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Le jeudi est un beau jour pour mourir
Le jeudi est un beau jour pour mourir
Le jeudi est un beau jour pour mourir
Livre électronique245 pages3 heures

Le jeudi est un beau jour pour mourir

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À propos de ce livre électronique

Le père de Yann n’a jamais été loquace sur sa vie, son passé, son histoire. Sur son lit de mort, Giuseppe fait promettre à son fils, de s’acquitter d’une dette. Yann ne sait pas que son engagement, va le contraindre à parcourir le monde et à découvrir, non sans danger, l’histoire secrète de son père immigré. Accompagné d’Aliou, un migrant tchadien, mis sur son chemin par le destin, il va vivre une aventure humaine qui forge les amitiés solides et durables. Marie, la femme de Yann, associée malgré elle à cette aventure, devra aussi faire preuve de courage et d’abnégation, pour affronter les événements. Ce roman, conçu comme une partie d’échecs, met le lecteur au cœur de l’histoire. Qui sortira vainqueur de cet affrontement : les Blancs ou les Noirs ?
LangueFrançais
Date de sortie15 févr. 2016
ISBN9782312034300
Le jeudi est un beau jour pour mourir

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    Aperçu du livre

    Le jeudi est un beau jour pour mourir - Eric Nasso

    cover.jpg

    Le Jeudi est un beau jour pour mourir

    Eric Nasso

    Le jeudi est un beau jour pour mourir

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03430-0

    Avertissements

    Les lieux ou les situations géopolitiques décrits dans ce livre sont pour la plupart réels, par contre tous les personnages sont fictifs.

    Même si j’ai essayé de rendre authentique la toile de fond de cette histoire, celle-ci est une œuvre d’imagination. Il n’empêche que la question des migrants est un sujet d’importance qui devrait être au cœur des débats contemporains.

    Elle mérite d’être appréhendée en toute humanité en mettant ses préjugés de côté afin de mesurer objectivement les avantages et les inconvénients du mélange des cultures…

    Avant de commencer la lecture, munissez-vous d’un échiquier et laissez-vous porter par la magie du jeu…

    img1.jpg

    Chapitre 1

    Yann ne pensait pas qu’il aurait autant de mal à entrer dans cette maison. Rien n’avait bougé depuis sa dernière visite. Immédiatement, il sentit l’odeur qui avait bercé son adolescence. Il crût un instant que les souvenirs du passé allaient surgir des cloisons pour le prendre dans ses bras.

    Il vit d’abord sa mère. Elle le regardait. Il s’approcha d’elle et avec délicatesse toucha son portrait accroché au mur de l’entrée. Bien qu’elle ne soit plus, il ressentait encore sa présence. Il avait besoin de sa force pour poursuivre son chemin.

    Doucement il parcourut les différentes pièces du rez-de-chaussée, il laissait exprès traîner sa main pour caresser ces meubles d’autrefois. Arrêté devant une fenêtre, il hésita longuement avant de toucher aux volets. Finalement, il n’en fit rien, il préféra rester dans la pénombre. Inconsciemment, il pensait peut-être que cette ambiance de mausolée était de circonstance.

    L’émotion l’envahissait. Il mit un temps fou à trouver l’énergie pour monter à l’étage. Dans sa chambre, le papier peint avait jauni, il n’avait pas été changé depuis son départ comme si son père et sa mère avaient toujours voulu garder Yann auprès d’eux. Sans s’attarder, il passa devant la chambre de ses parents qui lui avait toujours été plus ou moins interdite et il se retrouva enfin dans le bureau de son père.

    Pour la deuxième fois de sa vie, Yann était dans un désarroi total. Son papa n’avait finalement pas survécu longtemps au décès d’Anna son épouse. Yann était dans un état de tristesse abyssale. Perdre sa mère s’était déjà avéré une épreuve douloureuse pour lui.

