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Le Passager de l'ombre
Le Passager de l'ombre
Le Passager de l'ombre
Livre électronique308 pages5 heures

Le Passager de l'ombre

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À propos de ce livre électronique

Mark, un ancien membre des forces spéciales, que la vie n’a pas épargné, plaque tout du jour au lendemain et rejoint un club de bikers aux USA. À des milliers de kilomètres, Raphaël, un gendarme muté en Guadeloupe, se lance sur les traces d’un sombre trafic. Or, durant son enquête, le sort veut que les deux hommes tombent face-à-face. Entre patriotisme et amour fraternel, quelle sera l’issue de cette confrontation ?


À PROPOS DE L'AUTEUR

Père de famille et passionné de grosses cylindrées, E.P. Neilli vit en Normandie. Après avoir servi dans les forces spéciales, il rejoint la Gendarmerie avant d’embrasser une carrière d’auteur. Dans son premier roman, il mêle avec habileté ces trois univers qui ont bâti sa vie, en nous offrant un spectacle littéraire au suspense insoutenable à la limite entre fiction et réalité.
LangueFrançais
Date de sortie15 déc. 2023
ISBN9782384601035
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    Aperçu du livre

    Le Passager de l'ombre - E.P Neilli

    Le passager de l’ombre

    Roman

    Cet ouvrage a été composé par les éditions La Grande Vague

    et imprimé en France par ICN Imprimerie Orthez.

    Graphisme de Leandra Design Sandra

    Images libres de droits Pixabay/Pexels/IStock

    ISBN numérique : 978-2-38460-103-5

    Dépôt légal : Décembre 2023

    Les Éditions La Grande Vague

    3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

    Site : www.editions-lagrandevague.fr

    Toute ressemblance avec des personnages fictifs, des personnes ou évènements existants ou ayant existé, est purement fortuite.

    Ce récit est une fiction qui prend parfois volontairement ses distances avec la réalité historique.

    Aux commandos, à mon père et aux camarades qui ne sont pas revenus ou pas complètement...

    « Knockin' on heaven's door¹♫ »

    Afghanistan, province de Helmand, juillet 2004.

    l’Afghanistan est le territoire des pachtounes, façonné comme ses fiers guerriers réputés invincibles, par la rigueur du climat de ces vastes étendues désertiques. Des combattants qui depuis des siècles résistent à toutes les invasions, qu'il s'agisse de l'Armée britannique ou des Soviétiques. Mais aujourd’hui, les montagnes et les plaines, étaient troublées par l'avancé d'une colonne de véhicules des Forces Spéciales Françaises. Le nuage de poussière soulevé par leur progression flottait dans leur sillage, telle une longue traînée de fumée.

    Elle était composée de petits 4X4, Peugeot P4 et de camions de reconnaissance légers dits VLRA², dont le vrombissement des gros moteurs diesel rompait le silence ancestral. Les commandos avançaient aussi vite que la piste instable le leur permettait. À bord se trouvaient un groupe de SAS³ de l'armée de Terre et un groupe de commandos de la Marine nationale.

    Leur objectif d'atteindre d'ici quelques heures un village pachtoune isolé avant la nuit était soumis au passage au plus tôt d’un col réputé difficile. Dans les véhicules, l'ambiance était bonne. Les hommes, habitués à travailler dans des conditions extrêmes et stressantes, bien que sur leurs gardes, riaient. La fin de la mission se profilant, dans le premier VLRA, les quatre plus expérimentés de ces commandos évoquaient avec entrain leur futur retour au bercail.

    C’était un type imposant, blond, le visage taillé à la serpe, au milieu duquel étincelait un regard bleu intense. Il commandait le groupe jungle depuis quelques années déjà et l’avait vu évoluer. L’homme, habitué aux affrontements, avait aussi vu, petit à petit, les anciens quitter le groupe au fil des combats, à la suite de blessures ou par lassitude d’une vie passée la moitié de l’année loin de leurs proches. Ces anciens avaient peu à peu été remplacés par de jeunes recrues, sympathiques, mais pas encore aguerries.

