La grande solitude des enseignants
« Sidérés », bouleversés », « horrifiés »… Les enseignants ne s’attendaient pas à un tel choc. Quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty, poignardé puis décapité à quelques pas de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, certains n’en reviennent toujours pas. Abasourdis qu’on puisse s’en prendre à un homme qui ne faisait que son métier. Leurmétier. « Leseultortdenotre collègue pris pour cible? Avoir montré des caricatures de Mahomet à sa classe dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. C’estinouï! » s’exclamece professeur d’histoire-géographie parisien. Pour d’autres, le drame était, hélas, prévisible. « Je savais que ce n’était qu’une question de temps. Voilà plusieurs années que nous voyons la situation se dégrader sur le terrain. Et l’on se sent parfois bien seuls », soupireNathalie*, quiexercedans un lycée professionnel de Toulouse.
« Je suis très en colère parce que ça fait vingt ans que ça dure. Vingt ans qu’on nous dit, ouvrage paru en 2002 aux éditions Mille et une nuits, qui regroupait plusieurs témoignages édifiants sur des actes ou propos homophobes, sexistes, antisémites, commis au nom de la religion. Ou bien cet ancien inspecteur général de l’Education nationale, Jean-Pierre Obin, responsable d’un rapport sur « les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », rendu en 2004… et rapidement enterré. Ou encore ce chef d’établissement marseillais, Bernard Ravet qui publiait en 2017 son témoignage (éd. Kero).
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