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San Martín: A rebours des conquistadors
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San Martín: A rebours des conquistadors
Livre électronique209 pages2 heures

San Martín: A rebours des conquistadors

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À propos de ce livre électronique

Biographie d'une figure essentielle du XIXe siècle : San Martín.

Peu de Français connaissent San Martín. Pourtant, sa vie en fait une figure essentielle du XIXe siècle : il a mené l’Argentine, le Chili et le Pérou vers l’indépendance. Général victorieux, il a toujours veillé à ce que le pouvoir soit rendu aux citoyens, ce qui l’a probablement privé de la popularité universelle d’un Washington ou d’un Bolivar. Né en Argentine, il passe son enfance et sa jeunesse en Espagne où il s’illustre comme officier contre l’armée de Napoléon. La révolution espagnole écrasée par les Français, il s’embarque en 1812 pour son Amérique natale. C’est là désormais qu’il luttera contre l’absolutisme de l’occupant espagnol.
Mêlant une grande histoire d’amour, des combats, la poursuite d’idéaux, la vie de San Martín épouse le romantisme de son temps.

Plongez dans ce récit de vie palpitant et découvrez le parcours de San Martín, mêlant amour, combats, idéaaux et romantisme de son temps.

EXTRAIT

« Soldats, voici le premier drapeau indépendant béni en Amérique. Soldats, jurez-vous de le défendre au prix de votre vie, comme je le jure moi-même ? » Le 5 janvier 1817, veille de l’Épiphanie, sur la Plaza Mayor de Mendoza, l’aumônier militaire don José Güiraldes bénit l’armée des Andes et son emblème auquel elle prête serment, après son chef, qui dépose son bâton de commandement dans les mains de la statue de la Vierge mendocine, Nuestra Señora del Carmen. Par ce geste qui appartient à une longue tradition catholique familière à tous les assistants, il fait d’elle la patronne de l’armée et proclame qu’il ne part pas conquérir le Chili ni s’emparer du pouvoir mais qu’il se met au service d’un intérêt plus grand, la liberté et le bonheur des peuples. Il tiendra ce discours jusqu’au bout de sa vie publique, malgré les sceptiques.
Dix jours plus tard, San Martín adresse un message codé à Solar, négociant de Santiago. Un après-midi, au plus fort de la chaleur, une gueusaille de volailler ambulant entre à grand bruit dans l’opulente maison : « Sont beaux, mes poulets, patron ! » Solar le saisit par le bras et s’enferme avec lui dans son bureau. Il en ressort radieux, tandis que le braillard s’en va mendier dans la rue. La nouvelle qu’il attendait tient sur un papier à cigarette : « 15 janvier. Frère S… J’envoie aux Canards 4 000 pesos or. D’ici un mois, vous aurez avec vous votre frère José. » Cette nuit-là, il y eut beaucoup de va-et-vient chez Solar.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Docteur en littérature comparée de l'Université de Paris, Denise Anne Clavilier se prend de passion pour la culture argentine en 2004 en découvrant la littérature du tango-canción. La faible présence du tango sur le marché francophone du livre lui inspire en 2007 l'idée d'un premier livre : Barrio de Tango. Depuis juillet 2008, elle développe un important travail de promotion vers le public francophone : elle édite un blog sur l'actualité culturelle argentine, www.barrio-de-tango.blogspot.com, elle collabore avec le musicien et producteur argentin Litto Nebbia, directeur-fondateur de Melopea Discos, dont elle a notamment traduit en français le site Internet. Elle conçoit et accompagne des voyages culturels à Buenos Aires. Depuis 2010 Denise Anne Clavilier est académicienne correspondante en France de l'Académie nationale de tango de la République Argentine.
LangueFrançais
ÉditeurJasmin
Date de sortie1 août 2018
ISBN9782352844563
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    Aperçu du livre

    San Martín - Denise Anne Clavilier

    Pérou)

    « J’ai sacrifié ma jeunesse au service des Espagnols… »

    Yapeyú, dans le vice-royaume du Río de la Plata

    Dans l’hémisphère sud, le 25 février, c’est l’été. Dans la moiteur qui accable la ville, doña Gregoria Matorras donne la vie à un petit garçon. Nous sommes en 1778, à Nuestra Señora de los Reyes Magos de Yapeyú, dans l’actuelle province argentine de Corrientes. Quelques jours plus tard, le nouveau-né est baptisé, il s’appellera José Francisco. José Francisco de San Martín y Matorras.

