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Traquenards
Traquenards
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Livre électronique472 pages6 heures

Traquenards

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À propos de ce livre électronique

Il est hanté par le souvenir d'une affaire d'enlèvement qui a mal tourné...

Voulant éviter que l'histoire ne se répète, l’inspecteur Matt Brady se démène pour résoudre les disparitions de sept jeunes femmes, mais se retrouve rapidement confronté à une organisation criminelle bien au courant des procédures policières, et qui met tout en œuvre pour garder une longueur d'avance sur lui. Ses ennuis prennent une tournure plus compliquée quand une jeune vétérinaire se lance elle aussi dans l'enquête et prend des risques qui pourraient faire d’elle la huitième victime. Et quand il essaie de la protéger, il se retrouve dans la ligne de mire d'un tueur professionnel d’agents de police. Brady pourra-t-il résoudre l'affaire à temps, ou bien cette enquête lui sera-t-elle fatale à lui et sa nouvelle flamme ?

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie7 mars 2016
ISBN9781507121818
Traquenards
Auteur

Alan Brenham

Alan Brenham is the pseudonym for Alan Behr, an author and attorney. He served as a law enforcement officer before earning a law degree and working as a prosecutor and a criminal defense attorney. He has traveled to several countries in Europe, the Middle East, Alaska, and almost every island in the Caribbean. While working with the US Military Forces, he lived in Berlin, Germany. Behr and his wife, Lillian, currently live in the Austin, Texas area.

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    Aperçu du livre

    Traquenards - Alan Brenham

    TRAQUENARDS

    ––––––––

    Alan Brenham

    ––––––––

    Une publication Opal Books

    GENRE : MYSTÈRE/SUSPENSE/DÉTECTIVE. ÉLÉMENTS ROMANTIQUES

    Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, lieux, personnages et incidents sont les fruits de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés de manière fictionnelle ; toute ressemblance à des personnes vivantes ou décédées, à des lieux ou événements, ou à des sociétés ou organisations serait purement fortuite. Toutes les marques commerciales, marques de service, marques déposées et des marques de service déposées sont la propriété de leurs propriétaires respectifs et sont utilisées ici uniquement à des fins d'identification. L'éditeur n'exerce aucun contrôle sur les sites de l’auteur et de tiers, et ne saurait assumer une responsabilité quelconque du fait du contenu de ces sites.

    TRAQUENARDS

    Droits d’auteur © 2014 par Alan Brenham

    Maquette de couverture: J T Lindroos

    Tous les droits d'auteur de l’image de couverture © 2014

    Tous droits réservés

    Impression ISBN : 978-1-626941 -

    Première publication : juillet 2014

    Tous droits réservés en vertu des conventions panaméricaine et internationale sur le droit d'auteur. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous aucune forme ou par quelque moyen technique, mécanique ou numérique que ce soit, par photographie, par enregistrement ou par quelque forme de stockage ou de récupération de données, sans la permission écrite de l'éditeur.

    AVERTISSEMENT : la reproduction non autorisée et la distribution de cette œuvre protégée par les droits d’auteur est illégale. La violation des droits d’auteur criminelle, y compris la violation de droits d’auteur sans gain monétaire, fait l'objet d'une enquête par le FBI et est passible d’une peine d’emprisonnement en établissement pénitentiaire fédéral pouvant aller jusqu’à cinq ans, ainsi que d'une amende de 250 000 dollars américains.

    À propos de la version à imprimer : si vous avez acheté une version imprimée de ce livre sans couverture, sachez que l’exemplaire du livre que vous tenez entre les mains a été volé. Il a été signalé comme « non vendu et détruit » par l’éditeur, et ni l'auteur ni l'éditeur n'ont reçu de paiement en échange de ce « livre mis au pilon ».

    EN CAS DE DÉCOUVERTE DE VENTE OU DE PARTAGE ILLÉGAL D’UN EBOOK OU D’UNE VERSION IMPRIMÉE DE CE LIVRE, VEUILLEZ LE SIGNALER EN NOUS CONTACTANT À L’ADRESSE SUIVANTE : lpn@blackopalbooks.com

    Publié par Black Opal Books : http://www.blackopalbooks.com

    DÉDICACE

    À ma femme Lillian, pour l’amour qu’elle me porte, et pour son soutien indéfectible. 

    À ma sœur Pamela.

    Aux hommes et femmes de la police de Temple dont le devoir les amène à prendre régulièrement le risque de scruter l’abîme depuis le bord glissant de vertigineux précipices.

