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Aide Sociale à l’Enfance, l’horreur économique: La démission de l’État face à l’économie sociale
Aide Sociale à l’Enfance, l’horreur économique: La démission de l’État face à l’économie sociale
Aide Sociale à l’Enfance, l’horreur économique: La démission de l’État face à l’économie sociale
Livre électronique267 pages4 heures

Aide Sociale à l’Enfance, l’horreur économique: La démission de l’État face à l’économie sociale

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À propos de ce livre électronique

Lorsque Henri Volney découvre l’Aide Sociale à l’Enfance, son univers s’effondre. À ce moment, de nombreuses questions l’obsèdent : pourquoi une cloche d’ignorance couvre-t-elle l’ASE ? Comment la France a-t-elle pu en arriver là ? Témoin des pires violences au sein de cette institution, il décide de mener une enquête pour comprendre comment elle fonctionne. Aide Sociale à l’Enfance, l’horreur économique - La démission de l’État face à l’économie sociale en est le résultat.
LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2022
ISBN9791037756619
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    Aperçu du livre

    Aide Sociale à l’Enfance, l’horreur économique - Henri Volney

    Introduction

    « J’ai une vie de merde, je suis énervé parce que je vis tout le temps dans un foyer, je n’ai pas de collège, je veux rentrer dans ma famille. » Ces mots sont de Mohamed Merah en 2002 à l’âge de treize ans, alors qu’il est placé depuis l’âge de six ans dans un foyer de l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance, mieux connue sous son ancien nom la DDASS, Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales.

    Les frères Kouachi, eux, ont été placés par l’ASE dans un foyer de Corrèze entre 1994 et 2000. Leur mère était en région parisienne et leur petite sœur, dont ils ont été séparés par l’ASE, a été placée dans le Nord. À leur arrivée dans ce foyer, ils sont décrits comme des enfants polis, intégrés, Chérif est même décrit comme un enfant gentil et chaleureux. Ils n’avaient pas de ferveur religieuse et ne faisaient pas le ramadan. Mais au fur et à mesure des années de placement, leurs relations avec les adultes se sont détériorées. À partir de 1997, leur foyer accueille des mineurs délinquants et les profils des deux garçons se durcissent, les incidents se multiplient : bagarres, trafics de drogue. « Il y avait dans ce foyer des problèmes de violence, de racket » comme le relate une ancienne élève du collège fréquenté par les deux frères.

    Lorsque l’on sait ce que vivent les enfants placés par l’ASE, on comprend qu’il n’en ressort bien souvent que de la haine. Non seulement ces enfants subissent les pires violences physiques ou psychologiques au sein de cette institution, l’isolement, l’humiliation, la souffrance morale extrême, mais de plus, leur parole n’est pas prise en compte. Lorsque des enfants placés disent : « on est plus maltraités en placement que chez nos parents », pourquoi leur placement ne s’arrête-t-il pas ? C’est pour l’idéologie ou pour l’économie sociale ? Ces enfants ne font que subir pendant toutes ces années, ce sont des enfances volées, un avenir détruit. La disgrâce est déplacée, ces enfants l’auraient peut-être portée sur leurs parents arrivés à l’âge adulte, mais avec ce système, ils la portent sur la France.

    Le moins que l’on puisse dire c’est que dans les deux exemples ci-dessus, la politique française de protection de l’enfance a failli dans sa mission, elle a fait des monstres. Bien sûr, il est plus simple et plus confortable de se dire que ces enfants étaient déjà abîmés avant d’être placés à six ans et qu’il n’y a aucun lien entre leur placement à l’ASE et leurs dérives vers le terrorisme.

    Je pense aussi à cet homme qui, dans l’agglomération Bordelaise, a crevé plus de cinq mille pneus de voitures en l’espace de quelques mois et lorsqu’il s’est fait arrêter en 2018, il a expliqué son geste en disant vouloir se venger de son enfance volée par l’ASE.

    Parmi les plus violents des Gilets jaunes, bon nombre sont d’anciens enfants passés par l’ASE, ou des parents d’enfants placés qui n’ont jamais accepté l’enlèvement de leurs enfants. De même que 40 % des SDF de 18 à 25 ans sont d’anciens enfants de l’ASE. Ce sont des centaines de milliers de Français qui ont cette envie de faire payer la France.