    Il est le fils du capitaine don Juan de San Martín. À cinquante ans, don Juan est depuis peu le gouverneur délégué du vaste district de Yapeyú. Gregoria et lui sont nés en Espagne, dans la province de Palencia, mais c’est à Buenos Aires, très loin de leur León natal, qu’ils se sont rencontrés. Ils s’y sont mariés devant l’évêque, le 1er octobre 1770. Il avait quarante-deux ans et elle trente-deux. Ils appartiennent à la hidalguía*, une classe sociale sans fortune ni titre que l’exemption de certains impôts assimile à la noblesse. Le père de Juan, Andrés de San Martín, cultivait la terre à Cervatos de la Cueza. Juan a préféré l’armée, qu’il a intégrée à dix-neuf ans, au bas de l’échelle. Dix-sept ans plus tard et avec de simples galons de lieutenant, il a débarqué dans ce port des Indes occidentales qu’est la Ciudad de Trinidad y Puerto de Santa María del Buen Ayre, l’ancien nom de Buenos Aires.

    En 1778, une grande sœur, María Elena, sept ans et demi, et trois frères, Manuel Tadeo, six ans et demi, Juan Fermín, tout juste quatre ans, et Justo Rufino, né un an, jour pour jour, avant José, accueillent le nouveau-né. Les trois premiers sont nés sur la rive est du Río de la Plata, les deux cadets ont vu le jour à Yapeyú.

    Située face au Brésil, alors colonie portugaise, Yapeyú a été fondée en 1627, sur la rive ouest du fleuve Uruguay. Elle est le chef-lieu d’un gigantesque territoire concédé par le roi d’Espagne à la Compagnie de Jésus. Cette congrégation religieuse voulait apporter l’Évangile aux Indiens guaranis*, sans contrainte ni violence, dans le respect de leur culture et de leur mode de vie. Le territoire des missions ainsi cédé couvre le nord de l’Uruguay et de l’Argentine, le Paraguay et le sud de la Bolivie. Il est sanctuarisé par de lourdes peines qu’encouraient les laïcs blancs, espagnols ou portugais, s’ils violaient les privilèges accordés à la Compagnie. Pendant cent-cinquante ans, en pleine autonomie, avec et pour les Guaranis, les jésuites ont développé des républiques agricoles utopiques, pacifiées et alphabétisées, dans une grande liberté d’organisation et de développement économique, culturel et spirituel. Mais en 1767, le roi Carlos III, que cette mesure, entre plusieurs autres, fit qualifier de despote éclairé, chassa les jésuites de toutes ses terres. De 1767 à 1773, ils furent contraints d’abandonner une à une leurs écoles, leurs universités, leurs bibliothèques ainsi que ces missions, devenues si prospères qu’elles faisaient de l’ombre à la couronne. Les jésuites partis, Espagnols et Portugais se ruèrent sur la zone pour s’en disputer le contrôle et reprirent leurs exactions contre les Indiens. Les Missions, passées sous contrôle colonial, périclitèrent très vite. Et les Guaranis se soulevèrent contre ceux qui les dépouillaient.

