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Baiser glacé: Dans l’Univers des Trylles...
Baiser glacé: Dans l’Univers des Trylles...
Baiser glacé: Dans l’Univers des Trylles...
Livre électronique316 pages4 heures

Baiser glacé: Dans l’Univers des Trylles...

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À propos de ce livre électronique

La guerre guette la tribu des Kanins et Bryn Aven se trouve au coeur du conflit. Au coeur de la société, la méfiance s’installe et la tension monte. Konstantin Black s’est échappé et les familles royales sont en péril. Leur plus grand ennemi? Viktor Dålig, qui cherche à assouvir sa vengeance. Bryn a juré de traduire en justice Konstantin, l’homme pour qui elle a éprouvé un jour des sentiments et qu’elle voudrait ne pas tant aimer. Mais Konstantin est intelligent et avant d’être un traître, il a été un traqueur. Et plus Bryn s’approche de lui, plus elle remet en question sa culpabilité, au détriment de sa relation naissante avec Ridley. Bryn remet tout ce qu’elle sait en doute, pour découvrir que si elle ne se méfie pas, elle pourrait très bien causer sa propre perte.
LangueFrançais
Date de sortie17 juil. 2015
ISBN9782897527099
Baiser glacé: Dans l’Univers des Trylles...
Auteur

Amanda Hocking

Amanda Hocking lives in Minnesota, had never sold a book before April 2010 and has now sold over a million. According to the Observer, she is now 'the most spectacular example of an author striking gold through ebooks'. Amanda is a self-confessed 'Obsessive tweeter. John Hughes mourner. Batman devotee. Unicorn enthusiast. Muppet activist.' Her books include the Trylle Trilogy, the Watersong series and the Kanin Chronicles.

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    Aperçu du livre

    Baiser glacé - Amanda Hocking

    Éloges pour Amanda Hocking

    « Amanda Hocking fait mouche… Elle sait comment garder le lecteur accroché jusqu’à la dernière page. »

    New York Times Book Review

    « Éveil plaira aux amateurs et saura certainement en attirer de nouveaux… L’histoire bien structurée et les personnages forts portent le lecteur. »

    Publishers Weekly

    « C’est évident qu’Amanda Hocking sait comment raconter une bonne histoire et garder le lecteur accroché. Tout adepte en voudra assurément plus dès qu’il aura tourné la dernière page. »

    Kirkus Reviews

    « Rempli de mystère, de personnages vraisemblables et d’action, Éveil est le prochain best-seller. Un livre qui mérite d’être lu. »

    RTBOOKREVIEWS

    « Le roman d’Amanda Hocking raconte une histoire où se marient mythe et vie adolescente. L’école, la famille, l’amour et la mythologie sont combinés pour créer un récit de suspense paranormal facile à lire, dont les adeptes attendront la suite avec impatience. »

    Booklist

    « Amanda Hocking a un don pour raconter des histoires captivantes. Les lecteurs en redemanderont. Palpitant. »

    Library Thing

    « Explosif et intéressant… une belle histoire où se mêlent mythologie et personnages attachants. J’ai adoré. »

    The Teen Bookworm

    « Brillant et plein d’imagination ! Éveil est rempli de suspense et de mystère… Difficile d’arrêter de le lire. »

    The Book Faery

    « Réaliste et vivant. Une nouvelle série qui ravive notre amour pour la mythologie aquatique. Éveil, d’Amanda Hocking, vous donnera certainement envie de lire ses autres romans. »

    A Cupcake and a Latte

    « Une histoire étonnante, à la fois magnifique et explosive. Je suis emballée par les personnages remarquables et l’intrigue pleine d’action. Un récit aquatique dans lequel le lecteur plongera ; Éveil est génial ! »

    Books with Bite

    « Divertissant et étonnamment sombre. Amanda Hocking a su me captiver avec sa plume et le monde qu’elle a créé. »

    Millie D’s Words

    « Amanda Hocking insuffle une bouffée d’air frais dans l’univers de la littérature paranormale pour jeunes adultes. »

    That Bookish Girl Blog

    « Amanda Hocking est une auteure dont les talents de conteuse s’améliorent continuellement. »

