Mes joyeuses années au pensionnat: Témoignage
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À propos de ce livre électronique
Combien de fois ne l’avons-nous pas entendue, cette cruelle sentence, cette menace ultime, que ce soit dans des films, dans des romans, mais aussi, parfois, dans « la vraie vie » ?
Et si, finalement, le pensionnat n’était pas tant une punition que ça ? Et si nous dépoussiérions un petit peu nos vieux préjugés ? Des couvents pour jeunes filles de bonnes familles aux instituts de correction, que nous reste-il, à l’heure actuelle, des pensionnats d’antan ? Comment vit-on, au vingt-et-unième siècle, loin du cocon familial et des règles parentales ?
À travers une histoire du pensionnat, l’auteur tente d’y répondre, grâce à son expérience, mais aussi en répondant aux questions que se posent les jeunes et leurs parents embarqués dans l’aventure.
Oui, le pensionnat est moderne et il est même de plus en plus... tendance ! On peut s’y amuser, s’y épanouir et s’y construire des souvenirs impérissables.
Après tout, si le pensionnat n’est pas une punition, c’est peut-être même une forme de récompense...
Histoire, témoignages et souvenirs pour réhabiliter le pensionnat !
EXTRAIT
Il faut également souligner que le pensionnat du vingt-et-unième siècle tend de plus en plus à redorer son blason pour attirer le plus de jeunes possible dans ses institutions. Les missions assignées au pensionnat ne sont plus les mêmes que celles qu’on lui donnait dans le passé où il était considéré comme une structure d’éducation fermée dont le seul but n’était que d’encadrer une certaine jeunesse. Son nouvel aspect est également définit par l’Éducation Nationale de la sorte : « L’internat du XXIe siècle doit offrir un cadre de vie attrayant, structurant avec un vrai projet pédagogique et éducatif permettant d’améliorer la réussite scolaire de l’élève». Nous pouvons expliquer la relance de cette institution selon deux causes : la première est la volonté de changer son image, mais nous avons pu constater que ce n’est pas encore du tout gagné dans l’imaginaire collectif. Peut-être que ce livre, à toute petite échelle, y parviendra un petit peu. Malheureusement, chez beaucoup d’élèves, de parents ou même d’enseignants, la vision du pensionnat comme une institution militaire aux règles pesantes persiste encore et toujours. La seconde raison de ce renouveau dans l’image du pensionnat serait de pouvoir offrir à des élèves dont l’environnement familial est incertain (ce qui est plus fréquent à l’heure actuelle que cela ne l’était dans le passé) un lieu dans lequel ils peuvent s’épanouir scolairement et personnellement. Une fois encore, ce n’est pas si évident, comme nous allons le voir…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mathilde de Jamblinne a passé six ans de sa vie dans un pensionnat... et a survécu ! Aujourd'hui, passionnée d'Histoire et d'histoires, elle consacre ses soirées à la lecture et à l'écriture.
En savoir plus sur Mathilde De Jamblinne
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Avis sur Mes joyeuses années au pensionnat
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Aperçu du livre
Mes joyeuses années au pensionnat - Mathilde de Jamblinne
livre !
Avertissement au lecteur
C’est après six années au pensionnat et le recul de presque dix ans que j’ai décidé de retranscrire ici mes plus beaux souvenirs.
Ce livre ne constitue en aucun cas un « catalogue » de pensionnats et, bien qu’ayant recueilli tous azimuts des témoignages, je ne prétends pas non plus décrire des réalités valables pour tous les établissements. Basé en grande partie sur mon expérience dans un pensionnat de jeunes filles, il se veut rassurant, informatif et, je l’espère, un peu drôle.
S’il peut, d’une quelconque manière, rassurer des parents ou des jeunes, leur donner l’envie de vivre cette expérience, j’en serai ravie. Quoi qu’il en soit, je vous souhaite à tous une très agréable lecture !
Introduction
Février 2003, j’ai à peine 11 ans. Le repas de famille touche à sa fin et, alors que tout le monde sort de table progressivement, mes parents me regardent dans les yeux : « Serais-tu tentée de faire tes études au pensionnat ? » Ouf… Heu… Le pensionnat ? Vraiment ?
J’ai en tête ces mots, tirés de la Guerre des boutons (que je connaissais par cœur et que j’adorais) : « Si tu continues à ne pas être sage, je t’envoie au pensionnat ! » Dois-je donc y voir une menace ? Moi qui avais justement l’impression d’être un peu trop sage… Un délai de réflexion m’est accordé, mais très vite je comprends qu’il faut choisir au plus vite. En effet, la soirée portes ouvertes est prévue à la fin du mois et la liste d’attente est longue ; si je tiens (ou, autre alternative plus réaliste, comme mes parents tiennent) vraiment à entrer au pensionnat l’année prochaine, nous n’avons pas le temps de trainer, d’analyser la situation et de lister les avantages et les inconvénients trop longtemps. Tout au plus, j’ai une semaine pour prendre une décision qui changera radicalement ma vie. Qui dit mieux ?
