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Petit traité d'analyse criminelle
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Livre électronique182 pages2 heures

Petit traité d'analyse criminelle

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À propos de ce livre électronique

En présentant les grands principes de l’analyse criminelle, cet ouvrage vise un premier objectif : bénéficier du savoir des études menées depuis deux siècles qui ont permis des avancées notables et qu’il ne faudrait pas oublier. Dès le 19e siècle, en effet, on réalisait des travaux d’analyse criminelle pour répondre à la nécessité d’augmenter l’efficacité de la police dans sa lutte contre la criminalité.

L’analyse criminelle est un travail complexe et sa formation doit en rendre compte. D’un côté, les analystes et, plus généralement, les criminologues se professionnalisent : il importe donc de bien définir en quoi consiste leur travail. C’est loin d’être facile, d’autant que la criminologie est elle-même un amalgame de domaines : géographie, psychologie, sociologie, travail social, droit, etc. D’un autre côté, il n’est pas évident de distinguer les analystes criminels des chercheurs en criminologie, puisqu’ils utilisent tous deux des méthodes et des processus semblables. Pourtant, tout comme les chercheurs sont considérés comme des « spécialistes en recherche », les analystes devraient être reconnus comme des experts en leur domaine. Cet ouvrage répondra à cet objectif de reconnaissance de la profession en en montrant toutes les facettes, de façon théorique, bien sûr, mais aussi en utilisant des exemples tirés de cas réels.
LangueFrançais
Date de sortie21 févr. 2021
ISBN9782760643161
Petit traité d'analyse criminelle

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    Petit traité d'analyse criminelle - Rémi Boivin

    RÉMI BOIVIN

    Petit traité d’analyse

    criminelle

    Les Presses de l’Université de Montréal

    COLLECTION JEAN-PAUL BRODEUR

    Professeur de l’École de criminologie de l’Université de Montréal et directeur du Centre international de criminologie comparée, Jean-Paul Brodeur (1943-2010) était un chercheur de premier plan. Cette collection se propose de rassembler des ouvrages qui s’inscrivent dans la lignée de sa démarche intellectuelle. On y accueillera des travaux portant notamment sur la police, la sécurité, la politique pénale et la criminologie critique, domaines auxquels Jean-Paul Brodeur a apporté une contribution déterminante et où il s’est distingué par la rigueur de sa pensée.

    Titres parus

    Délinquance et innovation

    Sous la direction de David Décary-Hétu et Maxime Bérubé

    Mille homicides en Afrique de l’Ouest

    Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger et Sénégal

    Sous la direction de Maurice Cusson, Nabi Youla Doumbia et Henry Boah Yebouet

    Les réseaux criminels

    sous la direction de Rémi Boivin et Carlo Morselli

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre: Petit traité d’analyse criminelle / Rémi Boivin.

    Noms: Boivin, Rémi, 1983- auteur.

    Collections: Jean-Paul Brodeur.

    Description: Mention de collection: Jean-Paul Brodeur Comprend des références bibliographiques.

    Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200095242 Canadiana (livre numérique) 20200095250 ISBN 9782760643147 ISBN 9782760643154 (PDF) ISBN 9782760643161 (EPUB)

    Vedettes-matière: RVM: Criminalistique. RVM: Enquêtes criminelles. RVM: Criminologie—Recherche. RVM: Criminologie—Pratique.

    Classification: LCC HV8073.B65 2021 CDD 363.25—dc23

    Mise en pages: Folio infographie

    Dépôt légal: 1er trimestre 2021

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021

    www.pum.umontreal.ca

    Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

    Pour Malorie, Méliane, Milo et Charlène.

    À la mémoire de Carlo Morselli.

    Remerciements

    Avant le début de ma carrière universitaire, j’ai été conseiller en planification au Service de police de la Ville de Montréal. Dans les faits, j’occupais des fonctions d’analyste stratégique qui m’ont grandement aidé à développer mes compétences en analyse. Pour être franc, j’avais un intérêt certain pour la chose en terminant mes études à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, grâce entre autres aux enseignements de Marc Ouimet, Pierre Tremblay, Carlo Morselli et Étienne Blais, mais c’est en travaillant au SPVM que j’ai vraiment compris les possibilités et l’importance de l’analyse criminelle. Pour reprendre une expression populaire, celle-ci évite aux universitaires de «pelleter des nuages» et leur permet d’utiliser leurs connaissances pour contribuer à gérer des problèmes sociaux.

