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John Baltimore - Le Héros Américain
John Baltimore - Le Héros Américain
John Baltimore - Le Héros Américain
Livre électronique299 pages4 heures

John Baltimore - Le Héros Américain

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À propos de ce livre électronique

6 Juin 1944-des milliers de soldats alliés débarquent en Normandie. Deux cent vingt "rangers" commandés par le colonel Rudder prennent d'assaut la pointe du Hoc. Parmi eux se trouvent John Baltimore et ses trois amis : Taïma l'Indien de la tribu navajo, Dino fils de réfugiés Italiens et Georges, noir de Harlem. Ce livre raconte leurs multiples aventures, depuis le camp d'entrainement aux Etats-Unis, en passant par l'Angleterre, jusqu'au jour du débarquement. Elles continuent sur le sol français et suivent la progression des troupes alliées jusqu'à la libération de Paris, en passant par Bayeux, Caen, Falaise et bien d'autres villes et villages normands. L'auteur s'est inspiré en partie de faits réels. Les héros côtoient des personnages imaginaires et d'autres qui ont vécu cette épopée. Dans cette époque mouvementée, trois d'entre eux trouveront l'amour.
LangueFrançais
Date de sortie4 nov. 2013
ISBN9782312017853
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    Aperçu du livre

    John Baltimore - Le Héros Américain - Jean Bajard

    cover.jpg

    John Baltimore

    Le Héros Américain

    Jean Bajard

    John Baltimore

    Le Héros Américain

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01785-3

    6 JUIN 1944

    Le vacarme de centaines d’avions passant au-dessus de sa tête sort John Baltimore de sa rêverie.

    Il est trois heures du matin. Voilà bientôt deux heures qu’ils ont quitté le port de Weymouth.

    Le bateau, un H. M. S. baptisé le « Ben Machree » file avec une multitude d’autres navires en direction des côtes françaises. Ce fameux jour qu’ils attendent depuis si longtemps est enfin arrivé, dans quelques heures ils débarqueront en Normandie.

    Dans la couchette au-dessus de la sienne, Taïma » l’indien « comme le surnomment ses compagnons, est allongé, les yeux grands ouverts. A quoi ou à qui pense-t-il ? Peut-être à sa femme et ses deux enfants qu’il a laissé en Arizona.

    Assis sur le sol, Dino et Georges jouent aux cartes avec d’autres soldats ; une façon comme une autre de ne pas penser à ce qui les attend.

    John se souvient du jour où ils se sont rencontrés. C’était il y a déjà cinq mois.

    John avait quitté sa famille quelques mois plus tôt après avoir rompu ses fiançailles. Il avait connu Dorys, fille d’industriels comme lui, étant enfants. Leurs Parents, surtout sa propre mère ne voyaient pas d’autre issue que le mariage à cette longue relation qu’ils avaient depuis leur plus jeune age.

    Il l’aimait bien Dorys, comme une amie, presque comme une sœur, mais s’unir pour la vie, fonder une famille, reprendre l’entreprise familiale, suivre cette voie tracée d’avance par ses parents, John ne se sentait pas encore prêt. Il rêvait d’autre chose, il avait besoin d’action. Et puis la guerre est arrivée en Europe ; John comme beaucoup de ses compatriotes l’avait suivi mais ne se sentait pas directement concerné.

    Pour beaucoup d’Américains, ce conflit intéressait uniquement l’Europe et se passait loin des Etats Unis.

    En décembre 1941, l’attaque de Pear Harbor et l’entrée en guerre des États-Unis avaient éveillé chez John une âme de patriote ; dès ce jour il avait décidé de s’engager. Lorsque sa mère lui avait demandé de se marier avec Dorys, il était parti passer quelques jours en Pennsylvanie où ses parents possèdaient une maison au bord du lac Erié.

