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Théobald, le dernier templier vendéen: Roman historique
Théobald, le dernier templier vendéen: Roman historique
Théobald, le dernier templier vendéen: Roman historique
Livre électronique250 pages3 heures

Théobald, le dernier templier vendéen: Roman historique

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À propos de ce livre électronique

Suivez le parcours palpitant de l'un des douze Templiers liés à la sauvegarde de l'Ordre.

Ce récit rapporte la rencontre de l’auteur avec l’un des douze Templiers chargés secrètement de pérenniser l’Ordre après sa disparition officielle de France. Cela commence comme une histoire du « Club des Cinq » mais se transforme, au fil des pages, au fil des découvertes, en un parcours étrangement initiatique. Cette histoire du Temple revisitée, servie par un constant humour au second degré, s’adresse aussi bien à tous les férus d’histoire qu’aux amateurs de merveilleux et aux amoureux de la langue française.

Ce roman historique et initiatique, empli d'humour, vous emportera dans les méandres des missions des Templiers !

EXTRAIT

Théobald, lui, avait un statut privilégié. En tant qu’ambassadeur, il s’entretenait fréquemment avec le Vieux de la Montagne afin d’établir les clauses d’un accord précis. Ces entretiens s’effectuaient toujours en l’absence de tout témoin indésirable et pouvaient se dérouler tout aussi bien au cours d’une promenade impromptue qu’à la fin d’un repas entre amis, voire à l’occasion d’une fête où l’on semblait n’échanger que des banalités. Les négociations attiraient ainsi moins l’attention car elles se déroulaient dans une atmosphère détendue. Elles n’en demeuraient pas moins secrètes.
En peu de temps, on se mit d’accord sur le montant de la transaction. Hassan vendait sa formule un million de besants, c’était à prendre ou à laisser. Il connaissait la richesse des Templiers sans chercher à en comprendre l’origine. Il savait qu’ils étaient les banquiers du royaume de France et avaient des intérêts partout en Europe. Il savait également qu’ils avaient payé la somme de quatre cent mille besants pour la rançon du roi Louis, lors de la croisade d’Égypte, et que leur fortune n’en souffrait guère, comme s’ils disposaient de ressources inconnues. On ne pouvait guère opposer d’arguments à un homme qui possédait des renseignements aussi précis. Théobald aurait aimé que l’on marchandât un peu, juste pour tester la partie adverse, mais le Temple lui avait demandé de ne pas trop temporiser. Jacques de Molay, le tout nouveau grand-maître de l’Ordre, l’avait reçu en privé pour lui recommander beaucoup de souplesse dans les négociations. Le Temple devait obtenir le secret de l’élixir à « n’importe quel prix ». D’ailleurs, le roi Philippe commençait à considérer les Templiers comme ses vaches à lait et on ne pourrait tout de même pas lui prêter un argent qui aurait été utilisé à d’autres fins. Fort de cette exhortation, Théobald ne s’était pas trop fait prier avant d’accepter le chiffre fixé. à tout prendre, pouvait-on même affirmer que l’élixir de jouvence avait un prix ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né le 17 mai 1937, à Notre-Dame-de-Monts, professeur de 1957 à 1987 (en français, histoire, géographie), Jean-Paul Bourcereau a enseigné à l’île d’Yeu, Chavagnes-en-Paillers, Palluau et surtout à Challans. Ses histoires et ses contes s’inscrivent dans le Nord-Ouest vendéen dont ils donnent un portrait haut en couleur où se mêlent la tendresse et l’humour qui caractérisent un conteur de premier ordre, à la façon d’un Marcel Pagnol en pays maraîchin.
LangueFrançais
Date de sortie4 oct. 2019
ISBN9791035305833
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    Aperçu du livre

    Théobald, le dernier templier vendéen - Jean-Paul Bourcereau

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    Théobald,

    le dernier Templier de vendée

    www.gesteditions.com

    © Geste éditions – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    Jean-Paul Bourcereau