    PROLOGUE

    ––––––––

    U

    n fourgon blanc, suspect, sale et cabossé roulait lentement le long des rangées de voitures du parking municipal de Temple. Le conducteur et son passager, tous deux des hommes de forte carrure, scrutaient avidement les lieux. Un crissement de pneus attira leur attention ; une BMW bleu pâle était entrée à vive allure dans le parking. Celle-ci vira brusquement sur la droite, à une rangée de voitures du fourgon, et s'inséra en un éclair dans la première place de stationnement disponible. Au volant, une femme d'une vingtaine d'années, exceptionnellement belle, aux cheveux noirs, qui ouvrit alors violemment la porte avant de sortir sous le brillant soleil de mars.

    Les hommes du fourgon sale se redressèrent à la vue de la jeune femme. Ils n'étaient là pas pour admirer la beauté ou les lignes élégantes de sa BMW. Ils étaient là... pour elle.

    Son sac à main à l'épaule, elle secoua de la tête une mèche de cheveux posée sur son front, fouilla dans son sac, puis sortit une mallette avant de s'élancer. Elle pointa sa clé à télécommande au-dessus de son épaule et appuya sur un bouton, faisant retentir le klaxon et clignoter les phares.

    Si seulement elle s'était donné la peine de jeter un coup d'œil alentour dans le parking, elle aurait vu le fourgon qui avançait discrètement le long de la rangée de voitures derrière elle. Elle aurait aperçu le vagabond d'un certain âge, aux cheveux grisonnants et désordonnés et vêtu d'une vareuse bleue, qui se tenait à proximité entre deux voitures garées.

    La jeune femme sursauta à la sonnerie de son téléphone portable. Elle sortit son téléphone rose de son étui mais, avant même qu'elle ne pût prendre l'appel, un coup violent dans son dos fit lui fit renverser l'appareil sur la chaussée. Un bras épais et musculaire enveloppa sa poitrine et l'attira en arrière.

    « Hé ! » cria-t-elle. « Lâchez-moi. »

    Le vagabond ne bougeait pas, comme cloué sur place.

    Le cri de la jeune femme fut interrompu lorsqu'une main vint lui couvrir le nez et la bouche avec un chiffon. Elle laissa tomber sa mallette et s'agrippa au tissu toxique pressé contre sa bouche.

    « Inutile de résister. Ça ne fait qu'empirer les choses. » Le kidnappeur la souleva avec violence et la déplaça vers le fourgon aux portes ouvertes, tel une araignée attendant sa proie.

    Les jambes de la jeune femme tapaient dans le vide. Elle tendit un bras vers le vagabond à la chevelure grisonnante. L'homme musclé lança un regard noir au sans-logis, lequel eut un mouvement de recul suite à l'avertissement perçu dans ses yeux menaçants avant de s'écarter à pas saccadés.

    Le ravisseur n'eut besoin que de quelques secondes pour hisser la jeune femme dans le fourgon et la jeter sur un matelas qui n'attendait qu'elle. Le vagabond entendit le grincement de la porte coulissante et le claquement bruyant de sa brusque fermeture. Le fourgon sortit à toute vitesse du parking et tourna vers le sud sur North First Street.

    Le sans-logis attendit que le fourgon passât le feu de signalisation de Central Avenue et qu'il disparût de son champ de vision. Il marcha avec peine vers le portable et la mallette. Il fit un tour complet sur lui-même pour examiner le parking, avant de fouiller le contenu de la mallette. Il en retira un sandwich enveloppé de papier sulfurisé. Il enleva le papier, prit une bouchée du sandwich avant de le fourrer dans la poche de sa veste. En jetant un coup d'œil à l'intérieur de la mallette, il remarqua un chargeur de téléphone portable ainsi qu'une banane.

    Un roulement de tonnerre le fit lever les yeux au ciel. Un banc de nuages sombres en provenance de l'ouest semblait se déplacer rapidement vers Temple. Il regarda subrepticement des deux côtés, d'abord à gauche, puis à droite, et mit dans sa poche le chargeur et la banane. Puis il ramassa le téléphone et trotta de l'autre côté du parking vers Third Street. Une pluie battante l'arrosa bien avant qu'il n'eût fini de traverser la rue.

    CHAPITRE 1

    ––––––––

    Deux mois et demi plus tard :

    L

    'inspecteur de police Matt Brady, au milieu du parking du magasin H-E-B, examinait la porte du côté conducteur d'une berline Toyota rouge. Quatre sacs à provisions en plastique étaient posés sur le siège marron. Ce dernier était en partie couvert d'eau de condensation provenant d'aliments décongelés.

