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D'une vie à une autre: Témoignage
D'une vie à une autre: Témoignage
D'une vie à une autre: Témoignage
Livre électronique194 pages2 heures

D'une vie à une autre: Témoignage

Par BHT

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À propos de ce livre électronique

Une vie pour la France...

Vingt-deux années au service d’un drapeau, d’un pays, d’une nation. Parcours initiatique d’un sous-officier commando parachutiste de l’air.
Missions, rencontres, évolutions physiques et psychologiques, doutes et espoirs.
Un lever de voile avec pudeur sans rien cacher d’un quotidien qui est, pour la plupart, inconnu.
La Grande Muette est ainsi mise à nue avec justesse laissant place à une grande tendresse vis-à- vis de tout ce vécu avec Elle et les compagnons de route.
Une confession émouvante et authentique.

Le témoignage saisissant d'un vétéran français sur son parcours au sein de l'armée française.

EXTRAIT

Un exercice très important se préparait. Le GRS était désormais formé pour l’opérationnel. Yan avait pris sa fonction de chef, et moi le « Pointeur Leader », le second.
Ma place était dans l’hélico 2, et mon rôle était l’authentification et la sécurisation du « survivor », le survivant. Obligation de l’identification suivie d’une fouille au corps très poussée du malheureux qu’il fallait sauver. Pas question de reproduire les épouvantables méprises du Vietnam, où l’on pouvait charger sans savoir un ennemi qui faisait exploser l’hélico au redécollage.
Nos gars étaient exceptionnels. Chacun connaissait la mission par cœur. Chacun avait un rôle précis, la confiance était totale. Ni Yan ni moi n’avions à contrôler leur travail. C’était inestimable.
Je secondais Yan. Je gérais le GPS, toutes les liaisons radio en anglais et le rappel des hélicos. Lui se concentrait sur la mission, je m’occupais du reste, d’où notre complémentarité sans faille.
L’équipage des machines se partageait aussi le travail.
Le chef de mission collationnait les infos radio avec les moyens aériens d’appui et l’hélico 2.
LangueFrançais
Date de sortie27 juil. 2018
ISBN9782378773465
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    Aperçu du livre

    D'une vie à une autre - BHT

    PRÉFACE

    Décembre 2017.

    Presque quarante années ont passé depuis ce soir de mars 1980, où je partais vers l’inconnu.

    Je vis désormais sur une petite île pas plus grosse qu’un confetti, perdue dans l’océan indien.

    Je repense à cette vie intense qui m’a amenée là où je suis au moment même.

    Je sens encore ces odeurs de kérosène, ces frayeurs intenses lors de missions extrêmes. J’ai la satisfaction du devoir accompli, et néanmoins d’une vie inachevée.

    Aurais-je continué, devrais-je avoir des regrets, je ne sais pas.

    Tant d’hommes ont façonné ma carrière, tant de pays ont dirigé ma façon de penser sur l’humanité.

    Je reste toujours sensible aux différents travers de ce monde qui nous entoure.

    Ici, je vis humblement, en parfaite harmonie avec mon environnement, j’ai acquis une certaine paix de l’esprit.

    Ma guerre est terminée.

    Je revois ces visages qui ont jalonné ma vie, ces images horribles des enfants mutilés de Bosnie, ces sourires qui me regardent au travers des mots que j’écris en ce moment même.

    Mon Guide, le général Bigeard, n’est plus, mon père n’est plus, mais je m’impose le devoir de mémoire…

    Jusqu’à ce jour où j’ai décidé de prendre la plume.

    Pour ces jeunes, qui comme moi ont choisi de servir, une nation, une patrie, un drapeau.

    Pour ces jeunes qui comme moi désirent la recherche d’une parcelle de gloire.

    Pour ma famille qui, sans jamais rien savoir, m’a toujours soutenu dans mes combats.

    Mes pensées vont à mes frères d’armes qui sont morts au combat, ceux de Bosnie, ceux du Liban, ceux de la vallée d’Uzbin…

    J’éprouve de la fierté et de l’admiration devant mon uniforme et mes décorations.

    Je n’ai jamais été un homme d’exception, j’ai eu la chance d’être là au bon moment.

    Une deuxième vie m’attend, celle d’un marin, et comble de l’ironie, un marin pêcheur.

    Je la respecterai comme celle de ma vie d’aviateur.

