Lorsqu’il a commencé à concevoir sa dernière collection pour Marni, la prestigieuse griffe italienne dont il est le directeur artistique, Francesco Risso est entré dans une sorte d’état primitif. Il a recouvert de papier toutes les surfaces de son studio de création milanais, du sol aux murs en passant par les tables et les chaises. Son objectif ? “Annuler toutes les informations environnantes” afin que son équipe et lui puissent “faire les choses instinctivement”. Autrement dit, il a transformé une partie de l’atelier en grotte.
De quoi laisser les visiteurs perplexes. “Je ne sais pas trop comment vous décrire l’endroit”, confie Babak Radboy, collaborateur fréquent de Marni et directeur artistique de Telfar Clemens. “Ça ressemblait à une sorte de cocon bizarre.”
Pour mieux isoler sa grotte, l’Italien a banni les images de ses locaux. Dire qu’il s’agit d’un arrangement inhabituel est un euphémisme. Après tout, les mood boards et les images de référence constituent la base de la création de mode contemporaine. Mais il y a une méthode à cette folie. “La mode d’aujourd’hui est une surcharge d’informations”, déplore le créateur. Il a été inspiré, me dit-il, par une lettre que Virginia Woolf avait envoyée à l’une de ses amies pour l’inviter dans sa maison de campagne. “N’apportez aucun vêtement”, écrit-elle. “Il est évident qu’elle ne voulait pas que ses invités viennent nus”,