    Au total, quatre jeunes femmes avaient disparu en deux mois et demi, et l'ensemble des preuves avec lesquelles l'inspecteur avait dû composer s'était résumé à une mallette sans propriétaire, deux voitures abandonnées et une bicyclette retrouvée dans les herbes sauvages en bordure de route. Une cinquième jeune femme portée disparue n'était pas exactement ce à quoi Matt Brady s'était attendu en début de semaine de travail.

    Il releva ses lunettes de soleil sur sa tête, puis lut le nom de la jeune femme inscrit sur le permis de conduire : Jill Cowan. Son domicile n'était pas bien loin, à seulement trois kilomètres environ au sud du lotissement de Canyon Creek.

    Brady laissa échapper un soupir d'exaspération. Le fait qu'une femme puisse être kidnappée en plein jour, au beau milieu des libres allées et venues de tant de gens sur un parking tout entier, le laissait absolument perplexe.

    De retour à son bureau, il appellerait pour la cinquième fois l'agent spécial du FBI Steve Casani, posté à Waco. Il se demandait si Casani ne ferait peut-être pas mieux de venir louer un appartement.

    Casani avait recommandé à Brady d'appeler l'agent spécial Rich Dunbar de la quatrième équipe du BAU (unité d'analyse comportementale) basée à Quantico. La quatrième équipe travaillait exclusivement sur des cas de disparition d'adultes à l'issue potentiellement criminelle.

    Curtis Killebrew, le technicien responsable de la scène du crime, s'arrêta à côté de Brady. « Salut. Alors, toujours avec nous ? »

    Brady cligna des yeux en respirant profondément. « Du nouveau ? » Il esquissa une grimace alors que Killebrew l'observait.

    « Pas encore. Celui qui a fait ça est intelligent et futé. Aucun élément de preuve à se mettre sous la dent au niveau du véhicule. »

    Brady se frotta le visage avec la main. « Génial.

    — Je suis là si on a besoin de moi, » répondit Killebrew avant de s'éloigner.

    Brady passa en revue la foule qui s'amoncelait. « Quelqu'un a vu ce qu'il s'est passé. »

    Une dépanneuse manœuvrait à l'avant de la Toyota. Il était requis que le véhicule fût remorqué jusqu'au poste de police et, après l'émission d'un mandat, que les techniciens en fissent un examen minutieux pour déceler indices, empreintes et objets éventuels susceptibles d'être exploités pour une analyse ADN.

    Mais Brady doutait sérieusement qu'il trouverait quoi que ce soit d'utile. Il lâcha le permis de conduire dans un sac de preuves et marcha à grandes enjambées vers le chef de patrouille, et sergent, Anthony Wilkes. « Des témoins ?

    — Un. » Wilkes se retourna et, d'un hochement du menton, fit signe à une femme trapue proche de la quarantaine. « C'est elle qui nous a appelés. Elle a vu un véhicule quitter un emplacement proche de la berline. »

    Brady regarda attentivement en direction d'un groupe de femmes qui se tenaient à proximité. « Laquelle au juste ? »

    Wilkes désigna du doigt la personne en question. « Celle avec les mèches violettes.

    — Elle a un nom ?

    — Birdie Keene. »

    Brady passa en dessous de la bande jaune de la scène du crime et montra rapidement ses papiers d'identité à Birdie. Il l'invita d'un geste à le suivre à l'écart du groupe. Brady ouvrit son calepin une fois qu'ils furent tous deux éloignés à une distance suffisante. « Dites-moi ce que vous avez vu.

    — Un fourgon blanc est parti d'à côté cette voiture et s'en est allée par là. » Elle indiqua la direction sud vers Thirty-First Street. « Je crois qu'il était dans l'emplacement à gauche de la voiture.

    — Et c'était à quelle heure ?

    — Oh... peu après neuf heures.

    — Vous avez pu voir le conducteur du fourgon ?

    — Non. Je poussais mon caddie et je sortais du magasin. Je n'ai vu que l'arrière et la voiture.

    — Quelque chose d'inhabituel ?

    — Oui. » Elle montra du doigt la Toyota. « La porte était ouverte. Quand je me suis rapprochée, j'ai vu le sac à main par terre. J'ai compris que quelque chose de grave s'était passé. Enfin, je veux dire... Personne ne laisse sa porte de voiture ouverte comme ça, et...

    — Vous avez reconnu le type de fourgon ?

    — Le quoi ?

    — Sa marque. Chevrolet ? Dodge ? Ford ?

    — Non.

    — Le numéro de plaque peut-être ? »

    Elle baissa les yeux et observa un moment la chaussée en asphalte, comme en pleine réflexion, puis les leva de nouveau. « Non plus.

