L’académicien et son épouse, Sylvie Topaloff, parlent pour la première fois de leur couple. L’occasion de revenir sur 40 ans de passion
« Si je ne l’avais pas rencontrée, je serais devenu un clochard »
Alain Finkielkraut
Par Marie-Laure Delorme
L’un n’est pas l’autre. On les rencontre à tour de rôle, dans leur appartement parisien, pour évoquer leur couple. Elle : voix grave, tout en noir, silhouette déliée. Lui : chemise blanche, diction traînante, gestuelle saccadée. Sylvie Topaloff et Alain Finkielkraut ont accepté de parler d’eux, comme pour se rendre un mutuel hommage. Leur hantise commune est de passer pour un couple modèle. Dans « Pêcheur de perles », le philosophe part de citations d’écrivains pour poursuivre sa réflexion sur l’école, l’Europe, le féminisme. L’auteur d’« Et si l’amour durait » (éd. Stock, 2011) ouvre son recueil en évoquant, à la première personne, les débuts de son histoire d’amour avec son épouse. « J’ai voulu réhabiliter l’admiration comme modalité du couple et prolonger ma discussion avec Proust : l’amour n’est pas une projection. Il ne rend pas aveugle, il peut aussi ouvrir les yeux. Je suis pessimiste sur l’état du monde et l’évolution de la société mais, en amour, j’ai eu raison de l’entropie et de l’usure temporelle. Mon cœur est immortel. Je connais les surprises de la vie privée. On est désespéré et, malgré ce désespoir, on est heureux. »
Elle est la moins connue des deux. Sylvie Topaloff est la fille d’un architecte,