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Le piège de Noirmoutier: Guerres sous-marines, tome 1
Le piège de Noirmoutier: Guerres sous-marines, tome 1
Le piège de Noirmoutier: Guerres sous-marines, tome 1
Livre électronique235 pages3 heures

Le piège de Noirmoutier: Guerres sous-marines, tome 1

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À propos de ce livre électronique

Imaginez que le mur de Berlin ne soit pas vraiment tombé... Au cœur d'une intrigue qui met en danger la force de dissuasion française, 3 jeunes ingénieurs découvrent un prototype qui révolutionne la guerre sous-marine.
Les grandes puissances pourront-ils tolérer cette remise en cause de leur stratégie nucléaire ?
Le piège de Noirmoutier est le premier tome d'une saga qui compte maintenant 18 épisodes où les français résistent aux attaques nord-coréennes, russes ou américaines.
---------------------------
Les 8 premiers romans ("Guerres sous-marines) comptent également :
a) "Alerte à l'Elysée"
b) "La revanche de l'ombre",
c) "Le feu du ciel",
d) Ravitailleurs
e) Pour l'amour d'Eva,
f) La menace ultime
et deux séries complémentaires "Guerre pour l'espace" comptant déjà quatre tomes : a) Le regard de Kiren, b) La vengeance de Yiko, c) Le satellite fantôme, d) l'espace en feu, "La guerre des drones (trois tomes) puis "Guerres secrètes".

LangueFrançais
Date de sortie18 oct. 2015
ISBN9781311783813
Le piège de Noirmoutier: Guerres sous-marines, tome 1
Auteur

Claude-Jean Siré

A specialist of modern warfare - Un spécialiste de la défense

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    Aperçu du livre

    Le piège de Noirmoutier - Claude-Jean Siré

    Prologue

    2 NOVEMBRE 2011, CROZON, 17 H 45

    Un brouillard épais envahissait la côte et réduisait la visibilité à une centaine de mètres. Bruno roulait doucement. Après l’éclairage puissant de la base, le jeune médecin avait du mal à distinguer la route qui, après avoir longé la baie, serpentait maintenant dans le bocage breton. De toute façon, il n’était pas pressé. Charlotte arrivait au train de vingt-deux heures. Il avait largement le temps de passer au Cercle. À l’angle d’un virage, une jolie silhouette apparut sur le bas-côté, près d’une voiture aux phares éteints. En s’approchant, il vit une jeune femme, vêtue d’un manteau de laine et d’une écharpe verte. Elle lui faisait signe. Il freina et se gara sur le talus.

    - Un problème ? demanda-t-il.

    - Ma voiture est en panne ! J’ai essayé d’appeler un garagiste. Le seul que j’ai trouvé ne peut venir que demain.

    - Vous voulez que je vous dépose quelque part ?

    - Je travaille à Brest, mais ce n’est peut-être pas votre direction.

    - Si, si, montez !

    La jeune femme était menue, mais ses traits étaient fins et son visage très pâle tranchait avec le teint local.

    - Vous n’êtes pas d’ici !

    - Je suis eurasienne.

    - Ah !

    - Mon grand-père était Américain, précisa la jeune femme. Il a vécu à Boston, avant la guerre de Corée. Il a connu ma grand-mère à Séoul. Ils ont émigré à Paris, mais ma mère est retournée en Corée du Sud. Je viens de là-bas.

    - Et que faites-vous à Brest ?

    - Je suis venu rendre visite à un oncle. Il tient un restaurant coréen. J’y suis serveuse le soir. Mais dans quinze jours, je vais à Boston, chez mon grand-père.

    En réalité, la jeune femme récitait sa leçon. Nord-Coréenne, elle avait fait des études en électronique à Pyongyang puis avait longtemps travaillé dans l’espace de Kaesong, une enclave « capitaliste » à la frontière des deux Corées, avant de se faire recruter par une société sud-coréenne, filiale d’une société américaine. C’est ainsi qu’elle avait obtenu un visa pour les États-Unis, valable dans quelques semaines.

    - Et vous ?

    - Je suis médecin. Je viens d’être recruté ici.

    - À Brest ?

    - Non, nous avons une petite unité de ce côté de la baie.

