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Le secret de l'enfance (traduit)
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Le secret de l'enfance (traduit)
Livre électronique315 pages4 heures

Le secret de l'enfance (traduit)

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À propos de ce livre électronique

Dans ce livre sont décrits les fondements de la méthode Montessori, à l'école et entre les murs de la maison : Le secret de l'enfance trace, pas à pas et de manière claire et passionnante, tout le parcours de l'enfant vers l'éveil de sa conscience. Dans des pages qui continuent d'étonner par leur modernité, Maria Montessori décrit le travail instinctif et mystérieux accompli dans les premières années de notre vie, la libre croissance de l'esprit dans la jeunesse, et ne manque pas d'offrir des conseils pratiques et affectueux à ceux qui, des parents aux enseignants, sont responsables de la croissance et ont à cœur le monde de l'enfance. Il s'agit d'un voyage dans l'intelligence pratique et émotionnelle des enfants qui nous permet, au milieu des jouets et des mensonges, de l'amour et des malentendus, de découvrir combien le monde des adultes peut parfois être enfantin, et combien l'amour et l'intelligence de nos enfants sont au contraire profonds.
LangueFrançais
Date de sortie26 févr. 2023
ISBN9791255367772
Le secret de l'enfance (traduit)
Auteur

Maria Montessori

Maria Montessori (1870-1952) was an Italian educator and physician. Born in Chiaravalle, she came from a prominent, well-educated family of scientists and government officials. Raised in Florence and Rome, Montessori excelled in school from a young age, graduating from technical school in 1886. In 1890, she completed her degree in physics and mathematics, yet decided to pursue medicine rather than a career in engineering. At the University of Rome, she overcame prejudice from the predominately male faculty and student body, winning academic prizes and focusing her studies on pediatric medicine and psychiatry. She graduated in 1896 as a doctor in medicine and began working with mentally disabled children, for whom she also became a prominent public advocate. In 1901, she left her private practice to reenroll at the University of Rome for a degree in philosophy, dedicating herself to the study of scientific pedagogy and lecturing on the topic from 1904 to 1908. In 1906, she opened her Casa dei Bambini, a school for children from low-income families. As word of her endeavor spread, schools using the Montessori educational method began opening around the world. In the United States, the publication of The Montessori Method (1912) in English and her 1913 lecture tour fostered a rapid increase of Montessori schools in the country. For her groundbreaking status as one of Italy’s first female public intellectuals and her role in developing a more individualized, psychologically informed approach to education, Maria Montessori continues to be recognized as one of the twentieth century’s most influential figures.

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    Le secret de l'enfance (traduit) - Maria Montessori

