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Étrange…: Vous avez dit étrange
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Livre électronique156 pages1 heure

Étrange…: Vous avez dit étrange

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À propos de ce livre électronique

Chaque nouvelle du recueil "Étrange"… Vous avez dit étrange révèle un monde fascinant et mystérieux, où les personnages se débattent avec des destinées singulières. Adèle, agent de suppression, narre les aléas de ses fonctions de « mort inattendue ». L’héroïne de la guinguette à Milou « trébuche dans le temps ». La double mort de Lady Ambers expose les deux meurtres en miroir dont est victime une star du théâtre, celui de son personnage à la scène et le sien à la ville. Ces récits, par leur originalité et leur intrigue, invitent le lecteur à plonger dans un univers inhabituel et envoûtant.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Monique Thomières, après une carrière professionnelle remarquable, explore sa retraite en fusionnant ses deux motivations : l’écriture et la marche. Dans son recueil "Étrange"… Vous avez dit étrange, elle libère ses personnages lors de ses promenades littéraires, laissant sa plume guider des histoires qui enchanteront le lecteur.
LangueFrançais
Date de sortie4 juin 2024
ISBN9791042230043
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    Aperçu du livre

    Étrange… - Monique Thomières

    Note aux lecteurs

    Chers lecteurs,

    Soyez assurés qu’aucun des récits rapportés dans ce livre n’est le fruit de mon imagination.

    Tous les événements évoqués sont fidèlement décrits, dans le souci de vérité qui guide mon existence.

    Le nom des personnages a, certes, été modifié par respect de leur intimité et celle de leurs proches, toutefois, chacun d’entre eux a réellement existé.

    Seuls les lieux et les époques ont pu subir des transformations, mais sans, en aucun cas, altérer l’authenticité de la narration.

    Croix de bois, croix de fer, si je mens, vous allez en enfer.

    Adèle, agent de suppression

    Je suis la Mort.

    Je m’appelle Adèle. Adie pour les amis. Les autres me surnomment Mortadelle.

    Malgré « l’humour » de ces imbéciles, je n’en suis pas moins la Mort.

    Enfin, une Mort parmi tant d’autres.

    Étonné que nous soyons plusieurs ?

    Réfléchissez un peu… Avec tout le boulot qu’il y a, comment voudriez-vous que je m’en tire seule ?

    De plus, chacune, selon sa formation, est spécialisée dans un domaine. Il y a la mort lente, la mort douloureuse, la mort subite, la mort stupide, la mort injuste… Et j’en passe. Moi, c’est la mort inattendue.

    Vous savez, quand l’entourage ébaubi clame : « C’est impossible ! Il avait une santé parfaite, il ne fumait pas, faisait attention à ce qu’il mangeait ! »

    Surtout n’imaginez pas qu’imprévu rime avec rareté ! Tous les matins, quand je passe au bureau prendre la liste de mes clients, je doute toujours d’en venir à bout.

    Souvent, je finis aux petites heures du matin. Juste avant de prendre en charge le catalogue du jour nouveau. Des fois, j’en ai marre. Mais je n’ose pas trop me plaindre. Déjà, que j’ai une affaire disciplinaire sur le dos ! Ça ne date pas d’aujourd’hui, mais le rapport plombe encore mon dossier.

    Je vous raconte.

    Un certain 20 avril 1889, à Braunau-sur-Inn, je devais ôter un nouveau-né pourtant plein de vie (eh oui, mort inattendue…) C’était la dernière intervention de ma vacation, j’étais fatiguée, il se faisait très tard… Je me suis dit que ça attendrait bien la prochaine fournée.

    Et alors ? Une vie de plus ou de moins, au vu du nombre de sujets traités ! C’est quand même pas le client qui va déposer une réclamation.

    Je m’en occuperais en premier le lendemain.

    Bien sûr, dans notre branche, les initiatives personnelles n’ont pas leur place. Vous imaginez si chacune n’en faisait qu’à sa tête…

    Enfin, c’est ce que m’a balancé M. Ankou, mon chef de Département, après m’avoir vertement remonté les bretelles. Il m’aurait bien virée, mais bon, je venais juste de terminer le module « Morts inattendues Niveau 2 », alors, il a pris sur lui de se montrer « conciliant ».