    Lorsque l’on sait ce que vivent les enfants placés, comment peut-on dire que c’est pour leur bien ? Est-ce que l’argent est plus important que le bien-être des enfants ? Une cloche d’ignorance couvre l’ASE et l’angélisme consensuel ambiant impose de se dire que si tous ces enfants sont retirés à leurs parents, c’est parce que ces derniers sont inaptes ou maltraitent leurs enfants. On fait confiance à l’État et à notre Justice, après tout nous sommes en France, un pays exemplaire, un modèle de bienveillance, et pourtant…

    La CNCDH, Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, fondée en 1947, est l’organisme officiel chargé de rendre des avis et des rapports au gouvernement. Depuis plus de vingt ans, elle dénonce les irrégularités commises par la « protection de l’enfance ». La CNCDH confirme notamment le non-respect du contradictoire dans les procédures judiciaires d’assistance éducative.

    En 2011, le rapport Naves – Cathala de l’IGAS, Inspection Générale des Affaires Sociales, après un premier rapport en 2000, confirme que la moitié des placements d’enfants auraient dû être évités. La Secrétaire d’État à la Famille, Ségolène Royal faisait savoir en juillet 2000 qu’elle souhaitait « réduire le nombre de placements de moitié » en raison de ces irrégularités, pourtant ses successeurs ont travaillé depuis à régulièrement augmenter ces chiffres.

    Pendant des années, j’ai vu cette institution à l’œuvre et j’ai souhaité comprendre ce qui dicte la politique de la protection de l’enfance. En 2018, j’ai contribué à un travail d’enquête avec des journalistes de France télévision et un documentaire a été diffusé le 16 janvier 2019 sur France 3, Les enfants sacrifiés de la République. Le chaos social ! Trois ans plus tard, rien n’a changé. Ce titre, Les enfants sacrifiés de la République, ce ne sont pas les journalistes qui l’ont trouvé ni un parent d’enfant placé, ce sont les travailleurs sociaux eux-mêmes. Dans une lettre ouverte du mois d’avril 2017 intitulée Les enfants sacrifiés de la République, des travailleurs sociaux dénonçaient les viols fréquents d’enfants eu sein de leurs établissements, des tentatives d’immolation par le feu, des fugues quotidiennes, du racket, des coups de couteau… tout ça sur des enfants parfois de quatre ans, retirés à leurs parents pour des disputes conjugales ou des fessées, ou pour « l’enfant est en danger par manque de cadre éducatif », comme l’avait noté la travailleuse sociale concernant Mohamed Merah lorsqu’il n’avait que six ans. N’aurait-il pas été préférable qu’il reste chez sa famille ? Son placement n’aurait-il pas pu être évité, comme le révélait l’IGAS pour la moitié des enfants placés à cette époque ? Son expertise psychologique réalisée le 15 janvier 2009, ordonnée par le Tribunal correctionnel de Toulouse, à la suite d’un refus d’obtempérer, conclut que son placement en foyer a compromis son insertion.

    L’ASE, c’est un procès d’Outreau tous les jours. Ce procès, où des adultes ont été emprisonnés à tort pour des agressions sexuelles qu’ils n’avaient pas commises, a confirmé une fois de plus la banalisation des erreurs judiciaires. Ces adultes ont eu beaucoup de chance que cette erreur éclate au grand jour et que les médias s’y intéressent, contrairement à des milliers d’autres familles. Le juge qui a instruit cette affaire était même surpris d’avoir à répondre de ses actes devant une commission parlementaire. Ben oui quoi, c’est le quotidien, on doit maintenir l’ordre même si ça passe par des emprisonnements d’innocents. Depuis, ce juge a même été félicité par ses pairs et il n’a cessé de monter en grades au sein de la Justice. Dans cette affaire, tout le monde s’est excusé, sauf la Justice.

    Mais des fois, des juges font leur mea culpa, ce fut le cas du juge Lambert, celui qui a instruit l’affaire du petit Gregory entre 1984 et 1986. En 2014, dans son livre, De combien d’injustices suis-je coupable ? Il écrit notamment : « En trente-quatre ans de fonction, combien d’existences ai-je brisées ? L’injustice est tellement inscrite dans le quotidien des juges qu’il est facile, voire normal de s’en accommoder. » Sur la chaîne de télévision TV5 Monde, il dit le 16 octobre 2014 :

