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LES VOIX DU CHEMIN
LES VOIX DU CHEMIN
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Livre électronique190 pages2 heures

LES VOIX DU CHEMIN

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À propos de ce livre électronique

Entre la maladie, une crise familiale et une quête personnelle, Gabriel Osson fait un voyage intérieur de cette route qu’il a parcourue il y a plus de 15 ans. Avec beaucoup de vulnérabilité et de sensibilité, il dévoile les événements marquants qui l’ont conduit sur le chemin de Compostelle. Il partage les leçons de vie apprises et par lesquelles il vit désormais afin de vous aider à votre tour à vous réconcilier avec vous-même, à faire la paix avec le passé et à décider de profiter pleinement de la vie.
LangueFrançais
Date de sortie27 mars 2024
ISBN9782925133049
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    Aperçu du livre

    LES VOIX DU CHEMIN - Gabriel Osson

    Chapitre I :

    Ce qui m’a conduit sur le chemin

    Ne pas suivre la voie toute tracée. L’éternité du moment se trouve dans ce pas, dans chaque pas.

    Le travail

    Étais-je vraiment différent de la personne qui est partie sur la route ? J’étais sans doute pris dans un autre moule, dans d’autres engrenages. La vie se passait. Mécaniquement. Presque sans moi.

    C’était la vie du travail, la maison, les enfants, les activités commerciales. Je venais d’ouvrir une boîte de formation et de développement organisationnel en parallèle à mon travail à temps plein. J’y travaillais les soirs et les fins de semaine et, quelquefois, je profitais de mes moments seuls dans ma chambre d’hôtel pour y travailler ou étudier, car j’avais décidé de faire une maîtrise en éducation à distance. Une folie furieuse, quoi ! Un remaniement organisationnel m’aura permis de me libérer, temporairement, du carcan institutionnel.

    J’étais heureux de cette pseudo-liberté trouvée : j’étais mon propre patron, établissant mon propre horaire – que je remplissais autant, sinon plus. Sauf que j’avais le choix de mes clients, alors je n’avais pas besoin de travailler vraiment pendant un certain temps. L’indemnité de départ que j’avais reçue me suffisait pleinement pour un bon bout de temps.

    Dans mon emploi précédent, en tant que directeur de la formation pour une entreprise possédant des bureaux partout au Canada, je voyageais beaucoup et sans arrêt, parcourant le pays d’un bout à l’autre sans savoir souvent dans quelle ville je me réveillais. Il m’est arrivé quelquefois de me cogner contre un mur en me levant la nuit, mon cerveau ayant enregistré l’emplacement où je me trouvais la veille, mais n’ayant pas encore compris que j’avais changé d’endroit. Et bang ! Je fonçais dans le mur à l’endroit où se trouvait la porte dans la chambre précédente. J’ai fait souvent des blagues avec ces mésaventures et il m’a fallu du temps après avoir quitté cet emploi pour me rendre compte combien c’était insensé.

    Une fin d’année après mon bilan annuel, j’avais réalisé que j’avais effectué soixante-quinze vols. Je ne comptais plus les nuits dans les hôtels. Mon allocation de dépenses pour l’année était dans les six chiffres. Les concierges de certains hôtels ont fini par me connaître, si bien qu’en arrivant, ils me saluaient par mon nom. C’est tout vous dire. Mon fils avait demandé à sa mère de mettre une photo de moi près de son lit afin de se souvenir de moi. Ça m’avait fendu le cœur.

    J’avais donc arrêté de travailler à temps plein parce que je voulais justement prendre une pause, réfléchir à ce que j’allais faire de ma vie. Or, cette trêve n’a pas duré longtemps, car une telle pause, c’est pour toute personne « normale ».

    Ainsi, six mois à peine après avoir quitté mon emploi, un ami m’a approché avec l’idée d’ouvrir un bar. Je n’y avais jamais pensé avant, mais je trouvais l’idée tentante. Je me suis donc jeté la tête la première à la recherche d’un local, tout en entamant les démarches administratives. Puisque le local que nous avions trouvé avait déjà un restaurant, nous avons décidé de continuer de l’exploiter comme tel, en même temps que le bar. Nous avons transformé l’endroit en un lieu franco-caribéen avec de la musique et des soirées de poésie. C’était très vivant et nous faisions aussi des expositions d’artistes. J’ai même eu le plaisir d’exposer mes œuvres dans mon restaurant. C’était quand même assez spécial.