    En effet, le formateur, comme l’imposait le cursus, avait juste évoqué l’existence de l’art.520 « Ne remets rien au lendemain », dont l’étude détaillée relevait du Niveau 3. En résumé, ce funeste article (funeste à ma progression indiciaire) stipulait en gros que le jour de la suppression passé, on ne pouvait que laisser le sujet vivre sa vie.

    Aussi, pourquoi réserver un article soi-disant si important aux étudiants de niveau 3, alors qu’on est sur le terrain dès la fin du niveau 2 ? Au lieu d’incriminer ceux qui ont les mains dans le cambouis, ne faudrait-il pas plutôt envisager une refonte du plan de formation ?

    La formation, oui, mais pas que…

    Parce que, je pourrais en raconter sur la marche du service.

    Certains, ou plutôt certaines bénéficient de passe-droits. Notamment Mme Siouxie, la Banshee, dont la belle chevelure rousse d’Irlandaise semble avoir séduit M. Ankou. Cette reine de la bourde les accumule ! Pas des petites…

    Tenez, la disparition de l’Atlantide… C’est elle. L’effondrement de la civilisation Inca… Encore elle.

    Pour invalider un seul Atlante et un unique Inca, elle n’a pas lésiné sur les moyens : un raz-de-marée pour l’un, la horde des conquistadors de Pizarro pour l’autre.

    Belote, rebelote et dix de der pour ce fléau civilisationnel.

    Elle a versé sa petite larme et cet âne d’Ankou a passé l’éponge, histoire de lui rendre le sourire. Après ça, on vous dira que le physique ne compte pas. Ben voyons…

    Évidemment, j’ai gardé ces considérations pour ma pomme…

    Mais votre oreille attentive m’incite à la confidence. Ça fait du bien…

    Vous savez, je l’avais trouvé si mignon avec ses grands yeux bleus, avec une maman aux anges de bercer son petit Adie. Adie, comme moi. J’y ai vu un signe. Manque de pot, c’était Adie comme Adolph et Adolph comme Hitler. Il fallait invalider cette naissance dès ses prémices, aussi sec, et pas quand la Mortadelle en aurait envie.

    Hélas oui… les horreurs perpétrées par Adie, c’est un peu de ma faute. Aussi, avancement bloqué, salaire rogné, réputation salie…

    Tout ça parce que je ne jouis pas de la silhouette élancée de l’Irish girl.

    Quoi salaire ? Bien sûr que je suis payée !

    Il faut bien que je mange… Ah ! Parce que vous, vous faites dans le bénévolat et vous ne mangez pas, peut-être ? Ben oui, et le soir, je dors. Dans mon lit. Après avoir regardé la télé. Pas forcément un film d’horreur… J’aime bien rigoler aussi. Et j’adore les bons films. Tenez, pas plus tard que la semaine dernière j’ai vu un truc intitulé « Mort où est ta victoire ? »

    Comme si je m’adonnais à la compétition… Figurez-vous qu’en général, après le turbin, au lieu de brandir le trophée de vos lubies, ce sont mes pantoufles que j’enfile.

    Allez ! Heureuse d’avoir discuté un moment avec vous, mais assez traîné. Vous n’êtes pas le seul sur mon listing. Faut y aller maintenant !

    Amour et végétaux

    À mon grand étonnement, mon Bel Amour, tu as accepté de m’accompagner au marché.

    Tiens donc.

    Quand je t’ai proposé cette « sortie », je m’attendais à un refus ironique dans le genre :

    — Tu sais, moi, les cageots, fussent-ils de fruits ou légumes, ce n’est pas trop mon truc.

    Et bien non.

    Peu importe tes motivations, si motivations il y avait. Tu n’as jamais fait montre de beaucoup de réflexion, un intérêt immédiat conduisant à justifier la plupart de tes actes.

    J’aime les êtres sans vraie volonté. Cela facilite mes affaires.

