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San Martín par lui-même et par ses contemporains: Textes traduits et commentés
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San Martín par lui-même et par ses contemporains: Textes traduits et commentés
Livre électronique769 pages10 heures

San Martín par lui-même et par ses contemporains: Textes traduits et commentés

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À propos de ce livre électronique

Epopée révolutionnaire.

« Il n'y avait rien, il fit presque tout » : voici comment Malraux résume l'action du général José de San Martín (1778-1850).
Le co-libérateur de l'Amérique du Sud se présente ici dans sa sensibilité humaine et son génie politique à travers quelque cent cinquante documents historiques laissés par les acteurs et les témoins de ce qui fut une épopée révolutionnaire. Pour conquérir l'indépendance de l'Argentine, du Chili et du Pérou, San Martín fit appel aux combattants du monde entier. Ce sont leurs lettres, leurs ordres, leurs décrets, leurs chroniques et leurs mémoires qui sont rassemblés ici, pour la première fois en France et dans leur langue originale, avec pour l'anglais et l'espagnol une traduction en vis-à-vis. Pusieurs textes français, tel ce portrait de Bolívar, rédigé par San martín vers1840, sont inédits jusqu'en Argentine.
Déjà auteur aux Éditions du Jasmin de la première biographie en français de ce héros argentin des droits de l'homme, qui avait choisi de passer en France ses dernières années, Denise Anne Clavilier nous invite à le découvrir de plus près.

A travers cent cinquante documents historiques, découvrez le co-libérateur de l'Amérique du Sud, sa sensibilité humaine et son génie politique.

EXTRAIT

Votre situation n’admet pas que je dissimule. Dix ans de sacrifices constants servent aujourd’hui de trophée à l’anarchie ; la gloire de les avoir faits est à présent un chagrin, quand on considère son peu de fruit. De vos propres mains, vous avez creusé un précipice et, accoutumés que vous êtes à le voir, aucune sensation d’horreur n’est capable de vous arrêter. C’est le génie du mal qui vous a inspiré le délire de la fédération. Ce mot est plein de mort et ne signifie que ruine et dévastation. J’en appelle là-dessus à votre propre expérience et je vous supplie d’écouter avec franchise de cœur l’opinion d’un général qui vous aime et n’attend rien de vous. J’ai des raisons de connaître votre situation, parce que dans les deux armées que j’ai commandées, j’ai eu besoin de m’assurer de l’état politique des provinces qui dépendaient de moi.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Docteur en littérature comparée de l'Université de Paris, Denise Anne Clavilier se prend de passion pour la culture argentine en 2004 en découvrant la littérature du tango-canción. La faible présence du tango sur le marché francophone du livre lui inspire en 2007 l'idée d'un premier livre : Barrio de Tango. Depuis juillet 2008, elle développe un important travail de promotion vers le public francophone : elle édite un blog sur l'actualité culturelle argentine, www.barrio-de-tango.blogspot.com, elle collabore avec le musicien et producteur argentin Litto Nebbia, directeur-fondateur de Melopea Discos, dont elle a notamment traduit en français le site Internet. Elle conçoit et accompagne des voyages culturels à Buenos Aires. Depuis 2010 Denise Anne Clavilier est académicienne correspondante en France de l'Académie nationale de tango de la République Argentine.
LangueFrançais
ÉditeurJasmin
Date de sortie6 juil. 2018
ISBN9782352844228
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    Aperçu du livre

    San Martín par lui-même et par ses contemporains - Denise Anne Clavilier

    père.

    PARTIE I

    Quelques portraits

    Les textes qui suivent datent de plusieurs époques de la vie de San Martín, toutes postérieures à la traversée des Andes et à la bataille de Chacabuco (1817) qui firent connaître son existence à l’Occident.

    On remarquera la mention du teint mat, d’autant plus volontiers relevé par les auteurs qu’ils rencontrent notre héros au cours de ses campagnes, alors qu’il vit au plein air et au soleil, et qu’eux-mêmes arrivent de Grande-Bretagne, où ils sont habitués aux teints laiteux de leur île. Cependant et en dépit de sa prévention contre lui, l’Écossaise Maria Graham, qui le rencontre après une année de gouvernement au Pérou, loin des champs de bataille, ne remarque rien (p 279).

