PAROLES D’ADOPTÉ·ES
«ALORS QUE J’ÉTAIS VENUE RÉCUPÉRER MON FILS À UNE FÊTE D’ANNIVERSAIRE, une fillette de sa classe m’a demandé en chuchotant et en épelant bien le mot comme pour ne pas éventer un secret : “C’est vrai que Milan a été a-d-o-p-t-é ?”» raconte, amusée, Caroline, qui a adopté son fils au Vietnam. Ces enfants venus du bout du monde ou nés sous X en France suscitent bien des réactions – curiosité, fantasmes, angoisses – et, hélas, n’échappent pas en grandissant aux questions intrusives et aux réflexions racistes. Longtemps cantonnée aux « belles histoires », l’adoption est passée aux faits divers – l’affaire Arche de Zoé –, aux pages people avec Angelina Jolie ou Laeticia Hallyday, puis au débat de société virulent quand elle s’est ouverte aux couples de même sexe.
Avec une constante : on entend rarement la voix des des premier·es concerné·es, pourtant nombreux – il y a eu 231 000 adoptions plénières entre 1950 et 2016 en France, dont 95 824 personnes adoptées à l’international entre 1980 et 2015 . constate Sébastien Roux , sociologue chargé de recherche au CNRS, Née sous X en France, Amandine Gay, auteure du documentaire et en montage du prochain, sur l’adoption avec cinq témoins âgés de 25 à 53 ans, a aussi créé le : La réalisatrice aime ainsi prendre l’exemple de l’expatriation : “Moi, mon problème n’est pas de ne pas connaître ma mère biologique mais d’avoir été une femme noire dans la campagne française.” “Vous avez conscience qu’un beau bébé noir va devenir un grand nègre ?’’ » Aujourd’hui, en France et c’est heureux, la famille est devenue plurielle.
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