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Juste Une Gifle?
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Livre électronique168 pages2 heures

Juste Une Gifle?

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À propos de ce livre électronique

«Juste une Gifle?» s'inspire d'une histoire vraie.

 

Ce livre a été présenté par la Banque Mondiale lors de la semaine «Loi, justice et développement 2017».

 

La maison Les éditions des femmes-Antoinette Fouque, a décrit ce livre comme un «texte, très technique et documenté, avec des références précises et des citations du Code pénal, [...] indéniablement un beau travail autour de la violence».

 

Katya comptable, la trentaine, décrit la violence venant non seulement d'un agresseur intime comme un «conjoint», mais surtout la violence pernicieuse venant du système social, économique, politique et judiciaire.

 

L'histoire se déroule en France. 
 
La vidéo d'une interview avec l'auteur est en ligne à cette adresse: https://youtu.be/QcthjgQU_as

 

Voici une critique représentative par Eliane Theodosis professeur en Littérature Française:

 

«Juste une Gifle?» 
J'ai bien aimé ce livre. L'histoire m'a tout de suite captivée et je tournais les pages avec l'impatience de connaître la suite de tous ces rebondissements dans lesquels l'héroïne, Katya, essayait de tenir, tel un esquif dans la tempête, fragile, si vulnérable, mais trouvant toujours la force de continuer le combat et la volonté́ de l'emporter. Il faut dire qu'elle a une amie magnifique, Sofia, qui l'aide et la soutient. C'est donc aussi une belle histoire d'amitié, qui m'a beaucoup touchée. 
Le récit s'articule entre, d'une part, une guerre conjugale éprouvante, cruelle, déclenchée par un grave excès de violence du mari sur sa femme Katya et leur bébé́, et d'autre part une longue bataille juridique commencée dès lors que Katya a fait appel à la Loi pour les protéger elle et l'enfant. La petite fille sera bien sûr l'enjeu de ce terrible conflit au fil duquel le lecteur se trouve confronté tant à la perversité du mari qu'aux rouages judiciaires complexes, voire absurdes, à la raideur de la Justice et à son incurie.
Tout cela est émouvant, révoltant, intéressant, palpitant, bref, ça ne laisse pas le lecteur indifférent et encore moins la lectrice. D'autant que l'ouvrage dispense une information précieuse en matière de droits et de recours, de lois et de règlements, notions ardues vers lesquelles on ne va pas spontanément mais que là on déchiffre sans peine, peut-être parce qu'on est pris par l'histoire. Mais le texte nous renseigne aussi, hélas! sur les anomalies impensables, le refus borné de comprendre la plaignante, l'absence totale d'empathie à son égard et les obstacles toujours renouvelés, tout ce qui fait de son action en justice non pas seulement un parcours du combattant, mais un calvaire. 
Cependant, ce qui m'a rendu ce livre plaisant à lire c'est assurément l'écriture et la composition.
La composition est claire, équilibrée, rigoureuse. Bien balancée, elle participe au crescendo dramatique des vicissitudes dans lesquelles Katya se débat, et elle met en relief son inépuisable courage. Quant à l'écriture, vive, précise, directe, sensible - avec pointes d'humour de ci de là ! - elle est très expressive et attachante.

 

LangueFrançais
Date de sortie8 avr. 2017
ISBN9781386704485
Juste Une Gifle?
Auteur

Katya Stiletti

Katya Stiletti est un nom de plume. L'auteur principal de « Juste une Gifle ? » est Barrister & Solicitor (avocat) inscrite aux Barreaux de Victoria (Australie) et d’Irlande du Nord. Elle a une longue expérience en matière de droits de la personne. Notamment, elle a été pair examinateur externe du contenu du « Compendium des cadres juridiques internationaux et nationaux sur la violence domestique » publié en février 2019 par le Groupe de la Banque mondiale et participante du dialogue international « Vers une intégration systématique des efforts pour mettre fin aux MGF ».

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    Aperçu du livre

    Juste Une Gifle? - Katya Stiletti

    Introduction

    Toute histoire de violence à l’égard des femmes est un drame personnel et ne devrait pas être perdue dans des statistiques. Toutefois, les statistiques lèvent quelque peu le voile sur cette tragédie humaine.

