Je ne baisserai jamais la tête: Autobiographie

Par Nathalie Linger

Nathalie Linger, narratrice de sa propre vie, raconte, par l’enchaînement de chapitres chronologiques, ce qui lui a donné aujourd’hui la force de survivre à plusieurs tremblements de terre. De sa jeunesse de fille d’expatriés Portugais à sa vie d’adolescente dans le partage d’un quartier populaire d’une petite ville de Province, jusqu’à la rencontre de l’amour, la construction d’un bonheur puis la succession de deuils, de drames et d’accidents, elle se bat pour vivre heureuse à chaque instant. Elle nous emporte dans un voyage immobile au cœur de la vie et de ce qu’elle peut proposer de beau et de difficile. Je ne baisserai jamais la tête est une ode à l’espoir et un exemple, peut-être à lire, pour tous ceux qui pensent ne jamais survivre à la perte d’un parent, d’un mari ou d’une sœur.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 24 févr. 2021
• ISBN: 9791037719980

Aperçu du livre

Note au lecteur

Je vais me raconter mais je ne m’apitoierai pas sur mon sort. Il y a des mots et des formes d’écritures inévitables pour décrire le chagrin, la douleur ou même la résilience. Donc, je préfère vous mettre en garde dès les premières lignes : si vous me voyez pleurer, crier ou me plaindre, tournez vite ce livre car vous le lisez à l’envers. Mettez-le dans le sens exact que j’ai tenté de lui donner.

Si tu peux te gouverner et être ton maître, alors le monde entier t’appartiendra.

Paul Flemming

Talisette

Je ne savais pas vraiment comment et par où commencer. Rien n’est facile lorsqu’il s’agit de parler de soi, de faire défiler ce qui n’est en somme que le début ou la moitié de sa vie. Surtout quand celle-ci ne vous épargne pas vraiment.

Je suis toujours restée discrète mais pas invisible et j’ai toujours été une fille, une femme et une mère au-delà du voile du chagrin. Plus loin que tout ce qui paraît impensable à vivre. Évidemment, je suis bien consciente de n’être pas la seule à avoir perdu des êtres chers, à être la victime d’accident, à avoir subi des trahisons et être devenue la cible de la médisance de certains donneurs de leçons.

Mais j’ai appris la signification d’un mot important dans le cœur de chaque drame : la résilience. Cette force unique et personnelle que l’on développe devant l’incroyable brutalité de l’existence. Cette puissance en nous qui nous permet de rester debout et volontaires au milieu d’un champ de ruine et d’arriver à voir le ciel toujours bleu alors que tout brûle encore en soi.

Exister, c’est un verbe qui est le mien depuis toute petite. Un verbe que j’ai tellement conjugué au fil des années qu’il coule comme une force vive dans mes veines. Exister malgré tout et se remettre à chaque fois debout là où beaucoup ne se relèvent malheureusement jamais.

Et puis, ne jamais rien oublier, ni du bon ni du mauvais, encore moins des tragédies, sans obligatoirement se sentir obligée d’en tirer des leçons, mais toujours tenter d’en apprendre autre chose que de rester à flotter sans résister aux vagues sur des océans de regrets.

Apprendre à comprendre pourquoi être de ce monde nous offre autant de bonheur que de tristesse, autant d’ennemis que d’amis, de gratitudes que de jalousies, autant de passé que de présent et autant de souvenirs que d’avenir. Ces dix dernières années m’auront appris plus sur moi que toutes les thérapies possibles. Je ne pense pas être indestructible ni immortelle, mais je vis tout comme.

Je griffonnais déjà quelques phrases sur un petit carnet, sans but, sans idées précises. Comme un besoin de dégager de mon esprit des intentions négatives et de déposer sur le papier ma liste de projets à entrevoir.

Et puis, comme une évidence, j’ai compris pourquoi j’ai eu envie de trouver des mots pour tout cela. Ça vient sans doute de très loin, de mes parents, de mes racines, de ma famille, de mon enfance, de ce bonheur brisé net un matin de juillet. De la vie à l’amour qui redémarre un jour. De tous ces instants réunis. De mes méchants coups du sort. De ces arrêts violents de cœur, quand tout a basculé définitivement ou à chaque fois que j’ai rattrapé la vie de justesse, accrochée à un fil de coton. Aujourd’hui, je le sais, tout est né de cette force qui me pousse chaque jour à ne jamais baisser la tête, jamais.

Je vous livre ici un témoignage pêle-mêle en me raccrochant au temps et à son horloge chronologique. Et si derrière mes propres vécus, vous pouvez vous sentir vous aussi prêts à combattre avec cette force-là, alors les intuitions qui m’ont poussée à écrire existeront vraiment.

Il y a eu des cris sourds et d’autres assourdissants, mais j’ai vaincu le temps des désillusions et des regrets éternels. J’ai écrit mes amis, mes amours comme mes emmerdes dans les ombres et les soleils de ma mémoire. Là où personne ne m’attendait. Tout simplement, pour vous inviter à aimer la vie autant que je l’aime.

Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait.

Mark Twain

Viero di Minho, Portugal

1970

On existe déjà dans le cœur de nos parents. Bien avant de naître, nous faisons partie de leur histoire d’amour, sans le savoir nous vivons en eux.

Je n’ai pas mis longtemps à comprendre d’où me venait mon caractère