C’est de cette manière que je fus embarquée, petite jeune fille, un peu malgré moi et avec pour seul argument « mais, tu sais, tous les gens que l’on connait ont adoré cette expérience et ils en gardent de très bons souvenirs » dans une aventure qui se terminera en toute logique le 30 juin 2009, j’ai survécu aux six années de pensionnat, je ne suis pas partie avant la fin, une certaine fierté. Je n’avais pas vraiment eu le choix, j’étais pourtant sage et… je n’ai jamais douté de l’amour que mes parents me portaient.
Février 2013, dix années se sont écoulées, dix ans depuis la fameuse « presque décision », et l’envie de coucher sur papier ce qu’elle a pu engendrer me prend. On organise les traditionnelles retrouvailles, on échange nos souvenirs, on rit, on se surprend à la nostalgie. À cette époque, nous avons vécu un tiers de notre existence ensemble, ce qui représente six années chargées en émotions, ça nous parait important.
Je n’écris pas uniquement un livre de souvenirs, j’aimerais ici aussi retracer brièvement l’histoire du pensionnat, faire le point sur son état actuel (car oui, il est encore « à la mode », il s’est même beaucoup modernisé !), mais aussi faire rêver les moins casaniers d’entre vous avec les pensionnats les plus célèbres de l’Histoire… et de la littérature !
Mais surtout, surtout, évacuer une idée vieille comme le monde et trop souvent entendue, idée qui peut briser plus d’un adolescent : si vos parents décident de vous envoyer au pensionnat, ce n’est absolument pas parce qu’ils ne vous aiment pas… bien au contraire !
Une histoire du pensionnat
L’école était-elle trop loin ?
Contrairement aux idées reçues, le pensionnat ne voit pas son expansion à cause de l’éloignement de l’école et du domicile, bien au contraire. Les écoles étant, pour la plupart, paroissiales, elles se trouvaient donc, de cette façon, à proximité du domicile de leurs élèves : tout le monde fréquentait l’école dite du village et rentrait chaque soir dans ses pénates, aider dans les champs ou au ménage. En revanche, la formation professionnelle immédiate, chez un maître, voit, dès le Moyen-Âge, les prémisses de nos pensionnats modernes. Les maîtres accueillaient en effet chez eux leurs apprentis, et ce pour une semaine, un mois, une année ou le temps complet de l’apprentissage, sans retour au domicile. C’est également, et pour les mêmes raisons, que l’université, qui était au départ une école de formation professionnelle des clercs, va être la source d’implantation des pensionnats. À partir du XIIIe siècle, l’université de Paris crée de nombreuses congrégations permettant aux étudiants de se loger, de se nourrir et de se blanchir afin d’être plus proches de leur lieu d’étude. Ces congrégations deviendront à partir du XVIe siècle les fameux « collèges ». Progressivement, ces collèges « voleront » à l’université ses enseignements et l’ensemble des cours y sera dispensé, l’université ne se contentant plus que de certifier les grades : bacheliers, licenciés… Au XIXe siècle, l’université est réinventée et redevient un lieu total d’enseignement, il est donc difficile de délimiter la notion de pensionnat.
À partir du XVIIIe siècle, l’idée que le pensionnat ne se limite qu’à la formation professionnelle ou universitaire commence à changer, en parallèle à la place de l’enfant au sein de sa propre famille. Ce changement est mis en avant par Rousseau, lorsqu’il pose la question de savoir si oui ou non un enfant doit être élevé par une nourrice en lieu et place de ses propres parents. S’il parait évident que ce débat est houleux, il n’empêche qu’une grande partie des familles bourgeoises continue d’envoyer ses jeunes filles au couvent et ses fils dans des collèges et des lycées privés, en gardant la logique de délégation de l’éducation à des institutions extérieures à la famille. Malgré l’esprit des Lumières et les refontes intellectuelles, on peut également considérer que les XVIIIe et XIXe siècles sont des siècles au cours desquels les « élites » (entendez par là les riches bourgeois et les nobles pas tout à fait dépossédés) tentent de se débarrasser de leurs enfants le plus possible sans hésiter une seule seconde à confier leur éducation – que celle-ci soit religieuse, scolaire, professionnelle ou même encore amoureuse ou sentimentale –, au soin de quelques professeurs et éducateurs externes à la vie de famille. Les pensionnats deviennent alors les lieux où s’effectue cette prise en charge, en dehors du noyau parental, quel que soit le parcours scolaire de l’enfant, qui n’est plus systématiquement et directement plongé dans le milieu professionnel.