    1

    1er mars 1980. 19 h. Gare de Millay. Morvan.

    Il fait froid, la nuit est tombée en ce soir de fin d’hiver. Je frissonne dans le noir, mon père ne dit rien. Quand ce train maudit arrivera, je mettrai fin aux jours doux et heureux de mon enfance.

    Toutes ces images s’entrechoquent dans ma tête mais je tiens bon, je sais que le moment est arrivé où je partirai vers cet inconnu qui m’attire malgré moi.

    L’autorail arrive dans un bruit d’enfer, plus tard je me souviendrai de cette odeur et ce vacarme dans l’environnement de ces machines qui m’emmenaient vers le combat.

    J’embrasse mon père une dernière fois, je sais que malgré lui il ne pleurera pas, cet ancien combattant d’Algérie connaît par cœur ces moments d’adieux.

    Je charge mon petit sac dans lequel ma mère a préparé quelques affaires parfumées comme elle le faisait lorsque je partais à l’internat, inutile d’attendre, la porte du wagon s’ouvre et je grimpe rapidement dans le couloir.

    L’ambiance est glauque, les néons de l’éclairage intérieur clignotent, je trouve une place parmi ces jeunes qui regagnent leurs études vers Dijon, les regards sont ailleurs, les pensées s’évadent dans la douleur de l’innocence qui s’en va.

    Le sifflet sonnera le glas de cette adolescence qui ne m’appartient plus désormais…

    Demain je donnerai ma vie à la France…

    Papa est reparti vers la grande maison du bonheur, sans un regard, son fils aîné deviendra un homme pense-t-il…

    Je me berce doucement dans ce ronronnement de l’engin, ballotté au gré des rails de la voie ferroviaire, ce trajet que je connais bien quand je partais le dimanche soir rejoindre ce lycée où je continuais des études qui ne m’offraient rien.

    À l’extérieur je ne distingue que le noir d’encre de cette nuit qui m’enveloppe, je sais où je suis, à chaque arrêt des gens montent et descendent, je me laisse emporter par mes pensées, rien ne pourra plus m’arrêter, demain il n’y aura pas cours, mais une vie qui m’attend…

    Je me surprends à détailler chaque visage, chaque attitude, pas de téléphone portable, pas de lecteur MP3 ou autre, rien que des pensées, je perçois la souffrance de la solitude dans les rares regards que je croise… Si vous saviez pourquoi je suis dans ce train…

    Enfin j’arrive en gare de Dijon, la première étape s’arrête ici, l’inconnu va commencer.

    Je vais enfin découvrir un vrai train, celui des grandes lignes, ce genre de train qui vous emmène vers des horizons nouveaux, je connais par cœur ces wagons, ces motrices, j’avais tant joué avec ces trains miniatures avec mon frère, pas un modèle ne nous aurait manqué pour compléter notre collection.

    Voici donc la « bête », immense serpent de métal sombre qui n’attend que d’avaler ces passagers pour foncer dans la nuit.

    Il est presque minuit, je grimpe au hasard dans une rame, espérant trouver une place confortable dans un compartiment afin de somnoler librement sans avoir à subir une promiscuité avec laquelle j’avais tant de mal…

    Je ne m’attendais pas à connaître le premier traumatisme de ma vie d’adolescent timide.

    J’escalade les trois marches de la porte et je découvre le vrai visage de ces trains militaires du dimanche soir.

    Partout, des toilettes au couloir, des strapontins aux porte-bagages, des hommes allongés, engoncés dans leurs vêtements de fortune, somnolant, dormant profondément, grognant lorsque que par mégarde on pouvait les bousculer.

    L’image est pour moi apocalyptique, l’odeur insupportable, tous ces hommes sont les soldats permissionnaires que la République a enrôlés bon gré mal gré pour leur service militaire, mais moi je ne me sens pas de leur monde. Moi je suis là pour la France, pour une carrière, pour servir, pour la gloire.

    Non, non et non, je refuse de prendre cette attitude de lascivité, je ne me vautrerai pas tel un clochard, je resterai digne.

    Hélas, il faut se rendre à l’évidence, je ne suis guère différent d’eux, je reçois ma première leçon d’humilité, celle dont on se souvient et qui sert pour toute la vie…

    Alors finalement je me cale entre deux corps endormis, en me promettant de garder tous mes sens en éveil.

