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L'esprit de l'enfant (traduit)
L'esprit de l'enfant (traduit)
L'esprit de l'enfant (traduit)
Livre électronique415 pages5 heures

L'esprit de l'enfant (traduit)

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À propos de ce livre électronique

- Cette édition est unique;
- La traduction est entièrement originale et a été réalisée pour l'Ale. Mar. SAS;
- Tous droits réservés.

"L'enfant est doté de pouvoirs inconnus, qui peuvent conduire à un avenir brillant." Dans les premières années de la vie, notre esprit est capable d'absorber, de créer, d'apprendre d'une manière profonde et complètement différente de celle que nous ferons à l'âge adulte. C'est sur la base de ce principe pivot de sa méthode que Maria Montessori plonge dans le mystère d'une période cruciale dans la formation de notre identité, à l'étape qui définit les caractères et les possibilités insoupçonnées de la vie future. Avec cet ouvrage, publié pour la première fois en Inde, où la méthode a rencontré un succès immédiat - "Nous sommes membres de la même famille", disait le Mahatma Gandhi à propos de Maria Montessori -, sont posées les bases d'une éducation qui ne doit jamais être une contrainte et une oppression mais une aide à la vie et au développement de toutes les immenses potentialités dont l'enfant est doté.
LangueFrançais
Date de sortie26 févr. 2023
ISBN9791255367802
L'esprit de l'enfant (traduit)
Auteur

Maria Montessori

Maria Montessori (1870-1952) was an Italian educator and physician. Born in Chiaravalle, she came from a prominent, well-educated family of scientists and government officials. Raised in Florence and Rome, Montessori excelled in school from a young age, graduating from technical school in 1886. In 1890, she completed her degree in physics and mathematics, yet decided to pursue medicine rather than a career in engineering. At the University of Rome, she overcame prejudice from the predominately male faculty and student body, winning academic prizes and focusing her studies on pediatric medicine and psychiatry. She graduated in 1896 as a doctor in medicine and began working with mentally disabled children, for whom she also became a prominent public advocate. In 1901, she left her private practice to reenroll at the University of Rome for a degree in philosophy, dedicating herself to the study of scientific pedagogy and lecturing on the topic from 1904 to 1908. In 1906, she opened her Casa dei Bambini, a school for children from low-income families. As word of her endeavor spread, schools using the Montessori educational method began opening around the world. In the United States, the publication of The Montessori Method (1912) in English and her 1913 lecture tour fostered a rapid increase of Montessori schools in the country. For her groundbreaking status as one of Italy’s first female public intellectuals and her role in developing a more individualized, psychologically informed approach to education, Maria Montessori continues to be recognized as one of the twentieth century’s most influential figures.

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    Aperçu du livre

    L'esprit de l'enfant (traduit) - Maria Montessori

    PRÉFACE

    Ce volume est basé sur les conférences données par le Dr Maria Montessori lors du premier cours préparatoire qu'elle a tenu à Ahmedabab après son internement en Inde, qui a duré jusqu'à la fin de la guerre mondiale.

    Dans ce livre, elle traite des énergies mentales de l'enfant, qui lui permettent de construire et de consolider en l'espace de quelques années, seul, sans maîtres, sans aucune des aides éducatives habituelles, même s'il est livré presque à lui-même et souvent entravé, toutes les caractéristiques de la personnalité humaine. Cette réussite d'un être, physiquement faible, né avec de grandes possibilités, mais pratiquement sans qu'aucun des facteurs de la vie mentale ne soit encore développé en lui, d'un être que l'on peut appeler zéro, mais qui, en l'espace de six ans, dépasse déjà tous les autres êtres vivants, est vraiment l'un des plus grands mystères de la vie.

