CALAIS MORTELLES TRAVERSÉES
La Manche est l’ultime obstacle avant l’eldorado anglais. Rencontre avec les damnés de la mer
Déjà 33 000 tentatives depuis le début de l’année. Et, pour la police, un long cortège funèbre
Policiers et pompiers viennent de récupérer un corps qui flottait près du rivage. Un de plus. En deux décennies, environ 300 migrants se sont noyés en cherchant à gagner l’Angleterre. Et les candidats à la traversée ne cessent de se multiplier. Un casse-tête pour les forces de l’ordre, censées bloquer les tentatives 24 heures sur 24 le long de quelque 200 kilomètres de côtes. Depuis les accords franco-britanniques du Touquet, signés en 2003, c’est à la France de protéger la frontière anglaise. Une situation de plus en plus intenable.
Grâce aux messages échangés avec leurs familles jusqu’à la fin, morts ou disparus auront un visage
De notre envoyé spécial à Calais Nicolas Delesalle
Maryam, 24 ans, envoie un dernier SMS à son fiancé en Angleterre : « Nous prenons l’eau, on écope, on attend l’arrivée des gardes-côtes »
Habab Karim a 30 ans, aime le PSG et n’a jamais vu la mer. Il vient d’arriver dans le camp de fortune de Grande-Synthe, seul, trempé par la pluie froide qui tombe dru sur les tentes alignées le long d’une voie ferrée désaffectée, à quelques kilomètres de la côte. L’ancien camp, placé près de la dalle d’un centre commercial, a été
