Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Prisonnier de vivre libre: Roman
Prisonnier de vivre libre: Roman
Prisonnier de vivre libre: Roman
Livre électronique179 pages3 heures

Prisonnier de vivre libre: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Désespéré de ne plus voir son fils, il décide de l'enlever à sa mère.

Un homme dont le divorce se déroule très mal, aux prises avec un beau-père qui a tout pouvoir et la main mise sur la ville, ne voit plus son fils. Et si l'ultime solution était pour lui d'enlever son enfant ?

Laissez-vous toucher par l'histoire d'un père qui n'a d'autre désir que de voir grandir son enfant.

EXTRAIT

Notre petit Ben avait maintenant quatre ans et cette justice qui brillait de par sa lenteur et de sa faculté à privilégier les gens aux portefeuilles bien garnis me faisait souffrir. Le ressenti d’un enfant avait moins de valeur que celui de l’argent et cela me révoltait. D’une garde alternée convenue au départ, j’en étais arrivé à ne presque plus le voir. Les parents de Joséphine usaient de leur pouvoir pour me faire passer pour un irresponsable, à la santé souffreteuse. Il est vrai que mon cœur était fragile, mais il ne battait pas plus fort à la seule vue de billets posés sur une table. Pour peu que l’on eût la chance d’avoir du sang bleu dans ses veines, tout pouvait s’acheter, même l’avenir d’un jeune garçon.
Aujourd’hui leur combat consistait à ce que je ne visse plus du tout mon petit Ben. Mais j’étais prêt à me battre jusqu’à mon dernier souffle. Rien ni personne ne pouvait m’enlever le droit de voir mon enfant, pas même les Lambardet ! À ce jour, et pour faire bonne figure, dixit mon avocat, je devais quémander le droit de lui rendre visite une fois tous les quinze jours, et ceci sous la surveillance d’une assistance sociale afin de leur prouver que j’avais les capacités physiques et psychologiques de m’occuper de mon fils.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Frot vit à Saint Fargeau près d’Auxerre dans l’Yonne. Il a été entraineur de boxe en parallèle de son métier de boulanger pâtissier. Il a participé à un championnat du monde au Mexique. Il a suivi des études littéraires et est un grand fan de Philippe Djian. Ce roman est son quatrième titre. Après Larguez les Amarres, un roman de road trip, L’optimiste triste, une réflexion psychologique et L’aigle rouge des frères jumeaux dans lequel il se révèle comme le romancier du malheur, il signe ici un véritable plaidoyer pour tous les pères séparés de leurs enfants.
LangueFrançais
Date de sortie19 oct. 2018
ISBN9782378772215
Prisonnier de vivre libre: Roman

En savoir plus sur Philippe Frot

Auteurs associés

Lié à Prisonnier de vivre libre

Livres électroniques liés

Biographique/Autofiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Prisonnier de vivre libre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Prisonnier de vivre libre - Philippe Frot

    Introduction

    Cette fois les dés étaient jetés, je n’attendais plus qu’une seule chose, que les gendarmes viennent me cueillir. Mon fils était aux anges, moi j’étais extrêmement malheureux. Sa joie n’était pas le fait de ma future arrestation, car il ne savait pas. Non son bonheur était ailleurs. J’avais tout fait pour le rendre heureux, mais j’étais bien obligé de me rendre à l’évidence que ma présence seule ne lui suffisait pas. Nous ne vivions pas comme des princes, mais il ne manquait de rien, il n’était ni chétif ni faible. De temps à autre nous lui achetions un jouet, ce qui lui rendait sa vie encore plus belle. Certes, il ne s’amusait pas avec des enfants de son âge, sa semi-captivité en était la cause. Tous les soins dont il avait besoin lui étaient prodigués et son hygiène corporelle n’avait rien à envier aux autres. Par chance il n’avait attrapé que des petits rhumes et je n’eus pas besoin de faire intervenir un médecin. Si tel eût été le cas, la situation se serait avérée beaucoup plus compliquée. En effet, il m’eût été difficile d’expliquer et de prouver à un toubib que cet enfant qui vivait avec nous au milieu de nulle part, dans une grotte, possédant un chauffage de fortune, un grand trou où l’on y mettait du bois, ne manquait de rien et était heureux. Cette vie marginale que je lui faisais mener l’aurait sans doute choqué et il aurait eu tôt fait d’alerter les forces de l’ordre ou les services sociaux. Grâce au Ciel, mon fils avait une bonne santé physique.