    « Au sein de la Justice, il y a une zone sombre, des injustices sont commises au préjudice de dizaines, voire des centaines de milliers de justiciables, de gens honnêtes, de gens probes, des innocents… » « Il y a plusieurs causes à cela, il y a la personnalité des magistrats avec leurs qualités, leurs défauts, leurs faiblesses, leurs forces, leurs passions, etc., il y a aussi la faute du législateur qui bien souvent pont des lois mal ficelées. » « Tout citoyen peut être un jour confronté à la Justice, se retrouver dans la nasse de la Justice, avec des conséquences graves. »

    Alors que nous constatons en 2022 l’état déplorable de la France, que nous assistons à sa faillite, en tant que citoyens, nous nous posons la question : « Mais comment en est-on arrivés là ? » Le cas de l’ASE est emblématique de cette faillite économique, sociale et morale.

    En découvrant les horreurs de l’ASE, j’ai cherché à comprendre comment la France en est arrivée là.

    Il est vrai que les enfants placés, c’est comme les vieux dans les EHPADs, tout le monde s’en fiche, à la différence près que ces enfants deviendront adultes, ils pourront se mêler à des manifestations, choisir leur religion ou simplement voter. La France paie cher ces dysfonctionnements de l’ASE et elle continuera à le payer de plus en plus cher si rien ne change. L’État et nos gouvernants sont à mes yeux responsables de ce chaos social et si la population française accepte de s’imposer un ordre au travers d’un État, c’est sous certaines conditions. L’ordre de l’ASE n’est plus acceptable.

    Comme cela a été fait en Suisse, nous verrons probablement un jour en France un représentant de l’État présenter les excuses de la nation à tous ces enfants placés. À une époque où la France s’excuse pour la colonisation, pour l’esclavage, ne détournons-nous pas notre regard du présent ? N’est-ce pas un nuage de fumée qui dissimule les horreurs du présent ? Car à ce niveau-là, on ne parle plus de maltraitance institutionnelle d’enfants mais bien de torture physique et mentale par les services de l’État. Comme nous allons le voir, en 2022, ce sont 130 000 enfants torturés en France sur 200 000 enfants placés. Oui torturés et ça aussi vous le découvrirez en lisant ce livre. Ce sont 130 000 enfants qui n’auraient pas dû être retirés à leurs parents mais pour nos gouvernants, ce ne sont que des statistiques, ce ne sont plus des enfants, ce ne sont même plus des êtres humains. Bien sûr, c’est un sujet douloureux, mais lorsqu’une telle inhumanité s’est produite dans le passé, tout le monde aujourd’hui s’en émeut, pourtant il n’y a pas grand monde aujourd’hui pour dénoncer cette politique de protection de l’enfance, alors que cela se déroule sous nos yeux. Une cloche d’ignorance couvre l’ASE.

    Pour aborder ce sujet, j’ai choisi de commencer par faire le récit du vécu d’une famille, un exemple type, un cas bien réel, celui d’une famille dont les quatre enfants ont été enlevés à leurs parents et placés en foyers et en familles d’accueil. Quelles raisons ont conduit à leur placement ? Vous verrez qu’il ne s’agit pas de brûlures de cigarettes, de coups et blessures, ou de négligences, comme l’imaginaire collectif le prétend.

    Pour comprendre comment la France en est arrivée là, il a fallu remonter le fil des décisions politiques successives, il a fallu découvrir la puissance des ONG et du lobby pharmaceutique, découvrir la création d’une idéologie et l’endoctrinement des travailleuses sociales, occasionnant tant de dégâts sur des centaines de milliers d’enfants. Forcément, une cloche d’ignorance doit couvrir l’ASE.

    L’ASE, emblématique de la dérive de l’État, mais cette dérive de l’État commence par nos bulletins de vote. Lorsque nous élisons un représentant de l’État, qu’il soit de droite ou de gauche, un maire, un député, ou le Président de la République, notre choix semble se porter davantage par idéologie ou pour une étiquette politique, que pour le candidat qui à nos yeux est le plus à même de nous construire un avenir meilleur. Certains diront que l’idéologie « c’est pour un avenir meilleur » ; quand l’idéologie est une production d’ignorance active, l’idéologie c’est le pouvoir.

    Certaines idéologies comme l’antifamilialisme et la Cancel Culture ressemblent davantage à des manipulations sociales qu’à une science exacte, sans aucune obligation de résultat. Ces idéologies imprègnent nos institutions, l’Union Européenne, la Justice, jusqu’au pouvoir Exécutif. Des ONG véhiculent ces idéologies dans une logique de marché. Tant d’erreurs ont été commises ces dernières décennies !