    — Vous avez dit avoir vu le fourgon partir plein sud sur Thirty-First Street. Est-il parti à la hâte ?

    — Si vous me demandez si elle a mis les gaz, non... », affirma-t-elle.

    Brady nota ses coordonnées et lui remit sa carte de visite. L'inspecteur serra les dents et lança un regard au loin. Aucune demande de rançon n'avait eu lieu pour les quatre premières jeunes femmes, c'est pourquoi il réfuta toute théorie d'enlèvement ou d'extorsion. Les informateurs auxquels il était lié étaient eux aussi bredouille. Un de ses mouchards manquait à l'appel. S'il y avait bien une personne qui pouvait découvrir quoi que ce soit, c'était bien lui.

    « Quelqu'un d'autre a vu quelque chose ? » demanda Brady à Wilkes alors que celui-ci se dirigeait vers son unité.

    « Je vous en dirai plus si je croise un autre témoin », dit le sergent tout en prenant des notes sur un grand bloc-notes.

    « Je vais passer à la maison des Cowan et interroger sa famille », dit Brady en regardant sa montre.

    

    Une jeune fille souffrant d'acné et en fin d'adolescence répondit à la porte de la demeure des Cowan. Près d'elle était assis un petit chien qui aboyait plus qu'il ne mordait. Quand Brady se présenta, la jeune fille fit tourner la bague qu'elle portait à l'index. « Un inspecteur de police ? Ici ? »

    Brady regarda au-delà de la jeune fille pour découvrir l'intérieur de la maison. « Monsieur Cowan est-il présent ?

    — Non, monsieur. Il est à son travail. »

    Brady ouvrit son calepin. « Comment tu t'appelles ?

    — Tina Smitherman. Pourquoi ? Il est arrivé quelque chose de grave ? » Un pincement de crainte résonnait dans sa voix.

    « Tu es apparentée aux Cowan ? », demanda le policier.

    « Je garde leur fils. » Elle fit tourner sa bague plus vite et lança un regard de côté au-dessus de son épaule. « Jamie. » Elle regarda Brady, puis son calepin. « Sa mère ne devrait plus tarder. Elle est partie faire des courses.

    — Tu peux me la décrire ? »

    Tina se mit à froncer des sourcils. « Il y a un problème ? »

    Si Brady lui révélait que Jill Cowan avait disparu et qu'elle était présumée kidnappée, la jeune fille pourrait perdre ses moyens. « L’enquête est en cours, je ne peux pas en dire davantage. Alors si tu pouvais juste me la décrire... »

    « D'accord. Elle a les cheveux blonds qui lui descendent jusqu'ici. » Tina se toucha l'épaule. « Elle porte un débardeur blanc et, heu... un short en jean.

    — Tu as un numéro, que je puisse contacter monsieur Cowan ?

    — Heu, oui. » Tina recula d'un pas et déverrouilla la porte moustiquaire. « Vous voulez entrer ? »

    Brady lui fit un hochement affirmatif de la tête. « Merci. »

    Il ouvrit la porte moustiquaire et pénétra dans le vestibule. Un bureau à cylindre d'autrefois était contre le mur, de l'autre côté de la porte. Il vit Tina disparaître à l'angle de la pièce.

    Il rentra dans un salon fort bien meublé. Un petit garçon avec des taches de rousseur, assis devant la table, jouait avec des voitures miniatures et semblait ne pas se rendre compte de la présence de Brady. Il était sans doute âgé de cinq ans, supposa le policier qui contempla le garçon affairé à pousser une voiture rouge d'un bout à l'autre du parquet brillant.

    Tina revint quelques minutes plus tard avec une feuille de papier qu'elle tendit à Brady. « C'est son numéro. »

    Brady ouvrit son portable et y entra le numéro obtenu. Puis il se dirigea vers la sortie. Le fils et sa baby-sitter n'avaient aucune raison d'être mêlés à la conversation.

    Au bout de sept sonneries, un homme à la voix endormie lui répondit. « Il est minuit. C'est qui ?

    — Est-ce Ben Cowan à l'appareil ?

    — Oui. C'est qui ?

    — Monsieur Cowan, mon nom est Matt Brady. Je suis inspecteur de police au poste de Temple. J'aimerais vous rendre visite à propos de votre femme Jill. Où êtes-vous maintenant ?

    — Jill ? » La voix de Cowan monta de quelques octaves. « Elle va bien ?

    — Je suis maintenant chez vous. Où êtes-vous ?