    En 1776, lorsque les San Martín s’y installent, Yapeyú, avec ses 8 000 Indiens, est une grande cité pour l’Amérique d’alors. Ses habitants sont luthiers, tanneurs ou cordonniers. Ils vendent leurs produits jusqu’au Pérou et au Chili et même sur le marché brésilien. Fabriqués avec les bois subtropicaux locaux, d’après des patrons européens apportés par les missionnaires, orgues, hautbois, théorbes, violons, violoncelles, harpes et charangos*, pipeaux, quenas* et autres flûtes à bec ont un timbre bien particulier, qui fait merveille à l’église dans la musique baroque.

    Tandis que doña Gregoria éduque ses enfants au bord de l’Uruguay, tout à l’ouest des ex-Missions, un de ses parents, Jerónimo Matorras, conquiert la région du Gran Chaco, exterminant les Indiens sans une once de scrupule. Pour cela, il sera nommé gouverneur et capitaine-général de Tucumán (nord-ouest de l’Argentine). À Yapeyú, don Juan, moins ambitieux, montre plus d’humanité. Pour lutter contre les incessantes et redoutables incursions brésiliennes, il a créé un bataillon guarani de cinq cents hommes, qui en aurait remontré aux plus disciplinés des régiments européens. Sous son commandement, ce bataillon restera loyal à la couronne espagnole.

    À quoi ressemble le monde dans lequel vient d’arriver le futur Libérateur de l’Argentine, du Chili et du Pérou ?

    À peine deux ans plus tôt, le 4 juillet 1776, des insurgés dirigés par George Washington ont déclaré l’indépendance des États-Unis. En 1778, la guerre fait rage à Philadelphie entre l’armée républicaine et le corps expéditionnaire britannique.

    Le 1er août 1776, un édit du roi d’Espagne a scindé le Pérou en deux et créé le vice-royaume du Río de la Plata, dont Buenos Aires est la capitale. Les ex-Missions lui sont rattachées.

    En 1778, Louis XVI règne depuis quatre ans. En février, il s’est allié aux États-Unis, bientôt rejoint par son lointain cousin espagnol, Carlos III, et par les Provinces-Unies (Pays-Bas). Sans rechigner à la dépense, les trois pays envoient un très intéressé concours matériel et politique aux insurgés, pour affaiblir et isoler la Grande-Bretagne de George III. Cet été-là, Voltaire et Rousseau meurent à un mois d’intervalle. Mozart joue devant Marie-Antoinette. À Madrid, le peintre Goya, encore très classique, engrange les commandes officielles. Quant au petit Louis Napoleone di Buonaparte, il va quitter Ajaccio et entrer au collège d’Autun, sur le continent, où les moqueries de ses camarades lui feront franciser son nom.

    Dans le Haut-Pérou (actuelle Bolivie), un chef indien, le cacique* Túpac Amaru, descendant du dernier Inca, mène l’une des plus importantes rébellions indigènes de l’Amérique post-colombienne. À Yapeyú, les insurgés guaranis et les soudards portugais sèment la terreur chez les Espagnols. Tant et si bien qu’à la fin de l’année 1780, don Juan envoie sa famille à l’abri à Buenos Aires. Quelles images emporte le petit José de sa ville natale et de ses environs vallonnés ? Un vague souvenir, dans doute terrifié, des razzias nocturnes guaranies et portugaises. Peut-être. Le souvenir de Juana Cristaldo, sa nourrice, une brave et douce Indienne que les parents eussent préférée plus sévère avec leur puîné ? À moins qu’elle ne s’appelât Rosa Guarú comme le chante encore aujourd’hui une berceuse indienne. Un ciel, la saveur d’un fruit tropical, une petite musique des mots, celle de la langue guaranie dans laquelle il a baigné ? Guère plus. Contrairement à la légende, il n’aura pas fréquenté l’école locale, avec les Indiens, les métis* et les mulâtres*. Le 14 février 1781, relevé de ses fonctions, don Juan rejoint femme et enfants à Buenos Aires. À cinquante-trois ans, il touche au terme de sa carrière militaire. Après quelques missions administratives dans l’infanterie, à Buenos Aires, et toujours simple capitaine, il quitte le service actif. Il n’a plus rien à faire sur place et doit rentrer en métropole. Après dix-neuf ans de bons et loyaux services aux colonies, son seul luxe est Antonio, un esclave acheté avec ses émoluments de gouverneur délégué.

