Et Moi alors ?
Par Lucas T.
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Aperçu du livre
Et Moi alors ? - Lucas T.
Et Moi alors ?
Lucas T.
Et Moi alors ?
Fils d’un pervers narcissique, ma souffrance invisible
LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Illustration par Miki de Goodaboom,
www.mikidegoodaboom.fr
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03626-7
Le mot « progrès » n’aura aucun sens tant qu’il y aura des enfants malheureux.
[Albert EINSTEIN]
Il est des guerres sourdes, ignorées, qui tuent chaque année des centaines d’enfants sans que des peuples envoient pour autant leurs hommes à la guerre. Pourquoi ?
Ce sont des guerres perpétrées la majorité du temps par des pères ne supportant pas la perte de leur pouvoir sur leur famille, parce que leur femme, lasse de leur violence, ont osé les quitter.
Certaines mères sacrifient parfois aussi leurs enfants mais dans une bien moindre proportion.
Ces chiffres sont accablants. En 2013, les associations spécialisées dans la protection de l’enfance avancent que 100 000 enfants sont en danger en France. 20 000 subissent de la maltraitance : physique, sexuelle et/ou psychologique.
En France, 2 enfants meurent chaque jour sous les coups d’un ou des parent (s). Entre 600 et 700 enfants tués dans la cellule familiale chaque année.
La presse se fait le relai régulièrement de drames où un père (plus rarement une mère mais cela arrive aussi) a tué son enfant, ne voulant pas le rendre à sa mère. Je l’évoque à la fin de ce livre.
Si les histoires de Jules RENARD, Victor HUGO, Hervé BAZIN, Guy DE MAUPASSANT (…) ont été des références enseignées dans les collèges et lycées, ils n’ont pas été des guides pour que les mauvais traitements infligés aux enfants cessent. Ces histoires, pour certaines datant de deux siècles ( !) ont choqué et pourtant, elles sont perpétrées encore aujourd’hui. Aux yeux de tous, sans que rien n’évolue vraiment.
La seule différence, peut-être, est que « les misérables » ne sont plus misérables.
Je dédicace ce livre en tout premier lieu à ma mère, mais aussi à mon beau père, à mon frère et à ma sœur, à l’avocat qui a défendu ma mère comme si notre histoire était la sienne, aux gendarmes qui m’ont protégé, aux derniers juges qui ont su entendre ma souffrance, à tous ceux qui se battent pour que les enfants ne soient plus victimes de maltraitance.
Je dédicace également mes mots à tous les enfants victimes qui souffrent de ne pas être entendus par une justice qui parfois, croit en la puissance d’un lien parental qui n’est autre qu’un lien de destruction annoncée.
Personne ne saura jamais ce qui s’est passé ce weekend là.
Je rentre de chez mon père, sous le choc, suppliant ma mère de ne plus jamais y retourner. J’ai 10 ans.
Ce jour là, j’ai échappé à une mort certaine. Physique ou psychologique. J’en suis convaincu.
Ces écrits ont pu être réalisés grâce à un journal que j’ai tenu tout au long de mon enfance, des notes prises par ma mère, à la demande de la psychologue qui me suivait et bien sûr, les écrits produits en justice. Certains faits relatés sont issus aussi de mes souvenirs. Il est des choses qu’on n’oublie pas, même des années plus tard.
Je vais connaitre, au cours de mon enfance, une série de « chocs psychologiques », notamment en raison de leur répétition, ils entraineront des stress post traumatiques majeurs qui ne s’atténueront que des années après.
C’est tout cela que je relate ici.
1 ° choc : 4 ans : mon père envoie ma mère à terre sous la force d’un violent coup de poing au visage, alors que je suis dans ses bras. Je m’effondre avec elle. Ils sont pourtant séparés depuis un an.
2° choc : 4 ans et demi. Je ne saurai jamais verbaliser ce qui s’est passé lors d’un weekend avec mon père, j’en reviens en état de choc, refusant de le voir pendant plus de 6 mois.
3° choc : 9 ans. Mon père se voit accorder un droit d’hébergement qu’il n’avait jamais obtenu. Outre les moments difficiles que je vis déjà chez lui, il va me faire dormir dans la chambre conjugale, profitant du matin où son amie dort encore pour se livrer à des exhibitions répétées.
4° choc : 10 ans. Comme le second choc, je rentre d’un weekend et je refuse à nouveau de retourner chez mon père. Je suis plus grand, je verbalise mieux ma souffrance.
Ne pensez surtout pas qu’entre le 2ème et le 3ème choc, il ne s’est rien passé. Tout ce qui suit en est le témoignage. Les autres chocs se feront par petites touches, dilués au fil du temps, abimant mon cœur d’enfant progressivement, faisant naitre des peurs répétées et destructrices.
4 passages en correctionnel pour ma mère.
7 passages aux affaires familiales.
2 auditions pour moi aux affaires familiales.
Des dizaines de plainte de mon père.
Des dizaines d’auditions en gendarmerie pour ma mère.
Vous allez découvrir ici la facilité que peut avoir un père (dans mon histoire, c’est le père qui est toxique mais je sais qu’il existe des mères qui le sont tout autant) à détruire au nez de tous et surtout de la justice, la construction de son enfant.
A tous ceux qui considèrent qu’un enfant doit aimer ses deux parents de la même façon, quoi qu’il arrive, je souhaite, par ces lignes, leur amener la réflexion sur les conditions dans lesquelles l’amour doit effectivement se prodiguer. Et ce, dans les deux sens.
