Le retour du chêne vert
Par Benjamin Faucon
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À propos de ce livre électronique
Benjamin Faucon
Né en 1983, Benjamin Faucon vit en Montérégie avec sa femme et ses enfants. Diplômé en histoire de l’art de l’Université Bordeaux Montaigne, il s’est consacré à l’écriture dès la fin de ses études. Ses deux premiers romans ont été publiés en Europe. Il a par la suite opté pour l’autoédition de ses six romans suivants. Après un passage par la littérature jeunesse, il s’est consacré entièrement au genre du roman à suspense. Ce choix fut confirmé en 2013 par la signature d’un contrat avec les Éditions AdA pour la série La théorie des géants.
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Aperçu du livre
Le retour du chêne vert - Benjamin Faucon
Copyright © 2016 Benjamin Faucon
Copyright © 2016 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : Féminin pluriel
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Émilie Leroux
Conception de la couverture : Mathieu C. Dandurand
Photo de la couverture : © Thinkstock
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier 978-2-89767-602-5
ISBN PDF numérique 978-2-89767-603-2
ISBN ePub 978-2-89767-604-9
Première impression : 2016
Dépôt légal : 2016
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives nationales du Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
Téléphone : 450 929-0296
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Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Faucon, Benjamin, 1983-
Les incroyables et périlleuses aventures de Gabriel Latulippe
Sommaire : 3. Le retour du chêne vert.
Pour les jeunes de 10 ans et plus.
Également publié en formats électroniques.
ISBN 978-2-89752-602-5 (vol. 3)
I. Faucon, Benjamin, 1983- . Retour du chêne vert. II. Titre.
PS8611.A84I52 2015 jC843’.6 C2015-941170-X
PS9611.A84I52 2015
Conversion au format ePub par:
Lab Urbainwww.laburbain.com
À tous les amoureux et défenseurs de la nature.
1
Les technocrates contre-attaquent
D eux longs mois s’étaient écoulés depuis la cinglante défaite encaissée par les technocrates. La région de Broma continuait de vivre loin du joug des sbires de Rosenberg, mais la menace demeurait omniprésente.
Chaque jour, Rudy observait la carte de son empire industriel et subissait toujours le même affront : un drapeau autre que le sien figurait dans le nord de son empire industriel. Après avoir ruminé contre le sort qui s’acharnait contre lui, il retourna dans son bureau pour s’atteler à la création de nouvelles abominations mécaniques.
Ce matin-là, un tout nouveau projet l’obnubilait. Les lignes de calculs s’entassaient les unes sous les autres et de vagues croquis agrémentaient ses notes représentant des machines militaires toute plus folles les unes que les autres. Les récentes taxes avaient renfloué les caisses de l’État, et il pouvait dès à présent planifier sa vengeance. Celle-ci serait terrible et sans merci !
— Gilbert, dans mon bureau ! cria-t-il dans une corne de cuivre fixée sur un meuble de noyer.
Une trentaine de secondes plus tard, un majordome fit son entrée dans la pièce, à bout de souffle, grimaçant encore sous le coup de l’effort.
— Vous êtes en retard ! déclara Rudy d’un ton sec.
Visiblement habitué aux remarques désobligeantes de son employeur, le serviteur n’en fit pas cas et se contenta d’attendre de recevoir des ordres en se tenant aussi droit que possible. Toutefois, la fatigue provoquait d’incessants tremblements dans ses membres et faisait claquer ses dents.
— Amenez-moi maître Carsisberg.
Le visage du valet se tira subitement. Le nom du fabricant d’armes ne suscitait qu’effrois et malheurs dans l’empire. Depuis l’avènement de Rosenberg sur la plus haute marche du pouvoir, Carl Carsisberg multipliait les créations les plus farfelues, ne se souciant pas un seul instant de leur impact sur l’environnement. Toutes ces aberrations étaient bien entendu tues par les technocrates qui s’efforçaient par tous les moyens possibles d’assouvir les besoins du peuple. Jusque-là, aucun citoyen n’avait découvert le pot aux roses et le calme régnait dans l’empire.
