CHĒRI, T’AS PAYĒ LE NOUNOU?
D’une main, l’homme lui maintient les jambes vers le haut. De l’autre, il passe un gant de toilette imbibé d’eau et de savon sur les parties à nettoyer. Ses gestes sont précis et doux. Professionnels, surtout. Il les répète plusieurs fois par jour depuis des années. Les collègues fraîchement recrutées sont parfois un peu surprises qu’un homme qui n’a jamais eu d’enfant change des couches avec autant d’aisance. Un jour, il y a eu un malaise avec une maman à qui il lisait la fiche de transmission de son enfant: « L’irritation persiste au niveau du siège et des bourses. Il faudrait prendre rendez-vous avec le pédiatre et lui demander de vous conseiller une crème plus adaptée à son type de peau. » Malgré la banalité de cette notification dans le contexte de la crèche, la mère avait baissé les yeux et était partie sans dire un mot. En France, en 2021, les hommes sont encore extrêmement rares parmi les professionnels de la petite enfance. Selon un rapport ministériel de 2014 (les derniers chiffres en date), ils ne représenteraient pas plus de 1,5 % du personnel du secteur. Une proportion qui chute à 0,5 % pour les assistants maternels, lesquels exercent très souvent en binôme avec leurs conjointes. Jean-Philippe Bazin, éducateur de jeunes enfants (EJE) engagé pour plus de mixité auprès des tout-petits, rappelle que « les hommes ne peuvent. Avant, seuls les postes de pédiatres leur étaient ouverts en crèche. » Force est de constater qu’autoriser l’accès à ces métiers aux hommes n’a pas suffi à les attirer en nombre. Les barrières sociales sont encore trop solides. « Hélas, rien n’a bougé depuis plus de trente ans sur la question de la mixité dans la petite enfance », regrette Jean-Philippe Bazin.
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