    Dans ce volume, le Dr Montessori jette non seulement la lumière de sa perspicacité pénétrante, qui découle d'une observation approfondie et d'une évaluation juste des phénomènes de cette première et plus décisive période de la vie humaine, mais indique également les responsabilités de l'humanité adulte envers l'enfant. L'auteur expose avec réalisme la nécessité désormais universellement admise d'une éducation dès la naissance. Il est clair qu'une telle éducation ne peut être réalisée que si l'éducation elle-même devient une aide à la vie et transcende les limites étroites de l'enseignement et de la transmission directe de connaissances ou d'idées d'un esprit à un autre. L'un des principes les plus connus de la méthode Montessori est la préparation de l'environnement ; dans cette période de la vie, bien avant que l'enfant n'aille à l'école, la préparation de l'environnement offre la clé d'une éducation dès la naissance et de la véritable culture de l'individu humain dès son entrée dans la vie.

    Il s'agit d'une thèse fondée sur des bases scientifiques mais également validée par les expériences de ceux qui ont aidé à la manifestation de la nature infantile à travers le monde et qui peuvent témoigner de la grandeur mentale et spirituelle de ces manifestations, en contraste singulier avec la vision offerte par l'humanité qui, abandonnée pendant la période de formation, devient la plus grande menace pour sa survie même.

    Mario M. Montessori

    Karachi, mai 1949

    I - L'ENFANT DANS LA

    RECONSTRUCTION DU MONDE

    Ce livre est un maillon dans le développement de notre réflexion et de notre travail pour la défense des grandes forces de l'enfance.

    Aujourd'hui, alors que le monde est divisé et que l'on envisage une reconstruction future, l'éducation est universellement considérée comme l'un des moyens les plus efficaces de cette reconstruction, car il ne fait aucun doute que, psychologiquement, l'humanité est en dessous du niveau que la civilisation prêche avoir atteint.

    Je pense moi aussi que l'humanité est loin d'avoir atteint le degré de préparation nécessaire à cette évolution à laquelle elle aspire si ardemment : la construction d'une société pacifique et solidaire, et l'élimination des guerres. Les hommes ne sont pas encore capables de contrôler et de diriger les événements dont ils deviennent plutôt les victimes.

    Bien que l'éducation soit reconnue comme l'un des moyens d'élever l'humanité, elle n'est encore considérée que comme une éducation de l'esprit basée sur de vieux concepts, sans penser à en tirer une force rénovatrice et constructive.

    Que la philosophie et la religion puissent apporter une immense contribution au renouveau, je n'en doute pas. Mais combien de philosophes y a-t-il dans le monde ultra-civilisé d'aujourd'hui, et combien y en a-t-il eu avant et y en aura-t-il à l'avenir ? Les idées nobles et les sentiments élevés ont toujours existé et ont toujours été transmis par l'éducation, mais les guerres n'ont jamais cessé. Et si l'éducation devait toujours être conçue selon les anciens schémas de transmission du savoir, il n'y aurait plus rien à espérer pour l'avenir du monde. Qu'importe la transmission des connaissances si l'éducation générale de l'homme lui-même est négligée ? Il existe, ignorée, une entité psychique, une personnalité sociale, immense dans sa multitude d'individus, une puissance dans le monde qui doit être prise en considération ; si l'aide et le salut peuvent venir, ils ne nous viendront que de l'enfant ; car l'enfant est le constructeur de l'homme.

    L'enfant est doté de pouvoirs inconnus, qui peuvent conduire à un avenir radieux. Si l'on veut vraiment viser la reconstruction, le développement du potentiel humain doit être le but de l'éducation.

    A l'époque moderne, la vie psychique du nouveau-né a suscité un grand intérêt, et certains psychologues ont fait du développement du nourrisson le sujet de leur observation dès les trois premières heures après la naissance. D'autres, après une étude approfondie, sont arrivés à la conclusion que les deux premières années de la vie sont les plus importantes dans le développement humain.

    La grandeur de la personnalité humaine commence avec la naissance de l'homme. Cette affirmation singulièrement mystique conduit à une conclusion qui peut paraître étrange : l'éducation doit commencer dès la naissance. Mais en pratique, comment éduquer un enfant dès sa naissance ou dans sa première ou deuxième année de vie ? Comment donner des leçons à une petite créature qui ne comprend pas nos paroles et ne sait même pas comment bouger ? Peut-être ne faisons-nous référence qu'à l'hygiène lorsque nous parlons d'éduquer les jeunes enfants ? Certainement pas.

