Vanity Fair France

ANNE FRANK la contre-enquête

En janvier dernier, sur France 5, le visage doux et familier d’une petite fille surgit en arrière-plan du plateau de « C à vous », et les téléspectateurs découvrent la nouvelle: soixante-seize ans après les faits, une équipe de chercheurs américanonéerlandais vient de réussir à identifier l’homme qui a dénoncé la famille d’Anne Frank aux nazis. Un obscur délateur antisémite, comme en ont tant abrité les Pays-Bas des années 1940 ? Pas du tout. Selon les enquêteurs, les Frank auraient été donnés par un notaire juif, membre de la bonne société d’Amsterdam, nommé Arnold Van den Bergh. Ce sycophante aurait livré l’adresse de la famille aux Allemands pour éviter d’être lui-même déporté.

A priori, l’info semble en béton. Pour résoudre ce cold case historique, pas moins de trente enquêteurs ont travaillé pendant six ans sous la direction de Vince Pankoke, un ancien agent du FBI rompu aux affaires délicates. Et ces limiers n’ont pas lésiné sur les efforts. Ils ont mis la main sur des archives inédites, analysé des milliers de documents, mobilisé des historiens, fait travailler des psychologues, et ont même eu recours à l’intelligence artificielle pour donner un sens aux montagnes de données recueillies. Bref, un boulot de pro, accompagné de la publication simultanée d’un livre (Qui a trahi Anne Frank ? de Rosemary Sullivan, éd. Harper Collins) afin de donner encore plus d’écho à ce «scoop historique ».

Ce 18 janvier, la présentatrice de « C à Vous », Anne-Élisabeth Lemoine, n’est donc pas la seule à relayer la nouvelle. Depuis quelques heures, les médias du monde entier diffusent cette bombe avec une grande émotion : Anne Frank a été donnée par un Juif. Du pain bénit pour les antisémites, cette révélation. Le tabloïd britannique n’a-t-il pas déjà commencé par les sous-entendus malsains en publiant un article titré : « Anne Frank a été trahie par un notaire JUIF », quatre lettres en capitales qui veulent tout dire... Du reste,

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