Raymond Depardon et Jacques Séguéla « NOS ANNÉES BIDASSES »
«L’armée française, c’était un rêve pour un photographe ! Il y avait tout pour faire des images, un porte-avions, des plongeurs, des parachutistes… » Du matériel et des héros. Depardon, cofondateur de l’agence Gamma et maître dans son art, reconnaît avoir été le plus souvent du côté des rebelles dans les conflits qu’il a couverts au Venezuela, au Vietnam, en Algérie. Il admet pourtant devoir beaucoup à son expérience de bidasse. En soldat de l’image, il photographie déjà la France, qui deviendra son sujet majeur. Son œil et ses codes s’affirment déjà à la revue « TAM » (« Terre, air, mer ») avec l’usage du format carré, « très service public, un peu rapport de gendarme » comme il dit. Il travaille au Rolleiflex, son appareil fétiche, et connaît le rationnement des films, un par reportage. « Sauf pour BB et le général de Gaulle, là j’ai eu droit à deux bobines ! » Il fait l’expérience d’une sorte d’ascèse à laquelle il s’astreint toujours : « Je reviens de deux mois au Texas. J’ai pris une photo par jour et il y en a peut-être une bonne, et ce n’est même pas sûr ! » Quant aux deux mille images qu’il a produites pour « TAM », « dans une grande liberté, dans l’insouciance », il les avait oubliées.
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