    « Juste Une Gifle ? » se déroule en France, pays des droits de l’homme, où 1 femme sur 3 est victime de violences mais seulement 1 femme sur 10 le déclare au commissariat.[1] Ce phénomène a été confirmé par l’enquête de 2014 de l’Agence des Droits Fondamentaux de l’Union européenne (ADF). 1 femme sur 3, soit 62 millions de personnes dans les pays membres de l’Union européenne, sont violées, mutilées, mariées de force, harcelées, frappées voire tuées. 66 % des victimes qui ne déclarent pas leur expérience à la police invoquent notamment le fait qu’elles doutent que le signalement ne change quelque chose à la situation.[2]

    Pourquoi cette violence persistante, en temps de guerre et en temps de paix, est-elle toujours banalisée ?

    Examinons la théorie et la pratique.

    D’un côté, nous avons les instruments internationaux tels que la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH) ainsi que d’autres mesures européennes qui peuvent servir à lutter contre la violence faite aux femmes, y compris la Directive de l’Union européenne sur les victimes (2012/29/UE) et la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul).[3]

    De l’autre côté, nous avons la catastrophe économique et sociale causée par la crise mondiale de 2008 et une politique d’austérité impitoyable, en France comme ailleurs. Cette politique amoindrit considérablement la capacité des États à promouvoir, protéger et respecter les droits et les libertés fondamentales de la personne.

    En fait, la situation se dégrade.[4] En 2013, selon l’Insee, la France comptait 4,9 millions de pauvres selon le seuil à 50% du niveau de vie médian ; 8,5 millions selon le seuil à 60%.[5] Que ce soit en France ou en Europe, le seuil de pauvreté est fixé de façon relative.[6]

    Difficile à comprendre ? C’est normal. Les apparences sont souvent trompeuses. Et rares sont les pays où les données disponibles sur la pauvreté sont vraiment fiables.[7]Une petite manipulation mathématique suffit à définir de nouveaux seuils de pauvreté et de nouveaux niveaux de vie médians. Si on ne s’attaque pas à la pauvreté elle-même, il faut alors s’attaquer à ses indicateurs, n’est-ce pas ?

    C’est pourquoi je ne m’adresse ni à la justice, ni au législateur, ni aux autres acteurs institutionnels. Ils sont les mieux informés de la situation. Préoccupés au premier chef par les budgets, les chiffres et l’économie, ils ont décidé de réagir de façon plus concrète uniquement lorsqu’ils ont réalisé que la violence conjugale coûtait 16 milliards d’euros par an[8] au niveau européen.

    C’est à vous, lecteurs et lectrices, que je m’adresse.

    À travers ce livre, je vous dévoile mon histoire.

    Pendant quatre longues années, j’ai dû faire face à un système aveugle et sourd. Je vous décris la violence exercée non seulement par une personne de confiance, mon « conjoint », mais surtout la violence pernicieuse qui vient du système social, économique, politique et judiciaire ; un système plein de promesses vides qui se retournent parfois contre les personnes qu’il est censé défendre.

    L’étrangeté des propos d’Éric et sa manière de les exprimer n’appartiennent qu’à lui. Je me suis contentée de les reproduire. Les dialogues, SMS, dépositions, et pièces officielles sont des retranscriptions in extenso fidèles aux évènements tels qu’ils se sont déroulés.

    Est-ce que je suis réelle ? Oui. Dans la mesure où j’incarne toutes les Katya invisibles que nous rencontrons partout, au quotidien.

    Mon histoire, se résume-t-elle à juste une gifle ?

    Chapitre 1 – Il était un Printemps... Un conte de Pâques

    Le corps totalement figé, l’esprit désemparé, je n’avais qu’une question en tête : « Qu’est-ce que je fais là ? »

    Oui, en effet, qu’est-ce que je faisais là, dans cette maison isolée, au milieu de nulle part, entourée de ces visages sombres transformés en caricatures effrayantes, défigurés par la haine ? C’était comme si l’on m’avait enfermée dans une minuscule maison d’horreur peuplée de poupées maléfiques.

    Zoé pleurait à chaudes larmes en arrière-plan, seule dans son transat. J’étais en morceaux, comme dans un Picasso surréaliste, les bras démembrés et dispersés, je ne pouvais même pas la prendre pour la consoler. Que faire, à qui demander de l’aide ? J’étais là, à trente-huit ans, maman d’une enfant de six mois, et pour la première fois de ma vie, je me sentais si perdue, si menacée !