    À bord de la Santa Balbina

    À cette époque, il n’y a pas de transport de passagers. Pour affronter la longue et dangereuse traversée vers l’Europe, il faut embarquer sur un navire de commerce ou de guerre. En novembre 1783, don Juan est accepté avec les siens à bord d’une frégate espagnole qui quitte la rade de Montevideo pour le port atlantique de Cadix, au sud de l’Espagne, où elle doit livrer de l’or, de l’argent, du cuir, du tabac brun du Paraguay et des lamas. La Santa Balbina est un trois-mâts de vingt et un mètres de long sur cinq de large, construit à Plymouth. Les Espagnols l’ont capturée le 9 août 1780 dans un convoi britannique. 47 marins, 36 matelots et 2 mousses composent l’équipage commandé par 18 officiers. Quant à la garnison embarquée, elle compte 11 officiers, 22 fantassins et 57 artilleurs pour servir les 34 canons dont le bord est armé. L’Atlantique est alors un champ de bataille infesté de pirates sans foi ni loi et de corsaires au service de l’Angleterre, de la France, de l’Espagne et du Portugal. Pour ce voyage, la Santa Balbina accueille 48 passagers dont 16 enfants, 1 bagnard et 10 domestiques. La majorité des adultes sont des militaires qui rentrent de mission. Passagers et officiers s’entassent dans des cabines exiguës, une salle à manger et un salon.

    Le bateau appareille au début de l’été, le 6 décembre. Pour José, qui va sur ses six ans, c’est peut-être le premier grand souvenir. Dans une promiscuité inouïe, il fait preuve à bord d’une curiosité insatiable, visite tous les coins et recoins du voilier, court entre gréements et munitions, scrute le ressac depuis le bastingage… Il est à l’âge où, en cette fin d’Ancien Régime, les enfants commencent tout juste à intéresser les adultes. Il se mêle aux marins et aux artilleurs. Et puis il y a ce jeu des grandes personnes au salon, un jeu de guerre dont il se délectera toute sa vie  : les échecs ! Le voyage dure deux fois plus qu’à l’ordinaire mais il est tranquille. Seulement deux incidents majeurs : une très vilaine avarie, le bris de la grand-vergue, au cours d’une violente tempête, et la perte de tous les lamas, morts de la gale.

    Au bout de cent huit jours, le 23 mars 1784, la Santa Balbina arrive en vue de Cadix, le soir, après la fermeture du port. Elle jette donc l’ancre dans la baie, face aux murailles blanches d’une des plus prospères cités d’Andalousie. On débarque le lendemain. Juan de San Martín reste au port dédouaner ses maigres avoirs : 1 500 pesos, des vêtements (la garde-robe est alors tout un investissement), quelques meubles et un esclave. Quoique rare dans la Péninsule, l’esclavage y est légal. Après plus de trois mois en mer, passagers et marins souffrent de nombreuses carences alimentaires. Les oranges qu’on vend dans la rue doivent faire envie aux enfants mais, fidèle à la coutume, la pieuse Léonaise qu’est leur mère les aura d’abord emmenés dans un couvent rendre grâce pour cet heureux retour au pays. Or eux sont nés aux colonies, ils sont criollos. Dans l’Espagne discriminante d’alors, on le leur rappellera chaque jour. Ce pays ne sera jamais pleinement le leur.

