Les jours d'après: Écrire demain

Par Didier Straitur

Relier et écrire les lendemains futurs d’un personnage constitue le motif de ce récit fictif. Au moment d’aborder sa retraite, Jean perd les sensations de son environnement immédiat et plonge dans des jours inédits, quelque part après lui, comme des scènes jouées par avance.
Ce texte peut se lire aussi comme une suite de nouvelles, surgies dans un livre dont on parcourt les pages blanches en train de s’écrire. Ce jaillissement insoupçonné procure au narrateur un rôle hypothétique de personnage, mais authentique où il croise d’autres vies que la sienne à reconnaître.

• Langue: Français
• Éditeur: Les Éditions du Net
• Date de sortie: 20 mai 2021
• ISBN: 9782312081168

Aperçu du livre

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Les jours d’après

Didier Straitur

Les jours d’après

Écrire demain

LES ÉDITIONS DU NET

126, rue du Landy 93400 St Ouen

© Les Éditions du Net, 2021

ISBN : 978-2-312-08116-8

Avant lecture

Relier et écrire les lendemains futurs d’un personnage constitue le motif de ce récit fictif. Au moment d’aborder sa retraite, Jean perd les sensations de son environnement immédiat et plonge dans des jours inédits, quelque part après lui, comme des scènes révélées par avance.

Voir des occasions s’incarner en épisodes qu’il n’a pas vécus encore, ouvre des portes inattendues à cet homme en son for intérieur. C’est aussi la matière d’un renouvellement de son passé au contact d’un futur possible, pour le meilleur et pour le pire. Neuf épisodes et neuf personnages de rencontre pour lui révéler quelques jours en gestation du reste de sa vie.

Ce texte peut se lire aussi comme une suite de nouvelles, surgies dans un livre dont on parcourt les pages blanches en train de s’écrire. Ce jaillissement insoupçonné procure au narrateur un rôle hypothétique de personnage, mais authentique où il croise d’autres vies que la sienne à reconnaître.

Au risque de perdre son présent, pour vivre, corps et âme, des lendemains inédits, et passer mieux sur d’autres rives où cueillir les fruits hallucinés d’un temps ouvert sur l’infini.

Prologue – automne

Par où commencer ? Au sortir de ma vie professionnelle…  Après une enfance tranquille à l’abri des soubresauts sociaux en province ? Après une scolarité ordinaire et l’obtention d’un diplôme d’avocat presque glorieux contre toute attente ? Après des années et des années de dossiers plus ou moins médiocres dans des affaires commerciales ou financières ? Après des rapports hétéroclites avec des amis ou collègues peu soucieux des lendemains ? Oui, je commence après tous ces jours passés.

Au moment de mon départ en retraite, à la fin du mois de septembre dernier, j’ai perçu bizarrement les mots bienveillants de tout le monde autour de moi. Lors d’une cérémonie improvisée, un dernier soir, dans la grande salle solennelle de notre cabinet d’avocats, je me suis retrouvé entouré de mes supérieurs et collègues, devenus des complices, pour m’offrir un cadeau, et dispenser à mon égard des mots amicaux de retraite heureuse. A les entendre, plus de soucis, plus d’anicroches, plus de désaccords, avec aucun d’eux ! Bien sûr, je serais absent de leur vie professionnelle…

Beaucoup plus, ils m’ont assuré un destin heureux, à voyager, à pêcher, à m’amuser dans tous les coins du monde. Et pour cela, ils ont accompagné leurs souhaits d’un chèque voyage vers une destination de mon choix, en me pressant de révéler déjà quelle serait celle-ci. Le Grand Nord et son soleil de minuit, ou une île de Tahiti et sa plage de cocotiers ?

Le jour d’après, aujourd’hui, je reste perplexe, dépaysé et déboussolé !

Sur le canapé de mon appartement, après une nuit agitée de rêves indéfinissables, je sens  un malaise étrange envahir mon présent. Une instabilité de l’espace autour de mon corps. Les murs, les meubles, les objets tremblent comme des embarcations légères flottant sur une surface liquide infinie.

Vertige du temps vide devant moi !

Comment vivre la suite d’un passé révolu ? Avec les promesses de jours sans contrainte ? Et les faveurs bienveillantes des choses et des gens à ma guise ? Un bonheur d’après ? Sans doute pas.

Une illusion seulement de bien-être ! Je ne peux le penser sans sentir un vide s’ouvrir autour de moi ! Je ferme les yeux plusieurs fois, sans parvenir à faire cesser ce vertige intempestif. Je tente de parler à haute voix, sans personne en face de moi.

Les jours de ces mois d’automne me remplissent d’inquiétudes profondes. Je ne sais quoi entreprendre, ni qui rencontrer, dans un monde où s’éparpillent les autres en occupations fébriles. Plus d’existence officielle pour moi !

En lieu et place, d’un moment à l’autre, de jour ou de nuit, se déroulent dans mon esprit des scènes improbables où j’apparais malgré moi dans d’autres vies. Des rêves éveillés au-delà du miroir décevant du présent. Plutôt des scénarios, reflets d’un ailleurs inédit, sans que je puisse savoir ni où ni quand. Avec des hasards, des hésitations, des improvisations du monde, qui m’échappent, en aveugle. Des retours de mon passé évanoui, oubliés jusque là, en attente de futur ? Peut-être ?

Ecrire, noir sur blanc, ces jours imaginaires devient primordial. C’est pourquoi je prends la plume, sur les pages étroites de ces neuf carnets, remplis au hasard de mes divagations, parfois à la terrasse d’un café, parfois sur le canapé de mon appartement, toujours dans des heures solitaires.  Ces lignes tentent de garder les traces tangibles de ces prémonitions d’automne…

Neuf personnages de rencontre y ouvrent des chemins insoupçonnés, au-delà de mon horizon premier. Leurs présences singulières et passagères me donnent la réplique dans des scènes imprévues, où je me reconnais à peine.