    SOMMAIRE

    SOMMAIRE

    Maria Montessori

    Le secret de l'enfance

    PRÉFACE

    L'ENFANCE, UNE QUESTION DE SOCIÉTÉ

    PREMIÈRE PARTIE

    I - THE CENTURY OF THE CHILD

    La psychanalyse et l'enfant

    Le secret de l'enfant

    II - L'ACCUSÉ

    III - BIOLOGICAL INTERLUDE

    IV - LE NOUVEAU NOUVEAU DE L'ENFANT

    L'environnement surnaturel

    V - INSTINCTS NATURELS

    VI - THE SPIRITUAL EMBRYO

    Incarnation

    VII - DÉLICATES CONSTRUCTIONS PSYCHIQUES

    Périodes psychiques

    L'observation des périodes psychiques

    Observations et exemples

    VIII - THE ORDER

    L'ordre interne

    IX - INTELLIGENCE

    X - DES DIFFICULTÉS SUR LE CHEMIN DE LA  CROISSANCE

    Sommeil

    XI - MARCHE

    ΧII - LA MAIN

    Actions élémentaires

    XIII - RHYTHME

    XIV - LA SUBSTITUTION DE LA  PERSONNALITÉ

    L'amour de l'environnement

    XV - LE MOUVEMENT

    XVI - MISUNDERSTANDING

    XVII - L'INTELLECT DE L'AMOUR

    DEUXIÈME PARTIE

    XVIII - L'EDUCATION DE L'ENFANT

    Les origines de notre méthode

    XIX - LA RÉPÉTITION DE L'EXERCICE

    XX - LIBRE CHOIX

    XXI - JOUETS

    XXII - PRIX ET PUNITIONS

    XXIII - SILENCE

    XXIV - DIGNITÉ

    X POUR LA DISCIPLINE

    XXVI - LE DÉBUT DE L'ENSEIGNEMENT

    Écriture - Lecture

    XXVII - PARALLÈLES PHYSIQUES

    XVIII - CONSÉQUENCES

    XXIX - PRIVILEGED CHILDREN

    XXX - LA PRÉPARATION SPIRITUELLE DE L'ENSEIGNANT

    XXXI - DÉ DÉ ÉCARTS

    XXXII - THE ESCAPES

    XXXII - OBSTACLES

    XXXIV - HEALINGS

    XXXV - ATTACHMENT

    XXX VI - POSSESSION DE POSSESSION

    XXXVII - PUISSANCE

    XXXVIII - LE COMPLEXE D'INFÉRIORITÉ

    XXXIX - PEUR

    XL - LE MENSONGE

    X D - RÉFLEXIONS SUR LA VIE PHYSIQUE

    TROISIÈME PARTIE

    XLII - LA LUTTE ENTRE L'ADULTE ET L' ENFANT

    XLIII - L'INST INST INST INST INST INST DU TRAVAIL

    XLIV - LES CARACTÉRISTIQUES DES DEUX  TYPES DE TRAVAIL

    Le travail de l'adulte

    Le travail de l'enfant

    Comparaison des deux types de travail

    XLV - L'INST INST INST INST INST INST INST INST INST INST INST INST INST

    X LVI - L'ENFANT MAÎTRE

    XLVII - LA MISSION DES PARENTS

    XLVIII - DROITS DE L'ENFANT

    Ecce homo !

    Maria Montessori

    Le secret de l'enfance

    PRÉFACE

    L'ENFANCE, UNE QUESTION DE SOCIÉTÉ

    Depuis quelques années, un mouvement social en faveur des enfants est en cours, et non pas parce que quelqu'un en particulier en a pris l'initiative. Il s'est produit comme une éruption naturelle sur un terrain volcanique, où des feux épars se produisent spontanément ici et là. C'est ainsi que naissent les grands mouvements. La science y a sans doute contribué ; elle a été l'initiatrice du mouvement sodal pour les enfants. L'hygiène a commencé à combattre la mortalité infantile ; puis elle a prouvé que l'enfance était victime de la fatigue scolaire, martyre inconnu, condamné à une punition perpétuelle, puisque l'enfance elle-même se terminait avec la fin du trimestre scolaire.

    L'hygiène scolaire décrivait une enfance malheureuse, des esprits contractés, des intelligences fatiguées, des épaules voûtées et des poitrines étroites, une enfance prédisposée à la tuberculose.

    Enfin, après trente ans d'étude, nous voyons l'enfant comme un être humain déplacé par la société et, avant cela, par ceux qui lui ont donné et conservé la vie. Qu'est-ce que l'enfance ? Une perturbation constante pour l'adulte, préoccupé et épuisé par des occupations toujours plus absorbantes. Il n'y a pas de place pour l'enfance dans les maisons exiguës de la ville moderne, où les familles s'accumulent. Elle n'a pas sa place dans la rue, où les véhicules se multiplient et où les trottoirs sont encombrés de gens pressés. Les adultes n'ont pas le temps de s'en occuper car leurs obligations pressantes les accablent. Le père et la mère sont tous deux contraints de travailler, et quand le travail manque, la misère oppresse et écrase les enfants comme les adultes. Même dans les meilleures conditions, l'enfant reste confiné dans sa chambre, confié à des étrangers salariés, et il ne lui est pas permis d'entrer dans la partie de la maison où habitent les êtres auxquels il doit la vie. Il n'y a pas de refuge où l'enfant se sente compris de son âme, où il puisse exercer l'activité qui lui est propre. Il doit être tranquille, silencieux, sans rien toucher, car rien ne lui appartient. Tout est inviolable, propriété exclusive de l'adulte et interdit à l'enfant. Qu'est-ce qui lui appartient ? Rien. Il y a quelques décennies, il n'y avait même pas de chaises d'enfants. D'où la célèbre expression, qui n'a plus aujourd'hui qu'un sens métaphorique : Je t'ai tenu sur mes genoux.

