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Jeux de vengeance
Jeux de vengeance
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Livre électronique269 pages3 heures

Jeux de vengeance

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À propos de ce livre électronique

Caleb Ryan a été le seul homme que j’ai jamais aimé. Le seul qui faisait attention à moi quand nous étions au lycée. Et puis, il m’a trahie…

Il m’a fallu des années pour me remettre de ce qu’il m’avait fait, pour aiguiser ma haine jusqu’à ce qu’elle devienne aussi tranchante qu’un couteau. J’ai enfin l’opportunité de me venger. Il ne verra rien venir. Je me débarrasserai de lui quoi qu’il en coûte.

L’ennui, c’est que j’ai besoin de lui pour atteindre un autre but. Que cela me plaise ou non, nous allons devoir travailler main dans la main. Mais je compte toujours le faire payer.

Premier livre de la série en deux parties Jeux de vengeance. Une douce comédie romantique entre une fille pas banale, un coach sportif balèze et un milliardaire sexy. Pas de mauvaise surprise et une fin « heureuse pour le moment » est garantie.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie11 janv. 2020
ISBN9781071526477
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    Aperçu du livre

    Jeux de vengeance - Sky Corgan

    Cette série de livres est dédiée aux personnes qui luttent et ont toujours lutté avec leur poids et les problèmes d’amour propre qui en résultent.

    CHAPITRE UN

    WILLOW

    ––––––––

    Libre, enfin libre !

    Je me mets à danser au milieu des cartons et des meubles éparpillés partout dans mon nouvel appartement.

    Libérée de mes parents. Libérée de mes frères et sœurs gonflants. Libérée du petit quartier merdique dans lequel je vivais. Libérée de l’amassement compulsif de ma mère. Libérée de mon passé ; de la fille pathétique et sans espoir que j’étais.

    Bienvenue dans ta nouvelle vie, Willow Stroop, me dis-je en bondissant sur le lit. Les ressorts grincent en protestation et l’odeur putride de la moisissure, de la nourriture périmée et de la poussière accumulée s’élève en un nuage invisible qui attaque mes narines. Je m’en éloigne instinctivement.

    — Je vais devoir t’aérer, dis-je en m’adressant au matelas. Je vais devoir tous vous aérer.

    Mon regard se porte sur les cartons entreposés dans la pièce. Avec un peu de chance, une douzaine de bougies devrait me débarrasser de l’odeur nauséabonde de ma vie précédente. La peinture fraiche de l’appartement aidera sans aucun doute.

    Je m’enlace, un énorme sourire fend mon visage tandis que je roule et trépigne d’excitation. Je ne me souviens pas la dernière fois où j’ai été aussi heureuse. Ce devait être il y a des années. Avant que je ne réalise à quel point le monde peut être cruel ; avant de réaliser que mon enfance n’était pas normale ; que je n’étais pas normale.

    Tout ceci est derrière moi à présent. Je ne veux plus y songer. Voilà pourquoi j’ai déménagé ici : pour tout recommencer comme si rien de tout ceci n’avait existé. Personne ici ne connait la Willow Stroop qui a grandi à Marfa au Texas. San Antonio est une ville si vaste que les chances que je croise une tête connue sont d’une sur un million. Les gens d’ici vont pouvoir me voir pour ce que je suis et non ce que j’étais.

    Rien que penser aux amitiés et surtout aux histoires d’amour que m’offre cette nouvelle vie... j’ai l’impression que ma poitrine est remplie de petites bulles. Je suis super excitée. Oh mon Dieu, tout est trop parfait c’en est flippant. La vie est géniale et merveilleuse. Je n’arrive pas à me contenir.

    Je laisse cette vague de bonheur me submerger. Je n’en ai pas vraiment l’habitude. C’est peut-être pour cela que c’est si intense. Mon corps fourmille face à cette surcharge d’émotions agréables.