    Au cours de cette période, l'éducation doit être comprise comme une aide au développement des pouvoirs psychiques innés de l'individu humain ; c'est-à-dire que la forme commune et bien connue d'enseignement qui a pour support la parole ne pouvait être utilisée.

    Patrimoine non utilisé

    Des observations récentes ont amplement démontré que les petits sont dotés d'une nature psychique particulière, ce qui nous oriente vers une nouvelle direction d'éducation, qui concerne l'humanité elle-même et qui n'a jamais été prise en considération. La véritable énergie constructive, vitale et dynamique des enfants est restée ignorée pendant des millénaires ; de même que les hommes ont d'abord foulé la terre, puis cultivé sa surface, sans connaître ni se soucier des immenses richesses qui se cachent dans ses profondeurs, de même l'homme moderne avance dans la civilisation sans connaître les trésors qui se cachent dans le monde psychique de l'enfant.

    Depuis les débuts de l'humanité, l'homme n'a cessé de refouler et d'annihiler ces énergies dont on commence seulement aujourd'hui à percevoir l'existence. Ainsi, par exemple, Carrel écrit : Le temps de la petite enfance est sans doute le plus riche. Il faut l'utiliser de toutes les manières possibles et imaginables par l'éducation. La perte de cette période est irréparable ; au lieu de négliger les premières années de la vie, il est de notre devoir de les cultiver avec le plus grand soin.¹

    L'humanité commence à prendre conscience de l'importance de cette richesse inexploitée, bien plus précieuse que l'or : l'esprit même de l'homme.

    Les deux premières années de la vie ouvrent un nouvel horizon ; elles révèlent des lois de construction psychique jusqu'alors inconnues. L'enfant lui-même nous a fait le don de cette révélation ; il nous a fait découvrir un type de psychologie complètement différent de celui de l'adulte. Voici la nouvelle voie ! Ce n'est pas le professeur qui applique la psychologie aux enfants, mais ce sont les enfants eux-mêmes qui révèlent leur psychologie au savant.

    Tout cela peut paraître obscur, mais on le comprendra immédiatement si l'on entre dans les détails : l'enfant a un esprit capable d'absorber des connaissances et le pouvoir de s'éduquer lui-même ; une observation superficielle suffit à le prouver. L'enfant parle la langue de ses parents ; or, l'apprentissage d'une langue est un grand exploit intellectuel ; personne ne l'a enseigné à l'enfant, pourtant il saura utiliser les noms des choses, les verbes, les adjectifs à la perfection.

    Suivre le développement du langage chez l'enfant est une étude d'un immense intérêt et tous ceux qui s'y sont consacrés s'accordent à dire que l'usage des mots et des noms, des premiers éléments du langage, intervient à une certaine période de la vie comme si une règle précise du temps présidait à cette manifestation de l'activité infantile. L'enfant semble suivre fidèlement un programme strict imposé par la nature, et avec une exactitude si ponctuelle qu'aucune école, si habilement dirigée soit-elle, ne pourrait soutenir la comparaison. En suivant toujours ce programme, l'enfant apprend les irrégularités et les constructions syntaxiques du langage avec une diligence irréprochable.

    Les années vitales

    Dans chaque enfant, il y a, pour ainsi dire, un maître vigilant qui sait comment obtenir les mêmes résultats de chaque enfant, où qu'il se trouve. La seule langue que l'homme apprend parfaitement est sans aucun doute celle acquise dans la première période de l'enfance, lorsque personne ne peut l'enseigner ; non seulement cela, mais si plus tard l'enfant, devenu adulte, doit apprendre une nouvelle langue, l'aide d'aucun maître ne sera utile pour lui faire parler la nouvelle langue aussi exactement qu'il parle la langue acquise dans la petite enfance. Il y a donc une force psychique qui aide au développement de l'enfant. Et cela ne concerne pas seulement le langage ; à l'âge de deux ans, il sera capable de reconnaître toutes les personnes et les choses de son environnement. Si nous réfléchissons à ce fait, il devient de plus en plus clair que le travail de construction effectué par l'enfant est impressionnant et que tout ce que nous possédons a été construit par l'enfant, par l'enfant que nous étions nous-mêmes dans les deux premières années de notre vie. Il ne s'agit pas seulement, pour l'enfant, de reconnaître ce qui nous entoure ou de comprendre et de s'adapter à notre environnement, mais aussi, à un moment où personne ne peut être son maître, de former le complexe de ce qui sera notre intelligence et l'ébauche de notre sentiment religieux, de nos sentiments nationaux et sociaux particuliers. C'est comme si la nature avait préservé chaque enfant de l'influence de l'intelligence humaine pour donner la préséance au maître intérieur qui l'inspire ; la possibilité d'édifier une construction psychique complète, avant que l'intelligence humaine puisse entrer en contact avec l'esprit et l'influencer.