    Illustrations : Gérard R Cormy

    Théobald,

    le dernier Templier de vendée

    Geste éditions

    Préface

    La légende de Bourcereau, le passeur des secrets des templiers

    Il y a du Marcel Aymé chez Jean-Paul Bourcereau, dans sa façon de vous faire croire au vraisemblable à partir d’une situation qui ne l’est pas. Car le roman de ce jeune homme qui rencontre Théobald, le dernier templier, qui l’entraîne dans les souterrains du nord-ouest vendéen à partir de la commanderie de Coudrie, a aussi un côté initiatique. Un récit par moments proche d’Alice en son merveilleux pays, par d’autres moments proche de la science-fiction, disons plutôt du fantasy (qui veut dire « imagination » en anglais) ; en tout cas une situation de rêve, rêve exploratoire permettant de découvrir l’élixir de longue vie et bien d’autres secrets philosophaux des templiers, d’occident et d’orient, jusqu’à la secte des Hachichins, en Perse.

    Dans ce roman historique, Théobald est plus qu’un bon guide pour le petit garçon qui ne peut être que l’ami Bourcereau, cet enfant égaré dans l’âge mûr ! Un guide paternel qui vous fait « de la légende du faux qui s’incarne ; et de l’histoire du vrai qui se déforme » (Cocteau). Cet enfant égaré, je l’ai rencontré pour la première fois lors de ma prise de poste de rédacteur au journal Ouest-France à Challans, la grand’ville du nord-ouest vendéen, au mois de décembre 1999.

    Et ce mois de décembre 1999, je m’en souviens comme hier, l’arrivée de Jean-Paul à la rédaction place Briand, face aux halles de la capitale du Marais Breton, pour me présenter son premier livre, Histoires de terre, de sel et de vent. Un de ses avant-bras était peu valide, qu’il tenait déjà en écharpe (restes d’un accident) ; et la divine bouteille à laquelle il avait succombé n’était plus sa tasse de thé depuis pas mal d’années. Car cet enseignant tout juste retraité ne pratiquait pas la langue de bois : « je ne bois plus mais ne dites pas que je suis un repenti ! »

    Carburant à l’eau claire, il avait écrit ces récits comme des nouvelles, à partir de contes ou de légendes, quand ce n’est pas lui-même qui inventait la légende. Et ses souvenirs de biture pouvaient parfois alimenter un de ces contes, comme « la vallée de la mort », qui se déroule durant une foire-exposition à La Roche-sur-Yon, lorsqu’elle avait lieu place Napoléon. Jean-Paul a depuis écrit deux autres recueils de nouvelles et collabore régulièrement à la Société d’histoire du Nord-ouest vendéen, dont le siège est à Challans.

    C’est ainsi que je l’ai retrouvé ces dernières années, notamment lors du 40e anniversaire de cette savante société. Au banquet, j’étais à ses côtés. Et ce fut merveilleux ! Car je confirme : Bourcererau carbure toujours à l’eau claire ! C’est moi qui ai bu tous ses verres, qui ai eu double ration de vins pétillants et rouges durant ce repas quasiment pantagruélique. De tels moments forgent une amitié, d’autant que plus mon degré d’alcoolémie montait durant ce repas, plus il m’évoquait Théobald et plus j’y croyais, plus je me baladais dans les souterrains contenant le Graal des templiers, plus j’avais envie de monter sur la table et de jouer Théobald en sortant mon glaive pour faire rendre gorge aux Sarrazins et au roi de Fer !

    Depuis, j’ai lu l’épreuve de Théobald, le dernier templier. Ce fantasy historique va plus loin que les secrets de la secte des Hachichins, il s’intéresse aussi au vampirisme et aux soucoupes volantes, car l’énergique Théobald, accompagné de ce jeune homme égaré du xxie siècle, est intarissable. Et savant.