    On relèvera aussi l’abondante pilosité faciale. Puisque les Amérindiens ont le cheveu raide et le poil rare, ce détail insistant constitue, avec ses portraits, une indication solide de son ascendance espagnole et légitime, s’il en était besoin. Et pourtant, la rumeur, inventée et soutenue en son temps par ses ennemis politiques, a la vie dure, aujourd’hui encore en Argentine, qui voudrait qu’il ait été métisse et donc bâtard.

    Mémoires du général William Miller, Londres, 1828

    Ces mémoires sont le premier témoignage jamais écrit sur la révolution au Chili et au Pérou par l’un de ses protagonistes. L’Europe vit encore sous la Restauration d’après Waterloo. Officier anglais, né en décembre 1795 et approché en 1817 par les agents de San Martín et O’Higgins, Miller rejoignit l’Armée des Andes en 1818, alors que la victoire de Chacabuco venait de l’auréoler d’un immense prestige. Il participa à la libération du Chili et du Pérou, où il s’installa et fonda une famille après le départ de San Martín (1822). Au Pérou, il remplit les plus hautes fonctions militaires et mourut en 1861, gardant à San Martín une inébranlable amitié.


    1  Yapeyú, où San Martín est né, le 25 février 1778, se situe sur la rive de l’Uruguay. En 1827, il avait à peine cinquante ans, pour autant que la date de naissance soit exacte. Miller se fonde sur la rumeur publique sur ce point.

    2  Stout : robuste (à tous âges) ou empâté (pour une personne qui a vieilli). L’édition en espagnol, publiée en 1828, est mal traduite : es alto y grueso (gros). Un faux sens qui ancra pour longtemps l’image d’un général ventru (voir le récit de Juan Bautista Alberdi, p 16). Depuis 1828, cette mauvaise traduction est répétée aveuglément par les auteurs scolaires et même les universitaires sans que personne consulte le texte original.

    3  Ici, Miller s’inscrit en faux contre Lord Cochrane, qui, depuis son retour d’Amérique, racontait à qui voulait l’entendre que San Martín avait brigué le trône pour lui-même. Voir p 305.

    4  Légère erreur de date. Remedios est décédée le 3 août 1823. San Martín est arrivé en Europe en 1824. On voit ici combien la rapidité inattendue de son départ a traumatisé ses compagnons d’armes.

    Carnets de voyage de Samuel Haigh, 1829

    Né vers 1795, sans doute dans le Kent, Samuel Haigh partit au Chili en 1817 pour y implanter un comptoir commercial, en qualité de commis d’un grand négociant anglais. Au moment le plus critique, de février à avril 1818, il prit fait et cause pour le Chili, ce qui lui valut l’estime de San Martín et O’Higgins. De retour dans son pays, il publia ces carnets d’Amérique du Sud en 1829. Le livre connut assez de succès pour justifier une réédition en 1831. C’est là tout ce que l’on sait de cet homme. Ces carnets n’ont semble-t-il été traduits en espagnol qu’en 1917, à Santiago pour le centenaire du pays.

    Nous voici en 1817, après Chacabuco. Après une rude traversée des Andes, notre jeune commis anglais est arrivé le jour même à Santiago.

    Carnets de voyage du capitaine Basil Hall (1823)

    Durant la campagne de libération du Pérou, Basil Hall (Edimburgh, 1788 - Portsmouth 1844), officier de la Royal Navy, veillait sur les intérêts et la sécurité de ses compatriotes. Neutre, il était reçu dans les deux camps et allait et venait du Pérou au Chili. Sont reproduites ici les notes qu’il prit après sa rencontre avec San Martín, le 25 juin 1821, trois semaines avant la chute de Lima et qu’il publia à son retour en Ecosse en 1823, sans les remanier car, explique-t-il dans une préface tardive, il avait constaté que leur rédaction originale était plus claire. Il dit les avoir publiées telles quelles et dans leur ordre chronologique.

    Celui-ci a connu le succès le plus durable de tous les ouvrages sur la révolution sud-américaine, avec des rééditions jusque dans les années 1840 et des traductions en espagnol, allemand, italien et français.


    1  La suite de ce passage, qui rapporte la teneur de la conversation entre San Martín et Hall, a été traduit dans le blog www.barrio-de-tango.blogspot.com, dans les entrées consacrées à la biographie San Martín, à rebours des conquistadors, parue aux Editions du Jasmin.