    A l'âge de trois ans, l'enfant a déjà posé les bases de la personnalité humaine et a besoin de l'aide particulière de l'éducation scolaire. Ses acquis sont tels que l'on peut dire que l'enfant qui entre à l'école à l'âge de trois ans est déjà un homme en raison de ses acquis. Les psychologues disent que, si nous comparons notre capacité d'adulte à celle de l'enfant, il nous faudrait soixante ans de dur labeur pour atteindre ce que l'enfant a réalisé dans ses trois premières années ; et ils s'expriment précisément avec les mêmes mots que j'ai utilisés : à trois ans, l'enfant est déjà un homme, même si cette faculté singulière de l'enfant d'absorber le milieu n'est pas encore complètement épuisée dans cette période précoce.

    Dans nos premières écoles, les enfants arrivaient à l'âge de trois ans ; personne ne pouvait leur enseigner, car ils n'étaient pas réceptifs ; mais ils nous offraient des révélations étonnantes sur la grandeur de l'esprit humain. Notre école est une maison d'enfants plutôt qu'une véritable école, c'est-à-dire un environnement spécialement préparé pour l'enfant, où il assimile la culture que cet environnement lui offre sans avoir besoin d'être enseigné. Les enfants de nos premières écoles appartenaient aux classes les plus humbles du peuple et leurs parents étaient analphabètes. Pourtant, ces enfants savaient lire et écrire dès l'âge de cinq ans, et personne ne leur avait appris directement. Si les visiteurs de l'école demandaient : Qui vous a appris à écrire ?, les enfants étonnés répondaient souvent : Enseigné ? Personne ne m'a appris.

    Il semblait alors miraculeux que des enfants de quatre ans et demi puissent écrire, et qu'ils soient parvenus à ce stade sans recevoir d'enseignement.

    La presse a commencé à parler d'acquisition spontanée de la culture ; les psychologues se sont demandé si ces enfants n'étaient pas différents des autres et nous sommes restés longtemps perplexes. Ce n'est qu'après des expériences répétées que nous avons acquis la certitude que tous les enfants possèdent indistinctement cette capacité d'absorber la culture. Si c'est le cas, nous nous sommes dit alors, si la culture peut être acquise sans effort, permettons à l'enfant d'absorber d'autres éléments de la culture. Nous avons alors vu l'enfant absorber plus que la lecture et l'écriture : la botanique, la zoologie, les mathématiques, la géographie, et avec la même facilité, spontanément, sans effort.

    Nous découvrons ainsi que l'éducation n'est pas ce que le maître donne, mais qu'elle est un processus naturel qui se déroule spontanément dans l'individu humain ; qu'elle ne s'acquiert pas en écoutant des mots, mais en vertu des expériences vécues dans le milieu. La tâche de l'enseignant n'est pas de parler, mais de préparer et d'organiser une série de motifs pour l'activité culturelle dans un environnement spécialement préparé.

    Mes expériences dans différents pays ont duré plus de quarante ans, et au fur et à mesure que les enfants grandissaient, leurs parents me demandaient de continuer l'éducation des plus grands. Nous avons ainsi découvert que l'activité individuelle est la faculté qui seule stimule et produit le développement, et que cela s'applique aussi bien aux enfants d'âge préscolaire qu'aux enfants des écoles primaires et supérieures.