    Bruno cacha de son côté que l’Ile Longue, d’où il venait, abritait la force de frappe nucléaire française. Cette base ultra-protégée abritait le site d’intégration des nouveaux missiles M51 à tête nucléaire et tout ce qui permettait de maintenir et activer les 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), qui constituaient le cœur de la dissuasion française. Il allait embarquer sur l’un deux : Le Terrible. La base comptait en outre deux gros bassins creusés dans le granit sous les ordres du Général de Gaulle et qui permettait maintenant le chargement des missiles au sein des monstres sous-marins.

    Ils restèrent un instant en silence. La brise s’était levée, dégageant le paysage. Bruno sentit le parfum de la jeune femme qui envahissait l’habitacle. Il se demanda si l’odeur serait détectée par Charlotte, quand elle monterait dans sa voiture. Instinctivement, il accéléra.

    - Vous connaissez la cuisine coréenne ? reprit la jeune femme.

    - Non ! Pas du tout.

    - En général, les Français raffolent de notre barbecue, une viande coupée en fines lamelles, servie avec une sauce un peu sucrée. Si vous voulez, pour vous remercier, je serais heureuse de vous offrir une place dans le restaurant de mon oncle. En ce moment, nous avons une promotion pour un dîner gratuit par table. Si vous voulez, vous pouvez venir à deux. Je serai ravie de vous faire connaître nos spécialités.

    - Pas ce soir, mais demain, peut-être. J’en parle à mon amie.

    Ils avaient passé le pont et rejoint la banlieue de la ville. Le ciel, maintenant dégagé, laissait apparaître, à leur gauche, la rade où quelques voiliers ployaient sous le vent d’ouest.

    - Je vous laisse où ? demanda-t-il.

    - Au prochain feu. Le restaurant de mon oncle n’est pas loin. Mais il faut que j’achète du pain !

    Il s’arrêta sur une place de livraison. Elle fouillait dans son sac et sortit un petit carton où l’adresse du restaurant était clairement visible.

    - Je m’appelle Éva, dit-elle, en lui tendant.

    - Peut-être à demain, alors, dit-il.

    - Merci, en tout cas, pour le trajet.

    - De rien !

    Elle sortit, dévoilant, dans le même mouvement, deux jambes fines et menues. Il la regarda partir, un peu médusé par cette rencontre inattendue. Sa silhouette, toute fine, tranchait avec les rondeurs de Charlotte. Il ouvrit grand la fenêtre, chassant les effluves qui l’avaient tant troublé. Il regarda sa montre. Il avait largement le temps de passer au Cercle, où il avait pris une chambre pour les huit jours qui précédaient son embarquement…

    *

    * *

    Éva sourit. Un client de plus pour demain ! Son « oncle » Choo serait content ! Elle serra instinctivement son sac contre elle, souriant intérieurement. À l’intérieur, il y avait la petite carte SD et la batterie de rechange de la caméra, cachée dans la voiture, soi-disant en panne, sur la route de Crozon. Équipé d’un détecteur de mouvement, le petit appareil, disposant d’un capteur CMOS à haute définition, photographiait depuis dix jours, tous les véhicules venant de la base. Un autre système du même style avait été placé par Choo une nuit à l’embarcadère du ferry qui assurait aussi l’accès à l’île Longue par la rade. En fusionnant toutes les données collectées, Jinju, sa « collègue », avait de quoi compléter la base de données qu’ils cherchaient à mettre à jour : un fichier de toutes les personnes ayant accès au site.

    *

    * *

    Arrivé au mess, Bruno grimpa dans sa chambre. L’endroit était confortable, bien qu’un peu vieillot. Il écarta les rideaux et aperçut le jardin Kennedy. La nuit tombait et les lumières de la ville clignotaient en alternant entre le rouge et le jaune. Il n’aimait pas la ville. Il se déchaussa, et s’assit. Prenant sa tête dans ses mains, il soupira. Le mess restait bruyant. On entendait le parquet grincer et des bruits de tuyauterie. Dans quelques jours, dans le monstre d’acier où il allait s’enfermer, quels seraient les sons ? Il n’aimait que le silence. Il se leva, attrapa son portable, introduisit la prise jack et sélectionna une suite de Bach. La longue plainte du violoncelle l’apaisa. Il lui fallait ça avant de retrouver Charlotte.

