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Encore un jour…: Roman d'anticipation
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Encore un jour…: Roman d'anticipation
Livre électronique123 pages1 heure

Encore un jour…: Roman d'anticipation

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À propos de ce livre électronique

Sur une Terre touchée par l’apocalypse, un homme vit seul depuis de nombreuses années. Luttant pour sa survie, il ne maintient son humanité qu’à travers de simples souvenirs. Tout bascule le jour où il fait la rencontre d’une femme et de sa nièce. Au prix d’une lente évolution, il décide de les prendre sous son aile. 

Intense et immersif, Encore un jour… est un roman d’anticipation qui nous invite à suivre le parcours d’un homme prêt à tout pour s’en sortir.
LangueFrançais
Date de sortie6 nov. 2020
ISBN9791037715654
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    Aperçu du livre

    Encore un jour… - Ludivine Lelerre

    Jour 1

    J’entends au loin le gazouillement d’un oiseau, ou du moins il me semble que s’en est un. Cela fait tellement longtemps que ce doux son n’était pas parvenu à mon ouïe que je pourrais tout aussi bien l’avoir imaginé. Je maintiens les yeux fermés de peur que ce son ne s’envole, s’évadant alors, aussi vite qu’il s’est fait entendre, dans la nature. Malgré mon doute concernant son existence, il insinue de vagues souvenirs dans mon esprit. Des souvenirs liés à des oiseaux qui ne gazouillent pas mais plutôt qui crient, croassent ou chantent. Pourquoi ? Je ne saurais l’expliquer.

    Je me souviens par exemple, enfant, d’avoir couru dans un champ de maïs avec pour but d’éloigner les corbeaux. Ils mangeaient nos récoltes. Mes parents possédaient de grands champs et une superbe ferme. Ils la posséderaient encore si tout n’avait pas été détruit. Je me disais que ces volatiles n’avaient rien à faire sur notre terrain, et rien à faire sur la Terre entière. Je les haïssais. Je passais des après-midis à leur poursuite. Je regrette à présent le temps où je ne voulais pas d’eux car leur absence se ressent fortement. Je regrette également de les avoir haïs… comme je les aime à présent. Si seulement je pouvais en revoir un. Juste un. Juste une fois.

    J’aimerais ne pas avoir à ouvrir les yeux mais il le faut. Il faut que je quitte mes vieux souvenirs et que je ne me laisse pas mourir. Alors, je me force. J’ouvre rapidement mes paupières et les referme aussitôt, la pupille brûlée par la lumière vive du jour. L’éclat du soleil est dangereusement violent. J’ai vu plus d’un être humain perdre sa vision ainsi. Je sais qu’il faut être prudent simplement mon rêve – car à présent j’en suis certain ce n’était qu’un rêve, un vieux souvenir – m’a fait oublier un court instant le monde dans lequel je vis actuellement. Un monde où tout peut être fatal. Un homme musclé peut s’avérer moins dangereux qu’une petite fille de six ou sept ans. Un chien apeuré peut tourner le dos et s’enfuir tout comme il peut te sauter à la gorge afin de te dévorer. La Terre peut aussi bien se faire douce et accueillante que féroce et mortelle. On ne peut jamais savoir d’où le prédateur arrive puisque tout, absolument tout, est un potentiel agresseur.

    J’ouvre à nouveau les yeux mais cette fois-ci plus lentement afin de leur laisser le temps de s’habituer à l’agressivité du jour. Le ciel est dégagé comme il l’était en été, avant. Avant que tout cela ne se déclenche. Je tâte le sol à la recherche de ma gourde mais mes doigts ne rencontrent que des pierres, de la terre et du sable. Je tourne la tête et analyse, sans un mot, la grande plaine vierge qui s’étend sur une distance à en perdre ses jambes. Qui sait quand elle s’arrête ? Je n’aperçois pas ma gourde… Je regarde dans l’autre direction, là aussi se trouve une plaine mais elle n’est pas aussi déserte qu’à ma droite. Je distingue la silhouette de quelques arbres et de quelques personnes. Malheureusement – ou bien heureusement – elles ne sont pas assez proches de moi pour me voir lorsque je suis au sol. Ma gourde et mes quelques biens se trouvent à deux ou trois mètres de mon corps. Pour ne pas être détecté en me redressant, je préfère me retourner, face contre terre, et ramper. Les pierres ouvrent ma peau m’infligeant de petites brûlures mais je continue de ramper. Je n’ai pas le choix. Personne n’a le choix quand il s’agit de survie.

    J’atteins ma gourde, l’ouvre et en bois une gorgée assoiffé. À peine entre-t-elle dans ma bouche que je me retiens pour ne pas la cracher. L’eau est nécessaire à la survie de l’Homme tout comme elle est devenue précieuse. Elle a le goût de la terre dans ma bouche et la boire m’est désagréable. Elle n’est pas simplement mauvaise, elle est carrément dégoûtante. Si je n’étais pas asséché et que ma vie n’en dépendait pas, jamais je ne l’aurais avalée. De plus, elle est loin d’être rafraîchissante. Le soleil l’a réchauffé à tel point que son contact brûle ma langue. Je sais que je ne devrais pas me plaindre car j’ai de l’eau alors que beaucoup de personnes seraient prêtes à couper leurs mains pour une simple goutte. Nombreux sont les corps que j’ai pu observer desséchés. Ce n’est pas aujourd’hui que mon corps deviendra l’un d’eux. Je me force à avaler une seconde gorgée avant de fermer avec précaution la gourde. Oui, il est vrai que je déteste cette eau. Simplement, l’idée de mon corps exposé à la vue de tous – en plus, desséché – m’écœure encore plus que je n’en déteste la saveur.