    2 h… Je dors… Ma fierté a succombé aux besoins physiologiques de mon corps, à savoir la fatigue.

    6 h 30. Le convoi entre en gare de Nîmes.

    Je me sens las, meurtri, j’ai le corps et l’esprit engourdi. Quelle nuit de cauchemars, de rêves diffus, de pensées molles !

    J’ai repris mon petit sac, je me faufile parmi tous ces hommes et je suis la foule… Pourquoi n’y a-t-il qu’aussi peu de femmes ?

    Bah, au diable les interrogations, je sors de la gare. Les bus verts de l’armée attendent, c’est pour la base ? Très bien j’ai repéré mon chauffeur, un appelé qui s’en fout royalement de distiller des infos, il est là pour charger la « viande », alors pas d’attendrissements, encore moins de sympathie.

    Nous traversons la ville encore endormie dans l’obscurité, et le grand portail d’entrée de la base apparut devant mes yeux rougis.

    Je compris à cet instant que ma vie d’enfant gâté allait laisser place à une vie « d’Homme ».

    2

    Passées les premières impressions de frayeur et de douleur, finalement cette vie ne m’apparaissait pas si difficile.

    Mes parents avaient toujours été là pour moi, me nourrissant, m’éduquant, avec sévérité et justice, dans le culte de la famille et des traditions.

    Ici, à l’école des sous-officiers de l’armée de l’air, je me trouvais une seconde famille, plus stricte, plus sévère, avec des codes de respect de l’autre et le culte du chef qui me plaisait bien.

    J’étais loin de me douter que mes choix et mes perspectives de carrière allaient bientôt évoluer dans un sens que je n’aurais jamais imaginé.

    Lorsque j’ai décidé d’embrasser une carrière militaire, c’était plutôt pour le prestige de l’uniforme et surtout une certaine sécurité de l’emploi et de confort.

    Ainsi j’avais choisi l’armée de l’air, pas l’armée de terre que je ne trouvais pas aussi moderne, ni aussi qualifiée.

    On m’avait choisi comme mécanicien électronique de bord, et l’idée de toucher un peu aux avions ne me déplaisait pas, après tout j’avais préparé un Bac scientifique, et je m’imaginais dans la continuité des choses, studieux et appliqué.

    Lors de mon engagement, on m’avait demandé si je ne voulais pas choisir la spécialité de Fusillier Commando, car l’offre était très forte. J’avais catégoriquement refusé, horrifié par l’idée de l’effort physique, et d’une considération peu gratifiante.

    Je me complaisais donc dans l’exécution de mes classes, et de la bonhomie de l’entraînement sportif.

    Petit à petit je découvrais mon corps « d’Homme » dans ces exercices physiques, et je devais déceler une part de satisfaction.

    En effet, tout me semblait simple et aisé dans l’effort, comme si une force insoupçonnable faisait de ce petit corps une redoutable machine de sport.

    J’en eus une révélation lors de mon premier parcours d’obstacle qu’on appelait encore à cette époque « parcours du combattant ».

    Je volais littéralement d’obstacle en obstacle, sans fatigue, avec une facilité déconcertante et j’aimais ça, de plus en plus.

    Le physique aurait-il pris le pas sur l’intellect ? J’étais troublé par les réactions de ce corps chétif et frêle… En apparence…

    J’avais donc pris l’habitude de surmonter mon aspect malingre par une bonne dose d’humiliation à mes camarades lorsque d’épreuve en épreuve, je finissais dans les trois premiers de la promotion au classement sportif.

    Je ne parle pas des devoirs écrits où j’excellais naturellement tant je trouvais ces matières bien moins difficiles que de résoudre une équation mathématique du troisième degré !

    De plus en plus je m’épanouissais devant mes camarades, à tel point que j’avais reçu le surnom de « cocoye », le sobriquet un peu ironique des commandos de l’air.

    Je reçus mon diplôme d’aptitude militaire sans encombre, et je me préparais à entrer dans une nouvelle école de spécialisation pour devenir mécanicien sur avion.

    Tout semblait donc respecter ce pour quoi je m’étais engagé.

    Une vie sans histoire en quelque sorte.

    Une petite anicroche qui s’avérera décisive pour la suite viendra perturber ce doux ronronnement de la machine vie.

    La spécialité « électronique de bord » était tellement recherchée et valorisée que l’armée de l’air avait décidé de surformer ces mécaniciens spécialistes.