— Ah, et avant de disparaître de ma vue, apportez-moi un quadruple espresso ! ordonna Rosenberg en poussant un soupir. Et cette fois, n’en renversez pas la moitié en chemin ! lui cria-t-il alors que le domestique quittait la pièce au pas de course.
Aucun de ses employés ne lui donnait entière satisfaction, s’il le pouvait, Rudy créerait des doubles de sa propre personne pour se faire servir, mais cette possibilité n’était pour l’instant qu’un des nombreux rêves qu’il couvait secrètement.
Il attendit en trépignant que le domestique réapparaisse en portant un plateau pour jeter un regard suspicieux sur la boisson qui lui était servie. Il observa la pellicule mousseuse qui flottait sur la surface du nectar noir et sourcilla. Ses deux narines entamèrent un ballet disgracieux, puis satisfait de l’odeur qui emplissait la pièce, il saisit la tasse et s’avança d’un pas lent vers les fenêtres.
Il s’arrêta devant les volets.
— J’attends ! se contenta-t-il de dire.
Le domestique accourut et ouvrit les fenêtres avant de s’éclipser en se faisant le plus petit possible.
Rudy inspira profondément l’air frais en affichant un large sourire, mais fut pris d’une violente quinte de toux. La tasse lui échappa des mains et le café, si épais soit-il, se répandit sur le sol.
Lorsqu’il se redressa, il fit face au fruit de ses créations : une vision apocalyptique d’un monde courant à sa perte. L’atmosphère tout entière n’était qu’un épais nuage noirâtre qui flottait au-dessus des bâtiments. Des rouages émanaient de toutes parts, tournant sur eux-mêmes en faisant résonner d’incessants cliquetis métalliques.
Quelques marchands traînaient leurs carrioles dans la rue, s’arrêtant à tous les mètres pour enlever la couche de suie qui se posait sur leurs vêtements. À leurs côtés, des technocrates tout sourire s’avançaient gaiement sur des trottinettes en bois munies d’étranges moteurs à vapeur. En les observant se déplacer en utilisant une de ses créations, Rudy retrouva le sourire et admira le paysage.
— Bon, il est temps de songer à la suite des choses ! ricana-t-il en se frottant les mains.
* * *
Carl Carsisberg flatta la barbichette blanchâtre qui pendait au bout de son menton en contemplant la silhouette nébuleuse du soleil. L’astre entamait sa descente dans le ciel qui s’assombrissait de minute en minute, non pas en raison de l’heure tardive, mais de la prolifération des mines de charbon. La houille empestait l’atmosphère, et les nombreuses cheminées crachaient d’épais nuages noirâtres qui se répandaient dans le ciel telle une brume envahissant la surface d’un lac.
Il haussa les épaules, puis regarda son pistolet d’arçon dont le canon se terminait en une trompette disproportionnée. Cet outil de la mort était l’un de ses nombreux enfants. Aussi fou qu’il l’était, il prenait un malin plaisir à regarder les armes qu’il créait comme s’il s’agissait du fruit de sa chair.
— Oh, mon petit, déclara-t-il en flattant le flanc de l’arme, son éminence Rosenberg va me gratifier de nouveaux contrats ! ricana-t-il en dévoilant un sourire carnassier.
Au même instant, le carrosse franchit les portes du palais ministériel pour s’arrêter quelques dizaines de mètres plus loin devant deux immenses portes.
Il descendit les marches en plaquant un mouchoir sur sa bouche et en gardant la visière de son haut-de-forme baissée sur ses sourcils. Il pénétra d’un pas rapide dans la résidence personnelle de Rudy Rosenberg. Celle-ci prenait des allures de château fort. Des gardes lourdement armés étaient postés à chaque intersection de corridors et toutes les allées et venues de visiteurs faisaient l’objet d’âpres et longs contrôles.
Carsisberg traversa les différents postes de garde en suscitant autant les éloges que les craintes. Sa présence en ces lieux ne présageait rien de bon, et les souvenirs de la terrible déroute subie par les forces armées des technocrates ravivaient les pires craintes chez les soldats.