    Je me jette pratiquement hors du lit pour déballer le plus indispensable. Puis, je continue avec le moins indispensable. Tout en rangeant mes casseroles et poêles, j’ai l’idée de génie de faire des cookies pour mes voisins. Je sais que c’est une vieille tradition qui ne se fait plus trop et qu’à l’époque on cuisinait plutôt pour le nouvel arrivant mais je veux être en bons termes avec mes voisins. Même si nous vivons dans un immeuble, nous allons bien finir par nous croiser. Qui plus est, je veux vraiment commencer à me faire des amis. J’ai vu tellement de séries où les voisins deviennent amis. Je veux ça. Je veux que ma vie soit parfaite, comme toutes les séries télé ou les films que je regardais plus jeune.

    Je cours à l’épicerie du coin pour chercher uniquement ce dont j’ai besoin pour les cookies. Je ferai de plus grosses courses demain. Ça me reviendra bien moins cher d’aller dans un supermarché et d’utiliser toutes les réductions que j’ai conservées. Ce soir, en revanche, je n’ai pas vraiment l’énergie de me balader dans les rayons et d’être engloutie dans une marée humaine.

    Pas assez d’énergie pour ça, mais assez d’énergie pour faire des cookies, me dis-je dans un demi sourire. Je suis sûrement toujours un peu étrange. Mon sens des priorités est foireux mais je persiste dans mon idée pour ce soir.

    Je reviens à l’appartement et prépare une fournée rapide de cookies aux pépites de chocolat. C’est la recette de ma mère, il y aura donc une tonne de beurre et de sucre. Espérons que ça ne soit pas trop riche pour mes voisins. Je n’y toucherai pas évidemment. Je suis un régime incroyablement strict et j’ai déjà atteint mon quota de calories pour la journée. De plus, j’ai intentionnellement préparé la recette de ma mère pour ne pas être tentée. Je me souviens ce que manger ces cookies m’a apporté par le passé et je ne m’engagerai pas dans cette voie à nouveau.

    Tandis que les cookies cuisent puis refroidissent, je déballe encore quelques cartons. Il n’y a pas tant de choses finalement. Je n’ai pris que le strict minimum car je compte tout remplacer petit à petit. Je ne pouvais pas partir sans l’essentiel tout simplement car je ne peux pas me permettre de tout racheter d’un coup. À terme, il n’y aura plus aucune trace de qui j’étais ou d’où je viens. Toutes ces choses qui m’ont accompagnée seront données à des associations caritatives et je n’aurai plus rien qui me rappellera mon ancienne vie pourrie.

    Je me sens un peu moins enjouée en songeant à tout ce que je fais pour essayer de m’enfuir. C’est pourtant logique. N’importe qui du même milieu ferait exactement la même chose. Ou peut-être pas. Mes sœurs semblent satisfaites de leurs vies à la maison dans la misère, la saleté et les habitudes malsaines. Tous sauf moi. Plus jamais je ne vivrai de cette façon.

    J’entasse une douzaine de cookies sur une assiette en plastique et fronce les sourcils devant cette image si peu classe. Mon froncement de sourcils s’accentue quand je réalise qu’il est possible que je ne la récupère pas. J’aurais dû acheter à l’épicerie des assiettes en cartons plus épaisses pour les réutiliser mais je n’avais pas poussé la réflexion aussi loin. Le fait que ça me fasse sourciller témoigne à quel point je suis radine ; à quel point je suis pauvre. Espérons que je ne le reste pas longtemps.

    Je prends une profonde inspiration en tentant de me convaincre que ce n’est pas important et je couvre les cookies d’un film plastique. Puis, je colle un sourire sur mon visage et sors me présenter à mes voisins de droite. Je lisse le devant de ma robe noire avant de frapper à la porte. J’attends quelques minutes, à l’affût d’un signe de vie à l’intérieur de l’appartement. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que personne n’est là. Je passe donc à l’appartement à gauche du mien. Cette fois, après avoir frappé, j’entends des pas approcher. Les pas s’arrêtent à la porte et je change de posture pour avoir l’air amical. Quelques secondes plus tard, j’entends les pas s’éloigner. Je reste là plantée comme un piquet pendant trois bonnes minutes avant de réaliser qu’on ne m’ouvrira pas. L’exaltation que je ressentais commence rapidement à s’estomper. Peut-être que se faire des amis va être plus compliqué que ce que je pensais.