    — À Tokyo. » Ses réponses étaient rapides comme l'éclair. « Jamie va bien ? Où est Jill ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

    Brady fit un résumé de ce qu'il connaissait avant de lui poser des questions. « L'un de vous deux avait-il des ennemis ? Quelqu'un avait-il des raisons de vous en vouloir ? »

    Cowan ne parla pas l'espace d'un instant. « D'anciens collègues étaient un peu en pétard contre moi, et même un voisin aussi. Mais aucun d'entre eux n'aurait fait quoi que ce soit à Jill. »

    La théorie d'un enlèvement simulé rôdait dans un coin de l'esprit du policier. « Une raison particulière qui aurait poussé votre femme à partir toute seule ?

    — Partir ? Seule ? Sans Jamie et moi ? Non, jamais de la vie.

    — Avait-elle un emploi en dehors de la maison ?

    — Oui, à la clinique vétérinaire Samuelson. »

    Brady parcourut ses notes pour s'assurer qu'il n'avait rien oublié.

    « Écoutez, inspecteur, peut-on en reparler demain ? » Sa voix chancelait d'émotion. « J'ai besoin de me rendre à l'aéroport maintenant. »

    « Très bien. Je laisse mes coordonnées à votre baby-sitter. »

    Une fois l'appel téléphonique terminé, Brady se déplaça vers le petit garçon. Jamie était un garçon bien mignon avec sa chevelure brun sable, ses yeux bleus et ses taches de rousseur éparpillées sur ses joues et son nez.

    Brady s'accroupit à côté de lui. « J'aurais bien aimé avoir des voitures comme les tiennes à ton âge. »

    Jamie leva les yeux vers lui. « C'est mon papa qui les a achetées pour moi. » Il tenait une voiture vert foncé. « C'est comme la voiture de mon papa. » Il fit rouler son jouet sur le sol une courte distance, puis rampa juste derrière.

    « Tu as quel âge ? »

    Jamie le regarda et leva quatre doigts d'une main et un doigt de l'autre avant de faire rouler de nouveau sa voiture rouge sur le sol.

    

    Brady retourna à son bureau, un bureau à cloisons bleu avec une fenêtre qui surplombait l'arrière de l'annexe du tribunal du comté de Bell.

    Il s'assit et entra les données sur Jill Cowan, ainsi que la description du fourgon blanc, dans les bases de données du TCIC (Texas Crime Information Center, centre d'informations criminelles du Texas), et du NCIC (National Crime Information Center, centre d'informations criminelles nationales). Il soumit en outre les données de Jill dans la base de données nationales des personnes disparues.

    Il étudia le grand panneau d'affichage pendu au mur de l'autre côté de son bureau. En haut à gauche, une carte de Temple avec quatre épingles bleues marquait les lieux de disparition. À droite de la carte étaient affichées les photos des permis de conduire des quatre premières femmes. Il devait maintenant en afficher une pour Jill.

    Il passa trois coups de téléphone. Le premier, à l'agent Rich Dunbar à Quantico. Il lui laissa un message ainsi que son adresse e-mail.

    Le deuxième, à Casani. Brady lui laissa un bref résumé du cinquième enlèvement sur sa boîte vocale. Il pianota ensuite le numéro de portable de Cassandra Evans, sa petite amie. Celle-ci travaillait pour la division des permis de conduire du DPS (Texas Department of Public Safety, ou département de la Sécurité publique du Texas). « Comment va le boulot ?

    — On est occupés. Je crois que tous les gamins du Lycée de Temple se sont pointés aujourd'hui pour passer leur permis. Je suis débordée, qu'il s'agisse de les évaluer, de collecter les frais, sans oublier le travail administratif. Cet après-midi, je dois programmer les candidats au permis pour les accompagnateurs. Et toi, comment vas-tu ?

    — Une autre a été kidnappée. Sur le parking de H-E-B.

    — Oh non. Au total, ça en fait... quatre, cinq ? Des pistes sur qui a fait ça ?

    — Cinq, et je recherche un fourgon blanc.

    — Un blanc, tu dis ? T'as un témoin, alors ?

    — Oui, mais pas bien fiable.

    — Un témoin est un témoin.

    — J'ai besoin que tu me rendes un service.

    — Quoi donc ? Une autre photo de permis de conduire ?

    — Oui. De Jill Rigby Cowan. Sa date de naissance est...

    — Chaton, j'en n'ai plus besoin de ça, tu sais. Laisse-moi te la trouver. »

    S'ensuit un court silence.

    « Hum... Pas étonnant qu'on veuille la kidnapper. Elle est très jolie. Si seulement j'avais les mêmes cheveux. Bien, je t'envoie une photo sur le champ. Tu me le revaudras.

