Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Un carton
Un carton
Un carton
Livre électronique108 pages55 minutes

Un carton

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Après avoir passé plus de dix ans dans la rue, on croit depuis longtemps qu’on en a fait le tour. Un SDF à l’âge de la retraite se réveille ce matin-là, les mêmes heures de routine à tuer jusqu’au lendemain. Alors, quand un inconnu s’installe à côté de lui, sans même cinquante centimes à lui donner, le vieil homme est loin de se douter qu’il n’a pas encore tout vu. Loin de là. Des hurluberlus de première, ce n’est pas ce qui manque dans les grandes villes, mais des comme ça... Des pleins aux as qui viennent postuler pour un emploi de sans domicile fixe avec le plus grand sérieux… Ce n’est pas prévu pour être commun.

Mais quand l’entretien d’embauche tourne au vol à main armée, un simple banc de grand boulevard peut devenir le théâtre d’un huis-clos absurde. En plein air. Sans mur. Mais sans porte de sortie.

Un dialogue de sourds entre un sans-abri revenu de tout et un cador de la finance aux dents longues qui en a marre de montrer les crocs et cherche sur les trottoirs une lumière au bout du tunnel. Une quête de vie meilleure qui va tourner au vinaigre. Cul-sec.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Thierry Y. Alves est auteur depuis longtemps, mais dans son coin, perdu au pied des Cévennes. Quand il était petit, il voulait faire Lino Ventura comme métier. Un peu plus grand, il voulait être Michel Audiard. Plus tard encore Keith Richards, mais son physique n’allait pas du tout avec une guitare.
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie31 mai 2022
ISBN9791038803657
Un carton

Lié à Un carton

Livres électroniques liés

Arts du spectacle pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Un carton

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Un carton - Thierry Y. Alves

    cover.jpg

    Thierry Y. Alves

    Un carton

    Théâtre

    ISBN : 979-10-388-0365-7

    Collection : Entr’Actes

    ISSN : 2109-8697

    Dépôt légal : mai 2022

    © couverture Ex Æquo

    © 2022 Tous droits de reproduction, d’adaptation

    et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour

    tous pays. Toute modification interdite.

    Éditions Ex Æquo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières Les Bains

    www.editions-exaequo.com

    Personnages

    Le SDF : entre cinquante et soixante ans, vit dans la rue depuis de longues années. Sa posture et ses manières dénotent une certaine dignité.

    Le passant : entre trente et quarante ans, allure de cadre du secteur financier sous un long manteau sombre, porte des gants.

    À mes amazones entêtées.

    I

    (Hiver. Une rue fréquentée dans une grande ville. Un fond sonore typique - voix de passants, bruits de voitures, klaxons etc. Le SDF est assis sur un banc. Seul. À côté de lui, un Caddie ou un grand sac débordant de bric-à-brac. Bien en évidence à ses pieds, un récipient destiné à collecter les pièces de monnaie. Il marmonne en direction des passants. Il peut être sur scène dès l’entrée des spectateurs, les regarde entrer et s’asseoir, tout en s’adressant à eux.)

    LE SDF

    Toujours la même heure… À la seconde près… Des montres suisses… Toujours la même chose… Toujours les mêmes… Lavés. Peignés. Tartinés de produits de beauté. Parfumés… (Se penchant vers un passant – ou un spectateur –  en reniflant.) Enfin plus ou moins… Et pas un pli sur les habits, avec ça. Trois bonnes heures de fer à repasser avant de sortir, à coup sûr. (Un peu plus fort.) Cette manie de vous croire à un défilé de haute couture chaque matin, c’est dingue. À ce propos, une fois pour toutes, comment pouvez-vous sortir des transports en commun aussi propres qu’au moment d’y entrer ? Comment faites-vous ? Quel est votre secret ? Moi, pour ne rien vous cacher, après un somme sur un banc de station de métro, je me réveille en ayant cette impression désagréable… d’avoir été croisé avec une tranche de salami… Mais vous, là… Ah ce n’est pas votre problème ! On n’est pas du même monde ! Vraiment pas du même monde… Mais si vous saviez… Si vous saviez comme la frontière est mince… Vous me prenez de haut, mais tout ça ne tient qu’à un fil. Je suis bien placé pour le savoir. Une petite erreur de trajectoire, et terminé… Direction l’hôtel caniveau. Alors vos grands airs, vous pouvez vous les mettre... (Il se reprend.) Pardon… Ne faites pas attention à moi. Enfin, faites comme d’habitude, quoi. Vous savez, sur le trottoir, l’aigreur est une bien envahissante épouse. C’est compris dans le prix du séjour. Alors qu’à vrai dire, je vous observe depuis si longtemps, vous faites un peu partie de la famille... Je vous regarde et j’imagine à quoi ressemble votre vie, une fois que vous avez quitté mon périmètre. Je me fais des films à succès. Sur grand écran panoramique. Ça aide à passer le temps. Ça vaut ce que ça vaut, mais c’est déjà mieux que Netflix. Oui, comme si j’avais le choix… (Plus fort.) Je sais ce que vous pensez, hein, faites pas les innocents ! (Il devient soudain contemplatif tout en regardant les spectateurs.) C’est ça… C’est ça… Très bien… (Admiratif.) Ah oui… Les personnages sont très beaux aujourd’hui… Ce qu’ils prennent bien la lumière ! Il y aurait des scènes de lit, ce soir, que ça ne m’étonnerait pas… Oui, ils sont particulièrement beaux aujourd’hui… (Fixant quelqu’un avec plus d’insistance. Cela peut être le passant, qui va monter sur scène au lieu de s’asseoir comme le reste des spectateurs.) Enfin presque tous… Disons que, parfois, les scènes de lit, on les coupera au montage.

    (Il reprend son sérieux. Le passant marche d’un bout à l’autre de la scène lors de la réplique suivante. Il passe devant le banc sans un regard pour le SDF.) Bon allez, c’est pas tout ça, mais j’ai du boulot, moi. Vous n’auriez pas une petite pièce madame ? Monsieur ? Une petite pièce pour manger ? Un petit geste pour rester digne. (Énervé.) Ne me répondez pas surtout… (Et enfin, quand tous les spectateurs sont entrés, même s’ils n’ont pas tous fini de s’installer, en criant.) Surtout faites comme si je n’étais pas là ! Hein ! Vous dérangez surtout pas pour moi ! (Le passant se fige, comme pétrifié par les hurlements du SDF. Ce dernier, après un temps, reprend d’une voix normale, comme pour lui-même.)

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1