    Voyage en Europe de Juan Bautista Alberdi

    Juan Bautista Alberdi (1810-1884) était un éminent juriste et diplomate argentin, d’obédience unitaire et libérale et d’esprit plus ouvert et plus démocratique que la majorité des hommes au pouvoir pendant la République conservatrice des années 1860-880. On lui doit la première constitution entrée en vigueur en Argentine (1854). Avec quelques amendements, elle régit toujours le pays. Lorsqu’il rencontre San Martín à Paris, Alberdi voyage pour fuir le régime de Rosas. Cette page est un classique de la littérature argentine.


    1  Alberdi use ici de concepts argentins. L’intérieur, c’est ce qu’on appelle alors la province (par opposition à la capitale) et l’été, c’est notre hiver. San Martín avait l’habitude de passer la mauvaise saison dans le midi de la France ou de l’Italie, notamment à Naples.

    Portrait par Adolphe Gérard, Boulogne-sur-Mer,

    22 août 1850

    Extrait de la nécrologie publiée au lendemain des obsèques, dans L’Impartial, le quotidien de Boulogne-sur-Mer. Cet article est l’une des rares traces qu’Adolphe Gérard (1804-1878) ait laissées à la postérité, avec sa maison de la Grande-Rue (devenue musée) et sa trace dans les archives judiciaires du Pas-de-Calais (il était avocat auprès du tribunal civil de cette sous-préfecture). En creux, on découvre dans ce texte un bourgeois libéral et cultivé typique de la Monarchie de Juillet. Les majuscules et la ponctuation originales ont été respectées.

    Le samedi 17 août 1850, à trois heures de l’après-midi, est décédé dans notre ville, Grande-Rue, n° 105, où il demeurait depuis seize mois, et à l’âge de 72 ans 5 mois et 23 jours, l’un des héros de l’indépendance Américaine, le général Don José de SAN-MARTIN. […]

    Il vécut [à Boulogne] dans une retraite absolue, au sein d’une famille fière de lui et dont il était adoré.

    Il y est mort plein de jours, à la suite de longues souffrances occasionnées par une hypertrophie du cœur¹, sans que la fermeté de son caractère, et la hauteur de sa raison aient fléchi un seul instant.

    M. de San-Martin était un beau vieillard, d’une haute stature que ni l’âge, ni les fatigues, ni les douleurs physiques n’avaient pu courber. Ses traits étaient expressifs et sympathiques ; son regard pénétrant et vif ; ses manières remplies d’affabilité ; son instruction des plus étendues ; il savait et parlait avec une égale facilité le français, l’anglais² et l’italien, et avait lu tout ce qu’on peut lire. Sa conversation aisément enjouée était l’une des plus attrayantes que l’on pût écouter. Sa bienfaisance était sans bornes. Il avait pour l’ouvrier une véritable sympathie ; mais³ il le voulait laborieux et sobre ; et jamais homme n’a fait moins que lui de concession à cette popularité méprisable qui se fait le flatteur des vices des peuples. Il disait à tous et sur tout la vérité !

    Son expérience des choses et des hommes donnait à ses jugements une grande autorité. Elle lui avait appris la tolérance.

    Partisan exalté de l’indépendance des nations, sur les formes proprement dites de gouvernement, il n’avait aucune idée systématique. Il recommandait sans cesse, au contraire, le respect des traditions et des mœurs, et ne concevait rien de plus coupable que ces impatiences des réformateurs qui, sous prétexte de corriger les abus, bouleversent en un jour l’État politique et religieux de leur pays : « Tout progrès, disait-il, est le fils du temps. »

    […]

    Moins connu en Europe que Bolivar, parce qu’il rechercha moins que lui les éloges de ses contemporains, San-Martin est aux yeux des Américains son égal comme homme de guerre, son supérieur comme génie politique, et surtout comme citoyen. Dans l’histoire de l’Indépendance Américaine, qui n’est pas écrite encore, au moins pour la France, il représente le talent d’organisation, la droiture des vues, le désintéressement, l’intelligence complète des conditions sous lesquelles les nouvelles républiques pouvaient et devaient vivre. À chaque année qui s’écoule, à chaque perturbation qu’elle éprouve, l’Amérique se rapproche davantage de ces idées qui étaient le fond de sa politique : - La liberté est le plus précieux des biens, mais il ne faut pas la prodiguer aux peuples neufs. - La liberté doit être en rapport avec la civilisation⁴. Ne l’égale-t-elle point ? C’est l’esclavage. La dépasse-t-elle ? C’est l’anarchie.