    Cette simple phrase suffit à exprimer la totalité des émotions que cette nouvelle provoquait à ce grand gaillard massif aux larges épaules et à la peau d’ébène, dont peu osaient soutenir le regard en raison de la cicatrice qui lui barrait le côté gauche du visage, de la racine des cheveux au menton, en contournant sa bouche mais traversant ses paupières.

    Dans le second VLRA, l’ambiance était plus légère et plus insouciante. Les plus jeunes soldats du groupe, Sean et Daryl, discutaient avec Patrick. Ce dernier venait de rejoindre le groupe de Barry après le rapatriement de Bruce, blessé lors d'un accrochage, quelques semaines plus tôt. Il avait les yeux rieurs de l’insouciance des jeunes, les traits doux sous sa tignasse que son statut de membre des Forces Spéciales l’autorisait à porter en lieu et place de la coupe rase de 5 millimètres des bidasses.

    Bien qu’étant tous les trois de la même promotion, lui n’avait connu pour ses deux premières missions que la guerre Afghane.

    Pendant tout le trajet les discussions allèrent bon train. En mission depuis près de cinq mois, le groupe hétéroclite d'anciens et de jeunes avait été pris sous le feu ennemi à plusieurs reprises. Les liens tissés étaient très forts. Pour les plus jeunes, cette première mission sur un territoire en guerre avait été éprouvante et leur baptême du feu plutôt rude, surtout quand Bruce avait été blessé par balle. Une telle intensité de combat, même pour les anciens comme Barry, Gunner, Lawrence, Peter et Pol’, n'était pas chose commune. Le retour était prévu pour la mi-août et la tension de ces derniers mois commençait à peser sur le moral de ces hommes d'élite.

    Ils roulaient désormais depuis plusieurs heures lorsqu'ils entamèrent la piste étroite et abrupte menant au col qu'ils espéraient franchir avant la nuit. Quelques centaines de mètres avant le col, ils arrivèrent à un carrefour. Deux possibilités s’offraient à eux : au nord la rapidité en direction de la passe, et au sud plusieurs heures de détour en redescendant en longs lacets vers la cuvette pour finalement contourner la montagne. Comme convenu dans les ordres initiaux, Gunner, Yann et Carlos qui roulaient dans la P4 de tête s’arrêtèrent. Gunner, l’adjoint de Barry et ce dernier pensaient que la piste était dangereuse. Elle longeait en main courante à droite un profond ravin et sur la gauche un terrain impraticable, même pour leurs véhicules à quatre roues motrices. Une fois engagés en direction du col, il leur serait impossible d’opérer un demi-tour.

    Barry, le chef du détachement de marsouins parachutistes, décida de partir en éclaireur avec ses hommes afin de reconnaître la piste et vérifier que celle-ci n’était pas inaccessible un peu plus loin.

    Les reconnaissances aériennes dataient de plus de quarante-huit heures. Leur progression à travers la plaine puis le long de la montagne avait dégagé dans leur sillage des nuages de poussière qui n'auraient pas échappé à quelque taliban qui aurait eu le temps d'obstruer la piste juste après la crête, les obligeant en ce cas à redescendre en marche arrière sur quelques centaines de mètres avant de pouvoir manœuvrer et rebrousser chemin.

    Bientôt le soleil déclinerait à l'ouest et ils ne voulaient pas prendre le risque de manœuvrer dans la pénombre qu'apporteraient rapidement les montagnes avoisinantes. Une telle manœuvre les rendrait vulnérables tant pour des tireurs embusqués que pour de petits groupes aguerris.

    Les véhicules furent donc laissés au carrefour sous la garde des marins. C’est à pied, en colonne, que le groupe de Barry progressa sur cette piste rocailleuse dont les pierres roulaient sous leurs bottes de combat. L'endroit était propice à une embuscade, les militaires étaient sur le qui-vive.

