DÉPITÉ À L’ASSEMBLÉE
La voix n’est pas toujours très assurée, presque chevrotante par instants. Il relève ses lunettes à monture carrée qui semblent prendre un malin plaisir à glisser sur son masque. Il a attendu son tour de parole avec impatience, mâchouillant nerveusement son Stabilo avant de se lancer. Cela fait déjà plusieurs heures que les députés examinent les articles de la future loi sur le séparatisme, ce projet complexe, un peu fourre-tout, traitant autant de l’interdiction des certificats de virginité que de l’école à domicile. Enfin le chapitre de la dignité de la personne est abordé. Notre homme lit son texte avec attention. Soudain, il lâche sa feuille, fixe l’auditoire de ses yeux bleu ciel et s’exclame avec véhémence : « Je propose que ces opérations [sur les enfants intersexes] ne puissent être réalisées qu’à la demande de l’enfant lui-même s’il exprime une souffrance psychologique. La mutilation des organes génitaux féminins ne peut pas être considérée comme un acte barbare lorsqu’on l’appelle excision et comme un acte médical lorsqu’elle est pratiquée dans un cadre hospitalier. » Un silence s’abat plusieurs secondes sur cette grande salle de l’Assemblée nationale, avant que le président de la commission spéciale ne reprenne la parole.
On retrouve l’inconnu quelques jours plus tard, toujours assis, mais cette fois derrière son petit bureau du 101, rue de l’Université à Paris, à quelques mètres du Palais-Bourbon. Raphaël Gérard, député de la quatrième circonscription de Charente-Maritime, est de bonne humeur.
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