JACQUES AUDIARD HOMME À FABLES
On ne l’attendait pas sur ce terrain-là. Avec «Les Olympiades», état des lieux des nouveaux codes amoureux au temps du romantisme Tinder, Jacques Audiard réactualise la carte du Tendre dans un quartier métissé du XIIIe arrondissement de la capitale. Il cloue le bec à ceux qui ne voyaient en lui qu’un cinéaste de la violence exacerbée et de la virilité vacillante. Inspiré de trois nouvelles graphiques du bédéiste Adrian Tomine et aidé dans son entreprise de féminisation de son univers par Céline Sciamma, coscénariste de marque, le réalisateur d’« Un prophète » ausculte dans un noir et blanc rutilant les liaisons dangereuses entre désir et sentiments, intimité et virtualité. Avec l’ambition d’élargir les représentations d’un cinéma français cantonné habituellement aux intérieurs haussmanniens. Loin du triangle d’or parisien où il a longtemps habité, nous avons rencontré le metteur en scène le plus récompensé aux César moins en colère qu’autrefois, pour un bilan post-#MeToo et post-confinements.
Paris Match. “Les intrus”, la BD d’Adrian Tomine, parlait de la violence engendrée par les ego fragiles d’hommes blancs à la virilité défaillante… Un sujet raccord avec votre univers. C’est ce qui vous a donné envie de l’adapter ?
À vrai dire, c’est Rebecca Zlotowski qui m’a conseillé l’album, parce que j’ai une culture BD extrêmement lacunaire. J’ai trouvé ça très juste. Psychologiquement, c’est d’une très grande finesse, avec un sens de l’ellipse très abrupt. Un peu comme Éric Rohmer, Adrian Tomine est un moraliste: à la fin de
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