Il étreignit sa carcasse courbée par le poids des années à travers de grands salons dans lesquels s’entassaient les pièces les plus prestigieuses pillées aux quatre coins du royaume. Toutes les œuvres d’art convergeaient vers les appartements privés de Rosenberg, dépouillant les différentes régions de leurs richesses culturelles. Sculptures, peintures et ouvrages anciens remplissaient chacune de ces pièces. Personne n’osait empêcher ce pillage, de peur de finir dans une des geôles de l’empire technocrate. D’ailleurs, plus personne hormis Rosenberg ne semblait porter un quelconque intérêt à l’art, ce qui lui simplifiait grandement la tâche.
Carl pénétra dans le salon du chef des technocrates sans prendre la peine de s’annoncer. Compter parmi les personnalités préférées de l’empereur industriel offrait certains avantages, et il en profitait gaiement.
— Vous m’avez demandé ? s’enquit-il en affichant un sourire tout aussi hypocrite que celui que lui rendait le politicien.
Rudy se leva de son fauteuil en cuir et se dirigea vers une table basse sur laquelle traînait une pile de feuilles. Il les remit en ordre, non sans y jeter un dernier coup d’œil, puis les tendit à son invité.
— J’aimerais que vous fabriquiez ceci pour moi, et ce, dans un délai très court. Bien entendu, votre budget est illimité ! ajouta-t-il en tendant une imposante bourse remplie de pièces d’or.
Le vieillard effectua une courbette, puis saisit le trésor qu’il fit sonner à hauteur de ses oreilles.
— Il n’y a pas de son plus doux que celui d’une bourse bien garnie, s’enthousiasma-t-il en faisant s’entrechoquer les pièces.
Il l’accrocha à sa ceinture, grimaçant sous le poids qui le rapprochait davantage du sol, puis se redressa tant bien que mal. Il s’empara du dossier et le feuilleta avidement, ponctuant sa lecture de brefs raclements de gorge.
— Magnifique… Oh, oh, diabolique… Vous ne serez pas déçu ! conclut-il en refermant le dossier.
— J’en suis certain, rétorqua Rudy Rosenberg en le saluant.
Il le regarda s’éloigner, satisfait de voir un tel entrain chez ce fidèle serviteur, puis détourna le regard vers la fenêtre. Il espérait y apercevoir un signe de vie d’un autre de ses pions dans lequel il avait placé tous ses espoirs de réussite, mais n’y vit que la noirceur de la ville.
— Ah, Sévérin, j’espère que tu ne me feras pas regretter mon choix ! ragea-t-il en quittant la pièce.
2
Les tentatives ratées de Sévérin
S évérin avait trouvé, dans les garde-manger du chef Rodrigue Burguese, la cache parfaite. Seul le cuisinier s’aventurait dans cet endroit où les marchandises s’entassaient les unes sur les autres, permettant au traître de se soustraire aisément au regard des élèves.
Il jaillissait de cette cache la nuit venue, élaborant différents plans qui, pour l’instant, n’avaient rien donné d’autre que d’accroître sa frustration.
Une fois de plus, sa sortie de la veille avait été entravée par l’arrivée impromptue d’un Montagnard qui s’était mis aussitôt à crier à la vue des flammes. Le feu qui avait pris dans les combles avait été rapidement maîtrisé, mais Sévérin pouvait se rattacher à l’idée qu’à l’heure qu’il était, l’arrogant petit personnage subissait les foudres d’Édouard Dupont.
Il l’avait assommé avant de fuir vers les garde-manger, laissant derrière lui plusieurs bougies et un briquet qu’il avait pris le luxe de glisser dans la main du Montagnard. Quelques secondes plus tard, les cris et hurlements avaient rejoint les combles, et le personnel de l’école avait une fois de plus annihilé le fruit de son travail. Sévérin grimaça en repensant à ses déboires. Combien de temps allait-il encore devoir rester terrer tel un rat ?
Il jeta un regard désespéré autour de lui et mordit à pleines dents dans une barre chocolatée.
— Au moins, ce lieu me réserve toujours de belles découvertes ! soupira-t-il en regardant les carreaux noirs qui allaient terminer leur existence dans son gosier.
Dans ce formidable lieu de repli pour ses actions de sabotage, il s’affairait à connaître chaque recoin du petit royaume du chef, goûtant les différents aliments disposés avec soin par le cuisinier. Il pouvait se nourrir la panse à son gré, ce qui contribuait à atténuer sa déception.