    Bewitched Bookworms

    « Amanda Hocking dépasse toutes mes attentes. »

    Smart Bookworms

    Copyright © 2015 Amanda Hocking

    Titre original anglais : The Kanin Chronicles: Ice Kissed

    Copyright © 2015 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

    Cette publication est publiée en accord avec St. Martin’s Press, New York, NY

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Traduction : Patrick Moisan (CPRL)

    Révision linguistique : Féminin pluriel

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Catherine Vallée-Dumas

    Conception de la couverture : Matthieu Fortin

    Photo de la couverture : © Mike Heath

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89752-707-5

    ISBN PDF numérique 978-2-89752-708-2

    ISBN ePub 978-2-89752-709-9

    Première impression : 2015

    Dépôt légal : 2015

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque Nationale du Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7

    Téléphone : 450-929-0296

    Télécopieur : 450-929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Canada : Éditions AdA Inc.

    France : D.G. Diffusion

    Z.I. des Bogues

    31750 Escalquens — France

    Téléphone : 05.61.00.09.99

    Suisse : Transat — 23.42.77.40

    Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

    Imprimé au Canada

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Hocking, Amanda

    [Ice Kissed. Français]

    Baiser glacé

    (Les chroniques du Royaume kanin ; 2)

    Traduction de : Ice Kissed.

    Pour les jeunes de 13 ans et plus.

    ISBN 978-2-89752-707-5

    I. Moisan, Patrick . II. Titre. III. Titre : Ice Kissed. Français.

    PZ23.H623Ba 2015 j813’.6 C2015-940910-1

    Conversion au format ePub par:

    www.laburbain.com

    un

    * * *

    Rétention

    L es flocons pinçaient mon visage. Je fermai les yeux en baissant la tête et en encourageant Bloom à accélérer. Même s’il était le plus gros cheval tralla de Doldastam, Bloom était étonnamment rapide, et ses lourds sabots s’enfonçaient dans la neige près des murs de pierre qui entouraient la ville.

    Mon mal de tête était revenu, une douleur sourde provenant de l’entaille à la naissance de mes cheveux, sur ma tempe droite, une entaille refermée par six points de suture. Je tâchai d’ignorer la douleur, comme chaque fois qu’elle s’était manifestée au cours des deux derniers jours, puis j’agrippai plus fort les guides de Bloom.

    Tard hier soir, Ridley Dresden et moi étions revenus de notre mission dans la capitale de la tribu des Skojares, Storvatten. Nous avions été relevés de nos fonctions, puisque la mission avait été jugée terminée, mais je n’étais pas de cet avis. Konstantin Black s’était échappé, et la reine que nous devions retrouver était toujours manquante.

    Tous les membres de la famille royale s’étaient résignés à l’idée que la reine Linnea Biâelse puisse être morte, probablement tuée avant même que Ridley et moi arrivions à Storvatten. Personne ne nous avait tenus responsables de sa disparition. En fait, le beau-frère de la disparue, le prince Kennet Biâelse, nous avait raccompagnés à la porte du palais, semblant préoccupé par la possibilité que nous nous jugions trop durement pour cet échec.

    Dans le majestueux hall du palais de Storvatten, avec ses parois de verre givré dont la forme créait l’illusion d’être au centre d’un tourbillon de vagues, Kennet s’était tenu avec nous près de la porte.

    — Je suis vraiment désolée que nous n’ayons pas pu en faire plus, avais-je reconnu à regret avant notre départ.

    — Vous avez fait tout ce que vous pouviez, m’avait répondu Kennet en me regardant de ses yeux bleus étincelants comme des joyaux, avant de pousser un long soupir tandis que ses branchies s’ouvraient sous son menton.

    Il m’avait pris les mains, et bien que je fusse surprise par la chaleur et la force de ses grandes mains, j’étais trop engourdie pour totalement percevoir ce contact. L’échec de la mission m’avait laissée abattue et affolée. Et après l’attaque que j’avais subie le soir précédent, mes idées étaient toujours troubles derrière un rideau de brouillard et de douleur.

    — Ne soyez pas trop dure envers vous-même, Bryn, avait dit Kennet d’une voix grave comme le grondement du tonnerre. Vous êtes meilleure que vous ne le croyez.