    — Sans problème. On déjeune ? Dis-moi où et quand.

    — Disons demain à onze heures ? Qu'est-ce que tu penses du café où tu vas souvent ?

    — Ça marche. À demain alors.

    Une fois l'appel terminé, Brady s'en retourna étudier le panneau d'affichage. Sur une échelle d'attractivité physique de un à dix, elles étaient selon lui toutes à dix. Elles avaient en commun d'être au début ou au milieu de la vingtaine. Parmi les cinq portées disparues, Beverly Masters, Carolyn Jackson et Moira Cavazos étaient toutes les trois célibataires et auraient tout à fait pu partir avec une nouvelle connaissance. Les photos de Masters, de sa mallette et de sa BMW étaient épinglées sous la sienne. Si elle était partie, comme ça, dans le soleil couchant, pourquoi aurait-elle laissé sa mallette et cette BMW hors de prix, sur le parking ?

    À côté de Masters, il y avait la photo du Docteur Pamela Rooker. Elle aurait raisonnablement pu s'éclipser hors de la ville avec un amant, mais au vu des informations récoltées par Brady auprès de sa famille et de ses amis, elle était une jeune mariée qui nageait dans le bonheur. Elle avait un cabinet d'obstétrique et de gynécologie florissant. Aucune de ces jeunes femmes, en leur âme et conscience, ne laisserait tout tomber comme ça, renchérit-il. Directement sous cette photo, il y avait celle d'un vélo de route Nashbar qui gisait dans les herbes sauvages de Midway Drive. D'après une boutique de vélo locale, ce modèle se vendait à environ cinq cents dollars.

    Selon leurs amis et collègues, Jackson et Cavazos n'avaient aucune attache sur place, c'est pourquoi elles auraient pu toutes deux quitter la ville quand bon leur semblait.

    L'avertissement sonore de courrier entrant fit Brady se tourner vers son ordinateur portable. Un e-mail en provenance de Cassandra : la photo en pièce jointe, et le rappel de leur rendez-vous à l'heure du déjeuner. Il imprima la photographie du permis de conduire de Jill et l'accrocha avec une épingle sur le panneau d'affichage, avec une note sur papier collant mentionnant les mots « fourgon blanc ».

    Il regarda en arrière quand il entendit un son de rap et les salutations « Hey, mon pote ».

    L'inspecteur Stan Hoffman se tenait devant lui et mangeait un gâteau Devil Dog à même le carton d'emballage, une canette de Coca dans l'autre main. On aurait dit que son pantalon avait été piétiné par un troupeau de bétail.

    Brady le railla. Hoffman avait toujours de la nourriture fourrée dans la bouche. Brady se pencha en arrière sur sa chaise et évalua la taille des entrailles protubérantes de Hoffman. « Tout ce cholestérol va te tuer si tu y vas pas mollo ».

    Hoffman examina le panneau d'affichage tout en prenant une bouchée de son gâteau. « Alors, on les a retrouvées ?

    — Si c'était le cas, tu crois que le panneau serait encore ici ? ».

    Hoffman engouffra le reste de son Devil Dog dans sa bouche, tendit le bras en arrière et lança un doigt d'honneur à Brady. Il se déplaça d'une photo à l'autre. « Qu'est-ce que t'en penses, toi ? Enlèvement ou crime en série ? ».

    — Aucune demande de rançon. Pas de corps.

    — Alors toutes ces nanas sont coincées dans un claque », dit Hoffman en essuyant les miettes au coin de sa bouche.

    — Peut-être. » C'était là un fait que Brady suspectait sans vouloir l'admettre. Les maisons closes déplaçaient leurs femmes de place en place. Cela voulait dire que les retrouver serait encore plus difficile.

    Hoffman s'effondra dans l'une des autres chaises de Brady. « T'as déjà entendu parler des bordels underground de L.A. ? ».

    Brady lança à Hoffman un regard pensif. « Ou bien un salon de massage. » Il se retourna pour entrer des données dans le fichier de l'affaire. « Ou bien dans un million d'autres endroits. »

    « Tu sors toujours avec cette nana des permis de conduire ? Comment elle s'appelle déjà ?

    — Cassandra. Et oui, je sors toujours avec. »

    Hoffman se leva et sortit du bureau de Brady. Il pointa vers le panneau d'affichage. « Si t'as besoin que je te montre comment régler cette affaire, fais-moi signe. »

    Ne prêtant pas attention aux commentaires de Hoffman, Brady continua de travailler sur les rapports touchant à son affaire. Les collègues de Beverly avaient appelé la police quand elle ne s'était pas présentée à une réunion du personnel, et après qu'un employé eût trouvé sa mallette sur le parking. Brady pensait qu'elle avait encore son portable et espérait que quelqu'un l'utilisât et lui donnât l'occasion d'en trianguler la position géographique. Mais son souhait n’avait malheureusement pas encore été exaucé.