    Dès son retour il alla trouver son père dans son grand bureau pour lui dire :

    « Papa, ma décision est prise je ne me marierai pas maintenant, je vais m’engager comme toi tu l’as fait. »

    En effet, en 1916, Bill, son père était allé en France combattre l’ennemi ; il comprenait très bien son fils ; d’autant qu’il y avait rencontré celle qui allait devenir sa femme, Marie, une française, infirmière dans l’hôpital où il avait été soigné à la suite de blessures dues aux éclats d’obus qui avaient tués deux de ses camarades.

    Il approuva donc la décision de John et lui dit qu’il se chargerait de la faire comprendre à sa mère et à Dorys, de tout faire pour atténuer son chagrin.

    Au début de l’année 1943, John s’engagea et rejoignit le 2éme bataillon de Rangers récemment formé à Camp Forest dans le Tennessee.

    Il fût accueilli ainsi que ses compagnons, par un jeune sergent qui les rassembla et leur fît faire un parcours d’épreuve de huit kilomètres ; John ainsi que certains volontaires avait tenu le coup, les autres repartirent immédiatement dans leurs anciennes unités.

    Le lendemain matin, ils furent réveillés dès le lever du jour, rassemblés devant un colonel qui leur dit :

    « je suis le colonel Becker du 11éme « command service » de la deuxième armée, vous ne me semblez pas assez coriaces, je vais faire de vous des durs, je ne vais pas vous apprendre à combattre avec des méthodes traditionnelles empreintes d’esprit sportif mais plutôt avec des manières considérées comme « sales » ; vous devrez connaître les traits caractéristiques de l’ennemi que vous rencontrerez, sa cruauté, ses méthodes inélégantes ; vous devrez laisser vos scrupules de côté ! ».

    A partir de ce jour, John et ses compagnons subirent un entraînement qui les laissait exténués en fin de journée.

    Ils devaient non seulement effectuer les douze heures de travail quotidien que faisait chaque militaire, mais en plus ils vivaient dans des conditions épouvantables ; leur camp était composé de tentes installées de chaque côté d’allées poussiéreuses et boueuses les jours de pluie. Ils se lavaient dans une cuvette posée à même le sol et avaient droit, une fois par semaine à un bain pris dans une caserne à huit cents mètres de leur « village de tentes ».

    Au fil des semaines, le rythme des entraînements s’accéléra et devint de plus en plus dur.

    On les enfermait dans un enclos d’où chacun devait sortir son voisin par n’importe quel moyen, tout était permis et le « jeu » cessait quand un seul homme restait dans cette arène.

    Beaucoup en sortaient avec des yeux au beurre noir, des poignets foulés ou des articulations douloureuses, mais jamais rien de très grave qui puisse les empêcher de recommencer le lendemain.

    Ils se rendaient ensuite au parcours d’obstacles au pas de course ; ils sautaient des fossés, grimpaient, rampaient dans des trous, sous des barbelés tout en évitant les explosifs placés sur ce parcours.

    Après avoir fumé rapidement une cigarette, ils courraient au trot les quatre kilomètres qui les séparaient du camp pour répondre à l’appel de la tambouille. Après avoir avalé ce qui ressemblait à un hachis épais, ils repartaient vers l’aire d’entraînement pour courir, ramper et suer à nouveau.

    Dans l’après -midi une vraie pause leur était accordée ; pendant une heure ils écoutaient leur instructeur leur expliquer comment se servir d’une grenade ; comment s’infiltrer derrière les lignes ennemies ; puis les exercices de combat au corps à corps reprenaient jusqu’à épuisement des hommes qui rejoignaient leurs tentes et leurs couches, couverts de poussière, mais qui leur semblaient être un château dans lequel ils pouvaient enfin se reposer.

    Les semaines et les mois passèrent, plusieurs commandants succédèrent au colonel Becker, jusqu’à l’arrivée, en juin 1943 du chef de bataillon James Earl Rudder qui les réunit et leur dit :

    « Messieurs, je suis Jim Rudder, votre nouveau commandant ; je suis venu à Camp Forest pour que vous puissiez m’apprendre comment on devient un Ranger ».

    Ce discours surprit les Rangers, mais sous cet humour, le commandant dissimulait un caractère et une force de volonté hors du commun qui allaient par la suite surprendre plus d’un soldat.