    Maximes fécondes que notre pauvre France doit aujourd’hui sérieusement méditer ; car c’est parce qu’elle les a méconnues que l’ère de ses révolutions est toujours ouverte.

    Boulogne-sur-Mer, le 21 août 1850


    1  Diagnostic erroné du médecin, qui, dans l’après-midi, ne sut pas reconnaître la gravité de la situation.

    2  Sur ce point, Gérard se trompe. San Martín était mal à l’aise avec l’anglais, il le lisait, mais sans l’aimer.

    3  Ce « mais » révèle un racisme de classe étranger à San Martín mais fréquent dans la bourgeoisie orléaniste, pour qui l’ouvrier était par nature paresseux et ivrogne. Chez San Martín, cette exigence du travail et de la sobriété s’étendait à toutes les classes sociales. Ses officiers supérieurs en ont su quelque chose.

    4  En 1850, ce mot recouvre ce que nous appellerions développement (politique et socio-économique).

    PARTIE II

    Une enfance et une jeunesse fort peu documentées

    Par un curieux acharnement du destin, fait d’une conjonction d’événements fortuits et de destructions volontaires au gré des circonstances politiques, seul un petit nombre de documents nous sont parvenus sur l’enfance et la jeunesse du général San Martín, carence qui s’est avérée providentielle quand il fallut convertir un homme de chair et de sang en mythe continental.

    José de San Martín est né à Yapeyú en 1778 mais la petite ville, sise dans l’actuelle Province de Corrientes, a été incendiée en 1817 après une incursion du Brésil sur la rive ouest de l’Uruguay. C’est ainsi que son acte de baptême et celui de son frère Justo Rufino ont sans doute disparu à jamais.

    Par la suite, il a vécu la vie discrète d’un simple fils de capitaine à Málaga, en Andalousie. Même si sa précocité a certainement impressionné son entourage, celui-ci ne comprenait aucun de ces dignitaires dont la position sociale aurait justifié qu’on conservât leurs écrits, comme on le fit pour les admirateurs haut placés du jeune Mozart.

    Un peu plus tard, de 1786 à 1789, il a étudié dans ce qui s’appelait alors Seminario Real de los Nobles de Madrid, école supérieure qui préparait les futurs cadres de l’armée. Il est fort probable que les documents relatifs à son séjour dans ces murs aient été détruits lorsqu’à la tête de ce qui était devenu l’École Militaire, on fit le rapprochement, dans la seconde moitié de 1817, entre le petit San Martín, qui avait laissé un si fort souvenir trente ans plus tôt, et le général qui, à l’autre bout du monde, humiliait les armes de Fernando VII, sous le règne duquel mieux valait se montrer prudent.

    On sait aussi que ses papiers militaires d’Espagne ont subi des destructions. Lorsqu’il fut évident que, contrairement à sa demande de congé militaire en août 1811, il n’avait pas rejoint la capitale royaliste du Pérou, il fut porté déserteur. Aussi sa dernière feuille de service et d’autres plus anciennes peut-être furent-elles marquées du sceau de l’infâmie. Et lorsque l’Espagne, bien plus tard, se résolut à reconnaître l’indépendance de ses anciennes colonies, les archivistes auront altéré une nouvelle fois les documents pour en faire disparaître les signes du déshonneur.

    Pour cette première partie de sa vie, le biographe en est donc réduit à analyser le vocabulaire employé par San Martín lui-même, lorsqu’entre les lignes il laisse affleurer sa sensibilité et ses émotions dans ses lettres, et à croiser des bribes d’information provenant d’autres sources, comme celles fournies par la Gazette de Lausanne, qui rapporte les récits que faisaient, dans les salons vaudois et les loges maçonniques, les réfugiés libéraux espagnols, ses anciens condisciples qui gardaient de lui le souvenir d’un enfant brillant et surtout beaucoup plus jeune qu’eux.