    Qui plus est, nous avions, mon épouse et moi, acheté une petite maison à la campagne en France six mois auparavant. J’avais commencé à la retaper. Tout ça en continuant mon travail de consultant en développement organisationnel. Je n’avais donc pas beaucoup de temps pour m’en occuper ni pour y aller autant de fois que nous aurions aimé. Il a fallu attendre un certain temps avant de pouvoir nous libérer et que l’établissement fasse un peu ses frais.

    Il faut dire qu’à cette époque, du moins avant mon départ pour Compostelle, le travail au restaurant dans l’est de la ville de Toronto était vraiment très prenant. Je travaillais sept jours sur sept, de quinze à dix-huit heures par jour – et même plus. Ma maison se trouvait à l’opposé, dans une banlieue à l’ouest de la ville à environ 45 kilomètres. Il m’est arrivé à quelques reprises de dormir à même le sol du resto puisque, tellement claqué après une journée épuisante, j’étais incapable de conduire jusque chez moi. C’était sans arrêt, mais j’aimais beaucoup ça – tout comme toutes ces montées d’adrénaline qui m’étourdissaient, comme chez tous ceux qui ne savent guère s’arrêter. Plus ça allait vite, plus je me sentais stimulé. Le mouvement crée chez moi un sentiment euphorisant que tous les adeptes du travail acharné connaissent.

    Aujourd’hui, je me demande comment j’ai pu résister à l’appel des drogues, à cette époque. Je présume que m’éreinter au travail était la mienne. Il y avait une atmosphère extraordinaire dans cet endroit que je gérais avec un partenaire qui, lui, avait continué son travail à plein temps, et devait prendre la relève et partager les tâches de temps à autre. Je me suis rendu compte assez vite que c’était un marché de dupes et nous nous sommes séparés assez tôt. J’ai gardé le contrôle de l’entreprise que, de toute façon, je portais déjà à bout de bras. Les clients qui venaient, de plus en plus en grand nombre, étaient toujours très charmants pour la plupart et nous nous sommes fait une clientèle fidèle. Or, il y avait en même temps des ratés et des fissures évidents dans ma vie personnelle. Puisque j’étais si souvent au restaurant, je ne passais pas beaucoup de temps à la maison. Ainsi, mon quotidien n’avait pas tellement changé par rapport à mon travail précédent.

    Le resto-bar était une formule hybride : le restaurant, à l’arrière, servait des repas jusqu’à vingt-deux heures, tandis que le bar vers l’avant fonctionnait jusqu’à la fermeture à deux heures du matin. Après les repas, l’arrière devenait une salle de spectacle, où nous présentions en rotation des artistes locaux, parfois sept jours par semaine. Il nous était difficile de confier la gestion du restaurant à un tiers, car il y avait auparavant eu des problèmes d’abus de confiance. Il a fallu attendre presque une année avant d’installer un système électronique de contrôle des stocks relié à la caisse et d’embaucher un de nos serveurs comme gérant, puis d’enfin prendre le temps d’un petit répit pour partir une semaine. Malheureusement, cette association s’est révélée un fiasco et nous avons dû renvoyer notre gérant à notre retour. Il m’a fallu remettre les bouchées doubles et être présent le plus souvent possible, jusqu’au moment où j’ai convaincu ma fille Geneviève de venir travailler avec nous.

    La famille

    Geneviève s’est avérée une bonne gestionnaire, bien que parfois quelque peu bourrue avec les clients. Elle n’avait pas la langue dans sa poche, ce qui était une bonne chose auprès de certains clients masculins qui dépassaient parfois les bornes. Elle n’avait pas de problème non plus à arrêter de les servir quand elle estimait qu’ils avaient atteint leurs limites. Nous lui faisions confiance. Elle faisait les horaires des employés et les dépôts à la banque. Puis, mon fils s’est joint au contingent et nous étions heureux d’avoir deux personnes de confiance dans les parages.

    Malheureusement, leurs caractères n’étaient pas très compatibles et mon fils n’a pas fait long feu. Malgré nos supplications, il est retourné vivre au Yukon dans l’Ouest du Canada – le plus loin qu’il pouvait être de nous.