    Il les aimait tous les deux, l’un comme l’autre. Ses parents l’avaient rendu heureux. Yann était fier d’eux et reconnaissant. Ils l’avaient accompagné et aidé à être l’homme qu’il était devenu. En six mois, la sournoise maladie de son père lui avait fait brutalement prendre conscience de l’éphémère éternité de la vie et de la valeur du bonheur.

    Cette fois, il était seul face à son destin car il avait perdu une partie de lui-même.

    A nouveau, les odeurs de la maison l’envahirent, les voix semblèrent résonner contre les murs et les souvenirs commencèrent à déferler dans sa mémoire. Il se sentit oppressé, son cerveau s’embrumait et son cœur allait exploser de douleur. Pour se libérer de son désespoir, il mit la tête dans ses mains, s’agenouilla adossé à un pan de mur et laissa le flot de ses larmes chasser une partie de son immense tristesse.

    Il resta très longtemps recroquevillé au pied de ce mur. Le malheur pouvait rendre fou. Yann avait besoin de se raccrocher à quelque chose de réel pour arrêter de se torturer. Son père le savait. A l’hôpital, sur son lit de mort, il lui avait donné des indications bien précises.

    Yann finit par se relever. Comme il le lui avait indiqué, il trouva la clé au-dessus de l’armoire. Respectueusement, il s’assit sur le siège du bureau du défunt. Sur cet ancien meuble peu de chose était posé : quelques papiers, un cadre avec sa mère et lui en photo. Au centre, trônait le jeu d’échec préféré de son père. Un échiquier en bois d’olivier, que Yann lui avait spécialement commandé et fait fabriquer en Italie pour son cinquantième anniversaire. Giuseppe était passionné d’échecs. Il avait transmis sa passion à son fils qui était également très doué. Etrangement, les pièces n’étaient pas toutes à leur point de départ. Un pion blanc avait bougé en E4, un pion noir paradait en C6, comme si une nouvelle partie avait débuté.

    Avec la clé, Yann avait maintenant ouvert le tiroir du bureau pour en sortir une vulgaire boîte de chaussures en carton quelque peu poussiéreuse.

    Le contenu était très léger. Il y avait deux enveloppes kraft des plus banales et un cahier d’écolier tout à fait ordinaire. Rien de clinquant, finalement à l’image de la sobriété de son père qui allait toujours à l’essentiel. La première impression de Yann, fut qu’il y avait manifestement un décalage entre les propos de son père et le contenu de la boîte. Il était de plus en plus intrigué.

    Une des enveloppes semblait plus épaisse que l’autre, il commença par ouvrir celle-ci et glissa la main dedans. Il en tira d’abord une feuille manuscrite de l’écriture du défunt et le reste du contenu suivit.

    Cette première enveloppe était remplie d’un nombre incroyable de billets de cinq cents euros. Intrigué, il se dépêcha d’ouvrir la deuxième pochette kraft. Cette fois, ce sont des dollars américains qui lui inondèrent les mains. 

    Abasourdi, Yann ne comprenait rien à ce qui se passait. Son père vivait chichement dans son pavillon de banlieue parisienne et il avait une modeste retraite de mineur et d’agent de la R.AT.P. D’où venait tout cet argent ? Il ne possédait rien, il n’avait pas un sou de côté. Aurait-il vendu la maison pour se procurer des liquidités ? Yann était perplexe. Rapidement, il fit les comptes, il avait devant lui environ huit mille euros et quatre mille dollars.

    Il avait un mauvais pressentiment, il se sentit mal à l’aise avec tout cet argent. Il songea à nouveau aux propos étranges de son père à l’hôpital. Yann pensait que, même sur la fin, il n’avait plus toute sa tête. Au moins vingt fois, Giuseppe lui avait demandé pardon. Il l’avait supplié de lui faire confiance et de suivre ses instructions à la lettre.

    Son père lui avait parlé sur un ton qu’il ne lui connaissait pas. A croire que ce qu’il allait découvrir était une question de vie ou de mort. Si l’enjeu était à ce point vital, Yann finit par se dire qu’il n’avait peut-être pas de temps à perdre et il se mit à chercher avec frénésie le papier griffonné sous les piles de billets.