    Le vent bat le sable avec violence faisant voler ce dernier dans mes yeux endormis. Je baisse la tête et la place entre mes bras protecteurs ne pouvant ni contrôler la nature ni lui être supérieur. Je vois le temps défiler avec une lenteur extrême, comptant mentalement les secondes qui passent. Cette distraction m’aide à ne pas oublier les mathématiques, malheureusement j’oublie tout de même. Je ne sais plus que compter, additionner et soustraire… mais bon, même cela ne m’est d’aucune utilité.

    Je me souviens du temps où les écoles existaient et où j’y allais à reculons, comme tout enfant, je pense. J’étais cependant un élève plutôt sage et agréable pour mes éducateurs. Ils semblaient satisfaits de moi et de mes progrès. Je me rappelle l’alphabet qu’on nous faisait chanter ainsi que les scènes où nous devions réciter des poèmes. Parfois, j’essaie de les réciter à nouveau mais j’ai des trous de mémoire qui me viennent à la place des mots. Je me souviens aussi des exercices de calculs que nous devions tour à tour exécuter au tableau sous l’œil attentif du professeur. Ce dernier scrutant l’ardoise à la recherche de la moindre erreur. Et si par malheur celle-ci arrivait, il fallait rapidement se corriger sous peine de sanctions. Ces dernières pouvaient varier selon l’élève et l’humeur de l’enseignant.

    Comme cette époque me semble loin à présent. Les années ont défilé. Je ne suis plus un enfant pourtant, si je le pouvais, j’irais tout courant en classe. J’irais m’asseoir au premier rang et j’écouterais attentivement toutes les leçons même la plus ennuyante de toutes.

    Je sors un court instant de mes réflexions pour m’apercevoir que le temps s’est calmé. La tempête de sable passée, je relève la tête. Ne distinguant pas de présence humaine à l’horizon, je m’assois avec prudence sur le sol chaud. Toujours rien en vue. Je me penche en avant pour attraper mon – maigre – sac à dos et tente de me lever. Je vacille une première fois avant de répéter ma tentative. Mes jambes me font mal et j’ai le sentiment que mes genoux vont lâcher d’un instant à l’autre. Je me force – et ce malgré la douleur – à me redresser. À présent debout, mon cerveau ordonne à mon corps de faire un pas après l’autre. Marcher toujours tout droit en priant pour tomber sur je ne sais quoi. N’importe quoi, à vrai dire, qui améliorerait ma vie ferait l’affaire.

    ***

    Je marche à présent depuis trop de temps pour en connaître l’exactitude. Peut-être trois ou quatre heures. Peut-être moins ou plus. Je sens la force quitter mon corps. Et tandis que je lutte pour me maintenir en équilibre sur mes deux jambes menues, un cri retentit. Celui d’une voix féminine. Un cri de détresse réclamant, il me semble, de l’aide. Je tourne la tête à sa recherche par peur qu’elle ne soit plus proche que je ne le crois. Rien. Personne. Un pas de plus, puis deux et trois… J’avance lentement quand son cri résonne encore. Cette fois-ci, il me semble plus proche. J’accélère le rythme de ma marche en scrutant l’horizon à la recherche de l’auteur de ce cri. Je ne vois toujours personne pourtant elle doit être proche de moi. Ma vue me joue-t-elle des tours ? Il – le cri – retentit encore une fois, encore plus proche de moi. Dangereusement plus proche. J’ai à peine le temps de l’apercevoir sur ma droite qu’elle est déjà en train de se jeter sur moi. Ma fatigue, combinée à son poids, me fait tomber. Ma tête cogne le sol, peut-être même une pierre. Sur le coup, je sens mon corps vouloir partir mais je sais que si je m’endors je ne me réveillerai jamais. Si je me laisse aller, jamais je ne pourrai revenir.

    Je tente de la repousser mais elle est beaucoup plus lourde que ce à quoi on s’attend en observant sa fine silhouette. Ses mains viennent – avec force – fixer les miennes au sol. Son visage est déformé par la colère et la faim – surtout la faim. Elle n’a pas arrêté de crier rendant mes maux de tête plus forts encore qu’ils ne l’étaient. Malgré son poids écrasant, je ne cesse de me débattre jusqu’à ce qu’elle cesse – enfin – de me maintenir au sol. Je ne bouge plus. Je ne me débats plus. J’essaie simplement de comprendre pourquoi elle ne me maintient plus. Et bien que l’occasion de la frapper pour la dégager de moi m’est donnée, je n’ose pas. Je n’ai encore jamais fait de mal à une femme – du moins pas si une autre option m’était donnée. Son attitude est bizarre. Sa tête va de la gauche vers la droite. Rapidement et toujours le regard fixé au sol.

    Puis sans prévenir, elle se penche en avant. Sa poitrine vient effleurer mon menton donnant à mes yeux une vue plongeante dans son décolleté. Elle n’a pas beaucoup de chair mais

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