    L’esprit un peu rêveur, Lawrence songeait à son retour, à sa femme et leur futur bébé surprise. Il avait hâte de marcher le long des côtes landaises en poussant le landau, les yeux perdus dans le bleu de l'océan. Il se reprit et revint à l’instant présent, à sa mission qui était d’assurer la sûreté arrière de son groupe dans ce paysage lunaire fait de roches et parsemé de temps à autre de quelques petits buissons, qui rehaussaient de leur vert timide le panorama gris et marron à perte de vue.

    Aussi, tous les dix pas environ, en prenant garde à ne pas trébucher, il regardait attentivement derrière lui. Les marins et les véhicules n’étaient plus en vue depuis quelques centaines de mètres, cachés derrière les reliefs de la montagne.

    Jusqu’à présent, il n’y avait rien à signaler, mais ils approchaient de la crête et de l’inconnu qui se trouvait au-delà. Le silence omniprésent n’était troublé que par le crissement de leurs semelles sur la caillasse ainsi que par la brise qui sifflait à leurs oreilles.

    Après avoir progressé sur environ un kilomètre et demi et avoir alterné de poste et de secteur de surveillance avec Peter son binôme, tout bascula.

    Une énorme déflagration souffla les deux hommes qui ouvraient la marche : Yann, âgé d'à peine plus de vingt ans et Gunner. L’ennemi avait déclenché une roadside bomb⁴. L’explosion projeta leur sang et leurs chairs sur plusieurs mètres à la ronde.

    Les tirs ennemis commencèrent presque aussitôt. Bien qu’étourdi par l’intensité du souffle, professionnel et aguerri, Barry, le chef de groupe, lança sans hésitation ses ordres.

    Le premier binôme pulvérisé, Sean se trouvait en première ligne avec Daryl. Dès l’ordre donné par Barry, il fit un pas sur sa gauche en engageant l’ennemi. Dégageant ainsi la ligne de tir de Daryl qui commença à faire feu à l’aide de sa Minimi⁶. Ensemble, ils opposèrent à l’ennemi un feu intense.

    Barry et Pol’ purent voir Sean, une fois son chargeur vide, faire demi-tour pour venir prendre la dernière place de la colonne. Cela permit ainsi à Daryl de faire lui-même un pas à gauche tout en dégageant la ligne de tir de Patrick qui tira sur l’ennemi une grenade à fusil. Les mois d’entraînement avaient rodé le groupe à cette pratique, forçant l’ennemi à baisser la tête.

    Simultanément, alors que Patrick tirait sa grenade qui explosait sur les ennemis face à eux, les balles sifflèrent aux oreilles de Barry qui s’accroupit. Ses hommes tenaient tête à des ennemis face à eux et les tirs provenaient de sa gauche, ils étaient pris en embuscade. Ils étaient pris pour cible par de nombreux tirs. Barry regarda autour de lui pour savoir d’où venaient ces tirs. Au moment où il repéra les talibans, cachés derrière les rochers en ligne de crête, il voulut l’annoncer à ses hommes, mais une rafale le projeta en arrière. Il ressentit une douleur au niveau de la trachée. Il y porta la main et sentit le sang chaud s’écouler entre ses doigts.

    À l’instant où Sean passait devant le binôme composé de Carlos et Patrick, il vit Barry et Pol’, le tireur de précision, tomber sous les balles ennemies. Alors que ses oreilles sifflaient encore, il entendit l’explosion de la grenade de Patrick derrière lui et repéra la source des tirs qui venaient de faucher son chef de groupe et leur sniper.

    Il comprit que c’était une embuscade. Ils étaient pris en tenaille par un second groupe de terroristes progressant vers eux par trois-quarts arrière gauche, en ligne.

    Mais il ne reçut aucun retour.

    Aussitôt, Peter et Lawrence qui fermaient la marche virent que le plus jeune des membres criait à la radio en regardant plus haut sur leur gauche. Ils suivirent la direction et eurent le temps d’apercevoir un homme épauler ce qui semblait être un lance-roquette. Lawrence comprit en une fraction de seconde qu’il était dans la ligne de mire et que son bébé devrait grandir sans lui. À peine le visage de sa femme se formait dans son esprit que lui et son binôme tombèrent sous l'effet de l'explosion d'une roquette RPG7. Tous seraient morts si les intervalles entre les binômes n'avaient pas été respectés. À quelques secondes près, Sean serait passé devant les hommes qui venaient d’être tués et serait mort avec eux. En moins d’une minute, ils n'étaient plus que quatre commandos parachutistes.