    — Nous devrions partir si nous voulons être revenus à Doldastam pour la tombée de la nuit, avait dit Ridley.

    — Oui, bien sûr, avait dit Kennet en souriant faiblement et en lâchant mes mains, visiblement à contrecœur.

    Je m’étais efforcée de lui rendre son sourire, mais je n’y étais pas arrivée dans mon état.

    Ridley avait tenu la porte ouverte pour moi, et nous étions sortis du palais de verre tandis que Kennet nous criait :

    — J’espère vous revoir. Vous serez toujours bienvenus ici.

    Je n’avais pas répondu, parce que je n’avais pas l’intention de revenir un jour à Storvatten ni au palais. Comme Linnea et Konstantin avaient disparu, je n’avais plus aucune raison de le faire.

    Au moment de quitter Storvatten, mes souvenirs de l’évasion de Konstantin étaient toujours flous. En raison de ma blessure, j’éprouvais de la difficulté à réfléchir ou à me souvenir des incidents qui avaient mené quelqu’un à me frapper la tête contre le mur de pierre du donjon.

    Avant notre départ, Ridley avait fouillé la cellule de Konstantin, dans l’espoir de trouver quelques cheveux ou un bout de tissu qui nous aurait permis de le traquer, mais Konstantin était intelligent. Bien avant de devenir un traître de la tribu des Kanins, il avait été traqueur. Il connaissait nos méthodes de travail et n’avait laissé aucune trace derrière lui, empêchant ainsi Ridley de déterminer sa position. Il nous était impossible de savoir où il était allé.

    Durant le long voyage de retour, Ridley avait conduit, et j’étais restée assise, la tête appuyée contre la vitre froide de la portière du VUS, pour essayer de remettre de l’ordre dans mes pensées.

    J’avais révélé la vérité à Ridley sur la fuite de Konstantin. Je lui avais raconté que j’étais descendue dans le donjon pour raisonner Konstantin et pour tâcher de comprendre ce qui était arrivé à la reine Linnea. Je lui avais dit que Konstantin était déjà sorti de sa cellule à mon arrivée. Je lui avais raconté qu’on m’avait attaquée et que Konstantin s’était enfui. Mais j’avais omis un détail important : ce n’était pas Konstantin qui m’avait frappé la tête contre le mur jusqu’à ce que je m’évanouisse.

    C’était Viktor Dålig.

    Quinze ans auparavant, Viktor avait tenté de renverser le roi de la tribu des Kanins, le roi Evert, tuant le père de Ridley par le fait même. Depuis cette tentative de coup d’État, personne n’avait plus entendu parler de lui et personne ne l’avait revu.

    Puis, il avait surgi de l’ombre dans le donjon de Storvatten pour aider Konstantin Black à s’évader.

    Je savais que je devais tout révéler à Ridley, mais j’étais terrifiée à l’idée que ma mémoire me joue des tours. Mes souvenirs de l’attaque étaient toujours flous. Et si mon traumatisme crânien me faisait voir le visage de Viktor, alors qu’il n’avait jamais été là ?

    Et maintenant, sur le dos de Bloom, sous la neige qui tombait du ciel, poussant mon cheval à aller plus vite, comme si je pouvais échapper à la vérité, je compris que ce qui m’effrayait le plus, c’était que mes souvenirs soient exacts. Que Viktor Dålig ait été là, dans le donjon, et que je n’aie pas réussi à l’arrêter. J’avais laissé les deux plus grands ennemis de notre royaume s’échapper.

    deux

    * * *

    Concession

    L e roi nous tournait le dos et se réchauffait les mains près du feu crépitant dans le foyer. Une vague de froid traversait le royaume, et même dans le palais, je pouvais entendre le vent glacial souffler contre les murs de pierre.

    Nous attendions tous en silence que le roi Evert Strinne prenne place au bout de la table, à côté de sa femme, la reine Mina. La reine était assise droite dans son fauteuil, tandis que Ridley et moi étions assis en face d’elle, à l’autre extrémité de la longue table. Elle regardait dans notre direction, mais semblait fixer un point derrière nous.