    Ce roman est aussi celui de Coudrie, cette commanderie construite dès le xiiie siècle par les premiers templiers, sur la commune de Challans en direction de Froidfond. Le roman, nous n’avons pas dit l’histoire. Mais vous le savez désormais, le vrai, c’est de l’histoire qui se déforme, la légende…

    Philippe GILBERT

    Journaliste d’Ouest-France à Challans

    CHAPITRE UN

    Où le narrateur évoque sa rencontre avec le dernier Templier en exercice. Comment il visite le lieu où fut entreposé le trésor du Temple lors du procès de Jacques de Molay et de ses compagnons.

    Il est probable que peu de Challandais se rappellent encore avec précision dans quelles circonstances la chapelle de Coudrie fut dégagée de sa cage de noisetiers et de jeunes chênes envahis par les ronces, les orties et les herbes folles, sans parler du lierre qui recouvrait l’édifice. Depuis d’innombrables années, cette broussaille colossale enveloppait l’édifice dont seule la porte d’entrée, au sud, demeurait accessible.

    Ceci se passait en 1992, je m’en souviens comme d’hier. On était en juin. Fin juin. Les premiers jours de l’été avaient apporté avec eux une chaleur de fournaise qui buvait la sueur sur le dos des ouvriers. Ceux-ci, dépendant d’une entreprise spécialisée, avaient travaillé à une cadence démentielle pour respecter les délais qu’on leur avait imposés. Tout au long de la semaine, le secteur avait brui du choc des pioches, du froissement des pelles, du hurlement des tronçonneuses, des grondements du buldozer chargé d’aplanir le terrain, le tout accompagné d’un savoureux assortiment de jurons et de cris bien humains.

    Pour satisfaire une légitime curiosité, j’étais passé à Coudrie le mercredi après-midi pour tomber sur un chantier en pleine activité auquel, déjà, les oies et les chiens de la ferme voisine semblaient parfaitement adaptés. Laissant le quartier à son insolite tohu-bohu, j’avais préféré, quant à moi, tourner les talons pour revenir à un moment plus propice.

    Lorsque j’y retournai, le vendredi soir, vers vingt et une heures, tout paraissait terminé : les amas de broussaille et les tas de pierraille avaient disparu, le dernier véhicule de l’entreprise s’éloignait au moment où j’arrivai sur les lieux après l’ultime journée de classe. Enfin les vacances ! Plus d’élèves, plus de préparations de cours, plus de fastidieuses corrections. Cette délivrance du premier soir me comblait. Je voulais la goûter loin de toute agitation. Laissant là ma voiture sans même refermer les portières, j’avançai doucement vers la chapelle.

    Je me sentais bien.

    Face au soleil qui étirait les ombres, le monument désincarcéré dressait sa monolithique silhouette. Solitaire et massif, il rappelait avec puissance la présence formidable du Temple, et je me surpris à guetter des apparences de vie. Les bruits de la ferme ne me parvenaient plus qu’indistinctement, comme s’ils devaient traverser plusieurs couches d’oubli, et je me sentis à l’écart de tout le reste du monde. Ce sentiment de solitude n’avait rien d’effrayant, il me donnait au contraire l’impression de me trouver aux marches d’un pays inconnu où tout pouvait arriver. Ici commençait une expérience réservée à moi seul, un voyage pour lequel je me trouvais étrangement disponible.

    Ma lente promenade m’amena jusqu’à la grande porte en bois, légèrement entrebâillée dans l’ignorance des voleurs. Sans plus réfléchir, je poussai l’un des vantaux qui s’écarta sans bruit pour me laisser avancer dans la pénombre. La chaleur n’avait pas encore traversé l’épaisse muraille et une fraîcheur douce m’accueillit. Oubliant la température extérieure et toutes les choses du dehors, je respirai à l’aise après avoir essuyé mon front moite d’un revers de main. Il régnait là un calme extraordinaire, un vrai silence de chapelle. Le soleil à son déclin éclairait les parties élevées grâce aux fenêtres romanes, étroites comme des archères et dépourvues de vitres. Au-dessus de moi, il éclaboussait la muraille de ses faisceaux de lumière où dansait une poussière dorée. Je m’assis au pied d’un pilier et contemplai cette palpitation qui semblait me délivrer un message.