    Ils rompirent le contact et coururent se jeter à couvert derrière un rocher qui longeait la piste, juste à côté d’eux. La grenade à fusil de Patrick semblait avoir fait mouche. L'élément d'arrêt des terroristes était réduit au silence. Le problème venait désormais de leur flanc gauche. Une vingtaine de talibans déterminés et bien entraînés les harcelaient d'un feu nourri. Contrairement aux soldats occidentaux, les guerriers séculaires afghans, étaient animés d’une hargne et d’un entraînement basique. Déterminés à combattre jusqu’à la mort, ils faisaient la guerre avec une organisation rudimentaire, et restaient de redoutables adversaires.

    Durant cinq bonnes minutes, les quatre SAS maintinrent leurs assaillants à distance et en éliminèrent six de plus. S’appuyant sur leur longue formation qui faisait d’eux des combattants capables de contenir cette attaque, courageux, ils défendaient leurs vies avec détermination.

    Ils étaient en ligne face à leurs ennemis. Trois rebelles progressaient vers leur gauche et trois autres au moins, vers leur droite. Le reste, environ huit hommes gardaient leur position face aux militaires pour les fixer, les harceler afin de couvrir la progression de leurs deux éléments en mouvement pour les encercler. Fort heureusement, ils semblaient ne plus disposer de roquette.

    Sergent depuis six mois, Carlos était désormais le plus gradé des quatre. Il prit alors la décision d'éliminer les deux trinômes en mouvement. Désormais face à la pente, le ravin dans leurs dos, Carlos et Patrick éliminèrent les trois hommes tentant une approche risquée à découvert sur leur droite. Sur la gauche, Sean et Daryl s'occupèrent des trois autres. Avec son fusil automatique, Sean parvint à éliminer un des rebelles. Une des grenades à main bien placée de Daryl finit de leur ouvrir le passage pour rebrousser chemin. Carlos décida de revenir sur leurs pas, dans la direction du groupe de Commandos Marine.

    Sean espérait qu’après avoir entendu les tirs et les explosions, les marins étaient en train de progresser vers eux avec leurs véhicules équipés de 12,7⁷. Ils seraient là rapidement. Couverts par Daryl qui avec sa Minimi lançait des salves vers leurs adversaires, ils empruntèrent la passe malgré le terrain peu praticable.

    À l'aide de sa Minimi, Daryl parvenait à tenir en respect le gros du groupe face à eux. Quelques balles firent mouche, réduisant encore le nombre des ennemis. Cela offrit aux marsouins une sorte d’accalmie de quelques secondes. Assez longue en tout cas pour entendre et comprendre que les marins étaient, eux aussi, sous le feu ennemi à quelques centaines de mètres de leur position.

    Heureux d'entendre les tirs intenses des AK47⁸ de leurs frères un peu plus loin dans la vallée, les talibans, face au petit groupe de Carlos, décidèrent de fêter ça avec un son et lumière de tous les diables. Ils tiraient sans discontinuer, les balles ricochaient sur les pierres autour du groupe de quatre soldats qui n'avait que peu d’abri pour se mettre à couvert.

    Même si cela n'était pas très conventionnel, Carlos donna l'ordre à Sean de faire feu au lance-roquette.

    Cette action, combinée à quelques tirs bien ajustés de Patrick, Daryl et Carlos, permit en quelques secondes de réduire le ratio de huit contre quatre à un contre quatre. Apeuré, ce dernier combattant d’Allah décida de rompre le contact. D'un tir bien ajusté, Daryl mit fin à sa course... Et à sa vie.