    Lorsque l'enfant s'asseyait sur les meubles des adultes ou sur le sol, ils le grondaient ; il fallait que quelqu'un l'emmène s'asseoir sur ses genoux. Telle est la situation de l'enfant qui vit dans l'environnement des adultes : un importun qui cherche quelque chose pour lui-même et ne le trouve pas, qui entre et est immédiatement rejeté. Sa situation est semblable à celle d'un homme sans droits civils et sans environnement propre ; un être relégué aux marges de la société, que chacun peut traiter sans respect, insulter et punir, en vertu d'un droit conféré par la Nature : le droit de l'adulte.

    Par un curieux phénomène psychique, l'adulte n'a jamais pris la peine de préparer un environnement adapté à son enfant ; on dirait qu'il a honte de lui dans l'organisation sociale. Νen élaborant ses lois, l'homme a laissé son héritier sans loi, et donc en dehors des lois. Il l'abandonne sans direction à l'instinct de tyrannie qui existe au fond de tout cœur adulte. C'est ce qu'il faut dire de l'enfance qui vient au monde en apportant des énergies nouvelles, des énergies qui devraient être en effet le souffle régénérateur, capable de dissiper les gaz asphyxiants accumulés de génération en génération au cours d'une vie humaine pleine d'erreurs.

    Mais soudain, dans une société qui avait été aveugle et insensible pendant des siècles, probablement depuis l'origine de l'espèce, une prise de conscience nouvelle du sort de l'enfant se fit jour. L'hygiène se précipita comme on se précipite sur une catastrophe, sur un cataclysme faisant de nombreuses victimes ; elle lutta contre la mortalité infantile dans la première année de la vie ; les victimes furent si nombreuses que l'on pouvait considérer que les survivants avaient échappé à un déluge universel. Lorsque, au début du XXe siècle, l'hygiène commence à pénétrer dans les classes ouvrières et se répand, la vie de l'enfant prend un nouvel aspect. Les écoles se transformèrent de telle sorte que celles qui existaient depuis plus de dix ans semblaient remonter à un siècle. Les principes éducatifs entrent, par le biais de la douceur et de la tolérance, dans les familles et les écoles.

    A côté des réalisations des projets scientifiques, il y a aussi, ici et là, de nombreuses initiatives dictées par le sentiment. Nombreux sont les réformateurs d'aujourd'hui qui prennent l'enfance en considération ; dans les travaux d'urbanisme, on réserve des jardins aux enfants ; on construit des places et des parcs, on aménage des terrains de jeux pour les enfants ; on pense aux enfants en construisant des théâtres, on publie des livres et des journaux pour eux, on organise des voyages, on construit des meubles dans des proportions convenables. Enfin, en développant une organisation de classe consciente, ils ont essayé d'organiser les enfants, de leur inculquer la notion de discipline sociale et la dignité qui en découle pour l'individu, comme cela se passe dans les organisations de type boy-scout et les républiques d'enfants. Les réformateurs politiques révolutionnaires de notre époque cherchent à prendre possession de l'enfance pour en faire un instrument docile de leurs desseins. Que ce soit pour le bien ou pour le mal, qu'il s'agisse de l'aider loyalement ou de s'en servir comme d'un outil dans un but intéressé, l'enfance est toujours présente aujourd'hui. Elle est née comme élément social. Elle est puissante et pénètre partout. Elle n'est plus seulement un membre de la famille, elle n'est plus l'enfant qui, le dimanche, vêtu de son plus beau costume, se promenait docilement à la main de son père, attentif à ne pas salir ses habits du dimanche. Non, l'enfant est une personnalité qui a envahi le monde social.