    Encore aujourd’hui, je suis incapable de traduire les pensées qui m’envahirent alors, mais je sais qu’elles m’apportaient une profonde paix à laquelle je m’abandonnais sans résistance. Alors tout le poids des heures longues s’abattit sur mes épaules, mes paupières s’alourdirent et je m’endormis doucement, accoté à la paroi.

    Ce fut un bruit étrange qui me réveilla. Il faisait nuit noire. Sur ma droite, au chevet de la chapelle, le bruit augmentait. Un grondement sourd, accompagné de raclements évoquant le déplacement de choses pesantes et rugueuses. Soudain, un rai de lumière se matérialisa au ras du sol, dans l’angle opposé, puis alla s’élargissant à mesure qu’une dalle pivotait sur une charnière invisible avec une majestueuse lenteur dans une dégringolade de gravillons. Muet de stupeur, je contemplais l’ouverture dévoilée quand une ombre massive vint occulter la lumière qui jaillissait vers les voûtes. Un autre ébranlement, puis un chuintement d’ascenseur, et une silhouette formidable émergea peu à peu des profondeurs. D’abord une crinière hirsute et une barbe de fleuve qui cascadaient abondamment sur les épaules et la poitrine, ensuite le reste du corps enveloppé dans une sorte de robe plus sombre que la nuit. La silhouette demeura figée pendant quelques interminables secondes au cours desquelles j’aurais dû mourir si la curiosité ne l’avait emporté sur la peur.

    Soudain, une furieuse voix de basse éclata dans le silence sépulcral :

    – Ah ! les cochons ! Ah ! les gorets ! Ah ! les pourceaux ! Me faire ça à moi !

    Bon ! Ce personnage-là n’était ni mort ni étranger. On pourrait peut-être s’entendre. Naturellement, j’étais assez mal placé pour faire une remarque sur l’indigence de son vocabulaire : dans des cas semblables, il vaut mieux se faire oublier. Recroquevillé dans mon coin, j’attendis la suite des événements.

    Toujours grommelant, l’être issu de la nuit s’ébranla enfin pour inspecter les lieux à l’aide d’une puissante torche qu’il alluma sans prévenir et qui vint m’épingler auprès de la muraille. « Qui c’est, ça ? » , s’interrogea-t-il à mi-voix avec une réelle curiosité dans le ton. Plus rien de féroce. J’aurais bien voulu dire que « ça » , c’était moi, mais j’avais la gorge un peu serrée. Qu’on se mette à ma place !

    L’ombre s’approcha de moi : « Dis, petit, que fais-tu là ? ». Le « petit » me parut un peu agaçant mais j’évitai d’en faire la remarque parce qu’il y avait une réelle indulgence dans la voix de cet inconnu qu’il valait peut-être mieux ne pas contrarier, à la réflexion. D’ailleurs, me saisissant par l’épaule, il m’aida à me redresser et je me rendis compte qu’en fait j’étais vraiment un peu frêle auprès de lui. Quelle poigne ! D’où sortait-il, celui-là ?

    Sans même écouter mon début de croassement il me dit :

    – Suis-moi ! Je détesterais qu’on vienne me chanter pouilles dans cette chapelle où je n’ai plus à faire depuis des siècles.

    Depuis des siècles ?

    M’empoignant derechef par l’épaule, il me poussa vers l’ouverture d’où il avait surgi et où s’était encastrée une autre dalle qui laissait passer un mince carré de lumière. Aussitôt que nous fûmes debout sur cette dalle, elle descendit doucement dans un puits étroit et je compris que nous étions sur une sorte de monte-charge obéissant à un ingénieux système de contrepoids. Une pluie de gravillons saluait cette descente.

    C’est ainsi que j’entrai dans la nuit la plus longue et la plus étrange de toute mon existence, une nuit dont je me demande encore parfois si je ne l’ai pas rêvée.