Ce qui au départ ne devait être qu’une action expéditive s’avérait un long et pénible travail de sape. Rudy Rosenberg lui avait vanté la facilité de son plan, mais aucun des sabotages envisagés ne donnait le résultat escompté. Au moins, il se trouvait hors d’atteinte de l’empereur et ce fait le rassurait quelque peu pour l’instant, car ses échecs ne resteraient pas impunis.
Un panier de fruits tombant sur le sol interrompit sa pause-goûter. Des pommes rouges roulèrent sur le plancher non loin de lui, et quelques secondes plus tard, un long soupir résonna dans la pièce.
Sévérin demeura figé en reconnaissant le son des bottes du chef. Celui-ci râla en maugréant le sort qui s’acharnait sur lui.
— De si belles pommes ! Quel gâchis ! soupira-t-il en les attrapant une par une tout en observant les dégâts causés par le choc. Il ne me reste plus qu’à les réserver pour les confitures…
Il se pencha pour ramasser l’un des fruits qui avaient roulé sous une étagère et s’arrêta soudainement dans son geste. Son regard venait de croiser un trognon de poire qui brunissait sous l’effet du temps.
— Ah, bien ça, c’est nouveau ! Il ne manquait plus que ça. Ces maudits rongeurs s’en prennent maintenant à mes fruits !
Il ramassa le restant de la poire et le jeta aux poubelles. Il termina ensuite de mettre les pommes endommagées de côté, puis disparut dans sa cuisine.
Demeuré immobile dans l’ombre, Sévérin se permit enfin de soupirer. Il l’avait échappé belle, mais cet incident n’augurait rien de bon. Tôt ou tard, le chef finirait par découvrir sa présence.
Deux mois sans recevoir aucun signe de vie de Rudy Rosenberg. L’attente avait été longue et probablement suffisante pour que les technocrates rassemblent leurs forces. Sévérin fronça les sourcils, il se devait d’agir et provoquer l’arrivée de ses amis pour ainsi mettre un terme à son isolement.
Les parties de fruitball étaient à présent loin derrière lui, mais l’ancien élève de l’école se remémorait sans cesse tous ses exploits sportifs. À la demande du chef des technocrates, il avait mis sa carrière de côté pour satisfaire son désir de vengeance et servir sa patrie. Il n’avait pas oublié ce qu’il avait subi durant sa scolarité au sein de l’Académie des sciences de la nature et l’appel de Rosenberg avait suffi à le convaincre. Il croyait dur comme fer dans les idées véhiculées par les technocrates, et Rudy s’était réjoui de le compter parmi les siens. Mais la suite de cette entente n’avait rien eu d’une partie de plaisir.
Sévérin relut le mot que son chef lui avait donné, puis prit une profonde inspiration. Il lui fallait réussir sous peine de voir tous ces imbéciles d’enseignants continuer à professer leurs idées insipides sur les plantes.
Il allait attendre que la nuit tombe pour passer à l’action et cette fois, sa tentative serait couronnée de succès !
Une heure plus tard, la porte du garde-manger s’ouvrit et Rodrigue refit son apparition.
— Nom d’une pâquerette !
Cette fois, le chef tenait entre ses mains un papier froissé issu d’une tablette de chocolat que Sévérin avait caché entre deux ballots de légumes. Rodrigue regarda ensuite son étagère où s’entassaient les sucreries, puis râla longuement.
— Oh, mes maudites souris ! cria-t-il en levant les mains au ciel.
Terré dans un des recoins de la salle, Sévérin demeurait immobile, s’efforçant de retenir sa respiration. Ses yeux suivaient le moindre mouvement de l’adulte qui fouillait chaque recoin de son garde-manger, un balai à la main.
— Vous allez le regretter mes petites ! Cette fois, vous êtes allées trop loin !
L’instrument de ménage fouetta l’air, puis s’abattit sur le sol en faisant voler un nuage de poussière. Submergé par la saleté, Rodrigue toussa sévèrement en tentant de reprendre son souffle.