    Un Président de la République qui voudrait construire un avenir meilleur devrait commencer par garantir la paix au sein même de son pays et cela commence par le traitement réservé aux enfants. Il faudrait commencer par ne pas diviser les Français. Or au travers de lois, des modifications culturelles sont opérées sans l’adhésion d’une grande majorité des Français. La loi sur « les violences éducatives ordinaires » en est le parfait exemple, comme nous le verrons elle intervient dans un total décalage avec la réponse de l’Aide Sociale à l’Enfance. Cette loi, poussée par l’Union Européenne sur le modèle des pays nordiques, a surtout été poussée par des ONG et par l’industrie du médicament. Nombreux sont ceux qui disent que le marché s’est emparé de tout, même de la protection de l’enfance. Nous verrons le lien entre ONG et marché.

    Bien sûr, ces lois sont votées au Parlement, mais ces représentants du peuple sont les premiers à subir la pression des lobbies et à se faire manipuler. Une part des Français, un segment du marché, adhère à ces idées par simple dissonance cognitive, devant le matraquage médiatique d’experts liés à ces économies, ces Français ont fini par se dire : « si ces experts le disent c’est que ça doit être vrai ». Ces économies se sont arrogé le monopole du progrès. « C’est une réforme progressiste », comme le répètent bêtement à longueur de temps nos médias, « les détracteurs sont des populistes ». Circulez, il n’y a rien à voir.

    Des réformes divisent et l’on se met à parler de défiance d’une partie des Français, voire de séparatisme. Que l’on soit athée, chrétien, juif ou musulman, certaines réformes ne passent pas.

    Des personnalités publiques, hauts fonctionnaires, philosophes abhorrent la démocratie et le suffrage universel. Ils vont même jusqu’à dire que les Français ne savent pas, donc qu’ils ne peuvent pas choisir. Que nous soyons ingénieurs, chômeurs, ouvriers, médecins, plombiers, infirmiers… nous serions donc réduits au silence. Même pour nos enfants, nous ne pouvons plus choisir. C’est une République totalitaire.

    Si l’ASE a pu dériver à ce point depuis des années, c’est en raison de l’ignorance de la population, car si la population savait, elle n’aurait pas laissé faire. Face aux horreurs de l’ASE, je me suis longtemps posé la question : pourquoi tant d’ignorance ? C’est essentiellement ce qui m’a motivé à écrire ce livre, moi, un citoyen lambda, un homme ordinaire qui veut juste faire exploser la loi du silence et protéger les enfants.

    Cette même production d’ignorance a permis à l’État par le passé de faire des choix mortifères : sang contaminé, amiante, politique de santé publique, Diesel…

    Lorsque l’on se remémore certains mensonges d’État et le peu de cas que l’État porte à sa population au nom d’un soi-disant bien commun, lorsqu’on découvre qu’une part de la population peut être sacrifiée par l’État, des ouvriers de l’amiante, des agriculteurs, les enfants sacrifiés de la République, on comprend que la vocation de l’ASE n’est pas forcément le bien-être des enfants, mais c’est l’économie pour le bien d’une minorité.

    Jusqu’où l’État est-il disposé à aller au nom de l’ordre et au nom d’intérêts économiques ? Pour ce qui est de la politique de la protection de l’enfance, l’État a atteint le summum de l’horreur et de la désinformation. Ce livre est avant tout un constat factuel, montrer plutôt que démontrer, c’est aussi la volonté de faire appel à notre bon sens, même si parfois il peut être enfoui profondément depuis des années. Nous verrons comment la protection de l’enfance est la forme la plus ignoble du capitalisme, mise en œuvre par des gauchistes.

    I

    Processus de placement

    Nous sommes tous bouleversés lorsque nous apprenons le décès d’un enfant par maltraitance de ses parents, on est révolté, on a envie d’agir pour que « plus jamais ça ». De même qu’on ne peut tolérer que des enseignantes doutent de cas de maltraitances d’enfants sans ne pouvoir rien faire. Une enseignante doit pouvoir agir. De nos jours, elle peut émettre une note qui porte le nom « information préoccupante » et qui est adressée au CRIP local, le Centre de Recueil des Informations Préoccupantes. Ces CRIP peuvent être des MDSI, les Maisons Départementales des Solidarités et de l’Insertion, ou des PMI, la Protection Maternelle et Infantile. Ce doute de l’enseignante constitue un premier filtre.

