Guerres & Histoires

« PAR LE HUBLOT, JE VOIS L’AVION NOUS TORPILLER »

G&H: Comment avez-vous pris la décision de vous enrôler dans l’US Navy?

Clark Simmons: J’ai 8 ans quand mon père meurt. Officiellement par accident, mais il est ciblé par le Ku Klux Klan pour ses idées progressistes. Il n’y a pas d’enquête: on a juste le droit de l’enterrer. Je suis l’aîné d’une fratrie de quatre, avec 3 petites soeurs après moi, et il faut bien soutenir ma mère. Nous partons vivre à Chester, en Pennsylvanie [au sud de Philadelphie, sur le fleuve Delaware, NDLR], où ma mère devient documentaliste. À mes 17 ans, pas moyen de trouver du boulot. À moins bien sûr d’être un athlète hors normes ou d’être exceptionnellement brillant. Dans ces annéeslà, en pleine dépression, quiconque a un job et gagne 15 $ par semaine peut s’estimer heureux. Je passe un entretien pour travailler chez Saks [grand magasin new-yorkais fondé en 1924, NDLR]. Je réussis l’examen, mais nous sommes deux pour le poste, et l’autre a une famille; alors je leur dis de lui donner le job, et je pars. Nous sommes en 1938, je prends le train pour aller dans le centre-ville et je vois un grand panneau: « Rejoins la marine et va découvrir le monde (Join the Navy and See the World) ». Et c’est ce que je fais.

C’est aussi simple que cela?

Je peux vous dire que le recruteur a un discours convaincant! À dire vrai, je pensais aussi aux Marines, mais ils ne prennent pas les Noirs. Je ressors donc du bureau de la Navy avec un dossier de candidature et des étoiles plein les yeux: voyager à travers le monde, voir Singapour, l’Espagne, l’Italie, ça me fait rêver! Et je pourrai aussi envoyer un peu d’argent à la famille chaque mois. Mais il y a un hic: ma mère est contre. Oh, ça oui! Quitte à servir les Blancs et faire le boy, dit-elle, autant ne pas aller dans l’armée. Mes soeurs me disent de ne pas m’en faire, qu’elles  » Alors, pour m’engager, je préfère éviter Philadelphie, trop proche de là où nous vivons, et d’aller loin, au Texas, où je suis né et où j’ai encore une tante. Je signe le 16 septembre 1939. Impossible d’oublier ce jour! De là, je pars à Norfolk, en Virginie. Où je subis de plein fouet le racisme qui sévit dans le Sud.

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