À cet instant, Sévérin surgit de sa cachette et fonça sur le cuisinier. Le choc fut terrible. Rodrigue s’écroula de tout son poids sur le sol et l’impact le sonna sur le coup. Ses paupières battirent tel un papillon en vol et il perdit connaissance, laissant Sévérin Lampron libre de poursuivre son plan.
Après avoir ligoté sa victime, il se fraya un chemin au-dehors du garde-manger. Quelques élèves étaient assis dans le réfectoire, trop occupés à avaler leur petit-déjeuner pour prêter attention au costaud qui longeait lentement les murs.
Les combats ayant mené à la libération de l’école étaient maintenant loin de leurs pensées. Les cours reprenaient tranquillement, Édouard se chargeant de la plupart d’entre eux.
Des amateurs de fleurs de la ville de Broma offraient également de leur temps pour partager leur passion et la transmettre aux élèves. Peu à peu, les atrocités des technocrates s’éloignaient de cette région et les bonnes vieilles habitudes de l’ancien royaume de William III reprenaient le dessus sur celles imposées par Rudy Rosenberg et ses sbires.
Sévérin se dirigea vers l’un des vestiaires de l’Académie et enfila un uniforme de jardinier. Cinq minutes plus tard, il sortit de la pièce après avoir pris soin d’enfoncer sur sa tête un chapeau de paille.
Il arpenta tous les couloirs de l’Académie et observa attentivement l’attitude des élèves et des adultes qu’il rencontrait. L’insouciance les rendait vulnérables. Un large sourire anima le visage du garçon, sa vengeance serait des plus faciles. Il lui suffisait de trouver le bon endroit et la bonne idée. Ni plus ni moins.
En songeant à cette idée, il perdit rapidement son sourire et retrouva l’humeur maussade qui était sienne depuis son premier échec.
Il se rendit ensuite dans les jardins de l’école. Les traces des différentes batailles s’effaçaient tranquillement tandis que les élèves de l’école multipliaient les plates-bandes de fleurs dans l’espoir de redonner un second souffle à l’Académie.
Les plants de tomates partageaient avec d’autres fruits et légumes de petits espaces bien entretenus tandis que les vivaces peuplaient le restant des jardins, poussant tranquillement à l’ombre des arbres qui avaient été récemment plantés.
Le regard de Sévérin se dirigea immédiatement vers le mur d’enceinte de l’Académie. Les chemins de ronde étaient tous vides. Pas un seul gardien n’arpentait les fortifications de l’établissement, armes à la main. Les vignes commençaient même à envahir le mur d’enceinte, déployant de délicates fleurs sur les pierres endommagées par les derniers affrontements.
Comment avait-il fait pour ne pas y penser avant !
Il n’y avait pas âme qui vive. Tout comme le restant des fortifications, les grandes portes installées dans le mur demeuraient sans aucune surveillance. Personne n’avait pensé à ajouter des défenses supplémentaires, et toute la région semblait s’enfoncer progressivement dans une léthargie qui lui serait fatale.
Sévérin secoua la tête, puis se frotta les mains. Sa vengeance prenait maintenant forme dans son imagination. Il rabaissa son chapeau sur son front, cachant ses yeux de la vue des curieux qui ne manquaient pas d’observer ce garçon à la carrure imposante et pénétra dans le bâtiment principal.
Il se fraya un chemin vers les escaliers et grimpa jusqu’aux combles où une odeur de roussi emplissait encore l’atmosphère, souvenir de son échec de la veille. Arrivé devant l’échelle menant au grenier, il se retourna et observa le couloir.
Son plan fonctionnerait à merveille. Il était d’une simplicité absolue, mais comblerait autant ses attentes que celles de Rosenberg !
Au centre du grenier, une échelle en fer forgé et aux barreaux en forme de feuilles s’élevait vers le toit. Il s’en approcha lentement et écouta tout sourire le roucoulement d’un pigeon. Celui-ci était ponctué par un léger « bip-bip » à peine audible, mais le jeune garçon ne doutait pas un seul instant de la véritable nature de ce volatile. Il était resté à la place où il l’avait laissé peu de temps après son arrivée dans l’école.
Sévérin agrippa les barreaux et se hissa lentement vers le pignon qui surplombait la toiture. Quelques rayons de