    Les CRIP centralisent les informations préoccupantes locales. Bien sûr, ces Informations Préoccupantes sont nécessaires, des enfants sont battus, maltraités, ils doivent être protégés. Jusqu’ici, ce système fonctionne bien, même s’il faut noter que les enseignantes reçoivent de plus en plus de pressions pour réaliser toujours plus d’informations préoccupantes. Les CRIP feront leur enquête et l’enseignante est confiante, elle a fait le nécessaire.

    Les CRIP sont le deuxième filtre, mais c’est bien souvent là que tout se joue et que les dérives commencent. Les assistantes sociales des CRIP ont suivi une formation particulière. Elles rencontrent les familles, évaluent la situation de la famille et un seuil de déclenchement de procédure leur est fourni. Maintenant le seuil c’est la fessée, c’est la dispute conjugale, des noms d’oiseaux qui fusent dans le couple, même sans violence physique et c’est déjà suffisant pour déclencher la procédure d’éloignement des enfants de leurs parents. La grande majorité des enfants placés n’ont jamais subi de maltraitances physiques de la part de leurs parents.

    Si les travailleuses sociales des CRIP estiment que le seuil de demande d’éloignement des enfants avec leurs parents est atteint, alors elles suivent la procédure qui leur est imposée, elles adressent un rapport à l’inspectrice de l’ASE, basée au siège du conseil départemental. L’action du CRIP s’arrête là, c’est bien pratique pour ces travailleuses sociales, afin qu’elles ne voient pas les conséquences dramatiques des placements sur les enfants qu’elles ont rencontrés. C’est un premier cloisonnement.

    L’inspectrice de l’ASE, basée au siège du conseil départemental, sans jamais avoir vu ni enfants ni parents, saisit le Procureur de la République en demandant qu’une procédure de placement soit ordonnée. Dans les faits, ce n’est qu’un simple transfert à la Justice de la demande de placement adressée par le CRIP. Le CRIP est tout puissant.

    Sur les fiches de postes des inspectrices de l’ASE, publiées en ligne sur les sites des départements, il est indiqué :

    Autrement dit, un budget annuel a été défini et l’inspectrice doit s’en rapprocher, comme dans toute administration. Il est clairement indiqué ici que c’est le budget qui prime sur les décisions de placements d’enfants. Il faut veiller à ne pas être trop éloigné du budget annuel alloué, rester dans le cadre. On parle de cadre budgétaire, pas de plafond budgétaire. Sur une base 100 €, il faut se situer entre 90 et 110. Une inspectrice qui serait à 70 ne serait pas « cohérente avec le cadre budgétaire fixé ». Il faut s’approcher au plus près de ce budget, même si le nombre d’enfants maltraités baisse. C’est un véritable service commercial qui doit trouver des clients pour alimenter la production. Comme nous le verrons plus loin, il existe des rabatteurs, et si la loi ne suffit pas, il faut changer la loi et redéfinir la violence.

    Analyser les problématiques de son territoire, c’est on ne peut plus vague, cela concerne-t-il encore le bien-être des enfants ? Analyser les problématiques de son territoire, c’est en règle générale, sur un territoire et à un instant défini, dresser un état des lieux des différents problèmes, forces, faiblesses, attentes, enjeux économiques, sociaux, environnementaux, démographiques. Cette analyse des problématiques du territoire, ce ne sera évidemment pas à une personne seule de l’analyser, et en tout cas pas à une inspectrice de l’ASE qui n’en a pas les compétences. Les problématiques de son territoire lui seront fournies, avec des orientations à prendre et à respecter. Bref, ce n’est rien d’autre qu’écouter les doléances des associations et des syndicats.

    Il me semblait, très naïvement, qu’une inspectrice de l’Aide Sociale à l’Enfance devait analyser les problématiques des enfants, et pas les problématiques d’un territoire.

    Il faut « développer la politique de la protection de l’enfance en s’appuyant sur les associations ». Finalement, il faut aider les associations à se développer. Il n’est pas étonnant d’apprendre que le budget national dédié à la protection de l’enfance a plus que doublé ces vingt dernières années comme nous le verrons plus loin.

    L’ASE est devenue l’Aide Sociale par l’Enfance et pas l’Aide Sociale à l’Enfance.

    C’est sûr, c’est une activité commerciale comme une autre,

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