Après l’humour, la délicatesse. Aucun autre mot ne paraît mieux convenir à le nouveau roman de Dominique Barbéris. Son sujet ? Tout simplement . À la manière d’un archéologue qui plongerait chaque jour en quête d’objets la narratrice reconstitue par petites touches un monde englouti : la vie de sa tante Madeleine. Les jeunes années nantaises : On songe àde Mona Ozouf. Puis le basculement dans l’âge adulte — attablée avec son fiancé, l’une des plus belles scènes du livre, Madeleine éprouve Et enfin le quotidien conjugal à Douala, capitale économique du Cameroun alors sous mandat français. Partie où l’écriture, d’une rare économie, se fait aussi miraculeuse que la plus fine dentelle pour unir dans sa trame la vie dans les colonies, une vaporeuse romance avec un coureur local et la montée du péril indépendantiste. Pour évoquer la vie même, pour redonner chair aux ombres, pour retrouver cette tante . On relit certaines phrases du roman à voix haute afin de se convaincre du prodige. On salue la pudeur de la romancière comme celle de ses personnages. Personne ne confond plus ici la véhémence avec l’engagement, le vacarme avec la musique, la sincérité avec le déballage, l’intime avec un cabinet de gynécologie., est-il dit pour finir. Peut-être que le silence est aussi une façon d’écrire.
Le prodige Dominique Barbéris
Sep 24, 2023
1 minute
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