    L'homme nouveau se lève

    Devant nos yeux, une nouvelle image est apparue ; ce n'était pas celle d'une école ou d'une éducation. C'était l'homme qui s'élevait, l'homme qui révélait son véritable caractère dans son libre développement, l'homme qui démontrait sa grandeur lorsqu'aucune oppression mentale ne venait limiter son fonctionnement intérieur et accabler son âme.

    Je soutiens donc que toute réforme de l'éducation doit se fonder sur le développement de la personnalité humaine. L'homme lui-même doit devenir le centre de l'éducation, et il faut se rappeler que l'homme ne se développe pas à l'université, mais qu'il commence son développement mental dès la naissance et qu'il le réalise avec la plus grande intensité dans les trois premières années de la vie ; cette période plus que toute autre doit faire l'objet d'une attention vigilante. Si nous agissons selon cet impératif, l'enfant, au lieu de nous imposer un fardeau, se révélera à nous comme la plus grande et la plus réconfortante merveille de la nature. Nous nous trouverons alors devant l'enfant non plus considéré comme un être sans force, presque un vase vide à remplir de notre sagesse ; mais sa dignité se dressera devant nos yeux au point que nous le verrons comme le constructeur de notre intelligence, comme l'être qui, guidé par un maître intérieur, travaille inlassablement dans la joie et le bonheur, selon un programme précis, à la construction de cette merveille de la nature qu'est l'Homme. Nous, enseignants, ne pouvons qu'aider l'œuvre déjà accomplie comme les serviteurs aident le maître. Nous deviendrons alors les témoins du développement de l'âme humaine ; de l'avènement de l'Homme Nouveau, qui ne sera pas victime des événements, mais qui, grâce à sa lucidité, pourra orienter et façonner l'avenir de la société humaine.

    II - ÉDUCATION À LA VIE

    L'école et la vie sociale

    Il est nécessaire d'avoir dès le départ une idée de ce que nous entendons par éducation pour la vie dès la naissance, et il est nécessaire d'entrer dans les détails du problème. Récemment, le chef d'un peuple, Gandhi, a énoncé la nécessité non seulement d'étendre l'éducation à tout le cours de la vie, mais aussi de faire de la défense de la vie le centre de l'éducation. Et c'est la première fois qu'une telle déclaration est faite par un leader politique et spirituel. La science, quant à elle, a non seulement déjà exprimé ce besoin, mais a montré depuis le début de notre siècle que l'idée d'étendre l'éducation à l'ensemble de la vie a une chance d'être mise en œuvre avec une certitude de succès. Cependant, ce concept d'éducation n'est pas encore entré dans le champ d'action d'un quelconque ministère de l'éducation.

    L'éducation est aujourd'hui riche en méthodes, en objectifs sociaux et en buts, mais on ne peut pas moins dire qu'elle ne tient pas compte de la vie elle-même. Parmi les nombreuses méthodes officielles d'éducation dans les différents pays, aucune ne vise à assister l'individu dès sa naissance et à protéger son développement. Aujourd'hui, l'éducation, telle qu'elle est conçue, fait fi de la vie biologique et sociale. Toute personne qui entre dans le système éducatif se retrouve isolée de la société. Les étudiants sont censés suivre les règles établies par l'institution dont ils sont les élèves et se conformer aux programmes recommandés par les ministères de l'éducation. On peut dire que même dans un passé plus récent, les conditions sociales et physiques des élèves n'étaient pas prises en considération comme un fait pouvant affecter l'école en elle-même. Ainsi, si l'élève était sous-alimenté, ou s'il avait des défauts de vue ou d'audition qui diminuaient ses chances d'apprendre, il était certainement moins bien noté. Les défauts physiques ont été pris en compte, plus tard, mais seulement du point de vue de l'hygiène physique, tandis que personne n'a considéré, même aujourd'hui, que l'esprit de l'élève peut être menacé et subir des dommages du fait de méthodes éducatives défectueuses et inadaptées. La direction de l'Éducation nouvelle à laquelle s'intéressait Claparède, considère plutôt la quantité de disciplines incluses dans les programmes, visant à les réduire pour éviter la fatigue mentale. Mais elle n'aborde pas le problème de savoir comment les élèves pourraient s'enrichir de la culture sans se fatiguer. Dans la plupart des écoles officielles de l'État, ce qui compte, c'est que le programme soit exécuté. Si l'esprit des jeunes universitaires est affecté par les carences sociales et les questions politiques qui suscitent des vérités passionnelles, le mot d'ordre est que le jeune ne doit pas s'occuper de politique, mais qu'il doit s'en tenir à ses études jusqu'à ce qu'il les ait terminées. Il arrive ainsi que le jeune homme, ayant quitté l'université, aura une intelligence tellement limitée et sacrifiée qu'il ne sera pas en mesure d'identifier et d'évaluer les problèmes de l'époque dans laquelle il vit.

