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Du chocolat sur le Kilimandjaro
Du chocolat sur le Kilimandjaro
Du chocolat sur le Kilimandjaro
Livre électronique137 pages1 heure

Du chocolat sur le Kilimandjaro

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À propos de ce livre électronique

Un drame dans la vie de trois personnes les a amenées à se rencontrer en haut du Kilimandjaro. Quel rôle de réparation, différent pour chacune d’elles, va jouer cette montagne ?
LangueFrançais
Date de sortie7 janv. 2015
ISBN9782312028958
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    Aperçu du livre

    Du chocolat sur le Kilimandjaro - Marie Thérèse Péquignot

    cover.jpg

    Du chocolat

    sur le Kilimandjaro

    Marie Thérèse Péquignot

    Du chocolat

    sur le Kilimandjaro

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    Pour Quentin

    « … si tu n’existais pas

    Dis-moi pourquoi j’existerais »

    Joe Dassin

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-02895-8

    Lundi

    Le rendez-vous avec le groupe pour cette équipée organisée, était à cinq heures trente à Roissy.

    Mon mari et moi nous nous sommes réveillés à quatre heures quinze et à cinq heures quarante-cinq j’y étais. Il s’était d’abord un peu dispersé dans la direction d’Orly avant de sortir de la torpeur où moi je restai encore un peu ; juste avant que je décide de stresser un grand coup pour ce retard qui s’affirmerait non décisif.

    Ce n’était pas utile de prolonger les adieux, engourdis que nous étions par le sommeil.

    Je me suis retrouvée dans la salle d’embarquement sans problème.

    J’y ai repéré des gens avec des sacs à dos.

    Certains avec la pochette de l’organisateur à la main.

    Personne n’a éprouvé l’envie de se faire connaître aux autres.

    Moi non plus. J’allais passer huit jours avec eux, inutile de précipiter les présentations ; j’étais bien décidée à me régaler de ce petit moment de solitude.

    Mais c’était la première fois que je voyageais seule et il y avait des annonces qui me tracassaient. N’étais-je pas dans une file qui allait m’entraîner jusqu’à Venise ? Allais-je avoir assez de temps pour trouver ma correspondance à Amsterdam ? Mes bagages prendraient-ils bien le même avion que moi ?

    Tiens ! J’ai entendu le mot « Amsterdam ».

    Je ne vois personne bouger.

    Tant pis je vais avoir l’air bête mais je me lève et me présente au guichet.

    « Oui, oui c’est bien là, mais il faut aller vous asseoir. »

    Enfin il y a quand même un moment où je suis dans l’avion, où je fais la correspondance d’Amsterdam, où après un goûter et trois repas je suis à Nairobi, où je descends chercher ma valise après avoir montré quatre fois mon passeport, où je trouve ma valise, où je veux sortir, où je dois montrer une cinquième fois mon passeport et…

    « Quoi ? J’ai deux visas de sortie ? Et qu’est-ce que je peux y faire moi ? Ah ? Il faut que vous alliez chercher quelqu’un qui comprenne pourquoi on m’a mis deux tampons de sortie ? Et à des pages différentes en plus ? »

    Il montre mon passeport à quelqu’une ; ils me regardent tous les deux en dessous ; ils secouent la tête ; un troisième maintenant ; la situation leur parait terriblement dangereuse pour le pays, ils doivent imaginer dans l’urgence une solution. Oh ! Et puis tiens ! On ne va pas se casser les pieds plus longtemps avec ton passeport nul, prends-le et dégage ; nonchalant il me le tend, désintéressé tout à coup, en regardant ailleurs.

    A la porte, des dizaines de pancartes, avec des noms de groupes, sont brandies pour signaler leur organisateur aux passagers.

    Ça me prend longtemps de les lire toutes, avant de découvrir la mienne qui est la dernière.

    Je me présente au responsable qui reste complètement indifférent, comme si j’étais invisible ; d’autres personnes me rejoignent ; on se regarde en douce ; on part à l’hôtel.

    On a pris deux kilos dans l’avion alors la ratatouille qui embaume la réception, on ne veut pas en entendre parler ; on monte dans nos chambres ; douche ; petite lessive ; on sait que les gens feront du bruit au matin, pas besoin de s’en faire pour le réveil ; bonne nuit et… que l’aventure commence !

    Les Neiges ! Les Neiges du Kilimandjaro… où tu pourras dormir… dormir… mais qu’est-ce que Perdre ?… Pourquoi souffrir de La Perte ?… Pourquoi La Perte est-elle ressentie comme une Souffrance insupportable sur une Echelle de Désastre ?… Une poussée du bas vers le haut ça fait juste monter… Une poussée du haut vers le bas ça fait juste descendre… Des poussées de sens contraires qui réunissent, ça va… Pourquoi des poussées de sens contraires, qui écartent, c’est La Perte… La Souffrance ? Pourquoi Perdre égale Souffrance égale Désastre ?

    Mardi

    « Mais non ! Regarde bien ! Ce ne sont pas des carottes ! Ce sont des bananes vertes en sauce ! »

    Ça y est ! On se tutoie déjà ; on ne peut pas additionner toutes les complications ; détecter ce qu’on est en train de mâcher pour le petit déjeuner est la priorité.

    Plus tard, on se répartit en deux voitures 4x4 et voilà, elle va finir par être vraie cette histoire de Kilimandjaro ?

    De véritables petits enfants ! On s’étonne de tout sur la route :

    « Oh ! Des bougainvilliers !

    – Oh ! La couleur rouge de la terre !

    Ce qui est vraiment étonnant ce sont ces paysages aux assemblages de couleurs qu’on n’oserait jamais mettre, nous, dans un tableau ! Rien que devant nous il y a du rouge, violet, rose, vert amande, orange, vert bronze, marron, bleu ciel, bleu outremer !

