Marcus Miller et Ray Lema La conversation
À l’occasion de la parution d’un ouvrage sur le thème du traumatisme collectif lié à l’histoire de l’esclavage, Tabué Nguma organisait pour l’Unesco une conversation transatlantique entre le bassiste et compositeur de funk et de jazz fusion, Marcus Miller (Miles Davis, Eric Clapton, David Sanborn, Luther Vandross, etc.), en Skype depuis Los Angeles, et le pianiste et compositeur congolais Ray Lema, à Paris, en studio avec moi. Chacun parle la langue de l’autre, mais Marcus, n’ayant plus voyagé depuis un an, a estimé son français trop rouillé, et cet entretien croisé sur ce thème inédit s’est donc déroulé en anglais.
Marcus, le concept de trauma transgénérationnel causé par l’esclavage et la traite des Noirs dont héritent les Afro-Americains aujourd’hui vous paraît-il expliquer le racisme persistant qu’ils subissent encore aux États-Unis?
Quand des personnes ont été aussi profondément traumatisées, il est évident qu’elles transmettent cet état à leurs enfants. Cela informe leur regard sur l’autorité, l’éducation, la parentalité. Cela atteint aussi le concept des relations interraciales chez ceux qui détiennent le pouvoir. Si on a été élevé par des parents racistes, on va hériter de ce biais dont il est ensuite très difficile de se départir. Mon père, lui, a connu une épiphanie. Un jour, il a réalisé qu’il me transférait des idées qu’il avait lui-même reçues. De nombreux Noirs de sa génération et des précédentes décourageaient leurs enfants d’avoir de trop grands rêves. Du genre: tu veux faire de la politique ou être artiste,
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