    Je jette un coup d’œil à l’appartement en face du mien, en me demandant si ça vaut bien la peine. J’ignore pourquoi je suis aussi surprise par ces réactions. Je vis à présent dans une grande ville. Les choses ne sont pas les mêmes que dans les petites bourgades. Les gens sont plus prudents ou ne veulent pas être dérangés. Ils pensent peut-être que je viens leur vendre quelque chose. Un instant, j’envisage de frapper à la porte à nouveau et d’annoncer que je suis leur nouvelle voisine dans l’espoir qu’ils ouvrent la porte. Ça fait un peu désespéré.

    Dans un soupir, je me tourne et m’approche de l’appartement faisant face au mien, sans grande attente. Je ne souris même plus après avoir frappé, fixant l’assiette de cookies et me demandant ce que je vais en faire si personne n’est chez lui ou si on m’ignore à nouveau.

    Des pas approchent et j’affiche un sourire, bien qu’il ne soit pas aussi radieux qu’auparavant. Ce n’est que lorsque j’entends la porte s’ouvrir que mon visage s’illumine enfin. Oui ! Je vais rencontrer mon premier nouveau voisin et peut-être même mon premier ami.

    La porte s’ouvre et je prie silencieusement pour qu’une femme d’à peu près mon âge se trouve derrière. L’idée d’avoir enfin une copine tout près m’enthousiasme au plus haut point.

    Et pourtant il ne s’agit pas d’une femme, mais d’un homme. Et lorsque mon regard se pose sur son visage, chaque bribe de la joie que j’ai éprouvée en arrivant dans ce nouvel appartement vole en éclats.

    Toi !

    Au fond de moi, ma réaction en découvrant l’homme devant moi est si violente que ce simple mot rempli d’amertume manque de m’échapper.

    Je combats l’envie irrépressible de froncer les sourcils mais mon bouillonnement interne est certainement visible sur mon visage.

    Comment est-ce possible ? Dans une ville de plus de deux millions d’habitants, quelle est la probabilité pour que j’emménage à côté de ce connard ?

    Caleb Ryan me sourit, bien qu’il ait aussi l’air un peu surpris.

    —  Je peux vous aider ? demande-t-il avec hésitation avant de se tourner un instant pour empêcher son chien de passer.

    Je sais que je dois avoir l’air bête. Bouche bée. Yeux écarquillés.

    Je peux vous aider ? C’est tout ? Vraiment ?

    J’ai besoin d’un moment pour retrouver mon sang-froid. Dès que j’y arrive, je détourne le regard. Le simple fait de le regarder me provoque plein de sensations déplaisantes.

    — Je venais juste vous dire que je viens d’emménager à côté.

    Il regarde par-dessus mon épaule en pointant son doigt de droite à gauche comme un essuie-glace.

    —  Là, dis-je en désignant l’appartement en face du sien.

    — Ah. D’accord.

    Il hoche la tête et ses yeux atterrissent sur l’assiette de cookies que j’ai dans les mains.

    — Ils sont pour moi ?

    — Non.

    Je les éloigne de lui en les serrant fermement contre ma poitrine.

    — Je les avais simplement avec moi.

    Il me lance un drôle de regard. Sentir ses yeux sur moi me donne un coup de chaud dans tous les sens du terme.

    — Bon, je me suis présentée. Je vais y aller.

    Je commence à m’éloigner et il laisse échapper un petit rire.

    — Mais tu ne t’es pas présentée.

    À ces mots, mes yeux s’envolent à nouveau vers son visage. Et c’est là que je réalise : il ignore totalement qui je suis. Je ne sais pas si cela me contrarie ou me rend heureuse.

    — Moi c’est Caleb.

    Il me tend la main. Je pose l’assiette de cookies sur mon bras et place une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de lui serrer la main avec précaution.

    — Willow, dis-je dans un murmure, parfaitement consciente qu’il retrouvera la mémoire à la seconde où il entendra mon nom.

    — Tu peux répéter ? demande-t-il.

    Je m’éclaircis la gorge en me préparant mentalement au malaise qui s’ensuivra.

    —  Je m’appelle Willow.

    — Oh.

    Sa tête a un mouvement de recul.

    — Eh bien, ravi de te rencontrer Willow. N’hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.