    Normalement, elle agissait avec une certaine douceur en se penchant en avant, comme si elle s’intéressait vraiment à ce que disaient ses interlocuteurs. Elle nous regardait chaleureusement avec ses yeux gris. Mais aujourd’hui, elle donnait l’impression d’avoir laissé le froid s’ancrer profondément en elle. Elle restait assise dans son siège, immobile, avec une cape de fourrure blanche sur ses minces épaules.

    — Alors, dit enfin le roi Evert en se retournant.

    Il portait un blazer noir fait d’un tissu légèrement chatoyant sur lequel la lumière des flammes semblait danser tandis qu’il s’approchait de son fauteuil à haut dossier.

    — Je devine, en voyant la blessure de Bryn, que les choses ne se sont pas bien passées à Storvatten, dit le roi.

    Je baissai la tête, espérant que mes cheveux blonds tombent suffisamment en avant pour cacher l’ecchymose sur ma tempe, mais l’horrible tache violette s’étendait jusqu’à mon sourcil. Elle était difficile à cacher. Heureu­sement, le pire de ma blessure était invisible, sous mes cheveux. Les points de suture avaient refermé la profonde entaille, et mes cheveux masquaient l’enflure.

    — Les choses auraient pu mieux se dérouler, admit Ridley. Mais dans l’ensemble, ce n’était pas si mal.

    — Evert a parlé au prince Kennet au téléphone hier, avant votre arrivée à Doldastam, dit Mina avec le léger accent britannique qu’elle adoptait en certaines occasions, généralement pour impressionner les dignitaires ou d’autres membres de la famille royale en visite. Nous savons exactement comment les choses se sont déroulées à Storvatten.

    Je me raidis sur ma chaise en redressant instinctivement les épaules, mais je gardai un visage impassible. Même si j’étais déçue de ma performance, je savais également que l’échec à Storvatten n’était pas uniquement ma faute. Les Skojares avaient des mesures de sécurité inadéquates, sans parler de leur prison mal surveillée.

    Le roi Evert leva la main pour faire signe à sa femme de se taire, et les diamants sur ses anneaux de platine étincelèrent dans la lumière.

    — Je veux que vous me disiez comment vous croyez que les choses se sont passées, dit-il.

    — Eh bien, fit Ridley en changeant de position et en s’éclaircissant la gorge. Nous avions pour mission de retrouver la reine des Skojares, qui avait disparu, mais tous nos efforts visant à recueillir des renseignements se sont butés à des restrictions. Le prince a refusé de nous en dire plus ou de nous laisser parler aux témoins potentiels.

    Mina leva le menton avec arrogance, et son regard dur se posa sur nous.

    — Je ne savais pas que le prince avait autant de pouvoir, dit-elle.

    — Il recevait ses ordres du roi, mais nous n’avons été en contact qu’avec le prince, qui dirigeait nos efforts, expliqua Ridley. Nous avons effectué des recherches dans la région pour trouver des éléments de preuve qui auraient pu nous permettre de déterminer ce qui était advenu de la reine, et c’est à ce moment que Bryn et un ambassadeur des Trylles ont réussi à appréhender Konstantin Black et Bent Stum.

    — Vous avez arrêté Konstantin ? fit le roi Evert en m’évaluant du regard, visiblement impressionné pendant un instant.

    — Oui, répondis-je. Je l’ai maîtrisé pour ensuite le ramener au palais, où il a été emprisonné dans le donjon, tout comme Bent Stum.

    — D’après ce qu’on m’a rapporté, Bent s’est suicidé ? demanda Evert.

    — Oui. Nous croyons qu’il s’est enlevé la vie peu après avoir été placé en détention, répondit Ridley. Plus tard, Bryn est descendue au donjon pour interroger Konstantin, pour constater qu’il était sorti de sa cellule. Il l’a attaquée et l’a assommée avant de prendre la fuite.

    — Ce…, dis-je en inspirant profondément et en m’apprêtant à voir la réaction des autres. Ce n’est pas tout à fait ainsi que les choses se sont passées.

    Du coin de l’œil, je vis Ridley se tourner vers moi, mais je ne le regardai pas, préférant garder mes yeux braqués sur le roi.