    Les mécanismes scolaires sont aussi étrangers à la vie sociale contemporaine qu'elle semble être exclue, avec ses problèmes, du champ de l'éducation. Le monde de l'éducation est une sorte d'île où les individus, détachés du monde, se préparent à la vie en restant étrangers à celui-ci. Il peut arriver, par exemple, qu'un étudiant universitaire soit atteint de tuberculose et en meure ; n'est-il pas triste que l'université, l'école où il vit, l'ignore malade, alors qu'elle apparaît soudainement, avec une représentation officielle, à ses funérailles ?² Il y a des individus extrêmement nerveux, qui, lorsqu'ils entreront dans le monde, seront inutiles pour eux-mêmes et une cause de chagrin pour la famille et les amis. Mais l'autorité scolaire n'a pas à s'occuper de cas particuliers de psychologie, et cet absentéisme trouve sa pleine justification dans les règlements qui assignent à l'école la tâche de s'occuper uniquement des études et des examens. Ceux qui les réussissent reçoivent un diplôme ou un grade. C'est, pour notre époque, la fin de l'école. Les spécialistes des problèmes sociaux soulignent que les personnes renvoyées des écoles et des universités ne sont pas préparées à la vie, et que, dans la plupart des cas, leurs possibilités sont même réduites. Les statistiques révèlent une augmentation impressionnante du nombre de fous, de criminels et d'individus considérés comme étranges. Les sociologues invoquent l'école comme remède à tant de maux ; mais l'école est un monde en soi, un monde fermé aux problèmes sociaux ; elle n'est pas obligée de les considérer et de les connaître. C'est une institution sociale de trop vieille tradition pour que ses règlements puissent être modifiés d'office ; seule une force agissant de l'extérieur pourra modifier, renouveler et remédier aux déficiences qui accompagnent l'enseignement dans tous les degrés, comme elles accompagnent malheureusement la vie de ceux qui vont à l'école.

    L'âge préscolaire

    Qu'arrive-t-il à l'enfant de la naissance à l'âge de six ou sept ans ? L'école proprement dite ne s'en préoccupe pas, si bien que cet âge est appelé préscolaire, c'est-à-dire en dehors du champ de l'enseignement officiel. Et que peut faire l'école pour les enfants en bas âge ? Lorsque des institutions pour enfants d'âge préscolaire ont vu le jour, elles dépendent rarement de l'autorité scolaire centrale ou du ministère de l'éducation. Elles sont généralement contrôlées par des municipalités ou des institutions privées, qui poursuivent souvent des objectifs caritatifs. L'intérêt pour la protection de la vie mentale des petits, en tant que problème social, n'existe pas ; la société affirme d'ailleurs que les petits appartiennent à la famille et non à l'État.

    L'importance nouvelle accordée aux premières années de la vie n'a pas suggéré de mesures particulières ; elle vise seulement à modifier la vie familiale, en ce sens que l'éducation de la mère est désormais considérée comme nécessaire. Mais la famille ne fait pas partie de l'école, elle fait partie de la société. Le résultat est que la personnalité humaine, ou l'éducation de la personnalité humaine, est divisée : d'une part la famille, qui fait partie de la société, mais qui vit isolée et négligée ou ignorée par la société ; d'autre part l'école, qui est également isolée de la société, et ensuite l'université. Il n'y a pas de conception unitaire, pas de préoccupation sociale pour la vie, mais des fragments qui s'ignorent et se réfèrent successivement ou alternativement à l'école, à la famille et à l'université conçue comme une école, ce qui affecte la dernière partie de la période éducative. Même les nouvelles sciences, qui révèlent le mal de cet isolement, comme la psychologie sociale et la sociologie, sont isolées de l'école. Il n'y a donc pas de véritable système qui aide au développement de la vie. Le concept d'éducation compris dans ce sens n'est pas nouveau, comme je l'ai déjà dit, pour la science, mais dans le domaine social il n'a pas encore été réalisé. Et c'est le pas que la civilisation devra bientôt franchir : la voie est tracée, les critiques ont révélé les erreurs des conditions actuelles, d'autres ont précisé le remède à apporter aux diverses étapes de la vie, tout est maintenant prêt pour la construction. Les apports de la science peuvent être comparés aux pierres déjà équarries, destinées à cette construction ; il faut trouver ceux qui prendront les pierres et les superposeront pour ériger le nouvel édifice nécessaire à la civilisation.