    L’écriture manuscrite emplit à nouveau Yann d’émotion :

    Yann, cet argent te servira pour la mission que je suis obligé de te confier. Pardonne-moi encore de t’impliquer dans mes affaires, j’aurais préféré les régler moi-même, mais la maladie m’a rattrapé plus vite que prévu. Et finalement, mes affaires sont un peu aussi les tiennes, tu vas malheureusement le découvrir à ma mort. J’espère que ton jugement ne sera pas trop sévère vis à vis de moi. Tout ce que tu dois savoir se trouve dans le cahier que j’ai glissé dans cette boîte. Je t’aime, mon fils.

    Peut-être nous retrouverons nous un jour, dans un autre monde. Ton père qui t’aime et qui t’aimera toujours. Bonne chance mon fils ! Je veillerai sur toi.

    Ps : Cet argent servira à couvrir les frais de cette mission. C’est mon seul héritage.

    Une nouvelle fois, Yann ne put retenir ses larmes. Son père n’était pas un bavard, il n’imaginait pas qu’il puisse lui cacher des actes malhonnêtes. Tout cet argent, tous ces mystères, il n’était pas préparé à cela. La douleur de la perte de ses parents était déjà assez grande, pourquoi en rajouter ?

    Il espérait maintenant trouver plus d’explications dans le cahier. Sur la première page, il y avait des noms avec des adresses et des numéros de téléphone. Yann ne connaissait aucune de ces personnes. Même dans ses souvenirs les plus lointains, aucun nom ou prénom ne lui disait quelque chose. Il passa à la page suivante. Il y avait un texte rédigé par son père qui se poursuivait sur plusieurs pages et qui débutait ainsi : 

    Yann,

    Où que je sois, tu resteras toujours dans mon cœur. Je n’ai pas toujours été tendre avec toi, mais je tenais absolument à ce que tu deviennes un homme qui ne me ressemble pas.

    Je sais que si je te le demande, tu exauceras mes dernières volontés, je sais que je peux compter sur toi.

    Yann, je suis désolé, ce n’est pas moi qui vais tout te dire, je n’ai plus la force d’écrire, ni le désir de tout t’avouer. Tu vas devoir découvrir certains événements de ma vie par toi-même. J’espère que tu ne me jugeras pas trop sévèrement de t’avoir tenu dans l’ignorance, mais c’était pour ton bien et pour notre bonheur commun. Le plus important, c’est que je veux que tu saches que je ne vous ai jamais menti à ta mère et toi. Mais je ne vous ai pas toujours dit toute la vérité.

    Je n’ai jamais triché avec vous durant toutes ces années de bonheur que nous avons passées ensemble. Simplement, jusqu’à ma mort, j’ai gardé enfoui en moi un secret. Ta mère n’a jamais su. Peut-être aurais-je l’occasion de la retrouver dans l’au-delà pour tout lui raconter. Mon âme trouvera ainsi enfin le repos.

    Il y a quelques mois, un élément nouveau est apparu. Je n’ai plus eu le temps de régler toutes mes affaires. Les circonstances m’obligent à t’impliquer. Te souviens-tu de nos parties d’échecs endiablées ? Tu as mis des années avant de me battre, mais tu as fini par y arriver grâce à ta pugnacité et ton habilité.

    Cette fois, c’est une toute autre partie que nous allons disputer. Tu ne peux pas te dérober. Jusqu’à présent, tu étais sous ma protection. Mais maintenant que je suis loin, c’est à toi de protéger ta famille, ta femme, tes enfants et mes petits-enfants.

    Cette dernière partie d’échecs, nous allons la jouer ensemble et cette fois je ne serai pas contre toi. C’est ensemble que nous la gagnerons. Regarde, l’échiquier, les pions ont déjà bougé. Fais-moi confiance, je suis encore avec toi, je serai ton guide…

     Yann arrêta de lire, il avait besoin d’une pause, il était complètement désemparé. A quoi rimait cette histoire ?