    Désormais, tout le mouvement en sa faveur a un sens. Comme nous l'avons déjà dit, il n'a été ni provoqué, ni dirigé par des initiateurs, ni coordonné par une organisation quelconque ; nous devons donc dire que l'heure de l'enfance a sonné. Par conséquent, une question sociale très importante se présente dans toute sa plénitude : la question sociale de l'enfance.

    L'efficacité de ce mouvement doit être évaluée : son importance est immense pour la société, pour la civilisation, pour l'humanité entière. Toutes les initiatives sporadiques, nées sans liens réciproques, indiquent clairement qu'aucune d'entre elles n'a d'importance constructive : elles sont seulement la preuve qu'une impulsion réelle et universelle vers une grande réforme sociale a surgi autour de nous. Cette réforme est si importante qu'elle annonce des temps nouveaux et une nouvelle ère civilisée ; nous sommes les derniers survivants d'une époque déjà révolue, celle où les hommes ne se préoccupaient que de créer un environnement facile et confortable pour eux-mêmes : un environnement pour l'humanité adulte.

    Nous nous trouvons maintenant au seuil d'une nouvelle ère, dans laquelle il faudra travailler pour deux humanités différentes : celle de l'adulte et celle de l'enfant. Et nous nous dirigeons vers une civilisation qui devra préparer deux environnements sodiques, deux mondes distincts : le monde de l'adulte et celui de l'enfant.

    La tâche qui nous incombe n'est pas l'organisation rigide et extérieure des mouvements sociaux qui ont déjà commencé. Il ne s'agit pas de faciliter une coordination des différentes initiatives publiques et privées en faveur de l'enfance. Dans ce cas, il s'agirait d'une organisation d'adultes au service d'un objectif extérieur : l'enfance.

    Au contraire, la question sociale de l'enfance pénètre avec ses racines dans la vie intérieure, nous atteint, nous adultes, pour secouer notre conscience et nous renouveler. L'enfant n'est pas un étranger que l'adulte ne peut considérer qu'extérieurement, avec des critères objectifs. L'enfance constitue l'élément le plus important de la vie de l'adulte : l'élément de construction.

    Le bien ou le mal de l'homme dans sa vie ultérieure est étroitement lié à la vie d'enfance dont il est issu. C'est sur l'enfance que retomberont toutes nos erreurs et elles auront des répercussions indélébiles. Nous mourrons, mais nos enfants subiront les conséquences du mal qui aura déformé leur esprit à jamais. Le cycle est continu et ne peut être rompu. Toucher l'enfant, c'est toucher le point le plus sensible d'un tout, enraciné dans le passé le plus lointain et tendu vers l'infini du futur. Toucher l'enfant, c'est toucher le point le plus délicat et le plus vital, là où tout se décide et se renouvelle, là où tout redouble de vie, là où sont enfermés les secrets de l'âme, car c'est là que s'élabore l'éducation de l'homme.

    Travailler consciemment pour l'enfance et poursuivre ce travail jusqu'au bout avec la prodigieuse intention de la sauver, ce serait conquérir le secret de l'humanité, comme tant de secrets de la nature extérieure ont déjà été conquis.

    La question sociale de l'enfance est comme une petite plante, qui vient de sortir de terre et nous attire par sa fraîcheur. Mais nous nous rendons compte que cette plante a des racines profondes et solides qu'il n'est pas facile de déraciner. Il faut creuser, creuser profondément, pour découvrir que ces racines s'étendent dans toutes les directions et se prolongent très loin, comme un labyrinthe. Pour déraciner cette plante, il faudrait enlever toute la terre.

    Ces racines sont le symbole du subconscient dans l'histoire de l'humanité. Les choses statiques, cristallisées dans l'esprit de l'homme, qui le rendent incapable de comprendre son enfance et de parvenir à une connaissance intuitive de son âme, doivent être éliminées.