    Bientôt nous fûmes au fond du puits, à trois mètres de la surface, peut-être. Appuyant sur une saillie de la paroi, mon guide commanda la remise en place de la dalle supérieure. Le grondement, les raclements, les crissements de gravier moulu cessèrent au moment où elle s’ajusta dans notre plafond avec un claquement sec. Puis une porte s’ouvrit tandis que derrière nous s’éteignait la lumière qui me faisait songer à celle d’une lampe à arc.

    La pièce dans laquelle nous pénétrâmes était elle-même fort éclairée mais elle sentait le renfermé, comme mon hôte, d’ailleurs, que je pus enfin détailler à loisir. Ce qui frappait dès l’abord, c’étaient de longs cheveux et une barbe qui semblaient ne jamais avoir connu le peigne. La robe, d’une bure fort grossière, donnait l’impression qu’elle allait s’effriter si on la frottait un peu, comme ces étoffes devenues cassantes à force de ne plus être utilisées. Une odeur de vieux, de moisi, de crasse pour ainsi dire, flottait dans ce lieu. Le maître de céans s’en excusa bientôt, tandis qu’il s’affairait à remettre en place le couvercle pesant de ce qui me sembla un sarcophage.

    – Voilà le problème quand on dort de trop longues années. La barbe et les cheveux poussent à tort et à travers, la poussière s’accumule, et quand on se réveille il faut des jours pour tout remettre en ordre.

    Il s’agitait et des nuages de poussière s’échappaient de sa barbe et de ses cheveux, me faisant irrésistiblement songer à l’abbé Faria de Monte-Cristo.

    Soudain il se mit à hurler : « Ben ! Ben ! » et donna un coup de pied dans un monceau de hardes abandonnées au pied du sarcophage. Les hardes s’agitèrent et il en sortit une espèce de gnome noueux.

    – Voici Ben, mon serviteur unique. Un courage et une fidélité exemplaires. Quand je dors, il dort, quand je veille, il veille. Il s’occupe de tous mes besoins et sait toujours ce qu’il a à faire. Et muet, en plus. Une vraie perle. Va, Ben, occupe-toi de tout.

    Ben se mit incontinent au travail. Au bout de quelques instants, il s’éleva une telle poussière que nous dûmes changer de pièce. Amples fauteuils. Murs occupés par les rayons surchargés d’une importante bibliothèque. Secrétaire luxueux. Lampes halogènes.

    – Voici mon cabinet. J’y travaille pendant mes périodes de veille. Tu vois, petit, on peut être assez vieux sans détester le confort moderne.

    Assez vieux ? Je n’y comprenais pas grand-chose. à qui donc avais-je à faire ?

    – Mais cela ne me dit pas ce que tu fais chez moi. Et d’abord, que faisais-tu dans cette chapelle en pleine nuit ?

    Enfin décoincé, (il était tout de même temps!) je pus commencer à m’expliquer.

    - Eh bien ! voilà ! Le calme était si parfait dans cette chapelle que je m’y suis endormi à la tombée du jour.

    – Endormi ? Moi, tout au contraire, c’est ce calme qui m’a réveillé. Quand on dort longtemps, il suffit d’un subtil changement d’atmosphère pour perturber tout le métabolisme. C’est le silence brutal qui a déréglé mon horloge interne. Je déteste me réveiller en pleine nuit, je veux dire avec des années d’avance. Impossible de me rendormir et cela me met de méchante humeur. Tu m’as entendu rouspéter après les sagouins qui étaient venus me déranger. Il vaut mieux que je ne sois pas tombé sur eux. De toute façon, j’admets qu’il était un peu tard pour intervenir. A minuit, les gens sérieux dorment, comme toi, petit. D’ailleurs, j’ai tout de suite compris que tu n’avais rien à voir avec mon trouble de sommeil.

    Après un court silence, l’homme de l’ombre poursuivit :

    – C’est égal, il va falloir que j’obéisse à toutes les exigences qui s’imposent à mon réveil. Puisque tu es là, tu n’auras qu’à suivre le mouvement. Ben ! Ben !