    De l’autre côté de la cloison, Didier Truchard de la Baye était allongé sur son lit, tout habillé. Il fixait le plafond, mais ses pensées étaient ailleurs. Après des années passées sur le pont de divers bâtiments de surface, sans compter un passage à l’école de guerre il venait d’être muté à la coordination des sous-marins opérant dans l’Atlantique, avec, dans le lot, les trois SLNE, basés à l’île Longue, qui se relayaient pour assurer à la France sa place de quatrième puissance mondiale en matière de dissuasion nucléaire, derrière les États-Unis, la Chine et la Russie, mais devant le Japon et plus encore le Royaume-Uni et l’Allemagne. L’installation des nouveaux missiles M51 sur le Terrible, puis progressivement sur les autres SLNE étaient aussi sous sa responsabilité. Et ce n’était pas une mince affaire.

    Le M51, premier exemplaire d’une nouvelle génération de missiles balistiques entrés en service en 2010, était très différent en taille et en rayon d’action que le M45. Avec ses têtes multiples, ses 15 tonnes de plus, sa propulsion solide à trois étages en carbone 3D, il renforçait encore la capacité de frappe de la France, tout en l’exposant à de nouvelles convoitises. Sa portée dépassait les 8.000 km, soit 2.000 de plus que le système précédent. Son installation sur le Vigilant, le Triomphant et le Téméraire, après rétrofit, le changement de l’étage supérieur en 2015, c’était tout un programme où sa double formation d’ingénieur et de marin serait utile.

    Truchard ne croyait pas dans l’état de paix apparente qui semblait régner dans le monde. Sans parler du Moyen-Orient, le retour d’un problème russe en Europe, les tensions en Chine et en Corée ne pouvaient que s’empirer. La fin apparente de la guerre froide n’était qu’un leurre. Rien n’était résolu et la guerre économique ne faisait que masquer des tensions plus lourdes.

    Grand, sec, Truchard avait déjà les tempes bien grisonnantes. Il n’avait pas perdu sa taille de jeunesse et sa forme physique, mais il se sentait plus vite fatigable. Son nouveau poste n’était pas de tout repos. Basé à Paris, reportant directement à l’Amiral, il allait devoir faire la navette entre Brest et la capitale. Il ferma les yeux et repensa à sa femme. Cette dernière n’avait pas caché sa joie de retourner à Paris. Cela la rapprochait de sa Normandie natale, de sa longère, au bord de l’Avre, où elle fuyait dès que possible. Lui ne rêvait que de mer…

    Avec sa fille Éléonore à Lille et Tiphaine, son aînée en médecine à Lyon, il ne lui restait que ceux qu’il appelait les petits. L’ainé des garçons, Jérôme avait été admis à Stanislas. Sa présence à Paris avait au moins cet avantage. Mais son côté rêveur et indépendant lui donnait du fil à retors. Truchard payait ses longues absences en mer. Et son poste itinérant n’aiderait pas à le cadrer. Il soupira. Il était encore loin de la retraite.

    *

    * *

    De l’autre côté de la place, dans sa 407 grise, Francis Peignon soupira. Pourquoi le Colonel l’avait-il envoyé là, à Brest, assurer la protection discrète de Truchard et de sa bande ? Depuis qu’il travaillait pour « La Boîte » alias « la Centrale » ou la DGSE pour ne pas la nommer, il avait fait tous les boulots. Il avait « tamponné » des sources à l’étranger, expression également imagée qui consistait à recruter une personne pouvant fournir des informations confidentielles. Il avait ensuite monté beaucoup d’échelons, mais la filature d’une huile, une HVT – High Value Target – comme on disait dans le Service, n’était plus son lot. Pourtant, le colonel avait insisté. Était-ce pour le distraire après le départ d’Agnès, sa femme ? Il ne dormait plus beaucoup depuis qu’elle était partie.

    Repartir sur le terrain, quitter son appartement de Montrouge. Ce n’était pas, dans le fond une mauvaise idée. Les jours à venir étaient cruciaux. La France changeait de braquet. Et le nouveau responsable de la dissuasion méritait une couverture de premier plan, que le colonel ne voulait pas déléguer. Il se tourna vers Jacques Sollin qui venait de s’installer à ses côtés, deux sandwichs à la main.