    La mission de l'éducation et de la société

    Le concept d'une éducation qui prend la vie comme centre de sa fonction modifie toutes les idées éducatives précédentes. L'éducation ne doit plus être fondée sur un programme fixe, mais sur la connaissance de la vie humaine. À la lumière de cette conviction, l'éducation du nouveau-né prend soudain une grande importance. Il est vrai que le nourrisson ne peut rien faire, qu'on ne peut rien lui apprendre au sens ordinaire du terme, et qu'il ne peut être que l'objet d'observations et d'études destinées à mettre en évidence ses besoins vitaux ; mais si nous avons fait ces observations, c'est pour savoir quelles sont les lois de la vie, car si nous voulons l'aider, la première condition est la connaissance des lois qui la régissent ; et pas seulement la connaissance, car si nous n'avions que cela, nous resterions dans le domaine de la psychologie et n'entrerions pas dans celui de l'éducation.

    Mais cette connaissance du développement psychique de l'enfant doit être largement diffusée : alors seulement l'éducation pourra acquérir une nouvelle autorité et dire à la société : "Voici les lois de la vie ; vous ne pouvez pas les ignorer et vous devez agir conformément à elles ; car elles indiquent les droits de l'homme qui sont étendus et communs à toute l'humanité".

    Si la société juge nécessaire d'assurer l'instruction obligatoire, cela signifie que l'éducation doit être donnée d'une manière pratique, et lorsqu'on admet que l'éducation doit commencer à la naissance, il est nécessaire que la société connaisse les lois du développement de l'enfant. L'éducation, au lieu d'être ignorée par la société, doit acquérir une autorité sur elle, et le mécanisme social devra s'adapter aux besoins inhérents à la nouvelle conception : la vie doit être protégée. Chacun est appelé à coopérer, les pères et les mères doivent assumer leur responsabilité ; mais lorsque la famille n'a pas de possibilités suffisantes, la société est obligée non seulement de donner l'éducation, mais aussi de fournir les moyens nécessaires pour élever les enfants. Si l'éducation signifie prendre soin de l'individu, si la société reconnaît des moyens nécessaires au développement de l'enfant que la famille ne peut fournir, c'est à la société de les fournir, c'est à l'État de ne pas abandonner l'enfant.

    L'éducation entreprendra donc de s'imposer avec autorité à la société dont elle était restée à l'écart. S'il est clair que la société doit exercer un contrôle bénéfique sur l'individu humain, et s'il est vrai que l'éducation doit être considérée comme une aide à la vie, ce contrôle ne doit jamais être une coercition et une oppression, mais doit apporter une aide physique et psychique. En d'autres termes, le premier pas que la société devra faire est de consacrer des moyens plus importants à l'éducation.

    Les besoins de l'enfant pendant les années de croissance ont été étudiés, et les résultats de ces études ont été portés à la connaissance de la société ; celle-ci doit maintenant assumer consciencieusement la responsabilité de l'éducation, tandis que l'éducation, de son côté, fera profiter la société des biens acquis dans son progrès. L'éducation ainsi conçue ne concerne plus seulement l'enfant et les parents, mais l'État et la finance internationale ; elle devient un stimulant pour tous les membres du corps social, un stimulant pour le plus grand des renouvellements de la société. Y a-t-il quelque chose de plus immobile, de plus stagnant, de plus indifférent que l'éducation aujourd'hui ? Lorsqu'un pays doit faire des économies, l'éducation est sans aucun doute la première victime. Si vous demandez à un homme d'État ce qu'il pense de l'éducation, il vous répondra que l'éducation n'est pas son affaire, qu'il a confié l'éducation de ses enfants à sa femme pour qu'elle la confie à son tour à l'école. Eh bien : à l'avenir, il deviendra absolument impossible pour un homme d'État de formuler une telle réponse et de faire preuve d'une telle indifférence.