    Visiblement, j’étais tombé sur un bavard. Il me semblait d’humeur charmante, alors autant en profiter. Qui était donc ce personnage barbu et chevelu, visiblement dans la force de l’âge, mais qui semblait appartenir à un autre siècle et commandait aux nains ? Marchons toujours, demain sera un autre jour.

    Ben surgit dans le bureau, chargé d’un énorme sac. Mon hôte ouvrit une porte qui donnait sur un immense couloir que nous empruntâmes. Des luminescences pâles éclairaient vaguement les parois du corridor. Le sol défilait rapidement sous nos pas avec des à-coups de tapis roulant. Nous avancions à bonne allure tandis que la conversation continuait avec des coq-à-l’âne qui l’empêchaient de devenir languissante. J’étais en confiance avec cet homme, prêt à faire mille confidences.

    – Au fait, comment t’appelles-tu, petit ?

    – Moi ? Jean-Paul.

    – Et d’où es-tu ?

    – Je suis né sur la côte, à Notre-Dame-de-Monts, comme ma mère. Mon père, lui, était de Saint-Martin-de-Brem, sur la côte aussi.

    – Oui, je connais très bien.

    – Ah, vraiment ? Figurez-vous qu’il voulait m’affubler du prénom d’un ancêtre mythique, un certain Théobald.

    – Théobald !

    Un immense éclat de rire s’éleva dans le corridor. Plié en deux, mon abbé Faria se donnait de grandes claques sur les cuisses, pleurant et hoquetant de rire. La poussière échappée de la bure masquait les quinquets du couloir. Enfin la crise se calma et on put s’expliquer.

    – Théobald, petit, c’est moi ! Théobald, de Brem. J’y suis né vers 1270, après la dernière croisade.

    – Hein ?!?

    – Et oui, petit. Tu dois être un arrière petit-cousin. Je me disais bien aussi que tu avais une bonne tête. Théobald ! quelle rencontre !

    Totalement éberlué, je voulus en savoir davantage :

    – Voudriez-vous insinuer que vous avez connu les Templiers ?

    – Comment ça, petit ? Mettrais-tu ma parole en doute ? Non seulement j’ai connu les Templiers mais je suis Templier, et même le dernier encore en exercice. Je t’en fournirai bientôt la preuve. Non mais alors, et puis quoi ?

    Son rire éclata de nouveau, rebondissant entre les parois luisantes.

    Je me tus, abasourdi.

    Reprenant notre marche, nous arrivâmes bientôt à l’autre extrémité du couloir, où Ben attendait déjà. Une partie de la muraille roula sur des galets invisibles et nous pénétrâmes dans une caverne vaguement éclairée par de minuscules veilleuses et dont les dimensions me semblèrent démesurées. à notre gauche, une immense torchère portant des dizaines de flambeaux. En face, dans la pénombre, la colossale stature d’un chevalier en armes.

    – Regarde, me dit Théobald, voici le gardien du trésor.

    – Quel trésor ?

    – Celui du Temple, petit. Il est resté à cet endroit jusqu’à ce que fût aménagée sa cachette définitive. Tout est demeuré en l’état depuis les années 1300. Seules les veilleuses, ainsi que celles de tous les couloirs, datent de ce siècle : c’est plus pratique pour un éclairage permanent. Ici, on s’était installé dans l’urgence, après les agissements de Philippe le Cruel.

    – Le cruel ?

    – Le Bel, si tu veux, mais pour nous Templiers il demeurera toujours un triste sire.

    Il reprit.

    – Nous nous trouvons dans les souterrains du château de Commequiers, juste à l’angle nord de la grande enceinte des remparts. Ce fut notre chance à l’époque. Cette grande caverne avait été découverte tout à fait par hasard lors de la tentative d’évasion d’un prisonnier. Il avait creusé au mauvais endroit, le pauvre bougre ! Cette découverte

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