    — Qu’a donné le « dépoussiérage » ?

    — Sa chambre est propre… Pas un micro.

    — Alors, mangeons ça, vite fait, et ne trainons pas.

    Sollin était devenu un vieil ami. Fiable, presque aussi haut placé que lui. Grand, brun, tout en muscles, Jacques avait toujours servi la branche action. Ancien marin, nageur de combat, il avait un CV à faire frémir les pékins. Lui aussi avait eu des ennuis avec sa Doreen, l’Américaine qu’il avait épousée quelques années plus tôt. Et ils se serraient les coudes.

    Ils mangèrent en silence, puis sortirent, traversèrent la place, pénétrèrent dans le hall. Le planton ne cilla pas en voyant la carte de Peignon. Sollin et lui pénétrèrent dans l’ascenseur et grimpèrent au troisième. Le couloir était désert. La chambre de Truchard était au bout.

    — Qui est dans la chambre d’à côté, demanda Francis ?

    — Le futur médecin du Terrible. Pas de casier. On a validé son dossier la semaine dernière.

    — Alors, allons-y.

    Jacques Sollin tapa discrètement à la porte. Truchard apparut, en bras de chemise.

    — Jacques, quelle bonne surprise !

    — Vous me reconnaissez ?

    — Tu n’as pas pris une ride.

    — Juste quinze ans, depuis La Jeanne… Je vous présente Francis Peignon, mon collègue, dit Sollin en s’invitant dans la chambre. On a à vous parler.

    — Entrez… Que puis-je pour vous ?

    — Je suis en charge d’organiser la sécurité de vos opérations, dit Peignon. Le colonel m’envoie pour vérifier avec vous les procédures, s’assurer que vous et vos hommes êtes bien au courant des risques qui pèsent sur votre mission.

    — Des risques ?

    — Oui… des risques. On ne peut rien exclure.

    — Mais la Marine n’est pas un enfant de chœur…

    — Il n’y a pas que la Marine. Vous avez des sous-traitants, des fournisseurs. Il ne faut rien laisser au hasard.

    — Je vous assure que nous sommes au taquet sur tout ça.

    — J’espère, soupira Peignon…

    Malgré la présence de Jacques Sollin, Truchard semblait sur ses gardes. Il avait l’assurance d’un ancien pacha, le ton sec, parfois cassant. Ils passèrent deux bonnes heures à passer en revue les principaux points sensibles du process, l’arrivée des étages du missile, leur intégration à Brest, les liens entre le maître d’œuvre et l’intégrateur des têtes nucléaires à l’île Longue, la mise en place des vecteurs dans le ventre des SNLE, mais surtout la surveillance et la sécurité de toutes les personnes impliquées dans l’opération. Vers 23 heures, le téléphone de Truchard sonna.

    — Désolé messieurs, c’est ma femme.

    — On vous laisse, dit Sollin en se levant. Embrassez là pour moi.

    Ils se retirèrent et fermèrent la porte derrière eux.

    — Tu connais aussi sa femme ?

    — Tu sais, entre marins, quand on n’est pas en mer, c’est comme une grande famille. Sa femme est charmante. Quand j’étais à la Baille, Blandine de Grandveneur n’avait pas encore épousé Didier Truchard. Nièce de l’amiral de l’époque, elle venait souvent aux soirées qu’on organisait entre jeunes. J’avoue l’avoir pas mal courtisé.

    — Tu m’en diras tant…

    *

    * *

    De son côté, Truchard n’avait guère apprécié la remarque de Jacques Sollin. En fait, il n’avait jamais vraiment apprécié l’homme. Malgré ses grandes qualités sportives, sa formation de nageur de combat, il le trouvait un peu trop vif à la détente. Et puis, il se doutait que sa femme n’avait pas toujours été insensible à ses charmes et cela l’énervait d’autant plus que cette dernière était, par ailleurs, une femme plutôt classique.