    J’aurais voulu que cette planque ne s’achevât pas rapidement. Seuls nos corps étaient libres, nos esprits étaient quant à eux prisonniers d’un système qui nous obligeait à laisser nos sens en éveil permanent. Je comptais sans arrêt les jours qui passaient en me disant que c’était peut-être le dernier. Je ne me considérais pas comme un hors-la-loi et pourtant, j’étais recherché pour enlèvement d’enfant et les journaux qui parlaient de moi me présentaient comme un être abject. Ma cavale allait s’arrêter là, et cela me tiraillait le ventre. Blaise m’avait proposé d’emmener le petit avec lui, mais j’avais refusé. C’était avec moi qu’il s’était retrouvé là, nous devions en sortir ensemble. Il fut décidé que Blaise quitterait notre « » lieu de vie » » jusqu’à ce que les gendarmes aient accompli leur triste besogne. Je ne voulais en aucun cas qu’il fût mêlé à cette histoire, n’en étant qu’un pion privilégié. Je me sentais quelque peu honteux de le chasser de cet abri qui lui servait de maison depuis qu’il s’était retrouvé à la rue. Je pense qu’il avait assez payé et qu’il ne lui restait plus rien à régler sur l’addition des misères que la vie nous affligeait.

    Il serra une dernière fois mon enfant dans ses bras et me donna une poignée de main virile. Puis sa silhouette se confondit dans l’horizon. Le petit s’approcha de moi et vint se blottir. Au loin, les premiers aboiements des chiens se firent entendre. La terrible sentence allait s’abattre sur moi, j’allais être séparé de mon fils ! J’avais désobéi à la loi, tout ceci parce que je n’acceptais pas ma position inique face aux puissants.

    — Monsieur Martin Moreau, sortez avec votre fils sans faire d’histoires et tout ira bien, hurla une voix dans le mégaphone.

    Avec mon enfant, main dans la main, j’avançai vers l’enfer.

    Chapitre 1

    Une fois de plus, ou plutôt devrais-je dire une de trop, la confrontation avec ma femme devant le juge, accompagnés de nos avocats respectifs n’avait rien donné. Cela avait de nouveau tourné au pugilat. Chacun campait sur ses positions et aucun ne voulait céder face aux arguments ou requêtes de son adversaire. Nos défenseurs commençaient à s’arracher les cheveux, bien que cette lenteur dans cette procédure de divorce leur apportât une manne financière supplémentaire. Une chose les agaçait profondément, c’est que nous refusions de nous adresser la parole. Nous nous contentions de glisser des mots à l’oreille de nos avocats et chacun répétait les paroles de l’autre. Je pensais sincèrement que cette « » épreuve » » serait vite réglée et que j’aurais eu rapidement la joie de parler d’elle comme de mon ex et non comme de ma femme. Mais las, à chaque confrontation, elle en demandait toujours plus, persuadée sans doute que la lassitude de ces passages obligés dans le bureau de ce juge finirait par me faire céder. Elle avait partagé ma vie pendant quinze ans et pourtant elle me connaissait très mal. Je n’avais jamais rien consenti à quiconque dès l’instant que j’avais l’impression que celle-ci se moquait de moi et qu’elle me prenait juste pour un imbécile. Son petit sourire moqueur qu’elle me jetait en pleine face lorsque son avocat me faisait part de sa dernière exigence m’était devenu insupportable. J’usais de ma maîtrise pour ne pas me lever et lui balancer une énorme baffe que sa condition de petite fille gâtée eût alors toutes les peines du monde à digérer. Afin de satisfaire « » la petite princesse » », j’avais déjà cédé sur énormément de choses. Je lui avais laissé la maison, et lui avais fait grâce de toutes les parts. C’était elle qui s’installait derrière le volant de notre voiture flambante neuve, car, contrairement à elle, je n’éprouvais pas le besoin de posséder des objets brillants pour avoir la sensation d’exister. Les meubles étaient restés sur place à l’exception de mon bureau sur lequel je travaillais pour l’écriture de mon deuxième roman. C’était d’ailleurs l’un de ses sujets de moquerie favoris. Pour le premier, je n’en avais vendu qu’une petite centaine et ma seule richesse d’auteur était d’avoir eu des critiques encourageantes. Fort heureusement, je n’avais écrit qu’une dizaine de pages de mon second manuscrit lorsque je me rendis à son « » domicile » » pour récupérer ce meuble de travail. Mon cahier avait disparu ! J’eus envie de la propulser au milieu du salon. Le plus simplement du monde et avec une jouissance dans la voix, elle m’annonça que ce dernier avait fini par mégarde dans l’âtre de la cheminée pour alimenter le feu. Bien sûr, tout le monde savait cela ! Tout cahier entamé devait être brûlé sur-le-champ ! J’avalai ma colère et c’est la gorge serrée et un goût de cendre amère dans la bouche que je chargeai mon bureau dans une camionnette louée pour l’occasion.

