ELLE DÉTESTE que l’on s’extasie sur son âge, a-t-on lu, alors on ne lui dit pas, mais on le pense fort, très fort. Rarement a-t-on vu une personne de 94 printemps aussi alerte et élégante, physiquement comme intellectuellement. A croire que le travail conserve… Maître d’oeuvre, avec Georges Duby, de la colossale Histoire des femmes en Occident (sept volumes publiés entre 1991 et 1992), venue combler un vide abyssal d’une histoire écrite par des hommes avec un regard masculin, Michelle Perrot fourmille en effet de projets. « Il va falloir que je fasse du tri, concède-t-elle, et puis il y a aussi toutes ces préfaces que j’ai acceptées, c’est fini; d’ailleurs, à quoi sert une préface? » Mais on sent bien que la dame a du mal à refuser les sollicitations: ainsi, son 8 mars, Journée internationale des femmes, est-il booké (« Je ne suis pas folle des Journées, cela dit, celle-là a un sens historique, difcile de ne pas y participer »); ainsi, ce livre, Le Temps des féminismes, fruit de 14 entretiens de deux heures avec le journaliste et écrivain Eduardo Castillo, l’un de ses anciens élèves.
Un « petit » livre didactique et pédagogique, propre à éclairer les jeunes générations sur le statut des femmes dans le passé et les incroyables conquêtes féminines de ces cinquante dernières années. « C’est Eduardo qui en a pris l’initiative, nous confie Michelle Perrot, avec cette idée d’un passage aux