    Ce souvenir récurrent de ses errements de jeunesse, ce rappel de sa vie avant son mariage l’énervait au plus haut point. C’était viscéral, chez lui. Une forme de jalousie larvée, en dépit du fait qu’il ne doutait plus de la fidélité de sa femme.

    Quand Sollin, avait demandé sa mutation à la DGSE, il avait approuvé sans réserve son transfert et s’était réjoui de ne plus le croiser. Si le mariage du jeune homme avec une Américaine avait éteint, un temps ses craintes, l’annonce du départ de la jeune femme aux US, qui avait fait jaser la communauté des marins, avait réveillé chez lui une crainte. Ce soir encore, le risque Sollin semblait fondé…

    Du coup, il n’écoutait qu’à moitié les plaintes de Blandine. Sa femme était rarement contente de son sort :

    - Des nouvelles d’Éléonore, demanda-t-il, pour mettre fin à la litanie de ses complaintes habituelles sur les plus jeunes.

    - Aucune. J’ai croisé une amie qui l’a aperçu à Lille, entourée d’une cour de jeunes garçons.

    - Elle m’inquiète. Elle n’est pas comme notre aînée. Plus volage. Tiphaine n’aurait jamais traîné en ville.

    - Ses études sont moins prenantes. Elle n’est pas en médecine !

    - Oui, je sais, et c’est ce qui me tracasse.

    - Et Jérôme ?

    - Fidèle à lui-même. Des bonnes notes, mais beaucoup d’impertinences…

    Après une bonne demi-heure de monologue, sa femme raccrocha. Il se déshabilla et s’étendit sur son lit. À travers la cloison, il entendit la voix d’une jeune femme. Était-elle avec le jeune Navalais, qu’il avait croisé en montant ? Le médecin venait d’arriver à l’Île Longue. Il se souvenait qu’il avait vu passé son dossier. De bonne famille, plutôt intelligent, il l’avait affecté au Terrible. Le sous-marin repartait dans trois jours.

    3 NOVEMBRE, BREST

    Le lendemain, il y avait foule pour le petit déjeuner. Truchard s’assit à la dernière table libre et commanda un café et deux croissants. C’est alors qu’il aperçut le jeune médecin, accompagné d’une charmante jeune fille aux boucles brunes. Comme il n’y avait plus de place, il les invita d’un signe de la main :

    - Vous devez être le jeune toubib qui embarque sur le SLNE, dit-il.

    - En effet, dit Bruno.

    - Je m’appelle Didier Truchard de la Baye, je commande la flotte des sous-marins.

    - J’ai connu une Tiphaine Truchard, à Lyon.

    - C’est ma fille.

    - On s’entendait bien, dit Bruno.

    - C’est mon aînée. C’est une fille sérieuse.

    Le contre-amiral se tourna vers la jeune femme :

    - Votre femme ? demanda-t-il à Bruno, avec un léger sourire.

    Charlotte sursauta. Elle n’avait pas encore l’intention d’épouser Bruno. Leur liaison n’en était qu’à son début… Et le départ de Bruno en mer ne la réjouissait pas…

    - Pas encore. Je m’appelle Charlotte de la Rampierre. Je connais aussi Tiphaine, mais surtout Éléonore, votre seconde. J’ai passé le week-end dernier avec elle à Lille. Mon frère, Grégoire est dans son école d’ingénieurs.

    - À l’ICAM ? Le monde est bien petit, dit Truchard.

    Il avala son café et se leva.

    - Je vous laisse, vous avez certainement beaucoup de choses à vous dire avant le départ de votre fiancé.

    - Fiancé ? Pourquoi pas, murmura Bruno à Charlotte.

    - Ne t’emballe pas, répondit la jeune femme. On se connaît à peine.

    Bruno ravala sa salive.

    - Tu veux qu’on aille sur la côte.

    - Pas longtemps. Par ce temps, on va geler. Il y a un cinéma à Brest ?

    - Oui, bien sûr !

    - Alors, cet après-midi, on se fera une toile.

    - Si tu veux, concéda Bruno. Ce soir, je te propose un dîner coréen.

    Il se garda de dire qu’on lui avait offert des places gratuites.

    - Pourquoi pas ?

    *

    * *

    Malgré la pluie, il y avait foule dans le petit restaurant coréen,

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