    Mais je devais immédiatement me ressaisir ! Je devais m’en sortir !

    Ma voix trébuchait encore au téléphone : « ...il m’a donné plusieurs gifles, deux ou trois, il m’a empoignée, tout s’est passé tellement vite », « il hurlait sans cesse ». Le cœur serré, mes paroles sortaient pêle-mêle, mes idées se bousculaient.

    Éric, le père de Zoé, se tenait figé, dégingandé, l’allure inquiétante, les yeux vides. Quelques minutes auparavant, il était si violent ! Ce calme soudain me donnait la chair de poule.

    « Ah, mais non, c’était seulement une gifle, il n’a donné qu’une gifle ! » s’était empressée de corriger la mère d’Éric, la grand-mère de Zoé. Impériale, cheveux argentés, regard d’acier, yeux perçants, Bernadette était assise à trois mètres sur le canapé. Elle prenait la liberté de m’interrompre et de commenter des faits dont le sens véritable lui avait échappé. Elle s’efforçait farouchement, de manière presque cruelle et surtout stupide, de réduire cette violence au nombre de gifles assénées. Tout à coup, elle était le miroir de ces réflexions enfouies chez Monsieur et Madame Tout-le -monde : « Mais une gifle, ce n’est rien ! Ça va vite ! Un peu comme une piqûre ! Et puis, tu n’aurais pas dû le provoquer ! Il ne faut pas trop s’en faire. Ça arrive à tout le monde... »

    Une gifle, juste une...

    L’ironie du sort est que je n’avais rien vu venir. Certes, on n’était pas le couple parfait, on n’était même pas le couple ordinaire. Nos vies professionnelles (à Paris pour moi, à Dieppe pour lui) faisaient que notre vie commune n’était pas si commune : disons que nous avions une vie commune en dehors du commun. Sans domicile du couple, depuis le début de notre relation en septembre 2009 et même après la naissance de Zoé, on vivait chacun chez soi pendant la semaine, ensemble certains week-ends. Avec le recul, je crois qu’inconsciemment, j’avais tenu à garder mon indépendance. Au fond de moi, à un moment donné, j’avais commencé à ressentir que quelque chose ne tournait pas rond chez Éric. Durant ma grossesse il avait eu des remarques désobligeantes par-ci par-là, signes d’une maltraitance subtile que j’avais alors décidé d’ignorer.

    En ce week-end de Pâques, nous étions en vacances chez les parents d’Éric. Le soleil de Normandie était doux, les bourgeons éclataient et les couleurs chatoyantes miroitaient. Zoé profitait de ce week-end de détente en pleine nature, s’amusait et se régalait avec ses beaux œufs en chocolat. Ses grands yeux bleu azur dévoraient tout jovialement et avec gourmandise.

    Ce lundi 25 avril 2011 s’annonçait plutôt comme une belle journée.

    Cependant, j’ai passé la journée à l’hôpital et au commissariat. Zoé aussi.

    J’ai longtemps voulu croire que j’avais tout simplement fait un cauchemar. J’avais beau cherché à repousser cette horrible vision, en vain... Cette violence inattendue avait été bien réelle. Elle revenait sans cesse en boucle.

    Qu’est-ce qui avait déclenché pour la première fois cet accès de rage folle chez Éric ?

    Au réveil, ce matin-là, Zoé réclamait son biberon et s’impatientait. Je suis descendue dans la cuisine pour le lui préparer. La maison était endormie. Le biberon prêt, je suis retournée dans la chambre à l’étage. Éric était réveillé. À la vue du biberon, une lueur de joie a illuminé le visage de Zoé. Dès qu’elle a pris la tétine, je me suis aperçue qu’une grande partie du lait dégoulinait sur son menton et ses vêtements. En regardant de plus près, j’ai remarqué que la tétine était entaillée sur le côté, comme si elle avait été sectionnée avec un couteau. J’ai tout de suite pensé : comment est-ce possible ?

    —Éric regarde ! Le lait dégouline partout... Qu’est-ce qui se passe ? Elle ne peut rien avaler !

    —Ah oui, c’est bizarre, a-t-il dit d’un ton détaché.

    —Donne-moi des mouchoirs, elle en met partout !