    L'aveuglement frappant de l'adulte, son insensibilité à l'égard des enfants - fruits de sa propre vie - ont certainement des racines profondes qui s'étendent sur plusieurs générations, et l'adulte qui aime les enfants, mais qui pourtant les méprise inconsciemment, leur cause une souffrance secrète, un miroir de nos erreurs, un avertissement pour notre conduite. Tout cela révèle un conflit universel, même s'il reste inaperçu, entre l'adulte et l'enfant. La question sociale de l'enfance nous fait pénétrer dans les lois de la formation humaine et nous aide à créer une nouvelle conscience et, par conséquent, à donner une nouvelle orientation à notre vie sociale.

    PREMIÈRE PARTIE

    I - THE CENTURY OF THE CHILD

    Les progrès réalisés en quelques années dans le soin et l'éducation des enfants ont été si rapides et si surprenants, qu'on peut les rattacher à un éveil de la conscience, plutôt qu'à l'évolution des moyens de vie. Il n'y a pas seulement eu des progrès dus à l'hygiène infantile, qui s'est développée dans la toute dernière décennie du Xe siècle ; mais la personnalité de l'enfant elle-même s'est manifestée sous des aspects nouveaux, prenant la plus haute importance.

    Il est impossible aujourd'hui de pénétrer dans n'importe quelle branche de la médecine ou de la philosophie, ou même de la sociologie, sans considérer les apports que peut apporter la connaissance de la vie enfantine.

    Une pâle comparaison de son importance pourrait venir de l'influence éclairante que l'embryologie a eue sur toutes les connaissances biologiques et même sur celles concernant l'évolution des êtres. Mais dans le cas de l'enfant, on doit reconnaître une influence infiniment plus grande que celle-ci sur toutes les questions qui reflètent l'humanité.

    Ce n'est pas l'enfant physique qui pourra donner une impulsion dominante et puissante au mieux-être des hommes, mais c'est l'enfant psychique. C'est l'esprit de l'enfant qui peut déterminer ce qui sera peut-être le véritable progrès des hommes et, qui sait ? le début d'une nouvelle civilisation.

    L'écrivain et poète suédoise Ellen Key avait déjà prophétisé que notre siècle serait celui de l'enfant.

    Si l'on avait la patience d'enquêter sur les documents historiques, on trouverait de singulières coïncidences d'idées dans le premier discours de couronnement prononcé par le roi d'Italie Victor Emmanuel III en 1900 (au seuil du nouveau siècle), lorsqu'il succéda à son père assassiné ; faisant référence à la nouvelle ère qui commençait avec le siècle, le roi l'appela le siècle de l'enfance.

    Il est fort probable que ces indices, ces lumières presque prophétiques, étaient le reflet des impressions suscitées par la science, qui, dans la dernière décennie du Xe siècle, avait illustré l'enfant souffrant, assailli par la mort dans les maladies infectieuses, dix fois plus que l'adulte, et l'enfant victime des tourments scolaires.

    Personne, cependant, ne pouvait prévoir que l'enfant contenait en lui un secret de vie, capable de lever un voile sur les mystères de l'âme humaine, qu'il portait en lui un inconnu nécessaire capable d'offrir à l'adulte la possibilité de résoudre ses problèmes individuels et sociaux. C'est ce point de vue qui peut devenir le fondement d'une nouvelle science de recherche sur l'enfant, dont l'importance influencera toute la vie sociale de l'humanité.

    La psychanalyse et l'enfant

    La psychanalyse a ouvert un champ de recherche jusqu'alors inconnu en pénétrant dans les secrets de l'inconscient, mais elle n'a guère résolu de problèmes lancinants dans la pratique de la vie ; néanmoins, elle peut préparer à comprendre la contribution que peut apporter l'enfant occulte.

    On peut dire que la psychanalyse a dépassé le cortex de la conscience qui avait été considéré en psychologie comme quelque chose d'insurmontable, comme dans l'histoire ancienne avaient été les piliers d'Hercule, qui représentaient une limite au-delà de laquelle les superstitions posaient la fin du monde.

