Marie Marvingt La fiancée du danger
J’ai toujours vécu à cent à l’heure. J’ai toujours trouvé que quatre à cinq heures de sommeil étaient largement suffisantes, tant j’avais de choses à faire. Cette fois, je ne me lèverai plus. Mes yeux se sont définitivement fermés à Laxou, ce 14 décembre 1963. Discrètement et dans mon lit. Une belle et douce mort, penseront certains, mais sans assez de panache pour moi.
Ce matin, on m’a mise en terre au cimetière de Préville à Nancy, ma ville chérie.
Au moins ma vie a été riche en émotions, alors que j’aurais pu vivre une existence morne et banale.
Mon enterrement s’est déroulé dans l’intimité. Peut-être ai-je vécu trop longtemps ? La plupart de ceux qui m’ont connue et appréciée sont partis avant moi. Face à ma tombe, deux drapeaux flottent au vent : celui de l’armée de l’air et celui de la Croix-Rouge. Ils rendent un dernier hommage à la créatrice de l’aviation sanitaire. C’est le principal.
Au moins ma vie a été riche en émotions, alors que j’aurais pu vivre une existence morne et banale. Heureusement, le destin a décidé de se tourner vers moi, à travers, il est vrai, une succession de malheurs, mais surtout une passion pour l’aventure.
Revenons au commencement.
Avant ma naissance, mes parents Félix et Elisabeth Marvingt avaient eu l’immense chagrin de perdre leurs trois premiers garçons. Quand je suis née, le samedi 20 février 1875, à Aurillac, maman avait 35 ans et papa 48. Lui qui rêvait d’initier ses garçons au sport, sa grande passion… j’imagine sa déception ! J’imagine aussi facilement leur angoisse : ce nouveau bébé allait-il survivre ?
Eh bien oui !
J’étais solide, pleine de vie, et aussi impatiente de la dévorer qu’intrépide. Mes débordements et enthousiasmes ont fait oublier à mon père que j’étais une fille : il a décidé de me faire partager ses activités sportives.
On a commencé par la natation. Je marchais à peine qu’il me faisait goûter à l’eau de la Jordanne, la rivière qui traverse Aurillac. Cela m’a tellement plu qu’en peu de temps je savais nager parfaitement. J’y ai pris goût. Tandis que les autres fillettes babillaient en jouant à la poupée, moi, en compagnie
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