    Il avait mis en ligne la description du téléphone et son numéro d'identification, dans les bases de données du Centre d'informations criminelles du Texas et du Centre d'informations criminelles nationales. L'opérateur du portable avait accepté de le prévenir dès qu'il serait utilisé.

    Les trois femmes suivantes avaient disparu en l'espace de deux semaines. Pam était la deuxième d'entre elles. Sur la scène du crime, les techniciens n'avaient rien trouvé sur son vélo ou dans la zone immédiate.

    La voiture de Carolyn avait été localisée par des agents non informés de l'affaire en cours au parc Temple Lions près du pavillon à pique-nique. D'après sa colocataire, Carolyn s'y rendait trois fois par semaine en soirée pour y effectuer un jogging.

    La dernière fois que l'on avait vu Moira, celle-ci venait de quitter tard le travail et se dirigeait vers sa voiture pour rentrer chez elle. Sa voiture était encore sur son lieu de travail, fermée à clé et garée sur son emplacement réservé. La seule information utile dont disposait Brady était le fait que chaque disparition s'était produite pendant la transition entre deux équipes de travail, ou lorsque la voiture de patrouille était en route pour répondre à un appel à l'aide. Il avait vérifié la liste des appels d'urgence, se demandant s'il y trouverait des appâts. Trois appels étaient bidons, mais les deux autres lui semblaient réels.

    Tout juste comme Jill Cowan. Aucun élément de preuve à disposition. Aucun ravisseur ne s'était manifesté. Aucune demande de rançon n'avait été formulée. Il n'y aurait d'ailleurs aucune demande de rançon si les kidnappeurs de Jill étaient les mêmes que pour les quatre autres jeune femmes. Brady avait espéré obtenir des pistes sérieuses via le témoignage des citoyens, mais tout ce qu'il avait récupéré n'était qu'une série d'histoires qui n'avaient ni queue ni tête.

    Assis sur sa chaise, il fixa du regard les rues aux alentours du magasin H-E-B, élaborant des théories sur le possible itinéraire emprunté par le fourgon une fois hors du parking. Puisqu'aucune unité de police ou du shérif du comté de Bell n'avait trouvé le fourgon, il se pencha sur les itinéraires menant hors du comté. Le nombre de grandes routes et routes secondaires était bien trop important à considérer. De plus, Brady savait qu'en aucun cas ses supérieurs ne donneraient aux unités de patrouille l'autorisation d'arrêter et de contrôler tous les fourgons blancs qu'elles rencontreraient.

    CHAPITRE 2

    ––––––––

    B

    urt Smith, homme dégingandé au cou long et fin, et moustachu du dimanche arborant un crâne lisse aussi brillant qu'une poignée de porte en cuivre, regardait à travers la fenêtre de la porte en métal grise. De l'autre côté, une jeune femme aux cheveux blond vénitien était menottée sur une chaise en métal.

    Derek Weaver, homme dans la trentaine aux muscles taillés aussi gros que des pneus de camion, se tenait aux côtés de Smith tandis qu'un autre homme encore plus corpulent, Bruno Chiles, restait en retrait derrière lui.

    Chiles était un skinhead fort musclé ; chacun de ses bras affichait les tatouages d’un svastika à l'encre bleue et du nombre 666 écrit sur une feuille de trèfle ; deux éclairs bleus aux formes des initiales SS étaient inscrits dans son cou.

    « Alors, qu'est-ce que t'en penses ? », demanda Chiles.

    « Elle a l'air de faire l'affaire. » dit Smith. « Attends ici. » Il s'éloigna assez loin dans le couloir de sorte que nul ne pût l'entendre pianoter sur son portable. Il vérifia par-dessus son épaule que personne ne l'avait suivi.

    « C'est moi », chuchota-t-il tout en jetant de nouveau un coup d'œil en arrière. « Votre nouvelle marchandise vient d'arriver. Vous voulez la voir ?

    — Est-ce qu'elle ressemble à celle sur la photo ?

    — Je pense, oui.

    — Vous savez à quel point l'ambiguïté me rebute. Montrez-la-moi.

    — Très bien. »

    Smith revint à la porte et fit un signe de la tête à Weaver.

    Ce dernier tira d'un coup sec sur le verrou métallique, puis sur la poignée chromée. La porte grinça fortement avant de produire un crissement qui se poursuivit jusqu'à son ouverture complète.

