Si Proche Du Ciel… Si Loin Du Paradis

Par RonyFer

Daniel, comme beaucoup de ses compatriotes cubains, décide un jour d'abandonner sa terre en quête de cette liberté tant espérée. Au fil de ces années d'exil, quelque chose changea radicalement le cours de son existence. Peut-être un miracle ou une simple coïncidence du destin ?

Soudain, un vent humide et pesant se mit à souffler.

Les fées déguisées en étoiles scintillantes apeurées se cachèrent derrière les chevaux ailés, ces nuages obèses qui poussaient des hennissements tonitruants d’une furie grandissante, leurs prunelles de feu illuminaient toute la voute céleste désormais teintée de plomb, la déchirant de ses éclairs rouge ardent.

Le visage perdu entre terreur et incertitude, les enfants s’accrochaient au corsage maternel, et cherchaient refuge et réconfort dans les bras de leur mère, dont les pensées s’orientaient vers les étoiles. Elle scrutait l’infini du regard, désespérée, implorante, impuissante, vers la demeure de Dieu.

La brise se transforma brutalement en air dense, irrespirable, impénétrable, et l’eau soulevée avec furie déferlait maintenant de manière implacable sur les visages imbibés de sel.

Les cris de ces misérables fusaient de leurs gorges terrifiées par l’incertitude.

Les six rameurs encore à leur poste furent les premiers que cette fureur arracha par la force. Éjectés par une mer démontée, on discernait à peine leurs cris désespérés, leurs appels à l’aide déjà inaudibles, noyés par le raffut infernal des vagues déchaînées jusqu’à ce qu'il ne reste plus que la réminiscence d’un vide, d’un adieu silencieux, sans visage et sans retour, en direction de l’au-delà.

Intrépide, la mer soulevait ses tentacules au plus haut, menaçant de tout détruire. Qu’il ne reste rien en surface. Rien du tout. Telle est la loi de la nature qui régit les éléments. Loi parfois sans pitié, mais loi quand même.

Tout devait être dévoré par cet appétit, cette voracité qui poussait la mer à tout avaler.

La mère se fit arracher sa fille de ses bras. Affolée, elle noyait ses pleurs dans des cris désespérés qui se perdaient dans le raffut infernal de cette tempête à chaque instant plus implacable.

Antonio s’efforçait de couvrir le corps du garçon avec le sien, tous deux solidement accrochés à ce qui restait de ce qui avait un temps servi  de mât, essayant de toutes ses forces d’attraper la main de la mère de plus en plus inaccessible.

Jusqu’à ce que la fureur de la mer l’emporta. Antonio la vit partir de ses yeux effarés, il la sentit partir comme quelque chose qui n’avait jamais existé mais avait toujours été là, depuis que le monde est monde. Les mères, quand elles s’en vont, laissent toujours quelque chose d’elles qui flotte, qu’on ressent dans ce vide qu’elles laissent et dans la douleur du monde orphelin, la nuit pleure des larmes de rosée pour chacune d’elle qui part vers le néant. De sa voix qui semblait arrachée du royaume des enfers, à peine put-il entendre son dernier cri, quelque chose qui semblait implorer Sauvez mon fils !!

• Langue: Français
• Éditeur: BadPress
• Date de sortie: 14 mars 2015
• ISBN: 9781507102046

Aperçu du livre

CONTENTS

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Prologue:

PRÉCISION NÉCESSAIRE ET PRIMORDIALE.

Qu'un Cubain qui vit sur son île écrive sur la réalité cubaine n'a rien d'étrange. Qu'un étranger qui vit aussi à Cuba sans souffrir des mêmes restrictions que les autochtones écrive sur la manière de vivre érigée dans ce pays par un système sociopolitique obsolète il y a de cela cinquante ans peut paraître bizarre mais pas impossible. Mais qu'un étranger qui ne vit pas à Cuba écrive sur les vicissitudes, manques, souffrances, afflictions et agonies — de manière parfaitement réaliste, profonde et vraie — de tout un peuple, nous nous devons d'en tenir compte.

Une personne que j'aime beaucoup m'a fait parvenir de ses contrées lointaines un de ses livres, sur Cuba, en me demandant de le lire. Donc, dans un de mes rares moments libres, j'y ai concentré toute mon attention pour finir en pleurant de douleur et de peine face à cette réalité que je ne connaissais que trop, et que cet écrivain, étranger à ma patrie, a recréé avec tant de perfection et de précision.

Et bien que — a priori — la vie sur cette île jadis Enchantée, aujourd'hui Désenchantée, ait évolué dans le bon sens, grâce aux supposés changements que l'actuel chef de l'État — Raúl Castro — a essayé d'établir au nom d'une sorte d'assouplissement interne, ces changements sont si légers et timides que la vie du Cubain moyen reste une vraie odyssée, digne des œuvres épiques de la littérature grecque classique.

Si proche du ciel... si loin du paradis, écrit par RonyFer González, écrivain Guatémaltèque établi à Montréal, est l'un de ces livres qui vous marquent à vie, car ils laissent une empreinte nette et profonde dans votre cœur, même en essayant d'en gommer la véritable cause ou de se protéger sous une carapace pour ne pas souffrir.

Je ne peux pas dire que c'est une histoire comme il en existe peu, je dirais plutôt que c'est une histoire ordinaire, racontée de manière extraordinaire, et que tous les Cubains peuvent s'y reconnaître car ce sont tous des héros de la survie quotidienne, qui ont déjà souffert d'une manière ou d'une autre la hantise des décisions ou indécisions qui les rongeront toute leur vie, eux ou leur proches ; à cause du morcellement familial, qui survient tôt ou tard pour une durée indéfinie, ou dans le pire des cas, parce que la faucheuse est apparue dans le détroit de Floride, passage vers de nouveaux horizons, ou vers l'éternité.

C'est ce que raconte le livre de RonyFer dans un style direct, objectif, sans aucun détour ni présomption superflue, une anecdote triste avec une fin vaguement heureuse, que je ne vous dévoilerai pas pour vous le lisiez par vous même, que vous palpiez, touchiez, feuilletiez, lisiez chaque page, chaque lettre, chaque mot émanant de la narration audacieuse et authentique du romancier.

L'anecdote s'entremêle avec la brume des songes comme avec la réalité de celui qui peut mourir ou renaître, une sorte de hasard qui joue avec le destin, dans lequel le désespoir du citoyen moyen de cette île s'évanouit dans certaines circonstances, quand le poids de la vie est tel qu'il préfère