces liens d’amitiés, quelques années plus tard dans le maquis du Vercors.
Je garde en souvenir la maison de mes grands parents avec ses deux jardins : l’un en façade donnant sur la rue agrémenté avec des fleurs ; l’autre derrière la maison, c’est le jardin potager pour permettre un complément non négligeable de produits frais et denrées alimentaires.
Mes grands parents avaient également quelques poules et lapins. Malgré leurs faibles ressources, les résidents de la cité grâce à leur jardin potager ont surmonté la crise de 1936 et les restrictions de la guerre 39-45.
Je garde en mémoire, la rancœur de ma grande mère envers la promesse des maires successifs de Romans et notamment, Monsieur Bonnardel qui avait promis de céder les maisons à leurs locataires au terme d’un certain nombre de mensualités. La loi votée en 1930 n’a jamais été mise en application, tout le monde est resté locataire.
Les weekends étaient rythmés par des rencontres amicales avec les autres familles de la cité Jules Nadi. Elles formaient une communauté particulière au sein de la ville de Romans du fait de l’implantation éloignée du centre ville. Durant la période de 1936 à 1939, les jeunes de la Cité étaient baignés par les échanges de leurs parents sur la mise en place du gouvernement du Front Populaire. Celui-ci réunissait les trois principaux partis de la Gauche : la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), le Parti Radical et le Parti Communiste Français (qui soutenait les deux premiers sans participer directement au gouvernement) mais également toute une nébuleuse d’autres mouvements de gauche et anti fascistes.
L’ensemble des familles ouvrières de la cité Jules Nadi était proche des idées portées par le gouvernement présidé par Léon Blum. Au niveau local, mon grand-père devait être adhérent du Parti Communiste Français ou bien membre actif de la CGT. Les réformes promises par le Front Populaire (congés payés, réduction du temps de travail et l’établissement des conventions collectives notamment dans l’industrie de la chaussure) étaient souvent au centre des discussions.
Les jeunes de la cité grandissaient dans les idées progressistes et partageaient les opinions anti fascistes, anti extrême droite de leurs ainés. Pour les plus jeunes, ce n’était que des paroles enflammées mais pour les plus âgés, c’était le début d’une conviction humaniste et universelle.
Marin Cheval, mon grand père, avait beaucoup d’affection pour son jeune frère Marcel Cheval, celui-ci étant de sept ans son cadet. Ils partageaient les mêmes idées politiques et les mêmes idéologies. Mon grand père avait un rôle protecteur envers son petit frère Marcel.
D’après mes recherches mais sans être tout à fait formel, Marcel était cheminot aux Chemins de Fer de la Drôme comme son père Florent et membre actif du syndicat.
Ernest, Marinette et Jean adoraient cet oncle car il avait un esprit jeune, dynamique plutôt beau gosse malgré sa petite taille ; La passion du sport et du cyclisme dans la famille vient peut être de lui. Marcel pratiquait cette activité en club et avait des résultats probants lors des courses.
Le 27 décembre 1930, un premier évènement tragique et extrêmement douloureux toucha mes grands parents. René Cheval, leur fils âgé de 5 ans décéda brutalement d’une maladie, peut être une leucémie. La perte de ce fils, de ce frère fut un terrible traumatisme pour l’ensemble de la famille. Le temps a enfoui la douleur de chacun et le quotidien a repris le dessus.
Berthe Cheval née Achard, ma grand mère, rejoignait en famille ses parents qui étaient agriculteurs à Chateauneuf de Galaure. Leur ferme se trouvait (se trouve d’ailleurs toujours ; ma cousine Nicole Chaix ayant pris la relève) sur le plateau nommé « les Moilles » lieu dit la plaine.
Ce long déplacement, de 27 kilomètres entre Romans et Chateauneuf de Galaure se faisait en car. Les retrouvailles avec les cousins et cousines, oncles et tantes, grands parents Achard Joseph et Lucie étaient l’occasion de grande rigolade, de jeux improvisés dans les bois. Les repas étaient toujours copieux, animés et bien arrosés.
La grand mère Lucie préparait des plats à base de produits de la ferme. La famille Cheval repartait à Romans avec des cabas bien remplis d’œufs, légumes, fruits de saison et parfois volailles.
Mon père Ernest a toujours eu une affection particulière pour ses grands parents que ce soit du coté Achard ou bien du coté Cheval.
Ses grands parents, Jacques Florent et Marie Louise Cros pourraient être qualifiés de nos jours comme faisant partie de la classe moyenne. Jacques Florent occupait un poste de chef d’équipe pour le chemin de fer de la Drôme et son épouse Marie Louise était cheffe de gare, poste incroyable occupée par une femme au XIXe siècle.
De retour à la cité Jules Nadi, la famille Cheval reprenait le train-train quotidien, le grand père Marin la conduite des bus ; ma grand mère Berthe des heures de ménage et les enfants Ernest, Marinette et Jean le chemin de l’école et des activités péri scolaires.
Pour les jeunes Romanais, l’avenir professionnel était tout tracé vers l’industrie de la chaussure. Ernest et Jean ont fréquenté l’école pratique de la chaussure puis ensuite ont travaillé en usine.
img7.jpgMon père Ernest quitta le cocon familial relativement jeune pour rejoindre l’usine de chaussures Bally implantée à Villeurbanne (Rhône). Son apprentissage professionnel débuta dans cette usine de chaussures déjà renommée et dirigée par la famille Bally ; celle-ci révolutionnera la fabrication de la chaussure en mettant en place des ateliers de production. La production de chaussures pour femmes passa de 250 paires par jour pendant la première guerre mondiale à 2900 paires dans les années 1960. Le site Villeurbannais comptera jusqu’à 1400 salariés en 1948.
Ernest Cheval découvrit le monde du travail, l’industrie de la chaussure, un modèle d’organisation innovant. Il mettra à profit cette période d’apprentissage pour