    Geneviève tenait donc les rênes en alternance avec moi et sa mère, qui s’est jointe à nous dans l’entrefaite, car elle avait arrêté de travailler à temps plein. Le commerce allait assez bien pour que ma femme et moi décidions de lui laisser le champ libre et de partir deux semaines en vacances dans notre campagne française, au fin fond du Berry. Sans le savoir, nous avions introduit le loup dans la bergerie. Quand nous nous sommes rendu compte de notre erreur, les poulets étaient partis. Trop tard pour refermer la porte de la cage.

    Les communications fréquentes pendant la première semaine de notre voyage se sont espacées pendant la seconde, sans que nous en fassions grand cas. Notre fille nous disait que tout allait bien et de ne pas nous inquiéter à appeler tout le temps.

    C’est alors qu’est survenu ce que j’ai nommé le malheur qui allait bouleverser notre vie les deux années suivantes, alors que nous nous apprêtions à changer de siècle. Un peu avant notre départ de France, alors que nous préparions notre retour, nous avons reçu un appel de notre fille qui semblait un peu bizarre et plus distante au téléphone qu’à l’habitude. Elle nous a dit laconiquement qu’il y avait eu un problème, mais elle n’a pas voulu dire exactement ce qui s’était passé en répétant de ne pas nous inquiéter. Nous étions loin de nous douter de ce que c’était. En même temps, elle nous préparait à ce qui nous attendait.

    Nous avions fermé la maison pour la saison sans trop donner d’importance à notre conversation, confié comme à l’habitude la garde à nos voisins et repris l’avion pour rentrer au Canada comme prévu.

    À peine arrivé à la maison, je suis allé dans le coffre-fort pour y déposer nos passeports. Je me suis alors rendu compte que l’argent du restaurant, qu’il me semblait avoir laissé là avant de partir dans le but d’aller le déposer à la banque à mon retour, n’y était plus. Dans l’empressement de partir, je ne me souvenais plus si je l’avais fait ou non. Or, je n’en ai pas fait grand cas et j’en ai parlé à mon épouse, qui m’a confirmé que je n’étais pas allé à la banque avant notre départ, donc l’argent devrait y être.

    J’ai alors appelé Geneviève, qui connaissait la combinaison du coffre-fort, pour lui demander si elle avait fait le dépôt en notre absence. Elle a nié en disant qu’elle n’était pas au courant de ce dont je parlais et qu’elle n’avait pas vu l’argent. Il n’y avait pas de traces d’effraction dans la maison. J’ai vérifié portes et fenêtres : tout semblait normal. C’était un tout petit coffre-fort de maison, mais tout de même avec des milliers de combinaisons possibles. À moins d’en forcer la serrure, on ne pouvait pas l’ouvrir. Or, la combinaison était intacte : personne n’avait donc forcé la porte. Un voleur aurait sans doute emporté le coffre pour le forcer ailleurs. Mis à part nous deux, notre fille était la seule à connaître la combinaison. Aurait-elle pris l’argent et dans quel but ?

    Nous ne savions pas si nous devions ou non appeler la police. Nous avons décidé d’attendre au lendemain pour aller à la banque afin d’éclaircir le mystère. Il n’y avait pas de transactions bancaires électroniques en ce temps-là. Le lendemain, je me suis donc rendu à la banque pour vérifier l’état des dépôts puisque notre fille était censée les faire pendant notre absence. C’est à ce moment que je me suis rendu à l’évidence que notre compte de banque était presque vide.

    Je me suis dit qu’il devait y avoir une erreur, car les recettes des deux dernières semaines manquaient. En parlant avec la personne responsable de mon compte et après lui avoir expliqué la situation, elle m’a tout simplement répondu qu’elle allait investiguer puisqu’elle n’avait aucune explication plausible à me donner. À première vue, il lui a semblé que le compte avait été piraté, car quelqu’un y avait fait des retraits de façon systématique. Ma fille était restée évasive sur le sujet.

    Le lendemain, ma conseillère financière à la banque nous a appelés pour nous apprendre une mauvaise nouvelle. Elle nous a faxé les détails de toutes les transactions effectuées dans le compte les deux semaines précédentes. En les examinant, j’ai réalisé qu’il y avait une séquence établie, dans le sens que

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