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Théa, le petit caniche et le vieil homme
Théa, le petit caniche et le vieil homme
Théa, le petit caniche et le vieil homme
Livre électronique121 pages1 heure

Théa, le petit caniche et le vieil homme

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À propos de ce livre électronique

THÉA est une jeune fille très sensible, belle et affectueuse. Elle est curieuse et aime beaucoup rire. Pourtant, elle est confrontée à la dure complexité de sa féminité exacerbée par sa puberté. CÂLINE, le petit caniche, est une petite chienne très drôle, avec un beau pelage tout noir et faisant constamment sentir à ses maîtres son indéfectible attachement. CÂLINE et THEA ne se connaissent pas, mais dans leur confrontation avec ce monde compliqué et brutal, elles partagent les mêmes angoisses et nourrissent les mêmes rêves. Un vieil homme, lui aussi quelque peu rêveur, les raconte.
LangueFrançais
Date de sortie18 juin 2015
ISBN9782312034164
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    Théa, le petit caniche et le vieil homme - Max Labylle

    cover.jpg

    Théa, le petit caniche

    et le vieil homme

    Max Labylle

    Théa, le petit caniche et le vieil homme

    ROMAN

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    Du même auteur

    – Le cœur d’un homme – Éditions NESTOR, 2009.

    – DéKdans – Editions NESTOR, 2010.

    – An ké foutéw Senjanbosko

    (Je te mettrai à Saint-Jean-Bosco) – Éditions NESTOR, 2014.

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03416-4

    Nous rêvons tous d’aimer et d’être aimés.

    Prologue

    Voici l’histoire de Théa, une jeune et belle négresse au teint foncé, avec des cheveux crépus, longs et noirs, très fournis, qui entourent gracieusement l’ovale parfait de son visage souriant. Elle est d’agréable compagnie, sensible et affectueuse.

    Depuis sa prime enfance, elle a connu de graves problèmes de santé qui l’ont fait beaucoup souffrir, d’abord physiquement, mais aussi affectivement. Ceux-ci l’ont éloignée pendant quelque temps, peut-être une trop longue période, de sa famille et de sa mère en particulier. Elle a été retardée, non seulement sur le plan de sa scolarité, mais également dans le registre délicat de son développement psychoaffectif. Elle a dû intégrer une institution spécialisée, en Guadeloupe.

    Pour l’heure, nous sommes au début de son adolescence. Elle a déjà passé plusieurs années au sein de l’institution. Dans cette dynamique nouvelle, qui lui impose de grandir et d’assumer les joies et les contraintes de la socialisation, elle est envahie par des doutes qui alimentent ses rêves et nourrissent ses craintes, comme tout un chacun.

    Cet ouvrage relate aussi, en parallèle, l’histoire d’une petite chienne, un caniche nommé Câline. Lorsqu’elle a été trouvée, elle était sale, affamée, infestée de toutes sortes d’espèces de parasites. Elle errait entre les voitures stationnées dans les parkings de la zone d’habitation entourant la marina de Rivière-Sens. La pauvre s’était égarée dans cette cité de Gourbeyre, une très belle commune au climat doux et frais et aux paysages montagneux verdoyants et fleuris, située dans le sud de la Basse-Terre. Depuis peu, Câline était devenue ce que l’on appelle un chien errant, sans collier et sans maître. Du moins pouvait-on le penser. Pourtant, dans ses yeux se lisait, en plus de la peur, la tendresse d’un être sensible, fidèle et attachant, qui avait été aimé et choyé. Où était donc ce maître prévenant, à présent ? Qu’est-ce qui les avait séparés ?

    Manifestement intelligente, Câline respirait le désir de se sentir aimée. De plus, ses réactions adaptées aux sollicitations les plus courantes, comme venir, s’assoir, se coucher, et sa façon de se tenir proche de l’être humain, témoignaient d’une sociabilité en rupture avec son apparence et sa situation d’errance. Une évidence s’imposait, oui : Câline avait eu un maître ou une maîtresse qui lui avait inculqué ces notions et transmis cette éducation. « Toute maison est forcément construite par quelqu’un… »

    Cette petite chienne a finalement été recueillie et rapidement soignée. Extraordinairement merveilleuse de drôlerie, d’attention et de fidélité, elle a été adoptée. Et c’est à ce moment-là qu’elle a reçu le nom de « Câline ». Mais, dans ces circonstances, l’intégration familiale impose une nouvelle façon de vivre ensemble qui tout à la fois effraie et fait rêver. L’instinct du petit chien lui rend-il la chose plus facile ? En réalité, qu’ils soient perçus par les êtres humains ou par les êtres animaux, ces problèmes, ainsi que leurs vécus, sont identiques. Et pour cause…

    Théa et Câline ne se connaissent pas. Pourtant, leurs aventures ainsi relatées sont symptomatiques de celles d’un pourcentage important de jeunes. À travers quelques épisodes de leurs vies, cette histoire romancée permet au lecteur d’être plongé dans cette problématique psychoaffective et sexuelle qui bouleverse leur émancipation et fait échouer tant de garçons et de filles sur les berges de la vie sociale. Telles de frêles embarcations, à l’instar des jolis canots saintois, ils sont happés par les eaux tumultueuses et secrètes de l’adolescence, pour être ensuite projetés à des vitesses folles vers la béance, à la fois angoissante et attirante, du monde des adultes.