    La psychanalyse est allée plus loin : elle a pénétré dans l'océan du subconscient. Sans cette découverte, il serait difficile d'illustrer la contribution que l'enfant psychique peut apporter à l'étude plus approfondie des problèmes humains.

    On sait qu'à l'origine, ce qui est devenu la psychanalyse n'était rien d'autre qu'une nouvelle technique de traitement des maladies psychiques : il s'agissait donc d'une branche de la médecine. La contribution vraiment lumineuse de la psychanalyse a été la découverte du pouvoir que le subconscient a sur les actions humaines. Il s'agissait presque d'une étude des réactions psychiques pénétrantes au-delà de la conscience, qui mettent en lumière, par leur réponse, des faits secrets et des réalités impensées, bouleversant les vieilles idées. En d'autres termes, elles révèlent l'existence d'un monde inconnu, extrêmement vaste, auquel, pourrait-on dire, le destin des individus est lié. Or, ce monde inconnu n'a pas été illustré. Dès que l'on a franchi les piliers d'Hercule, on ne s'est pas aventuré dans les étendues de l'océan. Une suggestion comparable au préjugé grec a maintenu Freud dans des limites pathologiques.

    Depuis l'époque de Charcot, au siècle dernier, l'inconscient était déjà apparu dans le domaine de la psychiatrie.

    Presque comme par une ébullition intérieure d'éléments instables se frayant un chemin à travers la surface, le subconscient avait ouvert une voie en se manifestant, dans des cas exceptionnels, dans les états de maladie psychique les plus profonds. On pensait donc que les phénomènes étranges de l'inconscient, si opposés aux manifestations de la conscience, n'étaient que des symptômes de la maladie. Freud a fait le contraire : il a trouvé un chemin vers l'inconscient à l'aide d'une technique laborieuse ; mais lui aussi est resté presque exclusivement dans le domaine pathologique. Car : quels normaux se soumettraient aux épreuves douloureuses de la psychanalyse ? C'est-à-dire à une sorte d'acte opératoire sur l'âme ? C'est donc en traitant les malades que Freud a déduit ses conséquences pour la psychologie ; et ce sont en grande partie des déductions personnelles sur une base anormale qui ont donné forme à la nouvelle psychologie. Freud l'a imaginé, l'océan : mais il ne l'a pas exploré ; et il lui a donné le caractère du détroit orageux.

    C'est pour cette raison que les théories de Freud n'étaient pas satisfaisantes ; la technique de traitement des malades n'était pas non plus entièrement satisfaisante, car elle ne conduisait pas toujours à la guérison des maladies de l'âme. C'est pourquoi les traditions sociales, dépositaires d'expériences anciennes, ont fait obstacle à certaines généralisations des théories de Freud. Alors qu'au contraire une nouvelle vérité éclairante aurait dû faire tomber les traditions, comme la réalité fait tomber la figure. Peut-être l'exploration de cette immense réalité nécessite-t-elle plus qu'une technique de traitement clinique, ou qu'une déduction théorique.

    Le secret de l'enfant

    C'est peut-être en raison des différents domaines scientifiques et des différentes approches conceptuelles, que la tâche de pénétrer dans le vaste domaine inexploré : étudier l'homme depuis le tout début, en essayant de déchiffrer dans l'âme de l'enfant son déroulement à travers les conflits avec l'environnement, et de recevoir le secret des luttes à travers lesquelles l'âme de l'homme est restée tordue et sombre.

    Ce secret avait déjà été abordé par la psychanalyse. L'une des découvertes les plus impressionnantes, issue de l'application de sa technique, fut l'origine de la psychose dans l'enfance. Les souvenirs rappelés de l'inconscient mettaient en évidence des souffrances infantiles qui n'étaient pas celles que l'on connaît, et qui étaient si éloignées de l'opinion dominante qu'elles étaient la plus impressionnante et la plus choquante de toutes les découvertes de la psychanalyse. Les souffrances étaient purement psychiques, lentes et constantes. Complètement inaperçues en tant que faits susceptibles d'être conclus dans une personnalité adulte psychiquement malade. C'était la répression de l'activité spontanée de l'enfant due à l'adulte qui le domine, et donc liée à l'adulte qui a la plus grande influence sur l'enfant : la mère.