    Sur les ordres de Carlos, Daryl en appui, Patrick et Sean, déboussolés par la perte de leur chef de groupe, retournèrent vers leurs camarades tombés. Malheureusement, pour quatre d'entre eux, il ne restait pas grand-chose si ce n’étaient des masses informes et sanguinolentes... Les explosions avaient détruit leurs corps. Sean récupéra leurs plaques d'identité ainsi que celles de Barry et Pol’. Hormis les plaies que l'on pouvait voir sur leurs cous et leurs têtes, leurs corps étaient « intacts », rien dans les gilets pare-balles et presque rien dans les casques. En plus de leurs plaques d'identification, Sean prit leurs munitions et leurs armes ainsi que tous les documents sensibles pour ne rien laisser à l'ennemi. Il savait qu'ils ne pourraient peut-être pas revenir avant plusieurs jours pour récupérer les corps.

    Dans la pénombre naissante, guidés par les nombreuses détonations qui résonnaient dans la montagne, ils progressèrent avec prudence et rapidité vers leurs camarades de la Marine. À leur arrivée, les quatre SAS virent que les marins avaient été attaqués par bien plus d'ennemis, une quarantaine. En revanche, leur 12,7 montée sur un VLRA, le canon rougi par l’intensité de la riposte, avait déjà fait un bon ménage. Les renforts pare-balles de leurs véhicules les avaient mis à l'abri des tirs d'armes individuelles. Toutefois, leur P4 de tête n'était plus qu'un amas de ferraille fumante. Il ne devait pas rester grand-chose de ses trois occupants.

    Depuis leur position, en surplomb, les jeunes SAS purent se mettre en ligne pour appuyer les bérets verts contre leurs assaillants en contrebas.

    Armé du Commando 2 de Pol’, Sean parvint à éliminer à lui seul huit talibans. Avec sa Minimi, Daryl fit encore une fois un bon ménage parmi les troupes ennemies.

    Sean ne vit pas la fin de cette escarmouche. Un tireur de précision, également habile, visa Carlos. Tiré depuis un SVD⁹ de l'Armée rouge, abandonné là par les Soviétiques quelques années plus tôt, un projectile du Dragounov faucha Carlos, lui arrachant un tiers du cou avant de continuer son trajet vers un rocher sur lequel il éclata en plusieurs morceaux. Bien que ralenti par les chairs du jeune sergent et par son rebond sur la pierre, l'un de ces morceaux de métal vint trouver un chemin entre les deux parties avant et arrière du gilet pare-balles de Sean avant de venir se loger dans sa rate. Un second éclat s’enfonça dans son omoplate gauche.

    Intense et insoutenable pour le jeune SAS, la douleur fut fulgurante. Il était en état de choc, et ne parvenait pas à situer l'endroit où il avait été touché. Il ressentait des irradiations dans son ventre et son dos, comme si des dizaines de lames portées à blanc le transperçaient simultanément. Ses forces s’amenuisaient. Alors que la vie quittait rapidement son corps, dans son esprit tout allait très lentement, il vit Patrick se pencher sur lui, et capta des bribes de mots.

    Mais dans sa tête tout se mélangeait. Il pensa à ses copains tombés il y a quelques minutes, ses classes, son père, ancien béret vert déjà tombé en service quand lui était minot. Il pensa également à sa mère qui allait rester seule. Puis les mots de Patrick et ses pensées se mélangèrent. Il regarda son frère d’armes lui défaire son gilet pare-balles et découper ses vêtements avant de compresser la plaie sur son flanc.

    Il détourna les yeux et vit Daryl debout près de lui. Sous cet angle, celui qui avait été son binôme durant la première partie de leurs classes à la Citadelle, du haut de ses deux mètres, avait des allures de géant. Daryl s’agenouilla quelques instants pour recharger sa Minimi. Sean croisa le regard de Daryl, qui d’un air triste posa une main réconfortante sur son épaule avant de se redresser et de reprendre ses longues salves, faisant pleuvoir sur le blessé des étuis portés au bleu par l’intensité des tirs. Grâce à la morphine que venait de lui injecter Patrick, Sean ne ressentait pas la morsure de ces étuis brûlants qui marquaient à jamais son torse.

    Sean baissa les yeux vers Patrick qui le manipulait pour lui poser un pansement compressif. Là, il remarqua sa propre main gauche et vit qu'il tenait toujours son fusil, fermement.

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