    L’enfance en Espagne

    Au xviiie siècle, l’Espagne reste le seul endroit d’Europe où une inquisition d’État réprime encore l’art et la pensée. Sous couvert de religion, comme si souvent, la censure est surtout politique. Cadix, porte de l’Amérique et de l’Angleterre, est une ville cosmopolite qui jouit d’une vie intellectuelle et artistique plus féconde qu’ailleurs dans le pays. Le flamenco est en train d’apparaître. La famille San Martín serait demeurée à Cadix jusqu’à la fin de l’année 1785 et la nomination du père à l’état-major de Málaga, sur la Méditerranée, où elle s’installe dans la rue Pozos Dulces, dont les deux cents mètres serpentent encore de nos jours au cœur du quartier médiéval, près du cours du Guadalmedina. Peut-être est-ce une caserne, car en 1791, quand don Juan se retirera de l’armée, lui, sa femme et leur fille quitteront cette adresse pour la rue Alcazabilla, à deux pas de là. À Málaga, le garçonnet fréquente l’école des Temporalités, ex-Colegio San Sebastián fondé par les jésuites et passé sans doute à des dominicains ou des laïcs. L’expulsion des jésuites n’avait pas seulement ruiné les Missions d’Amérique du Sud. Elle avait aussi modifié l’équilibre entre les ordres religieux qui animaient la vie intellectuelle et spirituelle du royaume. Leur départ avait laissé aux dominicains un quasi-monopole très sclérosant sur l’enseignement. À l’école des Temporalités, José subit la rude pédagogie de ce temps qui ne voit dans l’enfant qu’un adulte miniature. On ne sait pas encore que la capacité d’abstraction vient d’une lente maturation psychique. On impose aux bambins, par les verges s’il le faut, l’apprentissage par cœur d’un catalogue indigeste de notions obscures. Il faut donc un prodigieux caractère pour résister à ces méthodes normatives et humiliantes et rester capable d’évoluer dans un monde qui va radicalement changer.

    Si ses maîtres n’ont ni la tradition didactique, ni l’ouverture d’esprit qui caractérisaient leurs prédécesseurs jésuites, le jeune San Martín n’en reçoit pas moins la formation très structurante que ceux-ci avaient élaborée pour la bonne société depuis 1730 : latin, rhétorique, français, allemand, anglais, histoire, géographie, mathématiques, escrime, équitation, danse et dessin, qui, avant la photographie, est moins un art qu’une technique documentaire pour relever un paysage, exposer le maniement d’un outil, tirer des plans, dresser des cartes… José se distingue par une intelligence très vive et, si le latin n’est pas son atout maître, il excelle en mathématiques, en dessin et en langues, surtout en français. Plus tard, il en donnera la preuve en menant de front une vie d’officier d’active et de grand lecteur, doté d’une plume concise et puissante, et montrera un talent certain pour la guitare, le chant et le dessin. C’est dans cette école des Temporalités qu’il décide de sa vocation militaire. Et cette carrière de soldat, l’histoire la lui fera mettre au service de la liberté politique et intellectuelle.

    Il a huit ans. Son père l’inscrit au séminaire royal de la Noblesse de Madrid, que l’on intègre alors à l’âge moyen de dix-sept ans. Cette école, qui ne reçoit jamais plus de quarante-deux pensionnaires, forme l’élite du pays. Dans ce royaume qui se militarise à mesure que le trône vacille, l’élite se compose des futurs officiers et ingénieurs, militaires et maritimes. Grâce à l’adaptation du montant de la pension aux revenus des familles, la qualité de l’enseignement attire de plus en plus de criollos, venus de cette Amérique où José est né et dont il va découvrir la diversité au contact de ses camarades, beaucoup plus âgés que lui. Ici aussi, les études portent sur le latin et le grec, à quoi s’ajoute un peu d’hébreu, la poésie et la rhétorique, la métaphysique, la logique, la philosophie morale, le droit naturel, les mathématiques, l’architecture militaire, le français, l’anglais, l’histoire et la géographie. C’est donc, encore et toujours, un programme jésuite, ajusté à la réalité de son époque, que suit l’enfant, mais avec une pédagogie vieillissante. José achève sa formation madrilène en 1789, à l’âge de onze ans.

    Il retourne chez ses parents, chez qui vivent sa sœur et le plus jeune

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