    « Oh ! Ces fruits ! Là ! Ce sont des mangues !

    Non.

    Le chauffeur secoue définitivement la tête.

    Non on ne s’arrêtera pas pour acheter des mangues.

    Flâner un coup sur ce marché ?

    Non.

    Tiens ! Là ! Des girafes ! Elles se penchent au-dessus des arbres pour les brouter !

    Oh ! Des gazelles ! Des zèbres ; des autruches ; des marabouts ; des serpentaires ; des tout ce qu’on voit dans les livres d’enfants ! Oh ! Maman tu as vu la… Ben où elle est maman ? Bon alors Oh ! Jacques tu as vu le Grand Hôtel ? Quelques tôles ondulées sur quatre murs ! Villages de tôles et de murs peinturlurés comprenant de nombreux « Grands Hôtels » relatifs, baraques bancales coincées dans l’amas. Grande activité humaine à pieds ou en vélo. Nombreux rassemblements autour de chargements de bananes, mangues, avocats ou de ballots de feuillages comestibles inconnus de nous.

    On traverse le Kenya dans des nuages épais de poussière ; les gens et la végétation se minéralisent sur le bord des routes et nos poumons aussi.

    Notre bus s’arrête.

    Pas fortuitement. L’endroit est stratégique ; il y a un magasin d’objets souvenirs attenant à une pergola où on doit s’asseoir pour manger. Le repas de chacun est dans une boîte en plastique qui lui a été confiée le matin. Nourriture de survie sans plus.

    Difficile d’accéder à la pergola ! Des hommes nous hypnotisent de paroles, de sourires, d’amabilités, et nous canalisent irrésistiblement vers le magasin de souvenirs.

    Des immenses surfaces recouvertes d’objets ; dès que notre regard s’attarde plus de la demi-seconde sur un objet il est ramassé et considéré comme désiré, le prix est fixé ; le marchandage lancé, nous sommes harcelés par le vendeur ; il faut dire non et non sans fin et sans qu’il en soit tenu compte, la vente étant relancée aussitôt en ajoutant un autre objet au premier ; à devenir fou !

    Cette multitude d’objets ressemble à de la fabrication industrielle chinoise ? Mais non, pas du tout ! Tout est fait ici ! Et d’ailleurs si vous voulez visiter l’atelier de fabrication, tirez sur cette ficelle pour vous annoncer et passez voir les sculpteurs derrière le magasin.

    D’un coup remis au travail par la sonnette, quatre personnes assises par terre, machette en main, s’activent nonchalamment à la taille de morceaux de bois informes.

    Notre chauffeur reçoit une commission proportionnelle au chiffre d’affaire apporté par le contenu de son minibus.

    « Papiers ! »

    Hé non ! Nous ne sommes pas dans nos banlieues en France ! Nous n’en finissons plus d’être arrêtés et de montrer nos passeports et de remplir des registres et de signer. La situation est inversée ; le délit de faciès est de notre côté ici. La brusquerie et la méfiance ont changé de camp.

    Plus tard, nous quittons le Kenya, nous sommes en Tanzanie, mais ce sont les mêmes savanes desséchées ; les mêmes arbustes épineux entêtés ; la même plaine infinie qui tente de faire oublier que son rouge est désolant, stérile, en exhibant d’autres couleurs encore, brûlantes ou paisibles, de végétations illusoires.

    Dernier arrêt avant l’arrivée.

    Encore un registre à signer mais il faut attendre. Quelqu’un est à la recherche du préposé.

    Le Kilimandjaro est là devant nous ; paisible. On le regarde ; humble ; on se regarde ; l’un des deux bouffera l’autre et qui ce sera ? Oui qui ? Toi ?…ou moi ?

    En face, un village{1} fait de déchets de scierie.

    Tous les toits des éléments très bas se chevauchent et s’entremêlent. Comment s’organise la vie ici ? Comment font ceux qui habitent au milieu ? Ils passent chez les voisins ? Est-ce que le terme « voisin » concerne ce mode d’habitation ?

    Humainière obscure et mystérieuse dont on ne saura rien d’autre que les sourires radieux d’enfants.

    Nous dormirons cette nuit-là dans un joli Lodge. Qu’est-ce que ça veut dire ce mot-là ? Ravissantes petites constructions de bois dispersées dans un espace planté, bien vert et fleuri ?

    Demain sept heures, petit déjeuner. On devra amener sur la pelouse un sac, fourni par l’organisateur, et ne contenant que sept kilos de nos affaires indispensables. Sur la revue il nous avait été annoncé neuf kilos autorisés mais c’est devenu sept. Ces sacs en forme de boudins, seront portés deux par deux par un porteur. Notre sac à dos sera porté par nous. Toutes nos affaires en surplus seront gardées au Lodge jusqu’au jour de notre retour puisque nous dormirons alors dans la même chambre.

    Ce sera après… après toi, là, en face…{2}

    Au dîner du soir nous rions beaucoup, à la mesure de notre appréhension cachée.

    Il est beaucoup question des conjointes restées à la maison.

    Humour mais affection. Affection virulente.

    « Est-ce que nos épouses marchent ? Mais si nos épouses marchaient, nous, nous ferions autre chose ! me résume Jacques en s’esclaffant.

    Les façons africaines de cuisiner les légumes sont délicieuses. La viande en revanche est sans intérêt gustatif.

    Qui vais-je bien aimer dans ce groupe ? Lesquels deviendront mes amis ? Lesquels me déplairont ?

    Nous sommes quatorze dont deux femmes. Nous reconnaissons notre propre émotion les uns dans les autres. Pourquoi tu es là toi ? Qu’est-ce qui t’a fait rêver et

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