    Incorporation dans le régiment de Murcie, juillet 1789

    Ce placet autographe du jeune San Martín, adressé au comte de Bornos, au ministère de la Guerre à Madrid, accompagnait un dossier qui devait contenir une attestation d’hidalguía (premier degré de noblesse), une autre de limpieza de sangre (absence d’ascendance juive ou musulmane) et quelques lettres de recommandation de ses professeurs et sans doute des supérieurs hiérarchiques de son père.

    La procédure habituelle consistait à déposer un épais dossier de candidature au ministère, qui mettait plusieurs mois à l’instruire et la candidature une fois approuvée, il s’écoulait encore beaucoup de temps avant l’incorporation du cadet. Des candidats bien mieux recommandés que lui ont dû patienter près d’un an avant d’entrer dans un régiment qui n’était pas toujours de leur goût. Or, San Martín reçut une réponse datée du 15 juillet 1789 et intégra son régiment le 21. Ce traitement hors normes nous indique donc que, sinon l’armée espagnole dans son ensemble, du moins un certain nombre de hauts responsables comme les capitaines-généraux de Málaga (dont dépendait le père du candidat) et de Cadix (dont dépendait le régiment de Murcie), avaient déjà conscience d’être en présence d’un sujet d’exception, car, si notre héros est bien né en février 1778, ce dont il n’y a pas lieu de douter, il n’a qu’onze ans et demi. Pourtant, les ordonnances royales de 1768 fixaient à douze ans révolus l’âge minimum d’incorporation. De surcroît, dans le dernier tiers du

    XVIII

    e siècle, les cadets n’étaient pas incorporés avant l’âge d’au moins quinze ou seize ans.


    1  Il n’y avait que deux cadets en même temps dans un même régiment. San Martín a trois frères aînés. Seuls les deux plus âgés sont déjà dans l’armée. Justo, d’un an son aîné, entrera comme cadet en 1795, à l’âge plus habituel de dix-huit ans, à la prestigieuse Guardia de Corps, peut-être grâce aux brillants états de service de son puîné.

    2  Les ordonnances royales de 1768 exigeaient que leurs parents subviennent aux besoins des élèves officiers à hauteur d’une somme minimale, à charge pour l’armée de fournir le gîte, le couvert et de pourvoir à la formation militaire elle-même.

    Rapport du combat d’Arjonilla, 23 juin 1808


    1  Son prénom est Juan de la Cruz (saint Jean de la Croix), couramment abrégé en Cruz. Le patronyme Mourgeón révèle l’origine francophone, probablement picarde ou wallonne. Après la restauration de Fernando VII, Mourgeón fut nommé vice-roi de la Nouvelle-Grenade (Amérique centrale). C’est à lui qu’il revint de combattre Bolívar. Il trouva la mort à la bataille de Quito, le 8 avril 1822. En 1821, il s’était apprêté à affronter San Martín, qui croisait alors au large des côtes péruviennes et dont on craignait qu’il s’emparât du port de Guayaquil qui avait rallié la révolution.

    2  Antoine Malet, marquis de Coupigny de Liguereuil (Arras, 1759 - Madrid, 1825), officier célibataire issu d’une vieille famille artésienne, avec une longue tradition d’engagement dans les gardes wallones du roi d’Espagne. En 1789, la famille restée en Artois avait émigré. A titre de comparaison et pour éclairer la carrière de San Martín, notons que Coupigny entra le 26 juillet 1776, à dix-sept ans, aux gardes wallones, en qualité d’enseigne. En dépit d’un lignage ancien et prestigieux, cet excellent officier ne fut promu capitaine que le 5 août 1795, à trente-six ans (source : Histoire des gardes wallones au service d’Espagne, Colonel Guillaume, F. Parent éditeur, Bruxelles, 1858, où il est rapporté, à tort, qu’Antoine Malet passa à Joseph Bonaparte. Il s’agit sans doute d’une confusion avec un des nombreux homonymes).

    3  Napoléon n’avait encore envoyé que des troupes de réserve mal entraînées. Et la guerre de partisans que leur faisaient les Espagnols les terrorisait. Coupigny et Mourgeón ne se sont peut-être pas encore rendu compte qu’ils n’avaient pas affaire à l’élite de l’armée française. À moins qu’ils n’aient voulu amplifier le fait d’armes pour galvaniser la population civile.

    Coupigny à San Martín en 1808 et 1809

    Feuille de services du 6 mars 1809

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