    Je le fixe d’un air absent avec l’impression que ma mâchoire va me lâcher et s’ouvrir. Il ne me reconnait toujours pas après avoir entendu mon nom ?

    — Je te souhaite un bel après-midi.

    Je m’éloigne lentement de lui en m’attendant à ce qu’il réalise qui je suis à chaque seconde qui passe. Pourtant rien... et je regagne mon appartement sans encombre.

    Une fois à l’intérieur, je presse mon dos contre la porte et gémis. Ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi mal. Comment est-il possible de se sentir comblée et plus déprimée que jamais dans la même journée ? Ce n’est pas juste.

    Je pose les cookies sur l’îlot de la cuisine et m’affale à moitié dessus en lâchant un gémissement. Caleb Ryan. Le seul homme que j’ai aimé. Je ne l’avais pas revu depuis quatre ans et voilà qu’il habite en face de moi.

    — Le destin est cruel, dis-je en braillant. Pire que cruel. Il se moque de moi.

    Je prends une profonde inspiration en me redressant. Je ne laisserai pas ma nouvelle vie être gâchée de cette façon. Je dois me débarrasser de lui quoi qu’il en coûte. Il existe sûrement un moyen pour que je le fasse déménager. Ça ou bien le faire virer.

    Je vais m’assoir sur le canapé à la recherche d’idées pour faire déménager Caleb. Pendant ce temps, les souvenirs du temps passé ensemble au lycée me tourmentent. J’étais une imbécile amoureuse à l’époque, aveugle sur sa véritable nature.

    Il n’a pas trop changé. Il est toujours beau même s’il a un air moins propret qu’avant. Au lycée, il était toujours parfaitement rasé. Il semblerait qu’il ait décidé de se laisser pousser une barbe et moustache légères maintenant. Pas très prononcée mais une barbe de deux ou trois jours tout de même. Ça lui donne un air plus mature, moins garçon. Il a toujours été mince mais il a gonflé de partout depuis la dernière fois que je l’ai vu. Sa chemise moulait sa large poitrine et ses muscles, sans aucun doute bien galbés, en dessous. Le pire dans tout ça, c’est que ses yeux sont toujours amicaux. Ces tendres yeux marron qui m’ont trompée tant de fois. Qui brillaient quand il riait. Je me suis laissé avoir : j’ai cru qu’il était honnête et que nous étions vraiment amis.

    Je le hais à présent. Je le haïrai toujours pour ce qu’il m’a fait. Je ne supporterai pas de vivre à côté de lui, même sur une courte durée.

    Je passe ma nuit à planifier ma vengeance. C’est troublant comme mon bonheur s’est si vite changé en haine. Comme mon rêve s’est mué en cauchemar. Pour l’instant, j’ai le dessus sur lui tant qu’il ne découvre pas mon identité, mais qui sait combien de temps cela va durer. Je croise les doigts pour qu’il ne se souvienne jamais de moi.

    Le moral dans les chaussettes, je pars me coucher tôt, même si je ne parviens pas beaucoup à dormir. Mes pensées sont à la frontière du meurtre illogique, allant de pousser Caleb du haut des escaliers jusqu’à le percuter de plein fouet avec ma voiture. Si seulement, il savait à quel point il m’a blessée. Cependant, je ne lui laisserai pas la satisfaction de savoir pourquoi. J’aimerais pouvoir lui faire la même chose même si je sais que ce n’est pas possible. Il a toujours été aussi proche de la perfection qu’un être humain peut l’être. Populaire au lycée. Tout le monde l’adorait. Toutes les filles voulaient sortir avec lui, moi incluse. C’était le genre de type qui aidait les vieilles dames à porter leurs courses et qui se portait volontaire pour servir à manger aux sans-abris. Je suis certaine que peu de personnes connaissait sa vraie nature. Ses amis proches seulement... et moi par accident.

    Quand j’arrive finalement à m’endormir, je ne me réveille qu’aux alentours de midi. Je grogne quand les rayons du soleil se frayent un chemin à travers les stores pour me brûler les rétines. Si mon estomac ne hurlait pas de faim, j’aurais pu rester au lit toute la journée. Mais les choses étant ce qu’elles sont, j’ai désespérément besoin d’aller faire des courses.