    Quant à mes vêtements, je dus entièrement refaire ma garde-robe, ces derniers ayant fait le bonheur d’un centre pour déshérités sans que je le susse. À mon insu, j’avais réalisé une noble action citoyenne, même si je m’en serais bien passé. Ainsi, dès le début de notre séparation, elle avait tout fait pour me briser, me réduire à néant. Mais tout ceci n’était que matériel, ses méchancetés les plus honteuses s’attaquaient à mon bien le plus précieux, mon fils Ben. J’eusse aimé croire qu’elle était assez intelligente pour ne pas sombrer dans cette bassesse qui consistait à utiliser notre fils pour parvenir à ses fins, me faire du mal. Finalement elle ne valait pas mieux que tous ces abrutis.

    Cela faisait déjà quinze mois que nous étions séparés et je ne voyais mon petit garçon qu’une à deux fois par mois. Curieusement, il n’était jamais là quand je me présentais pour venir le chercher, alors qu’elle était prévenue de ma visite. Je ne pouvais vérifier ses dires car, suite à l’ordonnance d’un juge, j’avais l’interdiction formelle de pénétrer chez elle. Tout ceci suite à un petit jeu qu’elle trouvait tout à fait à sa convenance. Un après-midi, alors que je me pressais à son domicile pour prendre Ben, elle m’annonça tout sourire que ce dernier était parti avec ses parents pour la journée. Elle savait pourtant depuis plusieurs jours que je venais, m’ayant même affirmé que cela ne posait pas de problème. Alors, devant cette trahison, je pétai un câble et me défoulai sur son mobilier qui en fit les frais. J’eus pu m’en prendre à sa personne, mais je n’étais pas de ceux qui frappaient les femmes. Bien entendu, elle porta plainte, et s’ensuivit les conséquences que vous connaissez.

    Au tout début, j’étais heureux car nous avions convenu d’une garde alternée. Elle et moi avions donné notre parole, j’avais juste omis un gros détail, j’étais le seul des deux à en avoir une. Avant qu’elle ne me fît cette entourloupe, j’étais aux anges, car, ne travaillant plus suite à des problèmes de santé, j’étais toujours disponible pour mon fils. Mais cet avantage se transforma vite en inconvénient. Elle se mit à en jouer et n’avait de cesse de parler de mes faibles revenus. Je traînais maintenant cela comme un boulet. Il faut bien avouer qu’un versement pour ALD ne vous permettait pas d’aller au restaurant tous les jours. Malgré cela, rien ne m’empêchait d’élever mon fils.

    Elle non plus n’avait pas d’activité professionnelle, mais avait des « » alliés » » avec lesquels je ne pouvais rivaliser, ses parents qui par la même occasion étaient devenus les nourrices de mon fils ! Ils étaient de la haute bourgeoisie et possédaient un patrimoine impressionnant. La ville était à leurs pieds et les trois quarts des logements leur appartenaient. Les notables comptaient parmi leur cercle d’amis et il n’était pas rare que des politiciens vinssent dîner à leur table. Moi, j’étais né du mauvais côté de la barrière. Qui plus est, mes parents étaient décédés. La balance de la justice penchait plus du côté des Lambardet, nom de famille de mon épouse, à qui ils avaient donné le prénom, bande de nazes, de Joséphine, étant tous deux des admirateurs inconditionnels de Napoléon.

