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Visite d'un père à son fils
Visite d'un père à son fils
Visite d'un père à son fils
Livre électronique80 pages1 heure

Visite d'un père à son fils

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À propos de ce livre électronique

Ce texte au scalpel nous plonge au coeur de la relation complexe, ambigu, aimante et déchirante d'un père et de son fils. On est les témoins d'une histoire ratée, faite de non dits, de rancœurs, où la tendresse peine à s'exprimer où les corps, les mots se heurtent dans un huis clos qui ne laisse aucun échappatoire à la vérité.
Deux êtres prisonniers du langage, du silence, et de leur amour vont se chercher s'affronter se provoquer sous nos yeux pour mieux se détruire et se perdre. Tels des animaux en cage ils ne peuvent échapper l'un à l'autre, et finissent par s'entre dévorer.
Bourdon est un contemporain, il sait la réalité d'aujourd'hui dure cruelle violente et sans pitié. C'est dans cette société, dans cet argile qu'il plante sa poésie toute personnelle.
Son théâtre est cru, engagé, social, ses pièces frappent dénoncent répercutent sur scène la misère humaine. Ses héros sont des hommes des femmes abandonnés délaissés par la société. Des êtres à la dérive, des laissés pour compte, qui n'arrivent plus à suivre, qui décrochent et qui survivent plus qu'ils ne vivent.
Il connaît pas l'Université Bourdon, mais il connaît la banlieue, le bistrot, la misère... Point de salut chez lui, l'être humain y est décrit dans toute sa noirceur, sa cruauté, avec ses faiblesses et ses fragilités. Bourdon est un peintre de la misère ordinaire et en cela il me touche et interpelle cruellement dans la société d'aujourd'hui. Il était donc important pour moi de faire ré entendre cette voix maintenant en 2016 dans une société française cabossée à la dérive où le chômage et la précarité sont notre pain quotidien. Que cette peinture cette écriture qui s'est trop longtemps éloignée des scènes parisiennes revienne à la surface.
Et que soit porté de nouveau sur scène la misérable vie de ces gens ordinaires. Ce que j'aime dans le théâtre de Bourdon c'est cette écriture de la rue, sans matière grasse, écorchée vive qui frappe au coeur et à l'âme sans aucune pitié.
La famille est chez lui une prison dans laquelle les êtres se débattent pour exister où le pathétique côtoie le comique, le tragique le poétique. Tout notre travail consistera à mettre à nu chaque parcelle de cette relation impossible, à explorer sans complaisance l'humain dans tout ce qu'il a en lui de pitoyable et de ridicule, de traquer les mensonges et les vilenies d?un père à l'agonie, d'éclairer l'amour trahi et brisé d'un fils abandonné et enfin de révéler l'humanité enfouie et blessée qui est tapie meurtrie en eux et qui ne parvient à s'exprimer s'expulser que dans la souffrance et la violence. Nous ferons apparaître les blessures et l'effroyable solitude de ces êtres en perdition. Nous montrerons le gachis inexorable de cette relation.
Celle d'un père et de son fils.
Dans un espace de lumière, vide à l'exception d'une ou deux chaises et de livres, dans cette prison mentale qui les enferme nous serons les témoins de ce combat pitoyable, ce naufrage de deux handicapés de la vie

Jean Louis Bourdon est né le 14 octobre 1955 à Paris et est l’auteur de nombreuses pièces, notamment de Jock, Teddy, L'étrange destin de M et Mme Wallace, etc. Il est un de nos grand auteurs français. Reconnu par les plus grands et la critique, il a été monté et joué à de nombreuses reprises en France et à travers le monde. Il est aussi metteur en scène, romancier et peintre.
LangueFrançais
ÉditeurXinXii
Date de sortie27 mai 2016
ISBN9791096336036
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    Visite d'un père à son fils - Jean Louis Bourdon

    ans

    Visite d’un père à son fils

    Une salle avec une porte sur la droite, une table est au milieu entourée de trois petits bancs. Dans le fond de la pièce des livres plein le mur sur des étagères. Des livres également sur le mur de gauche. Dans un coin de la pièce une espèce de chariot en bois ou en fer avec des casiers dessus. Et une montagne de bouquins à côté de la porte. Au début, le fils et le père sont assis autour de la table, à chaque extrémité. Le fils lit le journal. Le père regarde la pièce, puis finit par poser les yeux sur son fils.

    LE PÈRE, après un temps. — Ça te fait plaisir, n'est

    -ce pas ?

    LE FILS — Quoi donc ?

    LE PÈRE — Le journal. Que ma vieille tête ait pensé à te ramener le journal !

    LE FILS, dans sa lecture . — Hum… ?

    LE PÈRE — Seulement vois-tu, j'aimerais bien que tu arrêtes !

    Léger silence.

    — Je dis que j'aimerais bien que tu arrêtes de lire !

    Très léger temps.

    — Je suis venu te voir, tu sais ! Je suis venu pour te parler, je ne me suis pas envoyé trente kilomètres pour te regarder lire !