    Ainsi donc, avant de partir en école de formation, il était impératif de passer par une période de renforcement de connaissances, en mathématiques, électronique, et mécanique…

    Six semaines à bûcher scrupuleusement un programme que je connaissais déjà trop bien et qui m’avait déjà décidé à abandonner mes études.

    Alors j’abordais donc cette période avec la plus grande circonspection.

    Nous étions au mois d’août et les salles de cours dominaient l’autoroute du soleil.

    J’essayais d’être le plus studieux possible, mais mes pensées s’évadaient lorsque je voyais les voitures des vacanciers partant vers le soleil et les plages du sud.

    Que dire de l’activité physique qui m’avait valu un certain respect de la part de mes camarades de promotion ?

    Le doute commençait à gangréner mon esprit et des idées nouvelles émergeaient de mon esprit, ma façon de penser se désagrégeait petit à petit.

    En dehors des cours, nous étions libres de vaquer à d’autres occupations, et entre le mess et la chambrée, il n’y avait guère d’activités.

    Je traînais souvent devant l’armurerie, où je voyais ces sections de commandos qui percevaient leurs armes pour partir en exercice ou en opération.

    Ces hommes grands, musclés et bronzés me paraissaient surhumains dans leurs tenues de combat.

    Un jour de saturation matheuse, je décidais, en inventant un prétexte, de quitter le cours et de partir m’évader un peu… Et soudain, le déclic, le destin…

    Je croise une promotion de sous-officiers commandos en école, marchant parfaitement au pas lent au rythme d’un chant de guerre sorti tout droit d’une époque que je croyais révolue.

    Fasciné par cette section et ébahi par la prestance de ces hommes, j’avais pris ma décision.

    C’est ça que je veux devenir…

    Je suis retourné en cours où jour après jour je me fatiguais inutilement à écouter un professeur monotone me ressasser comment calculer une intégrale mathématique ou comment s’exerçait la force d’un solide dans l’espace.

    Basta ! Je décide d’aller frapper à la porte du bureau des engagés.

    Je rencontre donc le chef du bureau, un vieil adjudant et je lui expose mon désir de changement de spécialité.

    Véto catégorique de sa part ! On ne change pas sa spécialité d’électronicien avion pour être un vulgaire combattant commando ! Dehors et que je ne vous revois plus !

    Qu’à cela ne tienne, je reviendrai… à force d’observation devant ce bureau, j’ai constaté que certaines fois, un jeune sergent-chef remplaçait le vieil adjudant aigri, je pistais donc l’instant propice et je retentais ma chance.

    Ce jeune sergent-chef se tenait seul derrière le bureau, à peine a-t-il jeté le regard sur moi lorsque je suis entré.

    « Bonjour caporal-chef, c’est pour quoi ? « 

    « Un changement de spécialité-chef… »

    « OK, tu veux faire quoi ? »

    « Fusilier commando-chef… »

    « D’accord, signe là… »

    Je prends le stylo et j’appose ma signature, n’y croyant même pas encore…

    « OK, tu es commando maintenant, on te dira quand commence ta formation »

    Je suis sorti du bureau, j’ai pris une grande inspiration et à haute voix j’ai crié !

    La vraie vie va commencer ! Je ne savais pas encore où cette vie choisie allait me mener ni combien d’aventures j’allais vivre…

    3

    1er septembre 1980. École des fusiliers commandos de l’air. Nîmes.

    Le grand jour est arrivé, enfin j’intégrais cette prestigieuse école du sang et de la sueur.

    Le grand cirque allait commencer.

    Nous étions convoqués à la première heure devant cet imposant bâtiment blanc que, je pense, nous redoutions tous.

    J’avançais avec circonspection, observant les choses et les hommes. J’étais frappé par les visages fermés de mes futurs camarades de promo.

    Des hommes, pas des ados comme je pouvais l’être… Mais d’où pouvaient-ils venir ? Quelle était donc leur vie d’avant, je me sentais bien isolé.

    Certains devaient avoir la trentaine, ceux-ci portaient déjà les galons de sergent… Je repensais à ces engagés de la Légion Étrangère, qui quittaient tout pour vivre dans un autre monde, un autre univers que celui qui les avait blessés.

    Tous portaient le calot de l’armée de l’air, le calot des « Nénés

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