    Au SPVM, j’ai côtoyé au quotidien des personnes intelligentes, créatives et passionnées, qui avaient à cœur de faire comprendre aux autres les fruits de leur travail et qui m’ont soutenu à leur façon: Maurizio D’Elia, Mathieu Charest, Anne Chamandy, Isabelle Billette, Valérie Courville, Julie Rosa et Michelle Côté, pour ne nommer que celles-là. Je les remercie ainsi que les policiers et les policières qui m’ont aidé à comprendre leur métier; j’avais pour habitude de dire que j’étais une sorte de vautour qui s’emparait de leurs idées et les structurait en analyse systématique.

    Enfin, j’espère que Gilbert Cordeau ne m’en voudra pas trop de souligner l’importance qu’il a eue pour l’avancement de l’analyse criminelle au Québec. Il en a été un des pionniers, à une époque où les «civils» étaient un peu vus comme des extraterrestres atterrissant dans le monde policier, et en a démontré l’utilité, au bénéfice de tous les analystes criminels du Québec. Et, malgré son statut, il s’est révélé être un collègue généreux de ses idées et de son temps avec le jeune analyste que j’étais.

    Merci à tous.

    Introduction

    Saviez-vous que minuit est «l’heure du crime»? Qu’il est plus dangereux de résider à Mont-Tremblant qu’à Toronto? Que le trafic de drogue augmente lorsqu’il y a des frappes policières? Que les gangs de rue sont apparus à Montréal en 2004? Que Malmö en Suède est la capitale européenne des agressions sexuelles? Que de plus en plus de Canadiennes sont victimes de violence conjugale depuis les années 1980?

    Tous les énoncés précédents sont fondés sur des données compilées par la police. Ils ne sont pas véridiques pour autant. Au-delà des techniques utilisées pour les analyser, il est nécessaire d’avoir une bonne compréhension des mondes policier et social pour les interpréter correctement. Comment savoir autrement que minuit (0:01) est la valeur enregistrée par défaut lorsque l’heure de commission d’un crime est inconnue? Que les procédures d’enregistrement des crimes varient d’un endroit à l’autre et d’une époque à l’autre, ce qui complique considérablement les comparaisons? Que la majorité des infractions sont dénoncées par des citoyens, mais que certains types de crimes – comme le trafic de drogue – sont presque toujours détectés par les policiers? Que la majorité des services de police canadiens ont commencé à utiliser l’étiquette «gang de rue» à partir de 2004? Qu’un changement législatif au début des années 2000 a modifié la définition de l’agression sexuelle et empêche de faire des comparaisons valables avec la Suède? Que l’évolution des mœurs, mais surtout l’adoption de politiques et de procédures strictes, oblige maintenant les policiers à enregistrer tous les incidents de violence conjugale?

    Qu’est-ce que l’analyse criminelle?

    Avant toute chose, il convient de définir ce qu’on entend par «analyse criminelle». Sur le plan méthodologique, l’analyse criminelle ressemble énormément à un travail de recherche. Il s’agit de poser un problème, qui peut être très général (comme l’évolution de la criminalité au Québec depuis les années 1980) ou très ciblé (comme l’identification d’un voleur à la tire d’un supermarché de Montréal), puis de le conceptualiser et de l’opérationnaliser, c’est-à-dire d’en dégager les principaux concepts et de trouver un moyen concret de les analyser.

    L’analyse criminelle, tout comme la recherche universitaire, peut viser à mettre au jour des schémas applicables à d’autres lieux, périodes ou problèmes, ce qui est appelé la «généralisation». Elle peut aussi être quantitative ou qualitative; bien que l’utilisation de statistiques soit la plus courante et la mieux établie, par exemple pour documenter des phénomènes, une analyse qualitative peut s’avérer nécessaire pour comprendre les nuances d’une problématique. La différence est souvent l’ordre de grandeur: alors que les techniques statistiques donnent de meilleurs résultats lorsque plusieurs centaines ou milliers de cas sont analysés, l’analyse qualitative peut n’avoir pour objet que quelques événements. Par exemple, j’ai participé, lorsque je travaillais au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), à l’analyse des débordements suivant la victoire des Canadiens de Montréal contre les Bruins de Boston lors des séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey en 2008. Statistiquement parlant, les méfaits et voies de fait commis constituaient une anomalie difficile à analyser; nous avons alors entrepris une analyse approfondie des événements criminels et des personnes arrêtées afin d’éviter que de tels débordements se reproduisent à la ronde suivante, ce qui représentait une vingtaine de cas. Heureusement (ou malheureusement?), l’équipe a ensuite perdu contre les Flyers de Philadelphie, ce qui fait que Montréal n’a plus été le théâtre de «festivités». Le point à retenir ici est que le nombre d’événements ne permettait pas une analyse quantitative significative, mais que les événements avaient certainement eu une signification importante pour les commerçants victimes des vandales.