    Rapidement, il déroula le film de sa vie dans sa tête. Trente-six ans plus tôt, il était né à Douai dans le Nord-Pas-de-Calais. Son père originaire d’Italie était venu en France pour trouver du travail. Il travaillait dans les mines de charbon comme le père d’Anna, sa future épouse.

    Yann aurait du s’appeler Giuseppe comme son père et son grand-père, comme le voulait la tradition, mais sa mère d’origine polonaise s’y était opposé. Il fallait favoriser l’intégration de leur fils dans leur pays d’accueil, c’est ainsi qu’ils avaient fini par se mettre d’accord sur son prénom.

    A sa naissance, ses parents habitaient à Lewarde, à coté de la mine. Quelques années plus tard, ils s’étaient installés à Arras.

    A la fin du collège, à sa grande surprise, son père lui avait annoncé qu’ils allaient déménager à Paris. Pour Yann, cela avait été un déchirement de quitter ses amis et son premier amour.

    Son père avait dégoté une vieille maison à rénover. A l’époque, il avait gagné une belle somme d’argent au tiercé. Depuis longtemps, il voulait quitter la région et offrir la meilleure scolarité possible à son fils unique.

    Au lycée Henri IV, Yann était au choix le « sale rital » ou le « sale polak ». Tous les jours, il subissait les railleries de ses camarades de classe. Au bout de trois mois, son père en avait eu assez de le voir revenir avec l’œil au beurre noir. Il lui fit prendre des cours de judo et de karaté. Très vite, Yann se forgea une carapace et une carrure qui finirent par imposer le respect.

    Mais ce dernier voulait aussi briller par son savoir. Après des études exemplaires, il était devenu architecte.

    Pendant ce temps, son père, qui avait épuisé sa cagnotte, avait bien été obligé de reprendre un travail : il était devenu contrôleur à la R.A.T.P. Sa mère n’avait pas vraiment cherché d’activité professionnelle. Mais pour arrondir les fins de mois, régulièrement, elle faisait la cuisine pour quelques familles aisées du quartier. Finalement, les Barzoni étaient l’anomalie du secteur : des « pauvres » noyés dans une banlieue de « riches ». Dans ce contexte qui pouvait les jalouser ? A priori personne !

    Yann avait beau chercher. Il ne voyait pas dans sa vie sans histoires, ou dans celle de ses parents, une raison qui le conduise lui et sa famille à être en danger. Pour l’instant, le mystère restait entier.

    img2.jpg

    Chapitre 2

    « A Chatou, tu trouves de tout si tu es malin ». Cette maxime aurait pu être sans souci un spot publicitaire, tellement c’était vrai. Aliou avait eu le tuyau par un de ses compatriotes d’infortune. Depuis qu’il connaissait l’endroit, il venait tous les jours. A chaque fois, il revenait avec quelque chose dans sa besace. Les gens riches ne connaissaient pas la crise. Ils avaient pour habitude de mettre à la poubelle toutes sortes d’objets en bon état, simplement démodés par le diktat des magazines.

    Dans ce libre service à ciel ouvert, Aliou dénichait des vêtements, des meubles, des bijoux, du matériel multimédia qu’il revendait ensuite à des receleurs ou à des brocanteurs à l’autre bout de la ville.

    A chaque vente, il pestait car il se faisait arnaquer par des margoulins qui ne lui donnaient qu’une bouchée de pain pour des biens qu’ils allaient revendre cinq à six fois plus cher. Ces maîtres chanteurs avaient ainsi dans Paris des centaines de serviteurs à leur botte.

    Aliou avait de plus en plus de mal à supporter cette dépendance. Il était obligé de constater que la misère humaine conduisait inexorablement à l’esclavage. Avant, il expliquait ce type de situation à ses élèves mais aujourd’hui c’est lui qui vivait cette amère expérience.

    Pour l’heure ce n’était ni le moment, ni le lieu de se rebeller. La révolte, il y avait goûté et c’est elle qui l’avait conduit jusqu’ici.