    Éric n’a pas bougé, il ne s’était pas senti concerné. Je suis vite allée chercher des mouchoirs et j’ai nettoyé... puis réexaminé la tétine. Oui, il y avait une petite coupure nette dans le corps de la tétine... J’ai pensé que si quelqu’un avait essayé d’agrandir le trou pour en améliorer l’aspiration du lait par le bébé, la coupure aurait dû se trouver à la pointe. Mais là ? Mystère !

    —Tu peux comprendre mon interrogation, n’est-ce pas ? Comment cette tétine a bien pu être coupée de cette façon-là ? Bon, on n’va pas en faire tout un plat, mais il a pourtant dû se passer quelque chose... La dernière fois, ta mère avait fait chauffer la bouteille d’Evian au micro-onde et a mélangé cette eau avec la poudre de lait... Tu crois qu’elle a encore eu une idée saugrenue ?

    —Je n’en sais rien, a-t-il dit en rassemblant tranquillement ses vêtements.

    —La coupure est si nette. Regarde. Comment va-t-elle boire son biberon maintenant ?

    —Je te dis que je n’en sais rien... En tout cas, ce n’est pas moi ! a-t-il rétorqué en dissimulant à peine un certain agacement.

    Il faut savoir qu’outre les parents d’Éric, sa sœur, son beau-frère et son neveu de quatre ans séjournaient également dans la maison pour le week-end. Je suis revenue à la charge :

    —Mais comment l’expliquer alors ? C’était sans doute un accident, mais tu peux comprendre qu’une tétine ne peut pas se couper de cette façon toute seule... Je vais en parler avec ta mère...

    Sa réaction ? « Tu ne vas quand même pas accuser ma mère ! » Soudain, Éric m’a regardée avec méchanceté et m’a saisi le bras avec force. Il se rendait bien compte que l’étreinte de ses doigts était brutale mais il continuait à serrer, jusqu’à me faire vraiment mal. Ce comportement plein d’agressivité m’a révoltée. Mes pensées se sont affolées. J’étais en face de quoi là ? Une folie occasionnelle et spontanée ou une folie qui se révélait et s’affirmait ? Je lui ai crié dessus : « Mais, qu’est-ce que tu fais là ? Lâche-moi ! Je n’accuse personne... Je voulais juste résoudre l’énigme... Ça va pas, non ? »

    Brusquement, Éric a quitté la chambre. Sans chercher à trouver une solution pour Zoé.

    Comment réagir ?

    J’ai refoulé ma peur et ma colère un moment pour m’occuper de ma petite Zoé. J’allais traiter cet incident calmement une fois rentrée chez moi. Que faire d’autre ? J’étais seule, très loin de chez moi et entourée de sa famille. J’ai dû trouver un autre moyen de donner son lait à Zoé.

    Un peu plus tard, je l'ai couchée et je suis allée me préparer dans la salle de bains. Quand je suis revenue dans la chambre, Zoé n'y était plus. La maison était encore endormie. Elle était introuvable, je me suis soudain inquiétée. Elle devait bien être quelque part. Je suis sortie dans le jardin. Au loin, Éric et sa mère marchaient à pas lent dans le verger. Zoé était dans les bras de son père. Je me suis approchée d’eux. Au mauvais moment. À un moment vraiment mal choisi. Oui, à un moment, terrible, où il était en train de dire à sa mère que j’étais une « grosse pute ». Ils ont fait mine de ne pas m'avoir vue. Ils étaient gênés, surtout sa mère. Moi, j’ai fait mine de ne rien avoir entendu. Accablée sous le poids de cette injure odieuse et inattendue, j’ai toutefois feint l'indifférence. Enfin...j’ai essayé. J'ai dit « bonjour ». Spontanément, j’ai quand même posé la question qu’il ne fallait pas. Quelque peu accusatrice c’est vrai, à tort ou à raison. Certainement en réaction à ce que je venais d’entendre et à la première brutalité que j’avais subie un quart d’heure auparavant : « Est-ce qu’Éric vous a dit que la tétine de Zoé avait été coupée ? Est-ce que vous sauriez comment ça a pu arriver ? »

    Grand faux-pas !

    Grand choc ! Bang !

    À peine avais-je posé ma question qu’Éric, Zoé dans les bras, m’a foudroyée

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