Au Sénégal, migration et gros poissons
Envoyé spécial M’bour, Dakar (Sénégal)
Salim a toujours détesté la mer. À M’bour, ville de pêche et de tourisme à une heure au sud-est de Dakar, il avait beau vivre à deux pas des eaux opalines qui bordent la côte, jamais il ne s’y baignait. D’ailleurs, à 36 ans, Salim ne savait pas nager. Le 19 octobre, sans rien dire à personne, il est pourtant monté dans l’une de ces pirogues qui conduisent les clandestins du Sénégal aux Canaries, 1 600 kilomètres plus au nord. « Il m’a dit qu’il allait à Dakar », souffle Ndéye Khar, sa mère, assise sur l’une des banquettes de la modeste maison familiale.
Six jours plus tard, Salim poursuit sa maman, en réajustant son voile. Parce qu’il les autres passagers n’ont pas osé jeter son cadavre par-dessus bord comme cela se fait d’habitude. Il a été débarqué le lendemain en Mauritanie et a été enterré dans les sables d’un petit village. Pour sa mère, ça ne fait aucun doute. Salim a été ensorcelé avant de partir. Sinon, pourquoi prendre cette mer dont il avait si peur ? Pourquoi abandonner ses jumeaux d’à peine 2 ans et sa femme enceinte de six mois ?
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