L’obligation implicite qu’un enfant doit aimer son père et sa mère n’est visiblement pas liée à une quelconque obligation réciproque pour les parents d’aimer leurs enfants, de les aider à grandir sainement, sans leur faire naitre la haine, la rancœur et l’injustice dans leur cœur.
Ma mère m’a donné la vie, s’est battu pour me la sauver d’une destruction certaine, mon père a tout tenté pour me détruire.
La seule référence que puisse avoir un enfant est celle donnée par son entourage parentale. Le monde semble avoir évolué, pas les cœurs de ceux qui, eux-mêmes blessés dans leur enfance, perpétuent les souffrances sur des êtres fragiles en devenir.
Pourtant, l’article 223-6 du Code pénal stipule :
« Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit, contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.
Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. »
On trouve également sur le site « service public. fr » le texte suivant, à la rubrique « Enfant battu, maltraité ou privé de soin » :
« L’enfant victime d’agressions physiques, de violences psychologiques, d’abandon, de négligences ou de privation de soins est protégé par la société. Chaque adulte doit contribuer, autant qu’il lui est possible, à cette protection. »
« Peines encourues
Les violences répétées sur un mineur de moins de 15 ans par un parent sont qualité de violences habituelles. De telles violences sont punies jusqu’à :
20 ans de prison lorsqu’elles ont entraîné une infirmité permanente,
10 ans de prison et de 150 000 € d’amende, lorsqu’elles sont la cause de blessures graves.
Le parent privant de soins ou d’alimentation son enfant de moins de 15 ans au point de compromettre sa santé risque :
7 ans de prison
et 100 000 € d’amende. »
Dans le code civil : « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. », et l’article 371-1 précise que cette autorité parentale « appartient aux père et mère jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. »
La convention d’Istanbul (Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique) – ratifiée par la France le 4 juillet 2014.
A pour buts :
Article 1 […] (e) soutenir et assister les organisations et services répressifs pour coopérer de manière effective afin d’adopter une approche intégrée visant à éliminer la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.
Article3 (a) : le terme « violence domestique » désigne tous les actes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique qui surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre des anciens ou actuels conjoints ou partenaires, indépendamment du fait que l’auteur de l’infraction partage ou a partagé le même domicile que la victime.
Article 5 – Obligations de l’Etat et diligence voulue
(2) Les Parties prennent les mesures législatives et autres nécessaires pour agir avec la diligence voulue afin de prévenir, enquêter sur, punir et accorder une réparation pour les actes de violence couverts par le champ d’application de la présente Convention commis par des acteurs non étatiques.
Article 27 – Signalement
Les Parties prennent les mesures nécessaires pour encourager toute personne témoin de la commission de tout acte de violence couvert par le champ d’application de la présente Convention, ou qui a de sérieuses raisons de croire qu’un tel acte pourrait être commis ou que des nouveaux actes de violence sont à craindre, à les signaler aux organisations ou autorités compétentes.
Ironie du sort : mon histoire se déroule au moment où la Convention Internationale des Droits de l’Enfant est ratifiée par 191 pays sur les 196 du monde, et 11 avaient légiféré pour interdire les punitions corporelles et les autres violences éducatives en tous lieux y compris la famille.
Ma mère a dénoncé, m’a soutenu, et pourtant, ces lois n’ont pas été prises en compte, juste parce que, les juges, au milieu des dossiers des autres séparations peut être, face à de fausses accusations d’aliénation parentale sans doute, n’ont pas vu que, moi, j’étais en réel danger ! Parce qu’il est également très difficile de prouver des maltraitances psychologiques. Parce qu’on croit encore que le lien parental doit être maintenu, quoi qu’il arrive. Parce que mon père a manipulé tout le monde.
Et surtout parce qu’il ne fait pas bon pour une mère de dénoncer ce que son enfant lui raconte au sujet de son père… Mon histoire déroule comment, ce qui aurait pu être réglé « facilement », dans une logique de « protection d’un enfant maltraité », va se transformer en véritable enfer pour ma mère et moi.
Mon avenir s’est décidé au travers de quelques lignes écrites dans des conclusions d’avocats, sans entrer vraiment dans ce qu’était mon quotidien.
« Quand on soupçonne des manipulations de l’un ou de l’autre parent on recherche des antécédents transgressifs en se rappelant que le parent manipulé est toujours moins convainquant que le parent manipulateur. »
Gérard LOPEZ, Enfants violés et violentés, le scandale ignoré. Page 151
La plupart des livres de la bibliothèque de Maman parlent d’enfants. Pas des contes mais des histoires vraies, des livres de psychologie.
Je sais qu’elle lit tout ça pour comprendre cette tempête qui souffle sur sa vie, sur la mienne, pour m’aider aussi bien sûr. M’aider à supporter, à grandir, à mieux vivre. M’aider à ne pas trop souffrir du père qu’elle m’a donné.
Car pour moi, la vie est un enfer.
Je le dis depuis longtemps. Depuis que je sais bouger dans mon lit et que je tape ma tête contre les barreaux.
Quand Maman a appris à mon père qu’elle m’attendait, il est resté de marbre. Déjà là, ça commençait mal pour moi. Mais Maman m’attendait très fort. Elle était heureuse de mon arrivée. Mon frère et ma sœur aussi.
Je n’ai pas beaucoup de souvenirs quand mon père était à la maison. Quelques passages seulement me reviennent. Il se disputait souvent avec Maman. Il lui disait que si elle voulait qu’ils se séparent, il la ferait passer pour folle et alors, j’irai vivre avec lui. Maman pleurait beaucoup.
Aujourd’hui, je