Le pensionnat a donc, dans l’imaginaire collectif, une vision négative : il est considéré comme un lieu dans lequel des parents délaissent, pour ne pas dire « abandonnent », leurs enfants au profit d’une éducation qu’ils n’ont ni le temps ni l’envie de leur prodiguer. Les « désastres » causés par cette vie « hors du monde » sont esquissés dans la littérature, comme nous le démontrent les célèbres exemples des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos (un de mes livres de chevet) où la jeune Cécile sort tout ingénue et naïve du couvent dans lequel elle était enfermée jusqu’à ses 16 ans, mais également de La Guerre des boutons de Louis Pergaud, un roman dans lequel le pensionnat est clairement l’endroit que fréquentent les « racailles » du village, ou encore d’Olivia de Dorothy Bussy (sous pseudonyme), qui met en scène la relation particulière entre une adolescente en mal d’amour parental et son enseignante dans un prestigieux pensionnat anglais. Néanmoins, un grand avantage du pensionnat est souvent souligné : le pensionnat, s’il est bon, permet un développement personnel du jeune, il lui donne une identité, un corps, une existence, lui permettant d’appartenir à une communauté et d’affirmer sa personnalité au sein de celle-ci. C’est pour cette raison que peu de pensionnats accueillent des élèves du primaire, des jeunes de moins de 12 ans : c’est principalement durant l’adolescence que le jeune peut s’affirmer et se constituer comme personne à part entière. C’était le cas par l’apprentissage d’un métier dans le parcours professionnalisant, ce le sera par la connaissance de soi-même dans le parcours secondaire traditionnel. Le pensionnat devient donc un lieu privilégié dans lequel peuvent se créer de fortes amitiés, comme c’est généralement le cas dans les universités. Il acquiert une dimension identitaire, bien plus qu’une école secondaire « normale ».
L’histoire du pensionnat est donc liée à l’histoire de l’enseignement professionnel, dans un premier temps, mais également à l’histoire sociale et à l’attitude des familles face à leurs enfants. Néanmoins, il reste évident que pour les enfants issus des milieux plus populaires, qui avaient donc accès sans soucis à l’école paroissiale du village, le pensionnat intervient en cas de dérives conduisant à la délinquance que les parents ne peuvent plus maitriser, contrairement à des professeurs, aptes en raison de leur formation et sévères par leur caractère, qui parviennent à les contenir. Cette troisième histoire du pensionnat, comme lieu d’enfermement (car il s’agit plus de cela que de lieu d’éducation, il faut le reconnaitre), commence dès le Moyen-Âge avec l’émergence des hospices et des prisons, les hôpitaux étant des lieux consacrés à l’enfermement des plus jeunes enfants, et ce, jusqu’au XIXe siècle, ère des colonies pénitentiaires, destinées à réhabiliter les jeunes délinquants. Ses établissements, fleurissant partout en France, étaient fondés sur des principes idéalistes : ils cherchaient à rééduquer les jeunes délinquants en les faisant travailler la terre ou en mer, c’est selon. Néanmoins, ils ont pour triste réputation d’être les ancêtres des bagnes pour enfants. Le célèbre écrivain Jean Genet séjourna de 1926 à 1929 dans la colonie pénitentiaire de Mettray, dans l’Indre-et-Loire, pour ne donner qu’un exemple. Il y est « incarcéré » pour fait de vagabondages, fugues et vols à répétition ; c’est certainement de là que lui vient ses idées de soumission et de domination de la hiérarchie virile.
C’est durant les années 60 que le pensionnat est remis en question et attire de plus en plus souvent de vives critiques. En effet, ces années voient l’arrivée d’une culture et d’une économie de l’enfance et de l’adolescence : la place accordée dans la société à cette tranche de la population devient de plus en plus importante et l’adulte se met à l’écoute à la fois de ses envies et de ses désirs, au détriment parfois d’un intérêt nouveau et pas forcément en faveur du parent. La mixité est l’une des caractéristiques principales de cette école et petit à petit, l’école des filles et l’école des garçons fusionnent en une seule et même école ; le pensionnat, par nature non mixte, devient donc difficile à maintenir, du moins tel quel. Les adolescents revendiquent également des modes de vie et des libertés que des adultes responsables et stricts ne sont plus à même de leur offrir, simplement parce qu’elles leur paraissent totalement ahurissantes : libération des mœurs, bravade des interdits… Le passage de la majorité de 21 ans à 18 ans en 1974 complexifie encore plus la relation entre les adolescents et les adultes… qui sont dès lors plus jeunes !