    Cet officier avait été nommé lieutenant de réserve après ses études il était devenu professeur au collège d’agriculture de Tarleton, accessoirement entraîneur du club de foot local ; il fût appelé au service actif en 1941.

    Texan de trente trois ans, de haute taille, il opéra quelques changements, mit en place une véritable organisation au sein des Rangers.

    Tout d’abord, il les installa dans un vrai casernement avec des latrines et des douches couvertes.

    Puis il leur appris à défiler en bon ordre et non pas comme une cohue d’écoliers sortant de classe, sans aucune allure ni discipline militaire ;

    Ensuite, l’entraînement reprit de plus belle, chaque jour qui passait améliorait le bataillon qui devint une unité militaire efficace. Le commandant exigeait de ses hommes qu’ils approchent la perfection.

    Leur séjour au Camp Forest se termina en septembre 1943, les Rangers du 2éme bataillon partirent pour Fort Pierce en Floride ; ils étaient devenus des experts en démolition, en combat au corps à corps, en armes, en escalade de falaises, et pouvaient parcourir huit kilomètres au pas de gymnastique avant le petit déjeuner.

    Fort Pierce était une école d’éclaireurs et de raiders ; ils y arrivèrent en camion après avoir voyagé dans un train inconfortable et étouffant.

    Ce camp de plusieurs hectares installé au bord de la mer, ne comprenait rien d’autre que du sable, des palmiers et des tentes, il était infesté de moustiques et de mouches qui se mélangeaient à la nourriture.

    Pendant leur séjour, les Rangers apprirent l’usage des bateaux pneumatiques et des petites péniches d’assaut appelées « landing Craft Assault » ou L. C. A.

    Ils effectuèrent des débarquements sur des côtes rocheuses ainsi que des portages et pagayages de nuit, étudièrent des profils de côtes.

    Puis ils firent à nouveau leurs bagages pour se rendre à Fort Dix dans le New-Jersey.

    Pendant ce séjour, on leur apprit des tactiques élaborées se composant de tirs à distance, d’exercices de coordination, de démonstration d’artillerie et de déplacements derrières les lignes ennemies.

    Cette période fut marquée par des cassages et des changements d’affectation ; de nouveaux hommes rejoignirent le bataillon et d’autres le quittèrent. Tous les anciens, alors soldats de 2éme classe, furent nommés soldats de 1ére classe ; ils cousirent leur galon avec autant de fierté qu’un lieutenant recevant ses barrettes ; pourtant ils savaient que les tableaux d’effectifs ne prévoyaient pas de soldats de 2ème classe dans le bataillon de Rangers.

    A la fin de ce séjour, le commandant Rudder récompensa ses hommes en leur accordant de généreuses permissions car il savait que le jour où ils devraient s’embarquer pour l’Europe, approchait rapidement.

    C’est au cours de l’une de ces permissions, que John fit la connaissance de Dino et Georges.

    Alors qu’il buvait avec d’autres camarades, un verre au Murphy’s, une boite locale où ils avaient l’habitude de se rendre les soirs de détente, son attention fut attirée par des éclats de voix provenant d’une table où des soldats jouaient aux cartes.

    Un noir gigantesque était pris à parti par deux soldats qui l’insultaient en le traitant de tricheur et de sale nègre ; son compagnon, un homme mince, très brun de type Italo-Américain bondit sur l’un des soldats, aussitôt les deux hommes furent assaillis par un groupe de militaires ; le noir se leva et d’un seul coup de poing, assomma l’un des assaillants, mais les forces étaient inégales et les deux amis allaient succomber sous le nombre.

    Voyant cela, John dit à ses compagnons de bar :

    « je les reconnais, ils font partie du groupe qui a rejoint notre bataillon récemment, allons-y. »

    Et il bondit, suivi des autres Rangers.

    John dégagea rapidement l’homme de type Italo-américain, de leur côté les autres Rangers firent le ménage, aidé du noir.