    — Oh ? dit le roi Evert en se redressant. Que s’est-il passé exactement ?

    — Je suis descendue pour interroger Konstantin, et il avait déjà réussi à sortir de sa cellule. C’est vrai. Mais je n’avais pas remarqué la présence d’une autre personne. J’ai compris trop tard que Viktor Dålig était là.

    Mina inspira brusquement, et Ridley jura à voix basse. Le roi Evert parut décontenancé pendant une seconde, puis il me regarda en plissant les yeux.

    — Viktor Dålig ? dit le roi Evert. Vous en êtes certaine ?

    — Je suis la formation de traqueuse depuis que j’ai douze ans, répondis-je. J’ai vu son visage sur l’avis de recherche des centaines de fois. Je suis certaine que c’était lui.

    Evert se détourna en tripotant les bagues à ses doigts et en réfléchissant, le regard perdu. La reine avait la même expression que si elle avait reçu un coup de poing au ventre. Ridley avait posé les poings sur la table, et il respirait par saccades.

    — Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ? demanda enfin Evert, sans me regarder.

    — Viktor m’a frappé la tête plusieurs fois sur le mur de pierre du donjon, répondis-je. En revenant à moi, je n’arrivais pas à me souvenir avec exactitude de ce qui s’était passé et je voulais être absolument certaine avant de dire quoi que ce soit.

    Evert se retourna pour me regarder et posa ses yeux sombres sur moi.

    — Et vous en êtes certaine, maintenant ?

    — Oui, j’en suis certaine, répondis-je avec sincérité.

    — Il a dit quelque chose ? demanda Evert.

    — Il a simplement ordonné à Konstantin de me tuer, et comme Konstantin n’a pas agi assez rapidement, Viktor m’a attrapée et m’a attaquée.

    — Cela change tout, dit Evert en poussant un long soupir. Nous devons nous préparer à aller en guerre.

    — Une décision qui repose sur les dires d’une traqueuse qui a subi un traumatisme crânien ? s’écria Mina, incrédule, tandis que je me hérissais.

    — Viktor Dålig a déjà tenté de m’assassiner, dit le roi Evert. Il est en fuite depuis plus de dix ans. Depuis, nous ne savons pas ce qu’il a pu tramer, mais s’il travaillait avec Konstantin Black, nous devons supposer qu’il est plus dangereux que jamais. Je ne lui laisserai pas une seconde chance de tenter de me tuer.

    — Ce sont là des suppositions, dit Mina en secouant la tête. Vous ne pouvez pas vous préparer à partir en guerre en vous fondant sur des suppositions, d’autant plus que nous ne savons pas contre qui nous irions en guerre ni où l’ennemi pourrait se trouver.

    — Mina, j’apprécie vos conseils, mais sur cette question, ma décision est prise, dit Evert d’un ton ferme. Nous trouverons Viktor Dålig, et nous l’écraserons. La décision est définitive.

    Mina baissa les yeux, posa les mains sur ses cuisses et n’ajouta rien. Evert se leva en disant qu’il voulait consulter ses conseillers et qu’il ferait bientôt appel à Ridley. Si nous partions à la guerre, Ridley devrait demander aux traqueurs de se préparer à jouer le rôle de soldats.

    Dès qu’on nous donna congé, Ridley se leva et quitta la salle de réunion en coup de vent. Je lui emboîtai le pas, mais il était visiblement en colère et marchait à grandes enjambées. Il me fallut un certain temps pour le rejoindre.

    — Ridley, attends, fis-je en le suivant dans le couloir du palais, qui était vide, à l’exception de quelques domestiques aux mains pleines de produits de nettoyage.

    Il se retourna brusquement en me fixant de ses yeux sombres enflammés, les lèvres pincées. Je ne pus m’empêcher de penser au regard embrasé d’une tout autre flamme qu’il m’avait lancé, quelques jours plus tôt, quand il m’avait prise dans ses bras pour m’embrasser passionnément.

    Mais le désir qui l’habitait alors avait maintenant disparu, remplacé par une colère à peine contenue.

    — Tu aurais dû me le dire, Bryn.