    Mais alors, qu’est-ce qui distingue l’analyse criminelle de la recherche en criminologie? Des étudiants cherchant une carrière qui les intéresse, des collègues souhaitant mieux comprendre le domaine, des amis et parents voulant en savoir plus sur mon métier m’ont souvent posé des questions, mais j’avoue que mes réponses les laissaient la plupart du temps insatisfaits. Pour ajouter à l’incompréhension, la majorité des analystes criminels du Québec et d’ailleurs détiennent un diplôme universitaire.

    Afin de clarifier les choses, disons tout d’abord que l’analyse est parfois propre à un projet ou à une enquête. Ainsi, on peut remettre à un analyste le registre des appels faits par un suspect et lui demander de dresser la liste de ses contacts les plus fréquents ou les heures auxquelles il est plus actif. Ce type d’analyse n’a, a priori, d’intérêt que pour l’enquête en cours. Mais si elle est moins courante dans les milieux universitaires que d’autres formes de travaux comme la thèse, l’étude de cas est privilégiée dans certains programmes universitaires. Ainsi, l’option Sécurité intérieure de la maîtrise en criminologie à l’Université de Montréal exige que ses candidats produisent une analyse de ce type, peu importe la méthodologie utilisée (qualitative ou quantitative). Le travail universitaire requiert cependant un niveau de sophistication théorique plus grand que la majorité des rapports rédigés quotidiennement par les analystes criminels et est produit sur une période généralement beaucoup plus longue.

    La difficulté de définir l’analyse criminelle vient possiblement du fait qu’il s’agit d’un terme regroupant une variété de choses. Dès les années 1960, Pinatel distinguait l’analyse du crime (l’étude des incidents, des victimes, du lieu, des méthodes employées, des gains), du criminel (l’étude des individus qui commettent les crimes) et de la criminalité (l’étude macroscopique de l’ensemble des incidents criminels). Toutefois, cette définition volontairement large visait d’abord à s’appliquer à toute l’analyse en criminologie, en général, et non seulement à l’analyse criminelle.

    D’autres classifications sont plus précises, comme celle de Rachel Boba Santos (2016)1 qui distingue cinq types d’analyse criminelle: l’analyse de renseignement, le profilage criminel, l’analyse tactique, l’analyse stratégique et l’analyse administrative. L’analyse de renseignement est centrée sur la criminalité dite «organisée» et les réseaux criminels. Elle vise à identifier et à définir les groupes criminels afin de bien cerner leurs activités. L’analyse de renseignement implique souvent la gestion de grandes quantités d’informations de natures diverses, comme les registres d’écoute électronique, les fiches d’interpellation ou d’observation et les rapports d’informateurs. Les objectifs sont d’abord opérationnels et les possibilités de généralisation sont limitées, bien qu’il existe d’excellentes publications scientifiques fondées sur une analyse de renseignement (par exemple, Morselli et Roy, 2008).

    Le deuxième type d’analyse est, lui, très associé aux enquêtes et à l’identification d’un suspect: le profiling. Il s’agit d’une branche très spécialisée d’analyse qui se fonde non seulement sur les données «ordinaires», mais aussi sur des notions de psychologie et de géographie. Ce type d’analyse est souvent représenté au cinéma et à la télévision, de façon mémorable dans le film Le silence des agneaux ou la série Mindhunter. Dans la réalité, pourtant, le profiling est rare, puisqu’il nécessite plusieurs événements criminels dont on sait qu’ils sont reliés entre eux; il faut en outre que les événements soient suffisamment importants pour requérir les services d’analystes spécialisés, les profilers. Ceux-ci sont peu nombreux et, du moins au Québec, ont une importante expérience comme policier, contrairement à une bonne partie des autres analystes criminels.

    Le troisième type d’analyse est beaucoup plus courant. Il s’agit de l’analyse tactique, qui vise à faire des rapprochements entre des crimes, à repérer des modèles ou des suspects et à relier des crimes solutionnés à des dossiers ouverts. Certaines organisations nomment les analystes tactiques des «aides-enquêteurs». On pourrait résumer leur tactique comme en étant une de gestion, de structuration et de sélection de l’information, dans un but précis et

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