    Emprisonné dans son statut d’esclave docile, dans l’immédiat il n’avait qu’un seul but, nourrir sa famille. A ce propos, la situation devenait préoccupante. Cela faisait des jours qu’il arpentait en vain les rues du quartier. Il avait bien trouvé une vieille paire de chaussures, mais elle n’avait aucune valeur marchande. Il avait pourtant promis à sa femme de revenir avec de la nourriture. Depuis trois jours, elle n’avait rien avalé.

    Cet exode, ils l’avaient décidé ensemble, mais en réalité, ils n’avaient pas vraiment eu le choix. Après tous les sacrifices et les souffrances qu’ils avaient endurés, ils espéraient pourtant avoir acquis le droit de vivre libre et gagner honnêtement leur vie. Mais les refus successifs et les contraintes administratives les avaient plongés dans l’instabilité et la précarité la plus totale.

    Ce jour là, l’ilote Aliou était dans une impasse. Housna, sa femme était enceinte. Il avait peur qu’une sous alimentation mette la croissance du bébé en danger.

    Acculé par le désespoir, il n’avait qu’un seul moyen de briser ses chaînes et il se dirigea résolument vers le marché.

    Dans ce dédale de tentes éphémères, avec sa couleur de peau, il ne passait pas inaperçu. Au moment, où Aliou commit son délit, il y avait suffisamment de paires d’yeux pour voir chacun de ses faits et gestes.

    Instantanément, un témoin s’écria,

    — Au voleur ! Au voleur ! Attrapez-le !

    Personne ne bougea. Toutefois, les policiers municipaux furent sur place moins d’une minute plus tard. Quelques personnes âgées, encore sous le choc, parlaient toutes en même temps. Ici tout le monde se connaissait, un vol au marché était pour le moins incroyable. Un client du boulanger expliqua la situation au policier. Ce dernier conclut en disant,

    — Vous vous rendez compte, un noir est venu voler notre pain blanc ! Décidément nous ne sommes plus en sécurité nulle part !

    Piqué au vif, les policiers se devaient de réagir promptement. Tous ces citoyens payaient des impôts pour que leur tranquillité soit assurée. L’affaire pouvait être sérieuse pour leur réputation, ils n’allaient pas manquer l’occasion pour faire du zèle.

    Pour faire bonne figure, les deux hommes et la femme se lancèrent à la poursuite d’Aliou dans la direction indiquée par les témoins de la scène. Au premier coin de la rue, ils s’arrêtèrent essoufflés.

    Pendant ce temps, Aliou avait couru aussi longtemps et aussi loin que possible. Il avait changé de direction à plusieurs reprises. Il avait fini par s’arrêter pour reprendre un peu de son souffle. Personne n’avait l’air de le suivre, tout allait bien. Enfin presque, parce qu’à force de tourner dans tous les sens, il ne savait plus trop où il était.

    Maintenant, il marchait d’un bon pas. Son but était de trouver un arrêt de bus ou une bouche de métro pour s’éloigner au plus vite de ce quartier.

    Au coin d’une rue, il hésita à prendre à gauche ou à droite. Il essayait de prendre des repères, mais les maisons et les immeubles lui étaient complètement inconnus. Il aurait pu demander son chemin à quelqu’un, mais les rues étaient désertes. Deux minutes auparavant, il avait croisé un homme qui promenait son chien. Mais les aboiements et le regard suspicieux de l’homme l’avaient dissuadé de poser des questions.

    Gauche ou droite ? S’il avait eu une pièce de monnaie dans sa poche, il aurait joué sa décision à pile ou face. Mais c’était déjà trop tard. De la gauche comme de la droite, il entendait distinctement, les sirènes des véhicules de police. Et il n’y avait pas de doute, les voitures se rapprochaient et convergeaient vers lui.

    Ce n’était pas possible ! Comment pouvaient-ils savoir qu’il était là ? L’homme au chien l’aurait-il

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