    Intervenant subtilement à un moment de leurs vies, ce récit nous fait connaître qui sont ces deux personnages singuliers. Il établit et souligne leurs ressemblances, à travers des scènes touchantes d’un quotidien respectif dont le cocasse et la poésie de leurs rêveries nous charment.

    Un vieil homme, accablé par le poids de l’âge et marqué par les stigmates résiduaires d’un parcours professionnel inachevé, les connaît. Posté au carrefour de la fonction parentale, là où traverse la grande voie de l’intégration sociale, il a expérimenté la complexité de ces problématiques éducatives et vu le dénuement des parents dont le rôle et la posture sont fondamentaux. Il souligne avec tendresse combien ces deux êtres, d’une nature si différente, sont habités par les mêmes pulsions et les mêmes désirs, rêvant seulement d’aimer et d’être aimés. Ce constat récurrent, mêlé à bien d’autres souvenirs de sa vie, est vécu avec une telle intensité que le vieil homme en est tout bouleversé.

    Parfois, ses longues et tranquilles journées lui permettent de savourer toute la délicate nonchalance du temps. Il pense alors à ces âmes si fragiles et s’interroge à propos de leurs évolutions. Il lui arrive même d’en rêver.

    Dans un récit fleuri et fruité, sans intrusion inutile, il les raconte.

    Épisode 1. L’émancipation

    Cela fait déjà plus d’une année que Théa est placée dans cette école, une belle et imposante institution qui accueille plus d’une centaine de jeunes filles et garçons, âgés de six ans jusqu’à l’âge adulte. L’endroit est magnifique, l’ensemble d’édifices trônant fièrement au beau milieu d’une propriété arborée. La densité des arbres plantés est telle que de la route nationale, pourtant à une centaine de mètres, aucun des nombreux bâtiments n’est visible. Sous la douce insistance des Alizés se mêlent avec bonheur, au parfum des gommiers rouges, des senteurs de mangue, de surelle et de pomme cannelle, que seuls viennent supplanter, avec une régularité de clocher, les effluves épicés de la cuisine centrale. L’écarlate vif des flamboyants fleuris confère au domaine l’allure d’une fête permanente où la grande place centrale, un vaste carré gazonné, avec des haies de croton et des bancs, vous souhaite la bienvenue.

    C’est un espace subtilement organisé autour d’un arbre gigantesque. Il semble confirmer un lien pédagogique fort entre plusieurs services qui y accèdent directement. L’école, par exemple, mais aussi le hall réservé aux activités sportives et aux divers ateliers d’expression corporelle. Un troisième côté est occupé par le bâtiment administratif dans lequel logent les lieux de soins médicaux et paramédicaux.

    Cette place invite à l’unité et aux échanges. Quant à l’arbre, avec ses branches à l’envergure démesurée, il accueille et transmet à celui qui arrive un fort sentiment de sécurité et de protection. On dirait une matrone affectueuse et souriante, fumant la pipe ou le calumet de la paix. C’est un lieu de palabres et d’humour.

    Théa avait beaucoup aimé cet endroit, lors de sa première visite. Elle n’avait jamais vu un tel arbre, si grand, avec un tronc si imposant !

    – Manman ! Manman ! Gadé gwosè a pyébwa-la{1} ! s’était-elle exclamée.

    D’autant que ce jour-là, avec les feuilles vertes, la brise complice interprétait sans discontinuer des morceaux pour sillac{2} et maracas. De temps à autre, des feuilles desséchées se détachaient et lentement, tourbillonnant sur elles-mêmes tels des drones, venaient sans bruit se poser sur le gazon. Théa, rêveuse, cherchait à les voir toutes. Elle les suivait du regard. Elle s’imaginait ces guirlandes de Noël qui, le soir, dans les rues de sa ville, offrent à l’émerveillement des enfants des pluies de lumières colorées. Mais elle eut aussi cette sensation poignante d’un arbre qui pleurait. Elle était alors intriguée. « Pourquoi un si bel arbre, fort de surcroît, pleurait-il ? Il est planté là comme une mère ! » songeait-elle.

    Longtemps après, Théa a continué de se demander si ces larmes étaient causées par la tristesse ou si c’étaient des larmes de joie…

    Théa a intégré le groupe des plus petits, l’Institut médico-pédagogique, ce pôle éducatif qui accueille de six à quatorze ans. Au début de son placement dans cet institut, en qualité d’interne du fait de l’éloignement de son domicile familial, Théa avait éprouvé de grosses difficultés d’adaptation à la vie institutionnelle. Il faut dire qu’elle n’avait jamais été séparée de sa famille, si ce n’était pour les nombreuses hospitalisations subies depuis sa plus tendre enfance. De plus, l’internat lui imposait un vivre ensemble, une communauté de vie et donc un certain partage de son intimité, non seulement avec d’autres enfants, d’autres jeunes filles pas toujours du même âge qu’elle, mais également avec des adultes qu’elle ne connaissait pas.

    Ainsi, lorsqu’elle a intégré son groupe de vie, durant presque tout le premier trimestre, les deux moments récurrents les plus cruciaux de sa vie étaient le matin au réveil et en fin de journée, après l’école. Ces moments-là étaient ceux de la toilette collective, là où elle devait se doucher et

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