Lyna Khoudri, 30 ans, ne se dérobe pas. Spontanée, elle vous regarde dans les yeux et œuvre à être la plus précise possible. Fille d’un journaliste et d’une professeure de violon algériens, elle a 2 ans quand ses parents, en danger de mort dans leur pays, se réfugient à Aubervilliers. Devenue actrice, elle multiplie les projets sur le désenchantement d’un pays encore secoué par la décennie noire et imprime à l’écran sa double culture. Ce splendide retour aux sources croise le trajet de jeunes héroïnes algériennes. Parmi elles, Nedjma, une étudiante en lettres aspirante styliste aux premiers jours de la guerre civile, dans de Mounia Meddour, pour lequel elle reçoit le César du Meilleur espoir féminin, en 2020. Depuis, sa carrière compte une palanquée de rôles auxquels elle offre son aplomb et sa détermination. Dans les interstices du métier, il y a ses ami·es de longue date, la junk food et la baie d’Alger. Cheveux bruns coupés au carré, visage de porcelaine et regard de faon, elle pourrait aisément passer pour une « flapper», une garçonne des années folles, qui danserait le charleston à la manière de Louise Brooks. Repérée outre-Atlantique par Wes Anderson 2021), elle déploie son talent, fait d’insolence et de rage, dans des films populaires d’Olivier Nakache et Éric Toledano, 2019), des superproductions de Cédric Jimenez, 2022) et, désormais, des films de cape et d’épée. Cette année, elle est à l’affiche des deux opus des de Martin Bourboulon, sous les traits de Constance Bonacieux, l’amoureuse de D’Artagnan, figure 100% hexagonale. Clin d’œil taquin à la jeune fille de 18 ans qui faisait la queue devant la préfecture de Bobigny pour obtenir la nationalité française. Rencontre.
LYNA KHOUDRI L’affranchie
Apr 06, 2023
7 minutes
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