    L'enfant créé par l'homme

    Considérons les rapports de plusieurs psychologues qui ont étudié l'enfant dès la première année de sa vie. Que peut-on en déduire ? Que la croissance de l'individu, au lieu d'être laissée au hasard, doit être dirigée scientifiquement avec de meilleurs soins ; ce qui conduira à un meilleur développement de l'individu. L'idée sur laquelle tout le monde s'accorde est que l'individu mieux soigné et mieux assisté deviendra forcément plus fort, plus équilibré mentalement et plus énergique. En d'autres termes, le concept concluant est qu'en plus de l'hygiène physique, l'enfant doit être protégé par l'hygiène mentale. La science a fait d'autres découvertes autour de la première période de la vie : des énergies bien plus importantes que ce que l'on imagine généralement se sont manifestées chez l'enfant. A sa naissance, psychiquement parlant, l'enfant n'est rien ; et pas seulement psychiquement, puisqu'à sa naissance il est incapable de mouvements coordonnés et la quasi immobilité de ses membres ne lui permet pas de faire quoi que ce soit ; il ne peut pas non plus parler, bien qu'il voie ce qui se passe autour de lui. Après un certain temps, l'enfant parle, marche et va d'une réalisation à l'autre jusqu'à construire l'homme dans toute sa grandeur et son intelligence. Et c'est là qu'apparaît une vérité : l'enfant n'est pas un être vide, qui nous doit tout ce qu'il sait et dont nous l'avons rempli. Non, l'enfant est le constructeur de l'homme, et il n'y a pas d'homme qui n'ait été formé par l'enfant qu'il a été. Les grandes énergies constructives de l'enfant, dont nous avons déjà parlé plusieurs fois, et qui ont attiré l'attention des savants, sont restées jusqu'ici cachées sous un complexe d'idées formées autour de la maternité ; on disait : la mère a formé l'enfant, elle lui apprend à parler, à marcher, etc. Or tout cela n'est pas du tout l'œuvre de la mère, mais l'accomplissement de l'enfant. Ce que la mère crée, c'est l'enfant, mais c'est l'enfant qui produit l'homme. Si la mère meurt, l'enfant grandit quand même et achève la construction de l'homme. Un enfant indien amené en Amérique et confié aux soins d'Américains apprendra l'anglais, pas l'indien. Ce n'est donc pas de la mère que vient la connaissance de la langue, mais c'est l'enfant qui s'approprie la langue comme il s'approprie les us et coutumes du peuple parmi lequel il vit. Il n'y a donc rien d'héréditaire dans ces acquisitions, et l'enfant, absorbant de son entourage, façonne l'homme futur à partir de lui-même.

    Reconnaître ce grand travail de l'enfant ne signifie pas que l'autorité des parents soit diminuée ; lorsqu'ils seront persuadés qu'ils ne sont pas les constructeurs, mais simplement les aides à la construction, plus ils pourront remplir leur devoir et aider l'enfant avec une vision plus large. Ce n'est que si cette aide est donnée de manière appropriée que l'enfant réalisera une bonne construction ; ainsi, l'autorité des parents n'est pas fondée sur une dignité en soi, mais sur l'aide qu'ils apportent à leurs enfants, et c'est là la véritable et grande autorité et dignité des parents.

    Mais considérons aussi l'enfant dans la société humaine d'un autre point de vue.

    L'idée marxiste a esquissé la figure du travailleur telle qu'elle est aujourd'hui acquise par notre conscience : le travailleur producteur de bien-être et de richesse, collaborateur essentiel de la grande œuvre de la vie civilisée, reconnu comme tel par la

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