    LE FILS — Tu n'étais pas venu depuis combien de temps ?

    LE PÈRE — Hein ? Depuis… pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?... Je ne me souviens pas exactement, disons… depuis un petit moment.

    LE FILS, ironique — Oui, c’était pas la semaine dernière !

    LE PÈRE — Je ne suis pas très libre ces derniers temps, il faut que tu comprennes ça !

    LE FILS , même jeu. Sarcastique — Je comprends, je comprends.

    LE PÈRE — Je suis à fond dans les affaires ces jours-ci, je ne sais plus où donner de la tête, je suis complètement rétamé !

    LE FILS — Les chevaux ?

    LE PÈRE — Quels chevaux ? Non, tu n'as pas compris ce que je voulais dire, non, les courses, c'est terminé ! En ce moment, j'ai d'autres préoccupations !

    LE FILS — D’autre préoccupation ?

    LE PÈRE , subitement abattu — Oui, je suis à la recherche de certaines affaires, et ça me fatigue terriblement, et puis ce matin je me suis dit qu'il fallait que je vienne te voir !

    LE FILS , toujours ironique. — C’est gentil ça !

    LE PÈRE — Je voulais rendre une petite visite au fiston, voir comment il se porte. C’est normal !

    De la part d’un père !

    LE FILS — Oui, tu as raison, c’est la moindre des choses !

    LE PÈRE — Comment tu te portes ?

    LE FILS — Ça va, pas à me plaindre.

    LE PÈRE, après un très léger temps .

    — Tu es content, j'espère !

    LE FILS — D’être là ?

    LE PÈRE — Non, que je sois venu !

    LE FILS — Que tu sois venu ?

    LE PÈRE — Ouais !

    LE FILS, sans conviction et se remettant à lire.

    — Ça me remplit de joie !

    LE PÈRE — Vraiment ?

    LE FILS — Oui, je t’assure ! je ne t'attendais pas !

    D'ailleurs pour être franc, je suis très ému !

    LE PÈRE — Tu es très ému ?

    LE FILS — Oui !

    LE PÈRE — Ça me touche ce que tu dis là !

    LE FILS — Depuis que tu es entré dans cette pièce, je suis rempli de frissons.

    LE PÈRE, surpris. — Des frissons ?

    LE FILS — Oui, des frissons !

    LE PÈRE — Des frissons comment ?

    LE FILS — Je sais pas, de la tête aux pieds !

    LE PÈRE — Tu n’as pas attrapé froid au moins ?

    LE FILS, vers son père. — Non, p’pa, rassure toi !

    Je ne te parle pas de ce genre de frissons !

    LE PÈRE — Ah, tu me rassure !

    LE FILS — Plutôt le genre de frissons révélateur d'un état de joie intense, si tu préfère !

    LE PÈRE — Ah, d’accord ! Oui, je préfère !

    LE FILS, après un léger temps . — Comment est-ce que va ma mère ?

    LE PÈRE — Très bien, formidablement bien. Elle t'embrasse très fort…

    Le fils sceptique regarde son père et se remet à lire.

    Léger temps.

    LE PÈRE — Hé ! Je l'ai amené pour toi, ce journal, tu sais, tu auras tout le temps de le lire plus tard.

    Le fils toujours prit dans sa lecture.

    — Hein !!

    LE FILS , sans regarder. — Quoi ?

    LE PÈRE , il regarde son fils.

    — Il y a quelque chose qu'il faut que tu regardes.

    LE FILS, toujours dans sa lecture, il répond machinalement.

    — Quoi donc ?

    LE PÈRE — Quelque chose, quelque chose que tu n'as pas vu !

    Léger temps.

    — Dis !

    LE FILS, même jeu. — Hum… ?

    LE PÈRE — Je dis qu'il y a une histoire que tu n'as pas vue !

    LE FILS — Quelle histoire ?

    LE PÈRE — Dans le journal ! L'histoire dans le journal à la page deux ! Tu as lu l'article de la page deux ?

    LE FILS, même jeu. — Non.

    LE PÈRE — Tu n'as pas lu ça ?

    LE FILS, même jeu. — Non, pas encore.

    LE PÈRE — Alors, un conseil, lis-le !

    LE FILS , il regarde son père. — Je suis sur un autre article, p’pa ! !

    LE PÈRE — Quel article ?

    Le fils se remet à lire et ne répond pas. Après un léger temps.

    — Quel article es-tu en train de lire ?

    LE FILS — Un article, page quatre, sur des pingouins !

    LE PÈRE , surpris. — Sur quoi ?

    LE FILS , vers son père. — Sur des pingouins ?

    LE PÈRE , même jeu. — Quels pingouins ?

    LE FILS , repris par sa lecture.

    — Dans le Grand Nord, ils ont trouvé un troupeau de pi ngo uins co mpl ète ment carbonisés.

    LE PÈRE , intrigué. — Des pingouins carbonisés

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