    La bagarre était devenue générale, John balança un solide coup de poing au menton d’un homme qui s’avéra être, hélas pour lui, un officier de marine. Le coup le fit traverser la vitrine de l’établissement et il se retrouva KO dans la rue.

    John dit alors à ses compagnons :

    « sauvons nous vite car les M. P ne vont pas tarder à arriver, je ne tiens pas à finir la soirée au poste. »

    Il entraîna ses nouveaux amis au dehors, ils eurent juste le temps de se cacher derrière un bâtiment quand ils entendirent la sirène d’une Jeep d’où débarquèrent quatre M. P qui s’engouffrèrent aussitôt dans l’établissement.

    John et ses deux compagnons regagnèrent tranquillement leur base et firent un peu plus connaissance.

    L’homme de type Italo-américain se prénommait Dino. Son Père, poussé par la misère comme nombre de ses concitoyens, avait quitté sa Sicile natale pour émigrer aux Etats Unis en 1905. Dur au travail, il fut employé municipal de la ville de New-York et mourût de la tuberculose en 1920 laissant une veuve et deux enfants : Dino et sa jeune soeur Daniela.

    Très rapidement, le jeune Dino dût travailler pour aider sa mère qui était lingère à domicile.

    Il fût embauché comme vendeur de journaux par un de ses compatriotes, patron du quartier Mulberry dans la « little Italy ».

    La vie de la rue était dure dans ce quartier de la « Petite Italie », il fallut à Dino beaucoup de courage et de ruse pour affronter chaque jour ses concurrents qui ne manquaient pas, à cette époque de misère et de prohibition.

    Il assistait souvent à des confrontations entre gangs qui voulaient contrôler la vente d’alcool ; bagarres qui se terminaient inévitablement dans le sang.

    A l’âge de 17 ans, au cours de l’un de ces pugilats auquel il participa involontairement, il fût remarqué par un ancien boxeur qui lui proposa de l’initier à ce sport de combat. Dino accepta et c’est ainsi qu’il commença sa brève carrière de pugiliste ;

    De petite constitution, il souffrit beaucoup, mais tenace, il pût très vite faire quelques combats et c’est au cours de l’un d’eux, qu’il fit la connaissance de Georges, ce noir d’un mètre quatre vingt treize, boxant dans la catégorie poids lourds. Ils devinrent amis et Georges proposa à Dino de lui servir de sparring-partners dans le gymnase de Harlem, pour deux dollars le round.

    Dino accepta immédiatement et commença son nouveau job dès le lendemain.

    Georges etait né à Harlem ; la boxe l’arracha aux petits boulots éphémères. Il se rendit rapidement célèbre en réalisant le KO le plus rapide de l’histoire de la boxe.

    En effet, au cours d’un combat, il avait frappé son adversaire dès le son de la cloche et lui avait brisé la mâchoire. Après le décompte de dix secondes, l’arbitre le déclara vainqueur. Le combat avait duré quinze secondes.

    Aidé de son ami Dino, Georges conquit la gloire et l’argent. Les combats se succédèrent et les soirées des deux amis se terminèrent très souvent dans les endroits à la mode à l’époque, tels le Cotton Club ou le Small’sParadise Club.

    Un soir, alors qu’ils fêtaient une nouvelle victoire de Georges, celui-ci rencontra Dolly, une magnifique femme blonde, dont il tomba éperdument amoureux.

    Malheureusement, à cette époque où le racisme sévissait aux Etats -Unis, sa relation fût très mal acceptée par la communauté blanche et en sortant d’un hôtel un soir, il fût agressé par un groupe d’hommes qui n’acceptaient pas qu’un noir soit l’un des meilleurs boxeurs de leur pays.

    Pour les deux amis, la soirée se termina au poste de police ; dès le lendemain Dino fût libéré, mais Georges fût condamné par un juge à un an de prison pour avoir une liaison avec une femme de race blanche.

    A sa sortie de prison, son ami Dino l’attendait. Nous étions alors en 1942 ; ils décidèrent tous deux de s’engager dans l’armée.

    Un an plus tard, les deux hommes répondirent à l’appel de volontaires lancé dans toute l’armée américaine pour former le bataillon de Rangers.