    Il faut distinguer ces deux niveaux d'approfondissement que rencontre la psychanalyse : l'un, plus superficiel, provient de la collision entre les instincts de l'individu et les conditions du milieu auquel il doit s'adapter, conditions qui entrent souvent en conflit avec les désirs instinctifs ; de là naissent les cas guérissables, où il n'est pas difficile de remonter jusqu'au champ de la conscience les causes perturbatrices qui se trouvent en dessous. Il existe ensuite un autre plan, plus profond, celui des souvenirs d'enfance, où le conflit ne se situe pas entre l'homme et son environnement social actuel, mais entre l'enfant et sa mère.

    Ce dernier conflit qui vient d'être abordé par la psychanalyse concerne les maladies difficilement curables et est donc resté en dehors de la pratique, relégué à la simple importance d'une anamnèse, c'est-à-dire d'une interprétation sur les causes supposées des maladies.

    Dans toutes les maladies, y compris les maladies physiques, l'importance des événements survenant dans l'enfance a été reconnue : et les maladies qui ont leurs causes dans l'enfance sont les plus graves et les moins curables. C'est donc dans l'enfance que se trouve, pourrait-on dire, la forge des prédispositions.

    Alors que, cependant, l'indication de la maladie physique a déjà conduit au développement de branches scientifiques, telles que l'hygiène infantile, la puériculture, et même l'eugénisme, et a réalisé un mouvement social pratique de réforme du traitement physique de l'enfant, la psychanalyse ne l'a pas fait. La prise de conscience des origines infantiles des troubles psychiques graves de l'adulte et des prédispositions qui intensifient les conflits de l'adulte avec le monde extérieur, n'a donné lieu à aucune action pratique pour la vie de l'enfant.

    Peut-être parce que la psychanalyse s'est livrée à une technique de sondage de l'inconscient. Cette même technique qui permettait la découverte chez l'adulte est devenue un obstacle avec l'enfant. L'enfant, qui par sa nature même ne se prête pas à la même technique, ne doit pas se souvenir de son enfance : il est l'enfance. Il faut l'observer plutôt que le sonder : mais l'observer d'un point de vue psychique et à partir duquel on essaie de déceler les conflits que l'enfant traverse dans ses relations avec l'adulte et le milieu social. Il est évident que ce point de vue nous fait sortir du champ des techniques et des théories psychanalytiques pour entrer dans un nouveau champ d'observation de l'enfant dans son existence sociale.

    Il ne s'agit pas de passer par les difficiles goulots d'étranglement de l'enquête sur les individus malades, mais de balayer la réalité de la vie humaine, orientée vers l'enfant psychique. C'est toute la vie humaine dans son déroulement à partir de la naissance qui est présentée dans le problème pratique. Inconnue est la page de l'histoire humaine qui raconte l'aventure de l'homme psychique : l'enfant sensible qui rencontre ses obstacles et se trouve plongé dans des conflits insurmontables avec l'adulte plus fort que lui, qui le maîtrise sans le comprendre. C'est la page blanche où n'ont pas encore été écrites les souffrances inconnues qui perturbent le champ spirituel intact et délicat de l'enfant, organisant dans son subconscient un homme inférieur, différent de celui qui serait conçu par la nature.

    Cette question complexe est illustrée, mais sans rapport avec la psychanalyse. La psychanalyse se limite au concept de maladie et à la médecine curative ; la question de l'enfant psychique contient une prophylaxie par rapport à la psychanalyse, car elle touche au traitement normal et général de l'humanité infantile, traitement qui permet d'éviter les obstacles et les conflits, et donc leurs conséquences, qui sont les maladies psychiques dont s'occupe la psychanalyse : ou les simples déséquilibres moraux, qu'elle considère comme s'étendant à presque toute l'humanité.

    Un champ d'exploration scientifique entièrement nouveau naît ainsi autour de l'enfant, indépendant même

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