    — Je n’étais pas certaine…

    — Ce sont des conneries, rugit-il, ce qui me fit tressaillir, tandis que les domestiques au bout du couloir nous lançaient des regards avant de s’éloigner à la hâte. C’est peut-être pour cette raison que tu n’as pas tout dit au roi immédiatement, mais tu aurais dû me mettre au courant.

    — Je suis désolée, fis-je, ne sachant pas quoi dire d’autre.

    Il passa une main dans ses cheveux sombres en détournant le regard et en serrant les dents.

    — Je sais que les choses sont… compliquées entre nous depuis un certain temps, mais ce n’est pas une excuse pour me cacher ce détail.

    — Ce n’est pas pour cette raison que je ne t’ai pas tout dit, répliquai-je rapidement pour tenter de le raisonner. Je devais m’assurer de ce que j’avais vu. Je ne voulais pas annoncer quelque chose d’aussi grave sans en être absolument certaine.

    Ridley m’adressa un petit sourire sinistre.

    — Et tu as cru qu’il valait mieux me surprendre avec ce genre de renseignement durant une réunion avec le roi et la reine ?

    — Non, je… je ne sais pas à quoi j’ai pensé. J’ai merdé. Je suis désolée.

    Et c’était vrai. Dernièrement, les choses étaient devenues très compliquées, et je n’arrivais plus à penser clairement, surtout quand il était question de Ridley.

    — Non, dit Ridley en levant les mains et en faisant un pas en arrière. Je ne veux pas de tes excuses, Bryn. Et je crois que nous devrions nous tenir loin l’un de l’autre pour le moment.

    — Ridley, fis-je faiblement, sans pouvoir en dire plus.

    Il tourna les talons et s’éloigna, le bruit de ses pas se répercutant dans le couloir désert tandis que mon mal de tête revenait me tenailler. Je me sentis plus seule que je ne m’étais sentie depuis longtemps.

    trois

    * * *

    Milice

    D ès que j’entrai dans la salle de sport, les bruits des machines d’entraînement se turent, et je pus sentir les regards se braquer sur moi tandis que la porte se fermait en grinçant dans mon dos. J’avais l’habitude de me faire remarquer à Doldastam, en raison de mon apparence de Skojare, puisque mes cheveux blonds et mon teint pâle avaient toujours détonné par rapport au teint basané et aux cheveux foncés des Kanins. Mais cette fois, c’était anormal.

    Comme le roi avait officiellement déclaré la guerre à Viktor Dålig, à Konstantin Black et à tous leurs associés hier après-midi, l’école des traqueurs avait été transformée en camp d’entraînement militaire.

    Les changements s’étaient opérés rapidement et calmement dans la ville. En me rendant à l’école des traqueurs à pied sous la neige et le vent, j’avais remarqué que des Högdragens montaient la garde devant les maisons, deux pour les résidences des markis et marksinnas importants et un pour les familles moins en vue. Dans les quartiers moins bien nantis, un garde suffisait pour tout un pâté de maisons.

    Même la salle pleine de traqueurs semblait différente. Certains se tenaient en rangées pour écouter l’instructeur, d’autres faisaient des tours de piste à la course et d’autres encore s’exerçaient au combat. Hier, ils n’étaient que de simples traqueurs, mais aujourd’hui, ils étaient des soldats qui se préparaient à la guerre contre un ennemi qu’ils risquaient bien de ne jamais voir.

    Tous ces changements s’étaient produits à cause de moi et de ce que j’avais révélé au roi, parce que j’avais laissé Viktor Dålig et Konstantin Black me filer entre les doigts une fois de plus. C’était pour cette raison que tout le monde me regardait. Je pouvais lire sur les visages le respect, le scepticisme ou l’irritation.

    Ember Holmes s’avança entre les traqueurs qui s’exerçaient au combat. Ses cheveux bruns en queue de cheval bondissaient dans son dos, des cheveux pleins de sueur qui collaient à sa peau de couleur olive.

    Elle avait du ruban sur les poings, mais ses jointures étaient rouges et l’une d’elles saignait. Pour compenser sa petite taille, Ember se battait avec deux fois plus de vigueur que les autres. J’étais certaine qu’elle avait donné beaucoup de fil à retordre à son adversaire.

    — Vous n’avez jamais vu une

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