    Les murs étaient en parpaing gris fer. Le sol en béton inclinait légèrement vers une grille d'évacuation des eaux au milieu de la pièce. Les ombres portées par l'unique ampoule qui pendait au plafond obscurcissaient un peu les lieux.

    La jeune femme assise dans la chaise portait une paire de shorts en jean et un débardeur blanc. Ses poignets étaient attachés aux accoudoirs de la chaise à l'aide de menottes doublées d'une fourrure rose. Sa tête s'effondra vers l'avant.

    Smith lui souleva la tête et cligna des yeux tandis que les trois hommes entraient dans la pièce.

    Il appuya sur la touche vidéo de son téléphone qu'il dirigea vers la jeune femme. Il s'accroupit devant elle, releva son menton et fit tourner son visage des deux côtés. « Elle en a de la chance. »

    Jill cligna rapidement des yeux, comme si elle essayait de se concentrer.

    Smith enfonça un peu plus profondément son écouteur dans l'oreille. « Alors ?

    — Elle est parfaite, mais elle est encore sous sédatif. Vérifie son pouls. »

    Une longue minute s'écoula. « Soixante-huit.

    — Demande-lui comment elle s'appelle.

    — Comment tu t'appelles ? » Smith releva de nouveau son menton et contempla le bleu de ses yeux bleu ciel.

    « Jill. » Sa voix était à peine audible.

    « Montre-moi encore ses yeux. »

    Smith rapprocha le téléphone pour effectuer un gros plan. « Là, tu les vois bien ?

    — Des marques qui la défigurent, des bleus ? »

    Smith inspecta les bras de Jill des coudes aux poignets. Il fit glisser son alliance et la rangea dans sa poche.

    « Aucun bleu, aucune marque de piqûre sur les bras. »

    La personne à l'autre bout du fil avait posé la même litanie de questions pour chacune des autres femmes. Smith passa la main le long des jambes de Jill, devançant ainsi la question suivante.

    « Ses jambes n'ont aucun problème. Aucun bleu. » Il se leva et fit geste à Weaver de la mettre debout.

    Weaver ouvrit les menottes et lui fit quitter sa chaise, suite à quoi Smith parcourut la longueur du corps de la jeune femme avec la caméra de son téléphone. « Alors ?

    — Parfait. Elle va rapporter gros. Réduisez la dose de sédatif. Elle est complètement shootée. Je la veux plus alerte pour demain. »

    Smith mit fin à l'appel et fit un signe du menton en direction de la chaise. « Menotte-la. Fais attention à pas l'abîmer.

    — Qu'est-ce que t'en penses, alors ? », demanda Weaver tout en resserrant les menottes roses autour des poignets de Jill.

    « Mon patron dit qu'elle est parfaite, » répondit Smith en donnant un ultime coup d'œil à la jeune femme avant de regarder en direction de Weaver, puis de Chiles. « C'est du bon boulot.

    — Putain mais c'est qui ton patron ? » demanda Chiles en suivant Smith hors de la pièce.

    « Pas de noms. C'est ce qu'on avait dit, non ? » Son employeur, quand il l'avait engagé, lui avait explicitement donné l'ordre de ne mentionner aucun nom, pas même le nom de la compagnie : Carlsbad Corporation.

    Chiles haussa les épaules. « Et on sera payés quand ?

    — Maintenant, » affirma Smith, produisant alors deux enveloppes de sa poche de pantalon pour les remettre aux deux hommes.

    Chiles déchira l'enveloppe et compta les billets. « Putain, c'est quoi ce délire ? Y a que deux cents dollars.

    — C'est ce qui était convenu, rétorqua Smith. Deux cents par femme.

    — On a dû l'arracher en plein jour, merde ! protesta Chiles. Ç'aurait dû valoir un billet en plus. »

    Smith ne répondit pas. Il s'éloigna de quelques mètres dans le couloir faiblement éclairé, puis se retourna pour faire face aux deux hommes. « Je vous contacterai quand j'aurai de nouveau besoin de vos services. »

    Il les regarda partir par la porte du quai de chargement, qu'il ferma et verrouilla derrière eux. De retour aux escaliers, il ferma et verrouilla cette fois la porte du couloir. L'accès à la cellule de la jeune femme était désormais sécurisé. Il fit ensuite de même pour la porte principale.

    Smith monta au premier étage, puis descendit dans le couloir pour accéder au bureau. Plus loin dans le couloir, il y avait une salle de bain en état de fonctionnement, idéal pour une journée telle que celle-ci qui l'amenait à passer la

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