    Je m’extirpe du lit et m’habille, salivant à la vue de l’assiette de cookies toujours posée sur l’îlot. Même si je les déteste pour ce qu’ils m’ont fait par le passé, je sais qu’ils sont délicieux et cela les rend encore plus appétissants.

    — Non.

    Je secoue la tête et prends l’assiette pour la coller dans un placard vide. Hors de ma vue.

    — Je vous amènerai demain au travail pour faire bonne impression.

    J’ai plutôt envie de les jeter à la poubelle mais ça serait un énorme gâchis.

    Je fais glisser mon sac à main par-dessus mon épaule et sors de l’appartement en jetant un coup d’œil à la porte de Caleb. J’espère ne jamais le croiser. Moins je le vois, mieux je me porte.

    J’ai à peine fait un pas dans le couloir pour atteindre l’ascenseur lorsque je remarque un tas fumant de caca de chien au beau milieu. Un sourire diabolique étire mes lèvres et je hoche la tête. Elle n’est pas assez grosse pour appartenir au husky de Caleb mais ça ne fait rien. Je doute fort que le personnel de l’immeuble prendra le temps de la mesurer.

    Je prends l’ascenseur pour descendre et fais un détour par l’agence de location. À mon arrivée, je les informe en colère qu’un chien a fait caca dans le couloir de mon immeuble et mens en prétextant avoir vu de qui il s’agissait. Après avoir dénoncé Caleb et son cabot, je me dirige toute guillerette vers le supermarché pour faire mes emplettes. Je sais que le dénoncer une fois ne sera pas suffisant pour le faire dégager de l’immeuble mais recevoir un avertissement le mettra au moins dans l’embarras. Je décide alors que chaque fois que je verrai un caca dans l’entrée, j’irai l’accuser. Après un certain nombre d’avertissements, il devrait recevoir une amende. Alors, peut-être qu’ils finiront par le menacer d’expulsion. Il sera en colère et décidera de partir de son propre chef pour ne plus avoir à vivre ce genre de problèmes. Je devrais attendre que son bail arrive à expiration. Si je peux le faire virer d’ici là, encore mieux.

    Je finis mes courses et reviens à l’appartement, fière de moi. Ma vie ici sera peut-être chouette en fin de compte.

    ***

    Je n’ai jamais été aussi excitée par une première journée de travail. Sûrement parce que je fais le lien entre le début d’un nouveau travail et le début de ma nouvelle vie. D’ailleurs, il est probable que je me fasse mon premier ami ici, à présent que mes rêves d’être amie avec mes voisins aient été anéantis. Dans toutes les séries télé que j’ai vues, les héros ont toujours un ami au travail. Pourquoi serait-ce différent pour moi ?

    On nous conduit à la salle de formation et je suis assise à côté d’une blonde magnifique qui m’annonce d’emblée s’appeler Becky.

    — Je suis trop excitée.

    Elle est presque en train de sauter sur sa chaise. Son énergie est contagieuse et je ne peux m’empêcher de sourire.

    — Moi aussi.

    — C’est mon premier travail depuis le lycée.

    Cet aveu me plait nettement moins. Je suis allée à l’université pour devenir technicienne d’information médicale et, pourtant, je me retrouve là, à faire de la simple saisie de données avec quelqu’un qui n’a pas la moindre expérience du monde du travail. Il n’y a pas vraiment de quoi briller.

    — Félicitations, lui dis-je sans enthousiasme.

    — C’est ton premier boulot aussi ?

    Ses yeux bleus sont larges et curieux. Il ne me faut que quelques secondes pour réaliser qu’elle doit être un peu simplette. La façon dont elle parle est trop douce, trop innocente, trop pétillante. Sa tenue n’est pas appropriée pour le travail (mais qui suis-je pour lui dire quoi que ce soit). Nous sommes supposés nous habiller de façon décontractée mais correcte et sa jupe crie « regardez mes jambes ». 

    — Non, ce n’est pas mon premier boulot.

    Ma voix devient à peine audible. Peut-être qu’elle ne sera pas non plus ma première amie.

    Un homme rentre dans la pièce et, à la seconde où je pose les yeux sur lui,

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