Inceste, des mots sur les maux
Ils l’espéraient, sans savoir si le petit miracle allait chaque fois se produire. Mais oui. À Bordeaux, à Nantes, puis à Avignon et à Lille, à chaque réunion publique organisée par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), les mots simples de ses deux coprésidents suffisent à ouvrir les vannes. « Nous avons beaucoup de choses à vous dire, mais nous sommes là pour vous écouter si vous le souhaitez », entame le juge pour enfants au tribunal de Bobigny Édouard Durand, après un bref exposé des travaux menés. « Il n’y a pas d’injonction à parler, mais la liberté de le faire », ajoute Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru. Et chaque fois, comme un flot trop longtemps contenu, l’un après l’autre, les bras se lèvent dans l’assistance pour demander la parole. Deux heures durant, sans répit.
La cohorte invisible prend soudain corps. Celle des cabossés de l’inceste, des fracassés dans l’enfance. Un Français sur dix aurait subi des violences sexuelles avant sa majorité. La Ciivise, installée en janvier 2021 après l’onde de choc du livre de Camille Kouchner La Familia, a recueilli près de 10 000 témoignages lors d’auditions et sur sa plateforme mise en place en septembre*. Une fois par mois, ses deux coprésidents se déplacent aussi dans une grande ville. Environ 80 personnes ont assisté à leur réunion publique à Nantes et à Bordeaux, un peu moins à Avignon et à Lille. Plus de 200 personnes ont confirmé leur venue à la prochaine réunion au palais de la Femme, mercredi à Paris. La demande était telle (plus de 500 inscriptions) qu’une nouvelle date est prévue en mai dans la capitale.
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