    Je continuais donc d’abattre mes cartes tout en sachant que je n’avais pas la main. Mes rentrées d’argent étaient tellement ridicules en comparaison de celles qu’ils amassaient. J’étais pourtant un bon papa, mais j’avais le vilain défaut d’être quelqu’un de modeste, et de n’avoir comme toute richesse que mon bureau, qui avait été vidé de son contenu. Mes débuts d’auteur n’arrangeaient en rien ma situation. Selon mes beaux-parents, je me perdais dans des rêves utopiques, et j’étais très loin d’un Courteline ou d’un Beaumarchais. Mon nom n’était pas inscrit parmi les talentueux gagnants du Goncourt, je n’étais donc qu’un illuminé qui se cachait dans un semblant d’écriture pour ne pas chercher du travail. J’étais pourtant loin d’être un flemmard, et j’avais déjà mouillé pas mal de chemises au labeur. Presque toute ma vie, j’avais travaillé comme traiteur, et croyez-moi, cela était loin d’être de tout repos. Avant cet accident cardiaque qui m’avait forcé à cesser toute activité, je possédais une grande boutique et tous mes week-ends étaient pris. J’intervenais aussi bien dans les petites réceptions que dans la haute société. Mon travail était reconnu et j’avais même quelques personnalités qui avaient souhaité mes services. Depuis mes problèmes, tous m’avaient oublié, car pour leurs carrières, il valait mieux faire ami-ami avec les Lambardet. Politique et télévision allaient de pair, cela était bien connu. C’est lors d’une soirée haut de gamme que je fis la connaissance de ma femme. Le buffet était grandiose et tout le gotha de la ville se trouvait là. Elle fut très impressionnée par la qualité de mes plats. Elle ne cessa de me vanter mes talents, comparables à un artiste au sommet de son œuvre, me répétant que je me devais de porter fièrement les couleurs de la gastronomie française. Je possédais de l’or entre les mains et ce que je réalisais était tout aussi noble qu’un tableau de maître. Bien que je trouvasse qu’elle exagérait, cela me flattait et avoir une telle valeur aux yeux de sa femme était un cadeau de la vie. Las, cela ne dura pas et, quelques mois après la naissance de notre fils, j’eus droit à des reproches sur mes absences professionnelles, qui la firent pourtant rêver à une époque lorsque j’allais dans des châteaux présenter mes plats. Très vite, je ne devins plus qu’un vulgaire artisan qui ne faisait que malaxer sauces et viandes avec ses mains, celles-ci travaillant selon elle, bien plus vite que mon cerveau. Elle m’assénait là une de ses phrases assassines, plantant et tortillant sa lame acérée dans mon cœur. Certes je travaillais énormément, mais je ramenais une somme non négligeable et nous pouvions, contrairement à beaucoup de nos concitoyens nous offrir de magnifiques voyages chaque année. D’ailleurs, peu de temps avant qu’elle m’annonçât son intention de me quitter, nous nous étions envolés quinze jours pour l’Australie. Même les gens aux mains manucurées et bien propres auraient aimé toucher le sol de Sydney ! Pourtant, aujourd’hui elle me méprisait.

    Je regrettais même d’avoir été un mari fidèle, de n’avoir cédé à aucune tentation, alors que les occasions étaient là. Elle me reprochait tous les maux de la terre, alors qu’à mon tort défendant je n’étais pas un coureur, je ne buvais que rarement de l’alcool et je ne fumais pas. Peut-être aurais-je dû mener une vie dissolue et dépravée afin qu’elle me regardât autrement ? Le ressenti que peuvent avoir certaines femmes m’étonnera toujours. En effet, vous trouvez grâce aux yeux de certaines dès lors que vous ne leur accordez qu’un minimum de respect ! Certains hommes volages et considérant leurs épouses comme des bonnes à tout faire sont, ô faits étranges, regardés comme des dieux vivants et une rupture serait pour ces dames un véritable drame. J’aurais vraiment aimé que quelqu’un m’éclaircît sur ce point.

    Notre petit Ben avait maintenant quatre ans et cette justice qui brillait de par sa lenteur et de sa faculté à privilégier les gens aux portefeuilles bien garnis me faisait souffrir. Le ressenti d’un enfant avait moins de valeur que celui de l’argent et cela me révoltait. D’une garde alternée convenue au départ, j’en étais arrivé à ne presque plus le voir. Les parents de Joséphine usaient de leur pouvoir pour me faire passer pour un irresponsable, à la santé souffreteuse. Il est vrai que mon cœur était fragile, mais il ne battait pas plus fort à la seule vue de billets posés sur une table. Pour peu que l’on eût la chance d’avoir du sang bleu dans ses veines, tout pouvait s’acheter, même l’avenir d’un jeune garçon.

    Aujourd’hui leur combat consistait à ce que je ne visse plus du tout mon petit Ben. Mais j’étais prêt à me battre jusqu’à mon dernier souffle. Rien ni personne ne pouvait m’enlever le droit de voir mon enfant, pas même les Lambardet ! À ce jour, et pour faire bonne figure, dixit mon avocat, je devais quémander le droit de lui rendre visite une fois tous les quinze jours, et ceci sous la surveillance d’une assistance sociale afin de leur prouver que j’avais les capacités physiques et psychologiques de m’occuper de mon fils. Pour l’heure, il n’était même plus question de garde, mais uniquement d’un droit de « vision » furtive avec mon enfant. Je me sentais comme un taulard qui se battait pour quelques heures de parloir. Mais selon Maître Larousse, mon avocat, je devais faire profil bas et montrer à mes ennemis que je savais très bien me comporter. Il fallait que je me punisse en m’éloignant volontairement de Ben et tout cela pour une juge qui comprenait ma « pauvre » épouse, qui

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1