    Arrivés à Fort Dix, ils durent passer une visite médicale comme tout candidat Ranger.

    Quand Dino se présenta devant l’officier médecin, ce dernier lui dit :

    « Désolé, mon gars, tu n’es pas apte, au suivant… »

    « attendez une seconde Sir, que me reprochez vous, je suis en pleine forme. »

    « tu as un dentier ; on ne peut pas devenir Ranger avec des fausses dents ; tu ne peux pas être incorporé dans ce bataillon sans tes crocs. »

    Furieux, Dino sortit et demanda où trouver le « patron. »

    On lui indiqua le P. C. du major Rudder ; il s’y rendit pour tenter de négocier son incorporation.

    En entrant dans le bureau, il vit un officier au sourire amical et au regard chaleureux, assis derrière son bureau, qui lui dit :

    « Qu’est ce que je peux faire pour toi, soldat ? »

    Alors, Dino raconta son histoire au commandant Rudder et termina en disant :

    « Je ne veux pas manger les boches, je veux simplement me battre contre eux ! »

    Le Major éclata de rire et lui tendit un bout de papier :

    « apporte ça aux toubibs ; tu es bon pour les Rangers ! »

    Georges passa sans problème la visite médicale mais quand il se présenta devant le sous-officier chargé d’examiner les dossiers des volontaires il remarqua que celui-ci, voyant sa couleur de peau, hésitait à lui remettre le document qui lui permettait de faire partie de ce fameux bataillon.

    Georges garda son calme et lui fit remarquer qu’il s’était battu contre les meilleurs boxeurs du monde et que les Allemands ne lui faisaient pas peur. Le sergent chef leva alors la tête et le reconnut :

    « pas de problèmes, mon vieux, je suis un de tes fervents admirateurs, bienvenue parmi les Rangers.

    Malheureusement pour John, la soirée mouvementée au Murphy’s eut des conséquences inattendues.

    L’officier de marine qu’il avait boxé porta plainte, il fût convoqué en cour martiale le lendemain matin pour avoir rossé un officier. Il risquait d’être exclu de la compagnie des Rangers.

    Heureusement, le commandant prit sa défense en faisant remarquer à la cour, que l’on avait affaire à un soldat exemplaire et que cet écart de conduite était dû probablement à une soirée de défoulement rendue nécessaire après les longs mois d’entraînement sévère que ce soldat avait subi.

    Il fut condamné à passer quatre semaines « en haut de la colline ». Cette punition conçue pour les Rangers, consistait à rester seul dans une tente au sommet d’une colline venteuse en se nourrissant de végétaux, fruits et petits animaux trouvés sur place, sans eau, avec une fois par semaine le contrôle d’un sous-officier.

    John s’installa dans sa nouvelle situation ; la solitude lui pesa énormément le premier jour, puis il réagit rapidement, partant le matin au pas de course se baigner dans une rivière glacée à trois kilomètres ; au retour, il cueillait quelques fruits sauvages et relevait les pièges à lapin qu’il avait confectionnés.

    Rentré au camp, si la chasse avait été bonne il allumait un feu et cuisait le petit animal attrapé, qui constituait l’essentiel de son repas du jour.

    L’après midi, afin de garder une bonne forme, il repartait marcher dans la forêt au bas de la colline et rentrait le soir exténué pour se coucher. Cet emploi du temps l’empêchait de trop penser à sa condition et chaque jour succèdait à un autre jusqu’à l’arrivée en Jeep du sous-officier contrôleur qui restait très peu de temps, mais laissait à John quelques rations de guerre qu’il ne touchait d’ailleurs pratiquement pas.

    Pendant ce temps, les autres Rangers, dont faisaient partie Dino et Georges, s’occupaient à démonter, remonter leurs armes et continuer à entretenir leur physique par des combats au corps à corps et de petites excursions à pied.

    Puis le 12 novembre 1943 ils se retrouvèrent consignés à Camp Shanks, dans l’état de New York qu’ils quittèrent le 21 novembre pour rejoindre le quai 594 au port d’embarquement, fléchissant sous le poids de paquetages remplis d’effets militaires et personnels.