    Si je tenais, ce jour, à ta présence à mes côtés, c’est que je venais de prendre une grave décision. Grave et définitive. Je voulais impérativement t’y associer.

    L’immensité des lieux incarnait l’opulence de notre société de consommation.

    L’activité fébrile des maraîchers voiturant leur production d’un coin à un autre du site, les monceaux d’appétissantes primeurs, la clientèle affairée à la recherche des meilleures denrées, me faisaient penser au Ventre de Paris de Zola.

    Il y avait de tout, partout, pour tous les goûts. Ta coquette fortune ouvrait les bras à mes moindres envies. Les prix affichés tant à la joaillerie qu’à l’épicerie m’indifféraient totalement. Ce charme, Mon Amour, ajouté à celui de ton physique d’Apollon, faisaient de toi une marchandise rare dont je jouissais à loisir.

    Je suis une insatiable gourmande. Une exigence sans borne me pousse à vouloir tout, tout de suite. Certains parleraient d’égoïsme. Grand bien leur fasse. Je me fiche éperdument de leur opinion.

    Tous deux baguenaudons entre les stands de légumes, soupesant les uns, humant les autres.

    Potimarrons, poivrons, pâtissons, potirons, oignons, d’admirer ne nous lassons.

    Les fruits aussi sont magnifiques. Je m’attarde devant les étalages de pommes. Je pense à toutes celles que tu as croquées, lunas, katjas, galas, ruandas et autres rubinolas aux noms de femmes séduites. À mon insu, penses-tu.

    Toi, en arrêt devant de superbes poires, tu arbores l’expression satisfaite du chat qui vient d’avaler le canari. Te font-elles penser à moi ?

    Je te souris. Tu n’imagines pas à quel point je peux t’aimer. Tant pis.

    — Si nous allions voir les cèpes ou les girolles. Je les préparerais bien en omelette. Qu’en dis-tu ?

    — Excellente idée…

    On ne peut pas dire que tu sois contrariant. Tu ne sais d’ailleurs jamais dire non. Tu suis le courant, vas où le vent te pousse, tombes dans tous les bras qui s’ouvrent.

    Tu es un homme facile, comme une femme facile, version masculine. Et ça, je peine de plus en plus à le supporter.

    En somme, chacun sa spécialité.

    Toi, tu brilles dans le domaine relationnel. Avec les qualités d’un amateur avisé, je me dois de le reconnaître.

    Moi, c’est la gastronomie. L’alchimie, devrais-je dire. Une pincée de ceci, une goutte de cela, un brin d’autre chose… Pour améliorer le goût. Ou les effets…

    Or en ce jour, je me sens d’humeur à cuisiner et tu sais quel cordon bleu je suis.

    T’en voilà ravi.

    J’accepte souvent de bonne grâce tes suggestions, mais cette fois-ci, je me réserve le choix du menu. Je sais que tu ne t’en plaindras pas.

    — En sous-sol, ils cultivent toutes sortes de champignons. Il paraît que ça vaut le détour.

    — Bien sûr !

    Et nous voilà descendus dans les entrailles du marché. Une végétation souterraine, luxuriante, envahissante, s’offre à nous. Un monde vivant, agressif, féroce. Dangereux.

    Rien à voir avec les gentils pleurotes et les sympathiques chanterelles.

    — Sais-tu, mon Bel Amour, que la partie visible des champignons constitue leurs organes de fructification ? Le corps reste sous terre.

    Ça l’a fait rire.

    — Nous mangeons donc leur sexe !

    — Étonnant, non ?

    — En tout cas, ceux-là ne sont pas très appétissants…

    — Et vénéneux pour certains…

    J’ai aussi repéré les fleurs. Je reviendrai plus tard en acheter de quoi réaliser un superbe bouquet.

    Et nous voilà repartis, chargés de nos emplettes.

    Les gens nous suivent d’un regard empathique. Nous renvoyons une telle illusion de bonheur.

    Ce soir, pour accompagner notre repas, j’ai ouvert une bouteille de Saumur-Champigny, l’un

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