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Terre de colère: Scènes de la société moderne
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Livre électronique47 pages34 minutes

Terre de colère: Scènes de la société moderne

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À propos de ce livre électronique

La colère comme dernier moyen d'expression.

Au fil d’une déambulation composée de plusieurs tableaux, parfois fantasmagoriques mais toujours ancrés dans la réalité, Christos Chryssopoulos enquête et observe les symptômes d’un mal qui nous ronge. Il y pose le constat d’une société de surveillance, qui isole et oppose. Où l’incommunicabilité grandit au point que la colère s’impose (à nous) comme ultime possibilité de sortir de soi et fait de nous sa première victime.
Nous sommes ainsi tour à tour confrontés aux idéologies racistes, à la violence au travail, aux relations entre hommes et femmes, à la cellule familiale, au milieu scolaire, à travers un subtil jeu de dialogues qui rend compte des difficultés de communication entre ceux qui possèdent la parole et ceux qui ne l’ont pas.

L’auteur-narrateur apporte un commentaire à la manière d’un chœur antique entre chaque tableau et finit, dans le dernier tableau, par prendre corps en tant que personnage, en suivant un autre à son insu et rendant ainsi compte au lecteur de son mode opératoire.

Cette courte fiction montre que nous sommes victimes de la violence et de l'incommunicabilité dont souffre la société.

EXTRAIT

Il y a des moments où la colère vous emprisonne. On veut éviter qu'elle n'éclate, on essaie de trouver une issue, mais il n'y a pas d'autre moyen pour échapper à la colère que la colère même. Mieux vaut alors que tout aille vite, en espérant que ça passera d'un coup. Sans douleur. Sans que subsiste aucune trace de rage.

Voyageur n°1 : Qu'est-ce que t'as à me regarder, hein ?
Voyageur n°2 : Pardon ?
Voyageur n°1 : Je dis : qu'est-ce que t'as à me regarder ?
Voyageur n°2 : Mais rien.
Voyageur n°1 : Ah ouais, rien ? Alors baisse la tête, OK ?
Voyageur n°2 : Je ne comprends pas ce que vous dites.
Voyageur n°1 : Tu vas voir si tu comprends pas, enfoiré. Je te dis de baisser les yeux, OK ?

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Contemporain et visionnaire, Terre de colère est un espace fermé, sans pitié, d'où sourd la douleur des Grecs, et qui préfigure l'avenir de tous les peuples placés sous le joug du totalitarisme économique. - Le Matricule des anges

Parce qu’il est écrivain, Chryssopoulos met de la vie là où l’on ne voit plus que de l’actualité - et encore. - Le Monde des Livres

À PROPOS DES AUTEURS

Né en 1968, Christos Chryssopoulos est l’un des jeunes romanciers et nouvellistes le plus remarqué de la littérature néo-hellénique. Ses livres sont traduits en cinq langues. En 2009, il reçoit le prix de littérature européenne.

Anne-Laure Brisac est responsable éditoriale à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Elle est traductrice de grec moderne (littérature contemporaine : romans et théâtre) et d’anglais (essais en histoire de l’art, revue Histoire de l’art, Perspective, actes de colloque…).
LangueFrançais
Date de sortie7 sept. 2016
ISBN9782917817834
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    Aperçu du livre

    Terre de colère - Christos Chryssopoulos

    TERRE DE COLERE

    © ( Éditions ) La Contre Allée ( 2015 )

    Collection Fictions d'Europe.

    Christos Chryssopoulos

    TERRE DE COLERE

    Traduit du grec

    par Anne-Laure Brisac

    La collection « Fictions d'Europe » est née d'une rencontre entre la maison d'édition La Contre Allée et la Maison européenne des sciences de l'homme et de la société. Désireuses de réfléchir ensemble au devenir de l'Europe, La Contre Allée et la MESHS proposent des récits de fiction et de prospective sur les fondations et refondations européennes.

    Martine Benoit,

    directrice de la MESHS.

    C'est le matin, tôt, et la rue est déserte. Cette heure-là a ses fidèles. Ils se tiennent debout, les mains dans les poches, le dos collé au mur de la gare de chemin de fer. Alignés comme pour une cérémonie religieuse. Raides et silencieux – comme devant un peloton d'exécution. Ils ne se regardent pas. Ils ont les yeux braqués devant eux, ils balayent la rue du regard d'un air farouche, mais leur tête reste immobile. Seuls les globes oculaires s'agitent fébrilement dans leur cavité, à l'affût du moindre mouvement sur l'avenue : une voiture qui passe, le bus qui dessert la gare, un taxi ou le vélo d'un immigré qui travaille de nuit.

    Le rythme intérieur de la rue, ils le connaissent bien. L'autobus passe toutes les demi-heures. Le responsable Trafic passe la main à son collègue à 4 h 30 du matin. Les femmes de ménage arrivent avec la voiture de service peu avant l'aube. Quelques minutes plus tard, c'est la distribution des journaux, les livraisons aux magasins, la police qui fait sa ronde dans la gare. Les balayeurs, le personnel d'accueil de l'hôtel d'en face, les alcooliques et les junkies, chacun a son heure, son itinéraire, sa façon de marcher, son rythme. Les trajets des passants anonymes sont définis eux aussi par la routine et la répétition.

    Pour eux, c'est la même chose. Chacun a sa propre place le long du mur. Son heure d'arrivée et sa manière de se tenir. Si l'un d'eux tarde ou manque à l'appel, l'emplacement reste vide. Non qu'ils aient convenu d'un code et y obéissent, mais par la force de l'habitude et d'une hiérarchie implicite. Pour certains, cela fait des années qu'ils se postent là, pour d'autres, c'est récent. L'origine géographique compte aussi. Mais c'est surtout l'ancienneté qui détermine l'emplacement le long du mur.

    C'est l'hiver. Ils ont les jambes serrées, leurs cuisses se touchent. L'air glacé enveloppe les corps et ils ne font qu'un avec l'enceinte de la gare. On dirait des statues et, si l'on ne distinguait leur souffle dans l'air humide, on pourrait les prendre pour des statues de pierre.

    Homme n°1 : Il est là-bas en face, tiens.

    Homme n°2 : On y va, te dégonfle pas, c'est juste un enfoiré.

    Homme n°1 : Il a une caméra ?

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