    En arrivant au quai, ils aperçurent un gigantesque et magnifique navire qui n’était autre que le Queen Elizabeth transformé en transport de troupes et pouvant accueillir douze à quinze mille soldats. Tous les aménagements de luxe avaient été retirés afin de gagner de la place pour transporter le plus possible de militaires.

    Les Rangers s’installèrent dans les cabines qui leur étaient attribuées et passèrent leur temps à regarder les autres hommes s’approcher du navire, en colonnes et embarquer pour rejoindre leurs quartiers.

    Cette installation prit deux jours et l’après midi du 23 novembre, le Queen Elisabeth quitta lentement le port de New York tiré par plusieurs remorqueurs qui le libérèrent avant l’île de Bedloe.

    Les Rangers comme bon nombre de soldats regardèrent les côtes de l’Amérique et la statue de la Liberté en pensant que beaucoup les voyaient pour la dernière fois.

    Le voyage, bien que sans protection, se passa sans incidents ; il y eut bien des rumeurs de présence de sous-marins allemands qui s’avérèrent sans suites.

    Les Rangers, contre leur gré, avaient été désignés comme M. P. Pendant toute la traversée, ils accomplirent scrupuleusement les taches qui leur avaient été attribuées ;

    elles consistaient à maintenir l’ordre sur le navire et à régler le mouvement des troupes pour éviter toute bousculade.

    Le 30 novembre le Queen Elisabeth mouilla l’ancre à Grenach en Ecosse, les Rangers gagnèrent à pied une caserne de l’armée de terre britannique où ils furent nourris avant de monter dans les compartiments d’un train qui les emmena, après un long voyage, à Bude en Cornouailles sur la côte Ouest de l’Angleterre.

    Ce voyage s’effectua dans un train sans éclairage en raison du blackout, mais les Rangers se rendirent compte qu’ils étaient dans un pays en guerre en apercevant des maisons écroulées, des Eglises éventrées et des voies ferrées creusées de profonds entonnoirs dus aux bombardements.

    Dans ce joli village, les Rangers furent logés chez l’habitant à raison d’un à quatre hommes par maison et le bataillon fût ainsi dispersé dans toute la ville, seul le PC fut installé à l’hôtel Links.

    Chaque matin, les Rangers devaient se rendre au rassemblement fixé à 6h45 à l’Etat- Major, puis, les premiers jours revenaient chez leurs hôtes afin de s’installer dans leurs nouveaux logements.

    Dino et Georges se retrouvèrent dans l’aile gauche du château de Bude accueillis par les propriétaires des lieux, M. et Mme Williams qui malgré les privations et les sévères rationnements firent toutes sortes de sacrifices pour satisfaire les deux Rangers. Dino et Georges firent connaissance avec la nourriture britannique et les mélanges tels que « poisson-chips », « thé-crèpes » « fromages-gelées » etc.

    Après quelques jours passés ainsi, le major Rudder remit à chacun de ses hommes lors du rassemblement du matin, une montre Hamilton afin que désormais plus rien ne justifie les retards journaliers devenus trop fréquents.

    Puis l’entraînement quotidien reprit avec des marches de cinq à cinquante kilomètres, l’escalade de falaises et les tirs de nuit.

    Le 7 décembre, jour anniversaire de Pearl Harbour, Dino et Georges rentraient chez leurs hôtes après une longue marche effectuée sous une pluie battante, telle qu’en connaît l’Angleterre, accompagnée d’un vent glacé, épuisés mais heureux à la pensée du grand feu de cheminée qui les attendait et du thé bien chaud servi par Miss Williams.

    Ils furent surpris, en entrant dans le château, de ne pas trouver Mr Williams à l’entrée où il les accueillait chaque jour. Pénétrant dans la pièce principale où une flambée illuminait la cheminée, ils aperçurent leurs hôtes, assis dans leurs fauteuils habituels en grande discussion avec deux militaires qui leur tournaient

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